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Bienvenue à Bouquinbourg
22 janvier 2014

Le puits des histoires perdues, Jasper Fforde

Le puits des histoires perduesLe puits des histoires perdues est le troisième tome de la série Thursday Next imaginée en 2001 par l'écrivain britannique Jasper Fforde, paru en 2006 en France chez Fleuve Noir.

La détective littéraire Thursday Next n'a jamais droit à une minute de repos ! Alors qu'elle luttait il y a peu contre la multinationale Goliath, la jeune femme est désormais contrainte de se cacher dans un livre pour éviter ceux qui désirent sa perte. 
Recluse dans Les Hauts de Caversham, un navet jamais publié, la jeune femme, enceinte d'un homme éradiqué par Goliath, essaie de se reposer durant sa grossesse. Mais ça serait sans compter la mission qui lui a été confiée dans le puits des histoires perdues, une bibliothèque qui regroupe toutes les histoires jamais publiées.

Lire un roman de Jasper Fforde, c'est plonger dans un univers barré dans lequel perdre ses repères est essentiel pour apprécier le texte. Le puits des histoires perdues ne déroge pas à cette règle, bien au contraire. Ce troisième tome de la série est une sorte de condensé de loufoqueries et de fantaisie et si Jasper Fforde ne perd jamais son lecteur, bien habile celui qui saura dire où il veut l'emmener. 
En apparence, l'intrigue est simple : Thursday se replie dans un livre pour attendre tranquillement la fin de sa grossesse. Ça, c'est l'intrigue principale, le pourquoi du comment, et la disparition de Landen, son mari, le fil conducteur de la série. Se greffe à ça une foultitude d'intrigues et de personnages secondaires qui offrent au roman un aspect totalement déjanté. Thursday se retrouve embringuée contre son gré dans de nombreuses aventures qui finissent toutes par se rejoindre. Et c'est là que Jasper Fforde excelle. Malgré l'aspect labyrinthique de ses oeuvres et les nombreuses mises en abyme, la cohérence demeure. 
Jasper Fforde poursuit son hommage à la littérature anglaise en truffant son roman de références et d'intertextualités. Cette érudition contraste avec la dinguerie de l'intrigue et semble là pour la contrecarrer et prouver au lecteur, s'il en doutait, que l'auteur maîtrise son sujet et s'amuse de la littérature pour mieux lui rendre hommage et s'interroger.
Encore une lecture truculente, aussi barrée que la couverture du poche chez 10/18, comme d'ordinaire très représentative. A découvrir d'urgence, cela s'entend. Et pour ceux qui n'ont toujours pas sauté le pas d'ouvrir le premier tome, je ne sais vraiment pas ce que vous attendez...

Voilà une nouvelle lecture à inscrire dans The Thursday Next Challenge d'Alice.

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5 septembre 2013

L'air d'été est rempli de promesses, Alexander McCall Smith

L'air d'été est rempli de promesses, Alexander McCall SmithL'air d'été est rempli de promesses est le neuvième tome de la série de l'écossais Alexander McCall Smith mettant en scène Isabel Dalhousie, directrice d'une publication philosophique et enquêtrice à ses heures perdues. Il paraîtra le 25 septembre en librairie aux Éditions des Deux Terres.

Isabel Dalhousie a la fâcheuse manie de se mêler des affaires des autres. Non par goût des mystères en tous genres mais plutôt parce qu'elle s'interroge sur la nature humaine et sa complexité. Pour cette quadra rentière rédactrice en chef d'une publication philosophique, fraîchement mariée et mère, la vie n'est que perpétuels questionnements. 
Mais alors qu'elle décide de se consacrer à sa famille et à sa revue, Duncan Munrowe, riche propriétaire foncier, fait appel à elle. Un tableau de sa collection privée a été dérobé. Isabel ne peut lui refuser son aide et doit mener de front cette nouvelle affaire et la précocité de Charlie, son fils.

