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Bienvenue à Bouquinbourg
18 mars 2012

Enola game, Christel Diehl

Enola GmaChristel Diehl est professeur à l'Université de Nancy. Enola game est son premier roman, paru en février 2012 aux éditions Dialogues. Et pour un premier roman, il a fait couler beaucoup d'encre sur la blogosphère littéraire ! Mais j'ai su rester imperméable aux chroniques des autres blogueuses avant de me plonger dans ce livre... pour mieux l'appréhender !

Une mère et sa fille. Une catastrophe. La grande lumière, pour la petite. Enola game, pour sa mère, en référence à l'avion qui  largua la première Bombe A sur Hiroshima. Comment continuer à vivre quand on ne sait pas ce qui se passe dehors ? Quand les vivres s'amoidrissent au fil des jours ? Que le quotidien se désagrège dans l'attente ?  Que les souvenirs s'estompent ? Et que l'avenir est plus flou à mesure que le temps passe ?

Je n'irai pas par quatre chemins, comme à chaque fois que je suis conquise par une lecture : ce court roman de 118 pages est un texte magnifique, et ce à plusieurs niveaux.
Magnifique tout d'abord par la plume poétique de Christel Diehl. L'auteure choisit ses mots avec soin et chaque phrase possède une prosodie étonnante. Le rythme, la musicalité, les figures de style participent de la beauté de ce texte. Les réferences littéraires sont nombreuses et ponctuent le texte, comme une culture à laquelle s'accroche désespérément la mère.

Magnifique ensuite pour son intrigue qui, si elle se fonde sur une situation post-apocalyptique, possède une originalité déroutante. De cette catastrophe, nous n'en saurons rien, et là n'est pas le propos. Christel Dielh s'attache à la question de la survie dans une situation dramatique. Comment continuer à vivre dignement quand on ne peut plus se laver, quand la nourriture vient à manquer et la folie à poindre son nez ? On ne peut que penser au récit d'Anne Frank, aux opprimés obligés de se cacher, à notre passé. Les résonnances font froid dans le dos mais sont évidentes.
Magnifique, enfin, dans la relation entre les deux personnages, la mère et son enfant. Dans la volonté de la première de protéger la seconde de cet extérieur menaçant dont elle ignore tout. C'est beau, c'est très beau, et dans le même temps on se dit que sans ce personnage enfant, l'adulte n'aurait pas lutté aussi longtemps. C'est dans la protection de son enfant qu'elle trouve la force de continuer à imaginer un avenir, se nourrir de son passé tout en se moquant de la vacuité de certaines de ses réflexions antérieures. Pour continuer à avancer. Sa force, c'est cet enfant de quatre ans à peine, qui a si peu vécu et qui mérite encore que le soleil se lève, que le printemps réapparaisse et que la nature offre à ses yeux un émerveillement renouvelé. Cette histoire, c'est celle de cet espoir nécessaire à la survie.
Une très belle rencontre que ce roman. Pourtant... Pourtant j'ai eu du mal à me plonger dedans. Redoutant une claque. Redoutant une histoire forte que j'aurais du mal à supporter. Mais quand j'ai ouvert le livre etCoup de coeur 2012 que j'ai vu la citation liminaire de Maxence Fermine, (que j'avais notée
dans ma chronique), il y a eu un déclic. Et j'ai lu ce roman d'une traite. Je suis tombée sous le charme de la plume de Christel Diehl. Elle a su m'émouvoir avec ses mots et son intrigue qui a fait résonner des choses en moi au fil des pages. Bref, voici mon quatrième coup de coeur  de l'année 2012. A lire au plus vite ! 
Les avis de Canel, Manu, Clara et Noukette sur cette lecture, histoire de convaincre les indécis.

"Elle quitte toujours à regret le refuge illusoire de son sommeil aux mille cloisons mouvantes." (p.11)

"Les mots courent sur le papier comme une armée d'insectes couturiers, inlassablement occupés à tisser ses souvenirs, à tricoter l'intrigue et à filer les métaphores à la quenouille de ses rêves." (p.57)

Un grand merci à Laure-Anne et aux Editions dialogie pour la découverte de ce fantastique roman.

