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Bienvenue à Bouquinbourg
17 septembre 2018

Le confident, Hélène Grémillon

Le ConfidentLe confident est le premier roman de la femme de lettres française Hélène Grémillon. Il est paru chez Plon en 2010 et a connu dès sa parution un grand succès en France et à l'international.

La mère de Camille vient de décéder. La jeune femme, bouleversée, répond de façon automatique au courrier de condoléances lorsqu'elle découvre une étrange lettre. Le courrier, anonyme, évoque une histoire d'amour durant la Seconde Guerre mondiale. Camille croit d'abord à une erreur de destinataire, puis à un auteur qui souhaite être original pour lui envoyer son manuscrit - Camille est éditrice - mais comprend au fil des lettres que cette histoire la concerne, elle et sa famille.

J'ai emprunté ce roman un peu par hasard à la médiathèque, cherchant un nouveau livre audio pour mes trajets. Dès le premier chapitre, mon attention a été happée. Hélène Grémillon tisse une intrigue alternant passé et présent, prise en charge en alternance par plusieurs narrateurs. Camille, le personnage principal, reçoit les lettres de Louis - elle apprend vite son prénom - qui était éperdument amoureux d'Annie, une jeune fille de son village, en 1938, avant que la guerre n'éclate. Celle-ci, douée en peinture, s'était liée d'amitié avec une parisienne venue s'installer dans leur village. Mais leur amitié devint rapidement malsaine lorsque Mme M., c'est ainsi que Louis la nomme, confia à Annie son désarroi de n'avoir pas pu avoir d'enfant. Je n'en dirais pas plus pour garder le suspense entier de cette intrigue complexe s'il en est, où amours impossibles et jalousie se chevauchent.
La plume d'Hélène Grémillon est juste et précise, chacun des personnages ayant son style propre - renforcé dans la version audio par les voix des comédiens, Carole Bouquet, Jacques Weber, Sara Forestier et Hélène Grémillon elle-même -, et dévoilant peu à peu de terribles révélations. Un premier roman d'une intensité rare, émouvant et terrible. A découvrir sans hésiter !

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13 septembre 2018

Trois fois la fin du monde, Sophie Divry

Trois fois la fin du monde Sophie Divry

Trois fois la fin du monde est le nouveau roman de Sophie Divry paru ele 23 août aux éditions Noir sur Blanc.

A cause d'un braquage qui a mal tourné avec son frère, Joseph Kamal se retrouve en prison. Seul, sans famille - son frère s'est fait tuer par les policiers -, et sans espoir, le jeune homme tente de survivre non sans mal dans ce milieu ultra violent et codifié. Il baisse l'échine, voit l'horreur et ferme les yeux. Il voudrait que cela cesse, quitter cet enfer. Une explosion nucléaire lui offre cette chance. Joseph s'évade de la prison détruite et survit miraculeusement aux émanations toxiques. Avide d'une solitude tant recherchée en prison, il s'installe en zone interdite. Sur son chemin, il trouve une petite ferme isolée. Lui, le gosse de la ville, retrousse ses manches et se met à cultiver de quoi survivre. Rejoint par un mouton et un chat, il se créé son petit paradis, en auto-suffisance.