Je fais décidément les choses à l'envers en ce moment : j'aurais aimé vous parler d'abord des premiers tomes de cette série, mais qu'importe !  
Mon incursion dans les romans d'Alexander McCall Smith a débuté il y a quelques mois avec le premier tome des Chroniques d'Edimbourg. Et si j'ai été séduite par le fourmillement de l'immeuble situé au 44 Scotland Street, je l'ai été d'autant plus par le personnage d'Isabel et ses aventures. 
Alexander McCall Smith a imaginé un personnage attachant et furieusement vraisemblable. Sa finesse d'esprit et sa capacité à analyser le monde qui l'entoure en font une héroïne à part au charme singulier. Loin des clichés du genre et de la dichotomie beauté/intelligence, le personnage d'Isabel est un condensé d'intelligence et d'humanité. Une femme que l'on aimerait croiser au détour d'une rue, le temps d'un échange.  
Dans ce nouvel opus, la philosophie tient toujours une part importante et c'est avec délectation que le lecteur suit le cheminement de l'héroïne et se laisse envahir par le doute. Car l'intérêt de cette série ne réside pas dans ses enquêtes mais dans la démarche intellectuelle de celle qui les résoud. En toute humilité, Isabel Dalhousie convoque les grands penseurs et confronte les théories pour essayer de cerner la nature humaine. Le manichéisme est absent mais le vice bien là et Isabel de démêler le vrai du faux. Et cette histoire de tableau volé pourrait faire voler en éclat des certitudes et un équilibre chèrement acquis. 
Je me refuse à vous parler davantage de la vie personnelle de l'héroïne, vous évitant ainsi certaines révélations, mais je conclurai en affirmant qu'Alexander McCall Smith a su offrir à Isabel Dalhousie une vie à la hauteur de ses aspirations. A mi-chemin entre un cadre conventionnel et une vie de bohème.  
Laissez-vous entraîner dans le sillage d'Isabel, vous perdre dans les ruelles d'Edimbourg et sentir palpiter cette ville aux abords si calmes. Laissez-vous envahir par cet esprit aiguisé qui saura faire émerger le doute en vous. Laissez-vous tenter, tout simplement.

Un grand merci à Loan et Carla et aux Éditions des Deux Terres pour ce roman. 
Voici ma deuxième participation au Challenge consacré à Alexander McCall Smith organisé par Emy.

615583379

 

26 juin 2013

Toute passion abolie, Vita Sackville-West

Toute passion abolie, Vita Sackville-WestToute passion abolie est une oeuvre de la poétesse et romancière anglaise Vita Sackville-West (1892-1962) parue en 1931. Celle qui fut la maîtresse de Virginia Woolf laisse derrière elle une oeuvre importante et fut plusieurs fois récompensée pour celle-ci.

A la mort de son époux, Lady Slane prend une décision importante : elle décide de s'installer seule, dans une petite maison repérée des années auparavant et de cesser d'être cette femme soumise et silencieuse que tous ont connue. Pour les enfants de cette octogénaire, leur mère est incensée. Mais Lady Slane décide de faire fi du qu'en-dira-t-on et de terminer ses jours au calme, loin de toute agitation mondaine.

Toute passion abolie est un roman court qui propose une réflexion intéressante sur la vieillesse, d'une part, et les choix d'une vie de l'autre.
En refaisant revivre le passé de Lady Slane à travers l'évocation de souvenirs, la romancière offre un regard singulier sur la vie de son héroïne. Cette dernière n'a pas eu le loisir de choisir sa vie et son existence aisée est allée à l'encontre de ses désirs artistiques. C'est une autre époque qui est décrite ici, une époque régie par des codes sociaux très stricts et dans laquelle les femmes disposaient d'un droit infime par rapport à leurs maris.
C
ette retraite retirée de toute vie sociale et du faste superficiel dans lequel baignent ses enfants permet à Lady Slane de se livrer à une introspection purificatrice de cette vie contrainte.