 

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5 mars 2012

Luxomania, Edwige Martin

LuxomaniaLuxomania : Confidences d'une vendeuse dans l'univers secret du luxe est un ouvrage paru en janvier aux éditions Plon.

Après dix ans dans la pub, Charlotte se réoriente, suite à un licenciement économique, dans l'univers du luxe : elle devient vendeuse dans l'une des enseignes les plus prestigieuses du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris.
Mais dans cet établissement réputé, elle y découvre l'envers du décor : les horaires difficiles, les protocoles auxquelles elle doit se plier, les clientes exaspérantes, la compétition entre vendeurs pour une prime illusoire, etc.

Inspiré du propre parcours de l'auteure, Luxomania est un livre qui s'annonce, dès la couverture, très accrocheur. Il y est question de confidences sur les  dessous de l'industrie du luxe, grâce à l'expérience de la narratrice dans une grande enseigne (fictive).
Mais au fil des pages, ces confidences tombent à plat. Le lecteur, malgré une grande ingénuité, se doute bien que les vendeuses des magasins de luxe n'ont pas un salaire faramineux, qu'elles ne sont pas habillées de pied en cap gratuitement par la marque qui les emploie, que, comme dans toutes les autres enseignes de mode, elles doivent faire du chiffre et vendre en priorité certains objets, etc. Je n'ai été surprise à aucun moment. Ni par les excentricités de nantis ni par la misère de certaines vendeuses qui, sous leur maquillage et leur foulard en soie, cachent une vie minuscule à laquelle elles se raccrochent.
Bref, un livre qui oscille dans un genre bancal. Sans être vraiment un roman, car c'est clairement de son expérience que l'auteure nous parle, sans non plus être un essai réflexif ni une biographie (le personnage s'appelle Charlotte...), Luxomania est un titre accrocheur qui ne tient pas ses promesses. Et c'est bien dommage ! Cet univers du luxe n'a malheureusement pas grand chose de secret...

Je tiens néanmoins à remercier   logo2   et les éditions Plon  pour ce livre reçu dans le cadre de l'Opération Masse Critique.

fashion

 Une lecture que j'inscis dans le défi Read me, I'm Fashion de L'Irrégulière

 

6 février 2012

Au bonheur des Dames, Emile Zola

A bonheur des damesAu bonheur des Dames est le onzième roman de la série des Rougon-Macquart, publié la première fois en 1883.

Lorsque la jeune Denise, orpheline, arrive à Paris avec ses deux jeunes frères, elle se met en quête d'un emploi pour subvenir à leurs besoins. Son oncle, chez qui elle vient frapper, ne peut lui en donner : les affaires vont mal pour les petites boutiques du quartier qui souffrent du Bonheur des Dames, un des premiers grands magasins parisiens où les tissus se vendent à des prix dérisoires.
La jeune Denise se résout à travailler dans cette fourmilière géante, régentée par Octave Mouret. Les journées sont longues, les clientes exaspérées et les vendeuses individualistes, mais Denise travaille dur pour échapper à la misère.

Première incursion dans la saga des Rougon-Macquart (et en ayant fait des études de lettres s'il vous plaît !), la lecture de ce roman m'a littéralement enchantée.
J'ai plongé avec plaisir dans la description de ce Paris en pleine mutation et dans ces transformations économiques. Les descriptions du magasin sont telles qu'elles semblent étonnamment anachroniques pour leur époque. On y croise des employés soumis à des pressions hiérarchiques, un système d'entreprise où chaque personne possède un rôle bien défini dont il ne doit pas s'éloigner, des stratégies pour vendre et tenter les clientes, etc.
L'univers des grands magasins, décrit sous toutes ses coutures, m'a évidemment fait penser aux grandes enseignes parisiennes d'aujourd'hui, et c'est avec stupéfaction que je me suis rendu compte à quel point ces systèmes économiques sont rodés depuis bien longtemps. Le basculement, décrit ici avec l'oncle de Denise et ses voisins, montre comment les petites boutiques, fonctionnant selon des anciens modèles commerciaux, se sont fait littéralement dévorer
 par les grandes enseignes aux profits toujours plus exacerbés. C'est dur, la misère rôde pour beaucoup, mais c'est diablement bien décrit !
Zola nous plonge dans cette machine infernale où chaque employé est une partie d'un engrenage fabuleux qui permet à la bête humaine de fonctionner. Un pur régal ! Un roman qui m'a donné envie de découvrir davantage l'oeuvre de Zola. Après des années loin des auteurs classiques trop étudiés au lycée et en fac, je reviens progressivement vers eux...