J'ai toujours hâte de découvrir un nouveau livre de Sophie Divry. Si j'avais adoré son premier roman, La cote 400, j'avais été ennuyée par le personnage de La condition pavillonnaire  mais complètement séduite par  Quand le diable sortit de la salle de bain. En ouvrant celui-ci, le suspense était entier : la magie allait-elle opérer ? Et bien oui, un grand et immense oui ! La magie a opéré.
Sophie Divry réussit le tour de force de faire prendre un virage surprenant à son roman avec cette catastrophe nucléaire. Après un début dans la violence de l'univers carcéral, son personnage, Joseph, qui prend en charge la narration, se retrouve dans le silence et la solitude totale dans un univers post-apocalyptique. Loin de tout être humain. Loin de toute violence. Loin de toute communication, aussi. Il découvre le plaisir simple que procure la vie près de la nature, la satisfaction du travail manuel, et les douces relations avec les animaux. Robinson Crusoé contemporain au milieu de cette nature qui reprend le dessus, il se cache, attend. Parce que le retour en prison est inenvisageable pour lui, il préfère fuir la société des hommes et vivre en communion avec la nature, les saisons, les animaux. C'est beau, fort, poétique et imagé. Le lecteur de patienter aux côtés de Joseph, d'observer, avec lui, le temps qui passe, même si la tension est là, palpable, et de réfléchir à ce besoin de solitude si actuel.  
Un roman bouleversant, une auteure qui n'est jamais là où on l'attend, déroutante, à la plume percutante. A découvrir, sans hésitation, sans condition.

8 septembre 2018

Frère d'âme, David Diop

Frère d'âme, David DiopFrère d'âme est le second roman du maître de conférences à l'Université de Pau David Diop, paru en août aux éditions du Seuil.

La Grande Guerre. Alfa Ndiaye et Mademba Diop, deux tirailleurs sénégalais, se battent sous le drapeau français. Ce matin-là, quand le capitaine Armand siffle l'attaque, Mademba sort en courant de la tranchée et tombe quelques mètre plus loin, touché par un tir ennemi. A Alfa, son ami, il supplie de l'achever, tandis que ses entrailles se répandent dans la boue et que son sang fuit. Mais Alfa ne peut pas. Il ne peut pas tuer son ami. Malgré ses supplications, malgré ses pleurs. Trois fois Mademba le suppliera, mais Alfa résistera. Alfa résistera pour finalement voir son ami agoniser et mourir sous ses yeux. De ce jour, Alfa ne sortira pas indemne. Sa raison l'abandonnera. Une violence sourde qui dormait en lui s'échappe et c'est avec froideur qu'il tue sur le champ de bataille, semant le chaos et effrayant ses camarades.

Quel tour de force, quelle langue, quelle intrigue ! David Diop réussit, en 176 pages, à plonger son lecteur dans la folie de la Grande Guerre, du point de vue d'Alfa, transformé en boucher sanguinaire quand sa raison l'abandonne. Le texte est bref, violent, les mots résonnent telle une litanie, avec une prosodie parfaite. Alfa parle sans discontinuer, tentant de trouver une raison à ce qui anime son geste. Rongé par le remord de n'avoir pu abréger les souffrances de son ami, il s'égare dans les méandres de ses justifications. Évacué à l'Arrière après une mutilation de trop sur l'ennemi, il se plonge dans ses souvenirs, dans l'Afrique de son enfance, dans son histoire familiale et celle qui le relie à Mademba.

Un roman poignant, saisissant, haletant, difficile à lâcher. Une pépite, c'est certain, pour commencer cette rentrée littéraire.

7 juin 2018

En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut

En attendant Bojangles, Olivier BourdeautEn attendant Bojangles est le premier roman de l'écrivain français Olivier Bourdeaut paru en janvier 2016 aux éditions Finitude. Plusieurs fois primé, il a remporté un grand succès dès sa sortie.

Ils s'aiment d'un amour fou. Lui, George, ancien homme de loi reconverti en ouvreur de garages, elle, au prénom inconnu puisque son mari la nomme chaque jour différemment, amoureuse de la vie fantasque qu'elle s'invente. Tous les deux dansent, chaque jour, sur Mr Bojangles chanté par Nina Simone, devant les yeux ébahis de leur fils. La vie du trio n'est qu'un tourbillon de fantaisie et de drôlerie : les invités se succèdent, l'alcool coule à flot, les disques tournent en boucle tandis que Mme Superfétatoire, la grue domestiquée par la famille, amuse la galerie. Tout n'est qu'amusement et loufoquerie. Mais  l'équilibre de cette douce folie se rompt le jour où un percepteur d'impôt vient sonner à la porte. 