Avec une plume acérée, Vita Sackville-West dresse une galerie de personnages savoureux. Des enfants de Lady Slane, intéressés et bourrés de défauts, aux vieux messieurs qui font la cour de façon platonique à l'héroïne, les personnages de ce roman sont vibrants de réalisme.
Ode à la vie simple d'une vieillesse assumée, Toute passion abolie est une lecture apaisante, un roman introspectif qui se permet toutefois un pied de nez conclusif tout à fait intéressant.  
Et si, comme moi, vous craquez sur cette édition illustrée par Christian Lacroix, rendez-vous sur la chronique où je détaille le fabuleux coffret inédit consacré aux héroïnes de la littérature, illustré par le couturier.

D'autres avis : Anne, Kathel, L'Irrégulière, Lou, etc.

Enfin une participation au Mois anglais (mieux vaut tard que jamais...) de Lou et Titine et ma lettre S pour le Challenge ABC critiques de Babelio.

Challenge ABC Babelio

28 mars 2013

Les Chroniques d'Edimbourg T.1 44 Scotland Street, Alexander McCall Smith

44 Scotland Street, Alexander McCall SmithLes Chroniques d'Edimbourg sont une série de chroniques parues dans le quotidien The Scotsman, directement inspirées de l'expérience d'écriture des chroniques d'Armistead Maupin sur la ville de San Francisco.
Après une rencontre avec ce dernier, Alexander McCall Smith, déplorant la disparition des romans-feuilletons dans la presse, s'est vu proposer par le comité de rédaction du plus ancien journal écossais, The Scotsman, la rédaction de chroniques quotidiennes sur la capitale écossaise.
Ces chroniques ont été regroupées en livres et le premier tome, 44 Scotland Street, est paru en langue anglaise en 2005 et traduit en français en 2007.

Dans l'immeuble du 44 Scotland Street se côtoient des personnalités très différentes. Il y a la jeune Pat, vingt ans, qui cherche un logement pour sa deuxième année sabbatique, Bruce, son colocataire, expert immobilier obsédé par son physique avantageux, Mme Macdonald, ancienne anthropologue avide de ragots et Bertie, un enfant surdoué que ses parents ont bien du mal à canaliser. Lorsque Pat emménage, elle ne se doute pas que son quotidien va être bouleversé par ces rencontres.

C'est grâce à CottageMyrtille que j'ai découvert Alexander McCall Smith. Il faut dire que la miss n'arrêtait pas les allusions élogieuses sur cette série. Comme je vénère le Royaume-Uni de tout temps à jamais et que je me suis plongée il y a quelques mois dans Les Chroniques de San Francisco, il ne m'en a pas fallu plus pour succomber à l'appel de ce premier tome !
J'ai donc plongé dans Edimbourg en compagnie des personnages d'Alexander McCall Smith. Leurs aventures possèdent une fraîcheur très agréable et si certaines péripéties sont assez prévisibles, elles n'en possèdent pas moins un côté léger.
Dès les premières pages, le lecteur se glisse en catimini au 44 Scotland Street et observe, à la manière de Perec, ce qui se passe aux différents étages. Les chroniques alternent les points de vue pour que chacun des personnages se révèle au fur et à mesure au lecteur. Il n'y a donc pas une intrigue mais un noeud d'intrigues, dans ces chroniques. Et si certaines finissent par se rejoindre, d'autres demeurent un mystère propre à un personnage... pour mieux faire naître le fameux suspense !
Alexander McCall Smith glisse de l'humour et de la finesse au détour de chacune de ses pages et dresse, dans ces premières chroniques, le portrait de personnages attachants et vraisemblables. Pat c'est un peu notre voisine, notre copine, nous, parfois.