Lu sur mon Kindle

Pour ceux qui veulent avoir accès au texte dans son intégralité, il est disponible chez Ebooks. Voici ma quatrième lecture sur mon Kindle, et ma quatrième participation au Club des lecteurs numériques.

                    Lecteurs numériques      

 

"Deux figures allégoriques, deux femmes riantes, la gorge nue et renversée, déroulaient l'enseigne : Au bonheur des Dames."

"Et les étoffes vivaient, dans cette passion du trottoir : les dentelles avaient un frisson, retombaient et cachaient les profondeurs du magasin, d'un air troublant de mystère ; les pièces de drap elles-mêmes, épaisses et carrées, respiraient, soufflaient une haleine tentatrice ; tandis que les paletots se cambraient davantage sur les mannequins qui prenaient une âme, et que le grand manteau de velours se gonflait, souple et tiède, comme sur des épaules de chair, avec des battements de la gorge et le frémissement des reins."

"Le soleil pâlissait, la poussière d'or rouge n'était qu'une lueur blonde, dont l'adieu se mourait dans la soie des tentures et les panneaux des meubles."

"C'était la femme que les magasins se disputaient par la concurrence, la femme qu'ils prenaient au continuel  piège de leurs occasions, après l'avoir étourdie devant leurs étalages [...] Et si, chez eux, la femme était reine, adulée et flattée dans ses faiblesses, entourée de prévenances, elle y régnait en reine amoureuse, dont les sujets trafiques, et qui paye d'une goutte de son sang chacun de ses caprices."

"Ce fut le dernier coup porté à ces dames. Cette idée d'avoir de la marchandise à perte fouettait en elles l'âpreté de la femme, dont la jouissance d'acheteuse est doublée, quand elle croit voler le marchand. Il les savait incapables de résister au bon marché."

"L'heure était venue du branle formidable de l'après-midi, quand la machine surchauffée menait la danse des clientes et leur tirait l'argent de la chair."

fashion

 Une lecture que j'inscris dans le défi Read me, I'm Fashion de L'Irrégulière


9 octobre 2011

Une femme de ménage, Christian Oster

9782707318497FSUne femme de ménage est le huitième roman de l'écrivain français Christian Oster. Publié pour la première fois en 2001 chez Minuit, il a été adapté au cinéma en 2002 par Claude Berri.

Jacques se retrouve seul après que sa compagne, Constance, l'a quitté. Depuis, il n'entretient plus son appartement et laisse la poussière s'installer. Suite à une petite annonce, il engage Laura. La jeune femme vient nettoyer chez lui une fois par semaine, alors qu'il travaille. Jusqu'au jour où son amant décide de la mettre à la porte. Laura n'a nulle part où aller et demande à Jacques de l'héberger.