Deuxième roman que je découvre en livre audio, En attendant Bojangles m'a complètement charmée. Je l'avais dans ma PAL depuis longtemps en version papier (depuis sa sortie !) mais je n'avais pas pris le temps de le découvrir. Un trajet ce week-end m'a permis de me plonger dans la version audio empruntée à la médiathèque.  
La voix de Louis Arène, de la Comédie-Française, donne vie à ces personnages fantasques et corps à cette intrigue ubuesque, tandis que les intermèdes musicaux de Nina Simone scandent l'intrigue. La narration alterne entre les souvenirs du narrateur enfant devenu adulte et le journal de son père. Les réminiscences divergent de l'un à l'autre, l'enfant et son oeil naïf ne voyant dans la fantaisie de sa mère qu'une fraîcheur innocente, quand son père, dès le début, sait que la folie se tapit dans un recoin, et qu'elle peut à tout instant faire voler en éclat l'équilibre mental de sa chère et tendre. 
La plume d'Olivier Bourdeaut est d'une musicalité sans borne (et en livre audio le résultat est d'autant plus fort !), l'auteur jouant sur les mots, leurs sonorités et les figures de style pour créer un non-sense absolument délicieux. 
C'est bien simple : je n'ai pas vu passer les 3h d'écoute, moi qui avais eu beaucoup de mal avec mon premier livre audio. Je me suis immergée dans cette intrigue drôle et émouvante, ode à un amour fou si romanesque. Je ne vous en dirai pas plus... Un coup de coeur indéniable à côté duquel je vous déconseille de passer ! 
Les avis de BlandineEnnaFolavril, Helene, ItzamnaJerome, LeiloonaMadameNatiora, Noukette, etc. 

  En bonus un entretien d'Olivier Bourdeaut

 

11 mai 2018

La disparition de Stéphanie Mailer, Joël Dicker

joel dicker disparition de stephanie mailer

La disparition de Stéphanie Mailer est le dernier roman de Joël Dicker paru en mars aux éditions de Fallois.

Orphea, petite ville des Hamptons, 30 juillet 1994. Alors que la ville entière s'apprête à assister à l'inaguration de la première édition de son festival de théâtre, le maire et sa famille son sauvagement assassinés dans leur maison, toute comme une joggueuse qui se trouvait dans les environs. La ville est en émoi. La police trouve rapidement le coupable et la tension s'apaise. Mais lorsque vingt ans plus tard une jeune journaliste du nom de Stéphanie Mailer décide de remettre son nez dans le dossier, elle se rend rapidement compte que quelque chose cloche. Elle décide d'en parler à Jesse Rosenberg, chargé de l'enquête à l'époque, mais celui-ci n'a pas le temps de la rencontrer que Stéphanie disparaît. 

J'avais passé trois jours à dévorer La vérité sur l'affaire Harry Québert, il y a quelques temps, puis j'avais enchaîné avec la découverte du Livre des Baltimore, qui m'avait conquise aussi. J'attendais ce quatrième roman de Joël Dicker avec un mélange d'impatience et de curiosité. Merci Hélène de m'avoir permis de le découvrir si rapidement ! 

Encore une fois, la magie a opéré : j'ai dévoré ce livre en quelques jours, incapable de le lâcher, échafaudant dans ma tête mille théories pour comprendre où Joël Dicker voulait emmener son lecteur. Et je n'y suis bien entendu pas parvenue... Joël Dicker excelle dans la construction d'intrigues alambiquées alternant plusieurs époques et mêlant de nombreux personnages. Pour autant, l'ensemble s'apparente presque à un huis-clos, l'enquête ayant cette fois encore comme toile de fond Orphea, petite ville américaine en apparence tranquille. Un passé dérangeant ressurgit, cette fois soulevé par la jeune journaliste Stéphanie Mailer. Personne n'est lisse, rien n'est parfait, à Orphea, et Joël Dicker joue avec les apparences pour mieux les faire voler en éclat une à une. Un excellent page-turner, un policier contemporain qui évite l'écueil de la violence et du gore. Un excellent moment de lecture, une nouvelle fois. Merci Hélène de me connaître si bien ! 