Et si j'aime beaucoup le principe d'une chronique quotidienne, cette contrainte d'écriture influe néanmoins sur la forme même de ce livre -  fragmenté en de courts chapitres - mais aussi sur le fond. Chaque chapitre/chronique possède son lot de rebondissements ou de  péripéties qui dynamise beaucoup la lecture. Contrairement à un roman - entité dont chacun des chapitre s'articule avec les autres -, ce recueil de chroniques ne possède pas de temps mort, ni de chapitre où rien de majeur ne se déroule pour l'intrigue. Il ne faut pas oublier que ces chroniques, publiées chaque jour dans un quotidien, devaient retenir l'attention du lecteur dès les premières lignes, et ce même si ledit lecteur était déconcentré dans les transports ou fragmentait sa lecture sur la journée. Un exercice de style donc, difficile à manier, mais qu'Alexander McCall Smith réussit avec brio. Il distille ce qu'il faut d'informations à chaque chronique pour tenir le lecteur en haleine et balayer le spectre de ses différents personnages.
Pour ma part, j'ai adoré me promener dans Edimbourg en compagnie de Pat, Bruce et les autres. J'ai apprécié la fraîcheur des situations et la légèreté de ces chroniques. J'ai eu l'impression de retrouver une bande d'amis, en toute simplicité. Vous savez que c'est assez rare pour être noté : j'ai été assez conquise pour suivre la série et j'ai commencé aujourd'hui le deuxième tome, Edimbourg Express.
D'autres avis sur ce livre : Alex-Mot-à-Mots, Kathel, Lounima, etc.

Ce livre me permet d'avancer dans deux des challenges auxquels je participe :

  • C'est ma lettre M du Challenge ABC de Babelio
  • Ma première participation au Alexander Mc Call Smith Challenge organisé par Emy.

                                                    Challenge ABC Babelio 615583379

13 mars 2013

La Dame en blanc, Wilkie Collins

La dame en blanc, Wilkie CollinsLa Dame en blanc est, avec Pierre de Lune, l'une des oeuvres les plus connues du romancier britannique Wilkie Collins. Ce contemporain et ami de Dickens, s'il connut un certain succès lors de la parution de ses romans, resta néanmoins longtemps oublié des lecteurs francophones. Publié en 1860, La Dame en blanc est considéré aujourd'hui comme précurseur du roman policier.

Londres, époque victorienne. Walter Hartright, jeune professeur de dessin, est engagé pour enseigner cet art à deux jeunes filles, Marian et Laura, dans la belle demeure de Limmeridge House. Loin de Londres, dans cet endroit bucolique, le jeune homme tombe vite sous le charme de la blonde et frêle Laura. Mais il ne sait pas qu'elle est déjà fiancée pour honorer le dernier souhait de son père. Éperdu d'amour, Walter renonce à son bonheur et part en Amérique. Mais durant son absence, Laura, tout juste mariée, tombe entre les mains de son odieux mari, Sir Percival, et de son ami italien, le Comte Fosco.

Éblouissant par sa construction narrative, La Dame en blanc est un roman haletant à l'intrigue diablement inventive.
Wilkie Collins distille au fil des pages quelques indices de ce qui se trame sans jamais laisser au lecteur le soin de comprendre où il veut en venir. On comprend très vite que la délicate Laura et son mari ne s'entendent pas et que ce dernier en veut à son héritage, mais une fois que l'on a l'impression de déceler les dessous de l'intrigue, Wilkie Collins, tel un magicien, sort une à une les cartes de sa manche. Et autant vous le dire tout de suite : bien malin celui qui verra clair dans son jeu.
Son intrigue, labyrinthique au possible, est prise en charge à tour de rôle par plusieurs narrateurs. Le procédé - qu'il reprendra dans Pierre de Lune - permet une dynamique certaine au roman et place la question de la vérité au centre des préoccupations. Chaque personnage doit en effet, tel un document juridique accablant, raconter ce qu'il a vu des événements selon son point de vue. Cette quête de vérité permet au romancier de passer outre certains détails de l'intrigue - le personnage prenant alors en charge la narration explique leur inutilité quant à l'affaire pour laquelle il témoigne -, tout en introduisant insidieusement des paroles que le lecteur sait fausses, non par mensonge, mais par naïveté, voire duperie. C'est fort, très fort !
Trois époques se succèdent, et avec elles son lot de personnages qui a assisté à certains détails de cette histoire retorse.
Le dénouement apporte toute la clarté et révèle au lecteur impuissant une machination incroyablement efficace.

