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Bienvenue à Bouquinbourg
12 septembre 2011

Tout, tout de suite, Morgan Sportès

5953_1384599Morgan Sportès est un écrivain français dont le livre-enquête, L'Appât, publié il y a vingt ans et adapté au cinéma par Bertrand Tavernier en 1995, reçut l'Ours d'or à Berlin. Tout, tout de suite est son dernier roman, sorti en août chez Fayard et en lice pour le Goncourt 2011.

L'horreur du crime a fait couler beaucoup d'encre. En 2006, un jeune juif d'origine modeste est enlevé, séquestré et torturé pendant plus de vingt jours par une bande de jeunes, avant d'être assassiné. Morgan Sportès revient sur cet acte de barbarie. Il explore, dans ce roman inspiré de ces faits réels, les raisons qui ont poussé ces jeunes - parfois désoeuvrés, parfois parents, parfois mineurs - à torturer un autre être humain. Sans jugement, il reconstitue les faits, analyse notre société, les désillusions qu'elle créé, jusqu'à permettre l'irréparable. L'inénarrable.  L'indicible.

Lecture dure au sens propre, Tout, tout de suite est un roman assez étrange. Tout d'abord parce qu'il s'inspire de faits réels, certes, mais aussi parce qu'il décortique  notre société et ses dérives au travers de ce crime au caractère insoutenable. Le choix de Morgan Sportès d'écrire un roman et non pas un documentaire permet d'établir une distance, une distance avec ce crime, mais aussi une distance avec notre société gangrenée qui se détériore peu à peu. Une société qui permet à cette violence d'éclore. Et cette distance est salvatrice pour le lecteur. Sans elle, cette lecture serait d'autant plus dérangeante.
Tout, tout de suite n'est pas un roman que je souhaitais lire, appréhendant les mots de Morgan Sportès pour mieux me cacher derrière un voile protecteur.
Je l'ai néanmoins lu.
De ce roman terrible, je retiendrais un sentiment de malaise, qui ne m'a pas lâchée. Malaise du à à cette histoire, c'est évident, mais dû aussi à notre monde actuel. Une sorte de fatalisme en somme. C'est dur d'ouvrir les yeux. Dur de regarder la violence en face. De la voir éclore. De parler d'acte inhumain quand ce sont bien des Hommes qui l'ont commis.

Une lecture éprouvante s'il en est. Une étude sociétale inquiétante et pourtant bien réelle réalisée par un auteur qui analyse un monde qui va mal.
Une lecture dérangeante, tout sauf reposante, mais ô combien essentielle.
Je remercie libfly et   pour ce livre de la rentrée littéraire reçu en avant-première. L'avis de Stephie sur ce roman.

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Commentaires
S
@Elea : Tiens, je n'avais pas pris conscience que nous avions le même métier ! ;) Pour ma part, je l'ai classé en sociologie de la violence parce que je le trouvais intéressant en lycée mais pas dans le rayon fiction (nous avons beaucoup de lecteurs et je ne voulais pas que l'un d'eux l'emprunte sans se rendre compte de la portée du livre et que je ne sois pas là pour lui faire un laïus dessus...) Après, je pense que c'est une lecture qui peut être accompagnée par un prof, etc. Donc pourquoi pas en lycée ?
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E
Je me tâte à acheter ce livre pour le lycée... Tu crois qu'il peut être lu par des élèves de 15-16 ans ? Je pense que cela peut les intéresser et les interpeller mais j'ai peur qu'il soit trop dur...<br /> Qu'en penses-tu ?
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S
@Stephie : Merci de l'ajout ! J'en ai fait de même ! ;)
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S
J'ai beaucoup aimé moi aussi le traitement fait par l'auteur de cette histoire. Je t'ai rajoutée en un lien à mon billet ;)
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S
@ChezLo : Ce n'est évidemment pas une lecture dont on sort indemne... Mais on le sait dès qu'on ouvre ce livre.<br /> <br /> @Alex-Mot-à-Mots : Et moi je ne le connaissais pas avant ! <br /> <br /> @achille 49 : Je te comprends. Le sujet ne m'a pas séduite mais j'ai néanmoins décidé de lire ce roman (qui en est un, mais dans quelle mesure ?). Je ne suis pas coutumière du fait...
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