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20 avril 2018

Milarepa, Eric-Emmanuel Schmitt

Milarepa eric emmanuel schmittMilarepa est un des romans qui compose Le Cycle de l'invisible, cycle consacré à la spiritualité et écrit par le romancier et dramaturge franco-blege Eric-Emmanuel Schmitt. Il est paru en 1997 aux éditions Albin Michel. 

Paris. Simon fait toutes les nuits un rêve étrange. Un jour, dans un café, il rencontre une femme qui lui susurre à l'oreille qu'il est la réincarnation de Svastika, l'oncle de Milarepa qui vécut au Tibet au XIe siècle et qui détestait ce dernier. Pour échapper au samsaraSimon doit raconter cent mille fois cette histoire, celle du yogi et poète Milarepa devenu maître de renom du bouddhisme tibétain.

Eric-Emmanuel Schmitt excelle encore une fois avec ce roman sous forme de monologue philosophique et spirituel. Simon relate ainsi la légende de Milarepa, la haine de son oncle Svatiska à son encontre et les conséquences sur le caractère du jeune Milarepa, qui d'esprit vengeur, grâce à l'étude et la méditation avec son maître, le Lama Marpa, atteint l'Eveil et enseigne la sagesse à ses disciples. La narration alterne le Paris d'aujourd'hui, avec Simon, et le Tibet du XIe siècle, sur les traces de Milarepa. 

Un texte très poétique, très bref, suivi d'une postface, "Ce que le bouddhisme nous apporte..." signée par l'auteur. Un merveilleux cadeau et une très belle lecture. Merci Marine !

"Désirer trop trouble l'âme." (p.47) 

"Rien n'est permanent, rien n'est réel." (p.48)

"Rien ne pèse plus lourd lorsqu'on sait que tout est illusion." (p.59)

2 avril 2018

Minute, papillon ! Aurélie Valognes

Minute, papillon Aurélie ValognesMinute, papillon ! est le troisième roman de la française Aurélie Valognes paru en avril 2017 aux éditions Fayard Mazarine.

Rose, mère célibataire de trente-six ans, entretient des relations compliquées avec Baptiste, son fils de dix-huit ans. Lorsque celui-ci lui annonce qu'il quitte la maison, la jeune femme voit une occasion de rebondir et reprendre sa vie en main. Elle accepte un nouvel emploi un peu louche dans un luxueux appartement parisien : celui de dame de compagnie... d'un chien ! Pépette, le chien de Véronique, riche femme d'affaire égocentrique et despotique. Acculée, Rose accepte cet emploi grassement rémunéré et découvre que Véronique vit avec Colette, sa mère. La septuagénaire un peu lunaire, atteinte d'un toc de propreté, ne sort plus de chez elle. Entre elle et Rose, une drôle de relation va se nouer.

J'avais passé un agréable moment entre les pages de Nos adorables belles-filles, second roman d'Aurélie Valognes. Quel plaisir quand une amie m'a envoyé un paquet contenant celui-ci ! 
Une nouvelle fois, Aurélie Valognes tresse une intrigue efficace et drôle, résolument contemporaine. Le personnage de Rose, mère célibataire dépassée par le départ précoce de son fils, est attachant, tout comme celui de Colette, retraitée un peu déboussolée par ses relations tendues avec sa fille. L'amitié entre les deux femmes n'est pas une surprise mais donne le sourire aux lèvres. L'intrigue est ponctuée d'humour - notamment la découverte du couchsurfing par Colette ou encore de l'essai de végétalisme par la soeur de Rose - et avance à bon rythme. Un roman que j'ai dévoré en quelques heures, qui m'a donné le sourire aux lèvres et empli le coeur de positif et de bonne humeur. Un excellent feel good comme cela faisait longtemps que je n'en avais pas découvert, parfait pour ce printemps un peu gris. Merci encore Lydie pour ton joli cadeau !