J'avais très envie de lire ce roman depuis un certain temps, mais je n'y pensais jamais. J'aime beaucoup l'actrice Emilie Dequenne et je connaissais ce livre grâce à son adaptation ciné. Ainsi, quand je suis tombée sur un exemplaire de ce livre caché chez ma libraire, je n'ai pas résisté et l'ai dévoré en rentrant chez moi.
J'ai beaucoup de mal à exprimer mon ressenti face à cette lecture. Je ne m'attendais à rien. Je ne suis donc pas déçue. Je ne connaissais pas cet auteur. Je ne suis donc pas déçue. Et pourtant... Pourtant ce roman commence bien - focalisation interne au narrateur, Jacques, au point que c'est lui qui retranscrit les paroles des autres personnages , un humour particulier qui m'a fait sourire plus d'une fois, une intrigue qui sort des sentiers battus - mais il ne m'a pas conquise autant que je l'imaginais.
L'intrigue s'engage dans une direction qui m'a totalement échappé. J'ai été perdue par Christian Oster, malgré une adhésion immédiate à son style et son idée de départ. J'ai pensé à Claude Simon, à Christian Bobin, aussi. J'ai un peu perdu pied à la moitié du roman, non que je ne le comprenne pas, mais parce que j'avais cette nette sensation que l'auteur m'entraînait dans une direction que je n'attendais pas.
Une lecture en demi-teinte, donc. Ça aurait pu être un coup de coeur car Une femme de ménage est un roman furieusement intriguant à la construction réfléchie et intelligente. Mais finalement non. Ça reste un bon moment de lecture, avec un sentiment d'errance, sur la fin. Mais peut-être était-ce ce que cherchait Christian Oster ?
Challenge La littérature fait son cinéma 3e catégorie

Une nouvelle lecture pour le challenge La littérature fait son cinéma de Will et la bande-annonce du film de Berry avec Jean-Pierre Bacri et Emilie Dequenne dans les rôles-titres.

 

6 octobre 2011

Du domaine des Murmures, Carole Martinez

9782070131495FSDu domaine des Murmures est le second roman de Carole Martinez. Le coeur cousu avait été un de mes coups de coeur l'année dernière. Du domaine des Murmures est en lice pour le Goncourt cette année. Nous en saurons plus le 2 novembre...

1187. Esclarmonde, fille de châtelain, refuse l'union que son père a organisée pour elle. Elle décide, à l'âge de dix-sept ans, de consacrer sa vie à Dieu en se faisant emmurer dans une cellule attenante à la chapelle qu'elle a fait construire sur le domaine. Mais le dernier matin de sa vie de liberté, elle se fait violer. Désireuse avant tout de s'offrir à Dieu, malgré la souillure que représente ce viol, elle se tait et se fait emmurer. Une étroite fenêtre munie de barreaux la relie au monde extérieur. Mais très vite, Esclarmonde se rend compte qu'elle n'est plus seule dans sa cellule.

Du domaine des Murmures est une belle histoire, un conte, une fable. Elle nous raconte le combat d'une femme, celui d'Esclarmonde, tout comme nous suivions le combat de Frasquita dans le premier roman de Carole Martinez.
Mais les ressemblances s'arrêtent là. Esclarmonde décide de se retirer du monde à dix-sept ans, croyant ne rien y laisser. Mais elle se trompe. Et son goût pour la vie la détourne de sa foi et de sa dévotion. L'erreur est humaine, mais bien plus difficile à réparer quand on est emmurée à vie et que l'on a voué son existence à Dieu.
La narration à la première personne - c'est Esclarmonde qui s'adresse au lecteur - offre au texte un caractère intime. Sans jamais tomber dans le pathos ou dans une quelconque mièvrerie, Carole Martinez nous présente avec ce personnage l'image d'une femme forte, consciente de ses faiblesses.
Si j'ai été portée par la plume incroyable de Carole Martinez - qui allie poésie, musicalité et figures de style en tous genres - et cette intrigue plutôt originale, j'ai été déroutée par le prologue qui ancre la narration dans le présent. Des promeneurs abordent le Domaine des Murmures, et la voix d'Esclarmonde leur parvient à travers les âges pour leur raconter sa vie. Pourquoi un tel ancrage ? Il est si peu exploité que j'ai soupçonné un truchement pour expliciter le titre. C'est un passage inutile, qui offre un côté fantastique au roman qui n'en a pas besoin. Soit il fallait l'exploiter davantage et ancrer cette histoire dans le présent par le biais d'un narrateur autre, soit commencer le roman directement par la voix d'Esclarmonde, sans relier son récit au présent.