Magistral, comme chaque oeuvre de Collins que je découvre. La légende dit que son ami Dickens jalousait ses oeuvres. Et je comprends pou
Lectures communesrquoi ! Un auteur à connaître, et à faire connaître largement.

Une lecture commune pour laquelle je suis éhontément en retard (pensez donc : ce billet aurait dû paraître le 31 janvier...). Mon acolyte de toujours, CottageMyrtille a eu la gentillesse de m'attendre pour publier son billet. Un grand merci !

D'autres avis sur ce roman : Alex-Mot-à-MotsAntigone, Karine:), Lounima, Manu, Mazel, Miss Alfie, Sabbio, Stellade, Yoshi73, etc.

Une lecture qui me permet d'avancer dans quatre de mes challenges (je vous avais dit que j'étais raisonnable...) :

British Mysteries Challenge ABC Babelio Thursday Next

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19 novembre 2012

Une place à prendre, J.K Rowling

Une place à prendre, JUne place à prendre est le premier roman écrit par l'anglaise J.K Rowling, mondialement connue pour sa série Harry Potter, paru en septembre 2012 chez Grasset pour l'édition française.

Pagford, petite paroisse du Sud-Ouest de l'Angleterre. Barry Fairbrother succombe à une crise cardiaque. Son décès laisse de nombreuses personnes éplorées : sa femme et ses enfants, bien entendu, mais aussi les filles de l'équipe d'aviron du lycée dont il était l'entraîneur, ses acolytes politiques, etc. Mais certains se réjouissent de cette mort prématurée. Car Pagford, tranquille en apparence, regorge de malaises sociaux et politiques contre lesquels Barry menait une lutte sans merci. La menace source et l'équilibre de la petite ville est très vite menacée par les intérêts de chacun.

J'ai grandi avec la série Harry Potter. J'avais adoré, gamine, cet univers si singulier et le côté rassurant de ces romans et j'attendais la sortie de chaque nouveau tome avec impatience. Depuis, j'ai grandi... (Enfin, je viens juste d'aller aux Studios Harry Potter et je dois vous en faire le compte-rendu avec photos et tout le toutim, mais passons.)
Les matchs de la rentrée littéraire de Priceminister ont été l'occasion de découvrir ce premier roman pour adultes dont la sortie faisait déjà tant d'émules. Je l'ai ouvert sans a priori, sans attente. Juste tentée par la quatrième énigmatique et elliptique à souhait.  
Et je dois dire que je n'ai pas été déçue, loin de là. J'ai retrouvé dès les premières pages le style de Rowling, sa manière de faire monter le suspense et de gérer le rythme de son récit, dans un univers faussement rassurant aux perfidies multiples. J'ai grignoté chacune de ces 700 pages, découvrant les ramifications si nombreuses à l'intrigue principale.   
Les personnages se succèdent, et avec eux autant de psychologies finement étudiées et jamais archétypales. Chacun porte en lui son histoire et ses tourments et l'auteure parvient à leur donner vie à travers sa plume. C'est à peine si l'on a l'impression de lire un roman tant J.K. Rowling nous dresse des portraits complexes et nous offre des personnages d'une vraisemblance troublante. Car sous des abords caricaturaux - la junkie qui a du mal à décrocher, l'adolescente infecte avec ses profs qui tente de faire face à une situation personnelle des plus sordides, la jeune fille bouc émissaire qui s'auto-mutile, etc. - chacun des personnages nés sous la plume de J.K. Rowling recèle une complexité bien loin des archétypes du genre.    
La bourgade de Pagford lui permet de recréer un microcosme à l'image du monde et de ses travers. Les thèmes abordés sont nombreux (le racisme, la pédophilie, le viol, le harcèlement moral, les déterminismes sociaux, etc.) et la mort de Barry Fairbrother n'est qu'un détail autour duquel tout gravite. La petite paroisse condense tout ce que l'humanité peut avoir de moche et de mesquin et cela fait froid dans le dos.   
Un petit bémol, néanmoins, à noter : à trop vouloir se pencher sur la misère et les injustices de ce monde, J.K. Rowling nous livre ici un roman qui est loin d'être une partie de plaisir en terme de lecture. Certains passages m'ont mise mal à l'aise, d'autres sont réellement plombants. La misère sociale de certains personnages est désolante mais pourtant ô combien vraisemblable. Et c'est justement cette vraisemblance qui fait la force de ce roman. Pagford est une représentation de tous les travers de notre société et fait douloureusement écho à ce que nous vivons, à ce que nous côtoyons. C'est dur, parfois lourd à lire, mais tellement bien écrit et amené que l'envie d'en savoir plus est plus forte.   
Certains ont adoré ces 700 pages, d'autres l'ont détesté. Pour ma part, sans être un coup de coeur, j'ai été bluffé par le talent de J.K. Rowling. Une place à prendre est un roman très bien ficelé qui lui ouvre grand la porte de la littérature adulte.