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17 février 2018

Journaux de voyage, Albert Camus

Journaux de voyage, Albert Camus

Journaux de voyage est un ensemble de deux carnets qu'Albert Camus a rédigés en 1946 et 1949, à l'occasion de deux voyages en Amérique du Nord et du Sud. 

Au printemps 1946, Albert Camus est convié aux Etats-Unis pour une série de conférences littéraires, notamment à Harvard. Celui qui écrira La Peste l'année suivante n'est encore qu'un journaliste et écrivain à la réputation qui monte, mais dont les idées politiques inquiètent grandement les services secrets américains. Le gigantisme des villes américaines couplée à l'éloignement de ses proches rendent ce voyage douloureux pour l'écrivain. 
Trois ans plus tard, durant l'été  1949, c'est en Amérique du Sud qu'il est invité, en vedette, cette fois. Malade durant une partie de son voyage, il découvre la pauvreté et la misère, mais aussi les traditions et coutumes des pays qu'il traverse. Etouffé par les mondanités de ce voyage, il le survole à distance, échappant dès qu'il peut à ses obligations officielles pour grignoter une once de solitude. 

Revenir aux écrivains vingtiémistes des belles heures de la littérature française, telle était une de mes envies de 2018. Après bien des années à les fuir, après mon cursus de Lettres Modernes, j'ai plaisir à me replonger dans ces pages et les lire d'un oeil neuf. 
Journaux de voyage traînait dans ma PAL depuis peu et m'intéressait par sa forme. Camus en écrivain voyageur qui prend des notes et les retransmet, tel quel. De fait, sa plume est brute, sèche et parfois plate et relate les faits tels qu'il les a vécus. 
Les deux voyages sont émaillés de rares réflexions et s'apparentent davantage à des comptes-rendus de faits sans analyse derrière. Le lecteur ne saura rien desdites conférences que l'auteur donne mais aura en revanche accès à ses états d'âme. Camus relate sa souffrance, ses envies de suicide, son ennui profond des mondanités.  
Texte brut, Journaux de voyage est avant tout une prise de notes personnelle qui servira à l'auteur par la suite pour ses oeuvres - notamment La Pierre qui pousse et La Mer au plus près, nous apprend la préface. J'ai pris plaisir à le découvrir et m'immerger dans le style quasi télégraphique de l'auteur grognon et incommodé par les mondanités mais je conserve un petit goût de frustration de n'en avoir pas su davantage sur ces mois de voyage.

"Fatigué. Ma grippe revient. Et c'est les jambes flageolantes que je reçois le premier coup de New York. Au premier regard, hideuse ville inhumaine. Mais je sais qu'on change d'avis." (p.25)

"Oui, il y a un tragique américain. C'est celui qui m'oppresse depuis que je suis ici mais je ne sais pas encore de quoi il est fait." (p.28)

"J'ai toujours tout apaisé sur la mer et cette solitude infinie me fait du bien pour un moment, bien que j'aie l'impression que cette mer roule aujourd'hui toutes les larmes du monde. (p.50)


READING CLASSICS CHALLENGE 2018

26 janvier 2018

Les heures silencieuses, Gaëlle Josse

les heures silencieuses, Gaëlle JosseLes heures silencieuses est le premier roman de Gaëlle Josse. Il est paru en 2011 aux éditions Autrement.

Delft, novembre 1667. Magdalena Van Beyeren, mariée à l'administrateur de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, a dû renoncer très jeune à ses rêves d'aventures pour devenir une épouse modèle. Mais ses souvenirs d'enfance la hantent, notamment lorsqu'elle accompagnait son père vérifier les bateaux et l'aidait dans sa charge d'administrateur. A son journal, elle se confie et livre ses secrets comme ses désirs inassouvis.