Si ce n'est ce détail, j'ai néanmoins passé un très moment de lecture. Un immense merci à ma très chère Tinusia de m'avoir surprise en m'offrant ce livre la semaine dernière... Une belle découverte d'une auteure dont je ne cesse d'admirer la plume.
Je ne résiste pas à l'envie de vous citer la fin de ce prologue décrié quelques lignes plus haut, afin que vous appréciez le style singulier de Carole Martinez...

"La tour seigneuriale se brouille d'une foule de chuchotis, l'écran minéral se fissure, la page s'obscurcit, vertigineuse, s'ouvre sur un au-delà grouillant, et nous acceptons de tomber dans le gouffre pour y puiser les voix liquides des femmes oubliées qui suintent autour de nous." (p.15)

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1 octobre 2011

Sorbet au piment rouge, Pierre Luneval

sorbet_au_piment_rouge_couverture2Sorbet au piment rouge est un recueil de nouvelles de Pierre Luneval paru en 2011 aux Éditions du Bord du Lot. 

Seize nouvelles composent ce recueil. Seize nouvelles très différentes qui alternent humour noir, absurde et dissection du quotidien. De la maîtresse qui accompagne ses élèves au cinéma à l'auteur esseulé lors d'une séance de dédicace en passant par un homme qui vient de perdre sa femme et par là-même son identité, les nouvelles de Pierre Luneval nous entraînent à chaque page dans un univers fantasque aux frontières parfois floues.

Comme à chaque fois que je lis un recueil de nouvelles, un sentiment diffus  m'envahit, un sentiment que j'ai du mal à qualifier et à analyser. Si certaines nouvelles m'ont complètement charmée et immergée dans un univers singulier (je pense notamment à « Première dédicace », « Le café au lait » et « Respire »), d'autres m'ont laissée de marbre. Il m'est donc difficile d'avoir un avis bien tranché sur ce recueil et surtout, un avis harmonieux dans l'ensemble. Ces nouvelles sont très différentes et leur hétérogénéité est parfois trop déroutante pour les apprécier à la suite l'une de l'autre. Si certaines sont liées par des éléments (comme le personnage de Vanitas de Holos), d'autres fonctionnent comme des électrons libres en marge de l'ensemble.
Ce qui est certain, c'est que Pierre Luneval possède un style bien à lui, à la fois poétique et musical, et joue avec les mots avec brio. Si j'ai pensé immédiatement à Philippe Delerm dans la première nouvelle, je n'ai visiblement pas été la seule puisque Pierre Luneval évoque lui-même ce romancier. Une sorte d'hommage, peut-être, de clin d'oeil, sans doute.
Les univers mis en scène dans ses nouvelles sont également bien singuliers et furieusement dérangeants pour certains. On frôle le fantastique parfois, on y sombre littéralement à d'autres moments, on ne sait plus où donner de la tête ni que penser. Ce sont donc seize nouvelles souvent déroutantes que nous présente Pierre Luneval. Des nouvelles parfois amères, parfois cruelles, qui laissent un drôle de goût en bouche, une fois la dernière page tournée. Un recueil qui porte donc bien son nom, et qui porte en lui un piquant à la fois singulier et dérangeant.
Sorbet au piment rouge
est un recueil qui sort de l'ordinaire, qui, s'il dissèque parfois le quotidien, ne le fait que pour se détourner de la réalité et dépeindre celle beaucoup plus fantaisiste de l'auteur. Même si je n'ai pas apprécié toutes ces nouvelles, beaucoup d'entre elles possèdent une saveur bien particulière que je ne suis pas prête d'oublier.

Je remercie  Agents littéraires et les bord du lot pour ce roman reçu en partenariat.

29 septembre 2011

Soeurs chocolat, Catherine Velle

couv_soeurs_chocolatSoeurs chocolat est le troisième roman de Catherine Velle, paru en 2007.