D'autres avis sur ce roman : Argali, Cla S, Herisson, ManuCatherine, Noukette, Syl, Stephie, Mélo, Mango, Belledenuit, LystigCryssildaL'Irrégulière...   
Un grand merci à Oliver et à
Priceminister pour la découverte de ce roman.

 

Les matchs de la rentrée littéraire 2012 sur PriceministerNote : 17/20

 

30 octobre 2012

Rebecca, Daphné du Maurier

Rebecca, Daphné du MaurierRebecca est le quatrième roman de l'écrivain britannique Daphné Du Maurier, publié en 1938. Trois des oeuvres de cette romancière furent portées à l'écran par Hitchcock : L'Auberge de la Jamaïque (1939), Rebecca (1940) et Les Oiseaux (1952).

A Monte Carlo avec Mrs Van Hopper qui la forme pour devenir dame de compagnie, la narratrice rencontre M. de Winter, qui vient de perdre son épouse. Elle tombe immédiatement sous le charme de cet homme plus âgé qu'elle et l'épouse rapidement. Mais lorsqu'ils rejoignent Manderley, la demeure des Winter, la jeune narratrice se rend compte que Rebecca, la défunte épouse de son mari, continue d'exercer une forte influence sur la maison et ses occupants. Pour la jeune narratrice, le quotidien devient vite suffocant dans cette imposante demeure envahie par le fantôme de la précédente maîtresse de maison.

Difficile de parler d'un tel monument de la littérature. Tant d'autres l'ont fait avant moi et avec certainement plus de talent. Avec Rebecca, Daphnée Du Maurier signe un véritable chef-d'oeuvre, et je ne suis bien entendu pas la première à le dire. Le mot n'est pas trop fort pour désigner ce roman à l'atmosphère peu commune dans laquelle le lecteur est littéralement happé. Pour ma part, il a retenu mon attention lors du dernier Read-a-Thon (et ce malgré Hermux, la terreur de la lecture !)
L'intrigue est savamment construite et s'enclenche dès l'arrivée à la demeure familiale. Manderley est l'archétype du manoir de famille et la narratrice surgit dans ce microcosme bien huilé sans en percevoir les rouages ni en comprendre les codes. L'actuelle Mrs de Winter se heurte à Rebecca, l'ancienne Mrs de Winter, et sa personnalité. Cette dernière, pourtant absente puisque décédée avant le début du roman, hante ses pages. Sa présence suinte à chaque instant et devient obsédante pour la narratrice comme pour le lecteur. Son fantôme rôde à Manderley, et il est difficile de savoir si c'est au sens propre ou au figuré.
L'engrenage se met en place. Le roman devient angoissant au fil des pages, et la solitude de la narratrice dans ce grand domaine ne fait qu'accentuer le sentiment de malaise dû à Rebecca. Cette femme magnifique et talentueuse aux dires de ceux qui l'ont connue, pervertit le quotidien de la nouvelle épouse de Max de Winter. La tension monte crescendo... jusqu'à la révélation finale.