J'avais découvert Gaëlle Josse avec Nos vies désaccordées que j'avais adoré et j'étais curieuse de découvrir, à rebours, son premier roman. Ce dernier s'inspire du tableau Intérieur avec femme à l'épinette d'Emmanuel de Witte. Gaëlle Josse a en effet pris le parti de donner la parole au personnage féminin de ce tableau, donnant corps à sa vie comme au contexte de création de l'oeuvre.
J'ai encore une fois été charmée par la plume poétique et imagée de l'auteure qui transporte le lecteur, en quelques phrases, dans le Delft du 17e siècle.
Le caractère intime de la narration à la première personne offre une dimension particulière à la confession de cette héroïne, victime d'une époque où les femmes n'avaient que peu d'espace pour s'exprimer.  Delft est esquissée au travers de descriptions du changement de saison, et le lecteur de baigner dans la Hollande de Vermeer et ses contemporains. La musique tient encore une fois une place de choix dans l'intrigue, tout comme dans Nos vies désaccordées.
En 90 pages, Gaëlle Josse nous offre un roman lumineux et sensible, portrait d'une femme forte et déterminée. Une très belle découverte et une auteure dont je vais suivre le travail de près.

22 janvier 2018

La libraire de la place aux Herbes, Eric de Kermel

la libraire de la place aux herbesLa libraire de la place aux Herbes est un roman du journaliste et éditeur Eric de Kermel paru en février 2017 aux éditions Eyrolles.

Lorsque Nathalie, enseignante de littérature parisienne, apprend que la librairie d'Uzès est à vendre, elle n'hésite pas une seconde à changer de vie et à réaliser son rêve. Alors qu'elle étouffait à Paris, elle redécouvre le temps de vivre dans la petite ville ensoleillée du Gard et débute une nouvelle activité professionnelle ô combien enrichissante. Les lecteurs se succèdent et ne se ressemblent pas, dans la petite librairie de la place aux Herbes.

Eric de Kermel nous offre ici un joli roman positif et gorgé de chaleur dans lequel le lecteur part à la rencontre de dix personnages. Dix lecteurs, dix amoureux des mots qui vont se retrouver autour de ce lieu accueillant et chaleureux qu'est la librairie. A chacun, Nathalie va trouver le livre adéquat, celui qui permet d'avancer, se dépasser, grandir. Un dialogue grâce aux livres s'instaure et la libraire de jouer naturellement son rôle de passeur. Les histoires se déroulent avec langueur, à l'image de la chaleur de la garrigue et de la torpeur de ces après-midi et les personnages se succèdent, chacun porteur de son histoire et de son rapport aux livres. Giono dialogue avec Ruffin, Barrico, Le Clézio ou encore Lévi-Strauss. Les livres sont partout et Nathalie se glisse merveilleusement bien dans son nouveau métier.

La libraire de la place aux Herbes est un roman doux et lumineux, à l'image des relations que tisse Nathalie avec ses lecteurs. Eric de Kermel emmène son lecteur dans cette petite ville du Gard où il semble faire si bon vivre et dans cette librairie si chaleureuse. Les illustrations de Camille Penchinat qui ponctuent les chapitres participent de ce sentiment de beauté et de paisibilité du lieu. Une belle lecture, reçue en cadeau de départ de la région parisienne en juin et que j'ai adoré découvrir.

"Les enfants devenus grands, plus le temps passait, plus j'avais le sentiment de vivre en apnée, obligée de me protéger sous une armure chaque jour plus lourde pour ne pas entendre les bruits, sentir les odeurs, recevoir l'agressivité des regards, des bousculades du métro, de la saleté des rues." (p.3)

"Mettre dans sa tête les mots d'un autre c'est, le temps d'un livre, avoir la possibilité de les faire siens." (p.100)

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