Une petite communauté religieuse en plein coeur de la France subsiste grâce aux savoureux chocolats qu'elle produit. Mais une menace pèse sur son fragile équilibre : tous les dix ans, deux soeurs doivent aller en Colombie faire valoir leur droit sur les fèves de cacao, faute de quoi, leur part sera attribuée à d'autres. L'échéance arrive, mais avec elle les problèmes. Le secret de fabrication de leurs chocolats, jalousement gardé par les soeurs, attise de nombreuses convoitises. Et lorsque les deux soeurs désignées doivent entreprendre le long voyage jusqu'en Colombie, elles ne sont pas seules. Et les péripéties commencent.

J'ai lu ce roman cet été, alors que j'étais en pause de lecture. Je n'arrivais pas, par fatigue, à fixer mon attention sur les livres que je commençais, et bon nombre me sont tombés des mains.
Soeurs chocolat
a eu le mérité de retenir mon attention grâce à une intrigue simple aux péripéties nombreuses. Si les dialogues sont parfois simplistes, les situations prévisibles et les invraisemblances nombreuses, ce roman propose néanmoins une détente non négligeable et possède une fraîcheur et un comique certains !
Rien de transcendant donc, je dois l'avouer, mais un bon moment de lecture qui a su me réconcilier avec la lecture cet été.
Les avis beaucoup plus enthousiastes de
Sharon et Latite.

12 septembre 2011

Tout, tout de suite, Morgan Sportès

5953_1384599Morgan Sportès est un écrivain français dont le livre-enquête, L'Appât, publié il y a vingt ans et adapté au cinéma par Bertrand Tavernier en 1995, reçut l'Ours d'or à Berlin. Tout, tout de suite est son dernier roman, sorti en août chez Fayard et en lice pour le Goncourt 2011.

L'horreur du crime a fait couler beaucoup d'encre. En 2006, un jeune juif d'origine modeste est enlevé, séquestré et torturé pendant plus de vingt jours par une bande de jeunes, avant d'être assassiné. Morgan Sportès revient sur cet acte de barbarie. Il explore, dans ce roman inspiré de ces faits réels, les raisons qui ont poussé ces jeunes - parfois désoeuvrés, parfois parents, parfois mineurs - à torturer un autre être humain. Sans jugement, il reconstitue les faits, analyse notre société, les désillusions qu'elle créé, jusqu'à permettre l'irréparable. L'inénarrable.  L'indicible.

Lecture dure au sens propre, Tout, tout de suite est un roman assez étrange. Tout d'abord parce qu'il s'inspire de faits réels, certes, mais aussi parce qu'il décortique  notre société et ses dérives au travers de ce crime au caractère insoutenable. Le choix de Morgan Sportès d'écrire un roman et non pas un documentaire permet d'établir une distance, une distance avec ce crime, mais aussi une distance avec notre société gangrenée qui se détériore peu à peu. Une société qui permet à cette violence d'éclore. Et cette distance est salvatrice pour le lecteur. Sans elle, cette lecture serait d'autant plus dérangeante.
Tout, tout de suite n'est pas un roman que je souhaitais lire, appréhendant les mots de Morgan Sportès pour mieux me cacher derrière un voile protecteur.
Je l'ai néanmoins lu.
De ce roman terrible, je retiendrais un sentiment de malaise, qui ne m'a pas lâchée. Malaise du à à cette histoire, c'est évident, mais dû aussi à notre monde actuel. Une sorte de fatalisme en somme. C'est dur d'ouvrir les yeux. Dur de regarder la violence en face. De la voir éclore. De parler d'acte inhumain quand ce sont bien des Hommes qui l'ont commis.

Une lecture éprouvante s'il en est. Une étude sociétale inquiétante et pourtant bien réelle réalisée par un auteur qui analyse un monde qui va mal.
Une lecture dérangeante, tout sauf reposante, mais ô combien essentielle.
Je remercie libfly et   pour ce livre de la rentrée littéraire reçu en avant-première. L'avis de Stephie sur ce roman.

  Capture

29 août 2011

Hymne, Lydie Salvayre

9782020985550Hymne est le dernier roman de Lydie Salvayre paru en août 2011.