Rebecca fait partie de ces romans dont la lecture vous captive littéralement. Une rencontre rare, portée par une plume imagée à souhait. Bref, un pur régal  tout à fait de saison !

La bande-annonce du film d'Hitchock, lors de sa sortie en 1940.

 

Halloween 2012, Halloween, challenge de lecture

Voilà ma quatrième participation Challenge Halloween 2012  organisé par Hilde et Lou et ma troisième participation au Challenge La littérature fait son cinéma 2 de Will.

 

 

5 octobre 2012

L'Hôtel hanté, Wilkie Collins

L'Hôtel hanté, Wilkie CollinsL'Hôtel hanté est un court roman de l'écrivain britannique Wilkie Collins paru en 1878. Après Pierre de Lune, L'Abîme et Seule contre la Loi, voilà une nouvelle découverte de cet auteur à l'origine du roman policier moderne.

Contre l'avis de ses proches, Lord Montbarry décide d'épouser la mystérieuse Comtesse Narona, femme sulfureuse au passé trouble. Les deux époux partent s'installer dans un ancien palais vénitien mais très vite Lord Montbarry tombe gravement malade et décède. Et lorsque le palais est transformé en hôtel et que la famille du défunt s'y rend, d'étranges phénomènes font leur apparition.

Wilkie Collins a le don, avec une intrigue qui commence de façon classique, de la transformer en un récit haletant qu'il est impossible de lâcher. Les éléments s'imbriquent de manière judicieuse et chaque détail sert l'intrigue et ses méandres.   
Les rebondissements sont nombreux et offrent à ce roman une richesse d'intrigue vraiment intéressante. Cet hôtel est-il hanté ? Lord Montbarry est-il vraiment décédé d'une simple bronchite ? Un élément fantastique va-t-il faire son apparition au fil des pages ? Le doute est semé et perdure tout au long de la lecture. Et c'est là le coup de maître de l'auteur ! Le lecteur s'interroge sans cesse sans vraiment savoir si le roman va sombrer dans le fantastique ou rester réaliste.
La galerie de personnages présentée est riche et offre un aperçu intéressant de la société victorienne et de ses codes.  
On frissonne au fil des pages, au côté de la mystérieuse Comtesse Narona et dans ce vieux palais vénitien... Un délice de lecture, comme à chaque découverte de Wilkie Collins !

Elles l'ont lu aussi : Stemilou, Vilvirt, Alex-Mot-à-Mots, Eiluned, Lou...Halloween 2012, Halloween, challenge de lecture

Deuxième participation au Challenge Halloween organisé par Hilde et Lou pour laquelle je fais appel à leur Agence de voyage Démoniaque. Destination ? Le Royaume Uni !

Et voici ma septième lecture sur mon Kindle et ma septième participation au Club des lecteurs numériques.

Pour découvrir le manuscrit, vous  trouverez le texte intégral ici en PDF, à lire sur votre écran d'ordi ou votre liseuse.

Lecteurs numériques           Lu sur mon Kindle

28 août 2012

Le scandale Modigliani, Ken Follett

Le scandale ModiglianiPublié en 1976, Le scandale Modigliani est le premier roman de l'écrivain gallois Ken Follett.

Un Modigliani inconnu ? Une belle aubaine pour Dee, étudiante en arts, Julian, galeriste fauché, et Lipsey, détective privé. Surtout qu'il s'agit du seul tableau restant que le peintre aurait réalisé sous l'emprise de drogues.

Mon été ne fut pas riche en lectures. La tête ailleurs, j'ai eu en effet beaucoup de mal à fixer mon attention sur des pages. Mais ce premier roman de Ken Follett a su forcer mon esprit à se concentrer un tant soit peu.
Malgré une préface plutôt péjorative - préface signée Ken Follett lui-même -, j'ai plongé en compagnie des personnages dans le milieu très fermé de l'art. Nous sommes dans les années 1980, les tableaux se vendent un prix dérisoire par rapport à nos jours, mais les questions de fond sont là. Qui détermine la valeur d'un tableau ? Les galeristes, par de subtiles manoeuvres pour susciter la demande ? Les acheteurs ? Pourquoi un faux serait-il moins coté qu'un original s'il est en tous points semblable à celui-ci ? Existe-t-il vraiment une liberté individuelle pour un jeune artiste qui tente de percer ? Des interrogations habilement soulevées par l'auteur, auxquelles nous n'aurons pourtant pas de réponse.
Si l'intrigue est un peu alambiquée et pêche par une alternance de personnages parfois un peu indigeste, elle n'en demeure pas moins intéressante grâce à son rythme effréné. Ken Follett préfigure, dans ce roman, son oeuvre à venir et de nombreuses caractéristiques de cette dernière : la véracité historique, la style journalistique, etc. Si ce Scandale Modigliani ne relève pas d'une réussite totale, il n'en demeure pas moins une lecture agréable pour un été.

D'autres lectrices de ce roman : Argali, Miss Alfie, Mrs Pepys, Syl, Estellecalim...

12 juin 2012

Délivrez-moi, Jasper Fforde

Délivrez-moi !Délivrez-moi est le deuxième tome des aventures de Thursday Next, l'héroïne de la série déjantée créée par l'écrivain britannique Jasper Fforde. Publié en 2001 en Angleterre, ce roman est paru en 2005 en France chez Fleuve Noir.

Thursday, tout juste mariée à son amour de jeunesse Landen, est de retour à Swindon, la ville qui l'a vue grandir. La jeune femme, enceinte, y goûte une vie douce après le tumulte précédent. Mais ce calme est de courte durée : le groupe Goliath, dont elle a enfermé un membre dans le poème Le Corbeau de Poe, décide d'éradiquer son mari ! Seule Thursday se souvient de son existence... La jeune femme n'a plus qu'à essayer de rentrer dans le poème de Poe pour libérer le membre de Goliath. Mais sans portail de la prose - qui permet de voyager à l'intérieur des livres - tout devient plus compliqué ! Surtout quand un membre de la famille d'Achéron Hadès, son pire ennemi, s'en mêle...

Délivrez-moi ! est tout aussi barré que le premier tome des aventures de Thursday - si ce n'est pire - et j'ai retrouvé avec grand plaisir la détective littéraire et son univers complètement loufoque. 
Les choses se corsent pour la jeune femme, et Jasper Fforde va encore plus loin dans ses trouvailles fantasques : Thursday voit son mari mourir à l'âge de 2 ans (sans avoir pu le connaître, donc !) mais est toujours enceinte de lui, elle rejoue certaines scènes de sa vie en revenant dans le passé, communique par notes de bas de pages avec son avocat, etc. Aucun doute : Jasper Fforde a de l'imagination et beaucoup d'humour ! 
Ce deuxième tome permet à l'auteur d'ancrer davantage ses personnages dans cet univers singulier. S'ils ne gagnent pas forcément en épaisseur psychologique, ils n'en demeurent pas moins attachants.
Les références littéraires - en particulier à la littérature anglaise - pullulent et ponctuent le texte de références savoureuses. Thursday croise ainsi Heathcliff, les personnages des Grandes Espérances, etc. 
Une excellente suite, donc, au rythme peut-être un peu plus lent que le premier tome, et à l'intrigue un brin enchevêtrée, mais tout aussi agréable à lire.

Elles ont lu ce roman aussi : Kathel, Karine:), Laure du Miroir...

                                                                        Le Puits des Histoires Perdues Sauvre Hamlet ! Le début de la fin

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