Mais Hymne n'est pas à proprement parler un roman qui respecte les codes du genre. Il s'approche plutôt d'un hommage personnel à Jimi Hendrix, fait par Lydie Salvayre elle-même.
L'auteure ne se cache par derrière la première personne du singulier qu'elle utilise dès les premières pages, et affirme sa volonté de rendre hommage à celui qui s'appropria, le 18 août 1969 à Woodstock The Star Spangled Banner - l’hymne américain - et le transforma en prestation musicale hors du commun.

A partir donc de cet événement, de cette reprise par Hendrix, Lydie Salvayre brode ici un texte aux envolées parfois lyriques, vibrant d'une fascination sans borne pour ce musicien. Il n'est en aucun cas question d'une analyse musicale quelconque, Lydie Salvayre s'en défend dès les premières pages, mais plutôt d'un hommage personnel qui s'égare parfois dans la biographie.
Hymne est une lecture troublante. Que l'on connaisse ce cri - celui que poussa Hendrix en ce 18 août 1969 à Woodstock - ou non, les mots de Lydie Salvayre émeuvent et provoquent une adhésion immédiate. Mon premier geste, une fois ce livre posé, a été de chercher et d'écouter la prestation d'Hendrix pour continuer à faire vivre le texte de Lydie Salvayre. Certains y trouveront peut-être trop d'emphase, voire une fascination qui frise l'adulation. Pour ma part, j'ai été sous le charme de cet hommage aux accents parfois intimes, dont la musicalité semble faire écho au talent d'Hendrix.
Hymne n'est pas un texte à réserver aux fans du musicien. Au contraire ! C'est un texte que chacun peut lire, pour découvrir comment un événement artistique a pu autant chambouler des générations et comment aujourd'hui il résonne encore dans la tête de certains.
Lydie Salvayre signe ici un texte poignant, incroyablement vivant, une partition sans faute en somme.

Une présentation d'Hymne par Lydie Salvayre elle-même.
(Source : Seuil.com)


Une nouvelle lecture à inscrire dans le Challenge d'Anne, Des notes et des mots.

Je remercie libfly et les seuil  pour ce livre reçu en avant-première.
  Capture

9 juin 2011

Le cri, Laurent Graff

9782290001721FSSouvenez-vous... J'avais découvert Laurent Graff lors du Read-a-Thon avec Il ne vous reste qu'une photo à prendre, un court roman vraiment brillant, véritable coup de coeur. Le cri est le quatrième roman de cet auteur, et vu qu'il est très court, je n'ai eu aucun scrupule à l'intercaller entre deux lectures plus longues... 

Le narrateur travaille à une barrière de péage d'une autoroute. Celle-ci est quasiment vide. Les automobilistes sont si rares que l'homme se prend à rêver. Il se lie d'amitié avec le gendarme chargé de la surveillance de cette portion d'autoroute, qui s'ennuie beaucoup lui aussi, et une jeune femme qui n'a jamais d'argent pour le péage et va chaque jour rendre visite à son mari et son amant, alités à l'hôpital après un accident de voitures.
Alors que la vie se déroule de façon monotone, un cri atroce déchire peu à peu l'atmosphère, rendant fous les humains. Peut-être est-ce depuis que le tableau de Munch a été volé ?munch_TheScream

Il est difficile de commenter ce livre tant il est court et pourtant si riche ! Mon résumé n'est pas forcément séduisant mais j'ai tenté de rendre compte des faits qui se déroulent dans le roman sans vous en dire trop... La suite ? Il faut le lire !
Encore une fois, Laurent Graff réussit une performance avec un roman très bref (125 pages), où chaque mot fait sens. Loin de subir cette sorte d'économie verbale, il parvient à  esquisser en si peu de pages un univers semblable au nôtre en bien des points, mais dans lequel le fantastique éclôt très vite. Un fantastique étrange, qui interroge. Et quand on connaît un peu le romancier, le doute s'installe.

Encore une fois, Laurent Graff amorce une réflexion sur le sens de la vie et la mort. C'est très subtil, un peu barré. Un roman comme je les aime ! J'ai préféré Il ne vous reste qu'une photo à prendre, mais chaque lecture de cet auteur est une nourriture intellectuelle délectable que je ne saurais que conseiller.

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