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Bienvenue à Bouquinbourg
condition feminine
22 février 2017

Culottées T.1, Pénélope Bagieu

Culottées TCulottées est un album de Pénélope Bagieu paru en septembre 2016 chez Gallimard. Il regroupe les quinze premières planches prépubliées de façon hebdomadaire par la jeune illustratrice sur le blog éponyme qu'elle a lancé sur le site du Monde. Un second album a suivi, en janvier 2017.

Clémentine Delait - la célèbre femme à barbe -, Margaret Hamilton - qui terrorisa des générations d'enfants par ses rôles de sorcières terrifiantes -, Giorgina Reid - gardienne d'un phare et experte en terrassement -, Agnodice - gynécologue au IV av. JC -, Joséphine Baker - actrice, résistante et mère de famille nombreuse-, etc. Pénélope Bagieu dresse dans cet album le portrait de quinze femmes qui se sont élevées contre la pression sociale de leur époque pour vivre librement et accomplir leurs rêves.

J'avais entendu parler de l'initiative de Pénélope Bagieu d'un blog consacré à des femmes culottées (et c'est le cas de le dire !) l'an dernier, sorti conjointement mais sans rapport avec le scandale d'Angoulême quant à l'absence de femmes sélectionnées pour le Grand Prix du Festival, mais je n'avais pas eu l'occasion d'aller y jeter un oeil. Il a fallu qu'on me mette cet album sous le nez ce weekend pour que je m'y plonge dedans... et j'ai rudement bien fait !

Il sont loin le dessin et le ton de Joséphine ou de Cadavre exquis, les premiers albums de Pénélope Bagieu.  La jeune illustratrice a évolué dans son trait et son propos et nous livre ici un album intéressant et intriguant. Recueil de chroniques sur ces femmes qui ont su croire à leurs rêves malgré les freins de leurs époques, l'album est un bel hommage à ces personnalités oubliées ou ces célébrités intimistes. Chaque portrait s'étale sur quelques planches, Pénélope Bagieu résumant avec humour la vie de ces femmes. Ces quinze mini biographies sont autant d'appels à découvrir le destin de chacune de ces femmes, forçant le respect chacune à sa manière. Une très belle lecture, ode à la condition féminine et porteuse d'une universalité malgré les époques et les continents. Merci Marion et Flo !

Planche 1 Planche 2

 

Si comme moi vous n'avez pas le tome 2 sous la main et envie de découvrir les quinze autres portraits de ces femmes d'exception, rendez-vous sur le blog Culottéestoutes les planches sont disponibles !

BD de la semaine saumon

Cette semaine chez Mo' !

 

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15 février 2017

Désolée, je suis attendue, Agnès Martin-Lugand

Désolée je suis attendue, Agnès Martin-LugandDésolée, je suis attendue est le quatrième roman d'Agnès Martin-Lugand paru en avril 2016 aux éditions Michel Lafon.

Yaël, jeune interprète dans une agence parisienne réputée, est obnubilée par son travail. Délaissant amis et famille, la trentenaire qu'elle est devenue n'a plus rien de la jeune fille insouciante et légère qu'elle était dans sa jeunesse. Son quotidien, rythmé par son travail, ne laisse aucune place à une quelconque vie personnelle et ses proches s'en inquiètent. Mais quand un vieil ami refait surface et que la bande de copains de l'université se reforme peu à peu, Yaël vacille et son équilibre aussi. Et si la vie qu'elle avait choisie ne lui correspondait pas ?

Ayant adoré Les gens heureux lisent et boivent du café et La vie est facile, ne t'inquiète pas - respectivement les premiers et troisième romans d'Agnès Martin-Lugand qui se suivent et reprennent les mêmes personnages - j'ai sauté sur l'occasion de découvrir celui-ci, anticipant avec délectation une lecture agréable. Malheureusement, je me suis ennuyée dans ces pages, éprouvant un goût de déjà-vu assez dérangeant. Les personnages sont caricaturaux - Yaël ressemble à un Patrick Bateman d'American Psycho en version féminine pas meurtrière, tandis que les personnages secondaires sont de pâles êtres de papier sans consistance aucune -, l'intrigue prévisible dès les premières pages, et la romance insipide. Les pages défilent au son d'écueils qui se succèdent et qui donnent à l'ensemble un goût superficiel. 

Bref, une rencontre ratée avec une auteure qui a su me ravir avec deux romans. Ma déception est certainement à la hauteur de la joie éprouvée à la découverte de ces derniers, mais je ne m'avoue pas vaincue et découvrirais avec plaisir ses deux romans que je n'ai pas lus, Entre mes mains le bonheur se faufile, paru en 2014, et J'ai toujours cette musique dans la tête qui sortira en mars.

20 décembre 2016

Amours, Léonor de Récondo

Amours, Léonor de RecondoAmours est le quatrième roman de la violoniste et romancière française Léonor de Récondo paru aux éditions Sabine Wespieser en 2015. 

Au début du XXème siècle, dans le Cher, Anselme de Boisvaillant, notable respecté, profite du sommeil de sa femme pour violer Céleste, la jeune bonne de la maisonnée.  Lorsque celle-ci tombe enceinte, Victoire, la femme d'Anselme, décide d'adopter l'enfant et de se faire passer pour sa mère afin de sauver l'honneur du couple et d'offrir à son époux l'héritier tant désiré. Passant outre l'affront et la honte liés à l'adultère, Victoire s'improvise mère mais peine à s'occuper de l'enfant. Elle oscille entre ennui et désarroi. Heureusement, Céleste veille sur le petit et prend soin de lui. Victoire s'en aperçoit rapidement et bien vite, les deux femmes se lient à l'insu d'Anselme.

Quel roman ! Reçu en cadeau pour mes trente ans et reçu à nouveau en réussite à mon mémoire (mes amies ont les mêmes idées sans même se connaître, c'est pas fabuleux ça ?), Amours est un petit bijou à côté duquel j'aurais pu passer si ces deux présences bienveillantes ne me l'avaient pas glissé entre les mains.

Léonor de Récondo signe ici une intrigue très riche dans laquelle les héroïnes sont magnifiées, leurs corps encensés et le plaisir charnel révélé. Derrière un rideau de conventions sociales lourdes, à une époque où les femmes n'avaient que peu de liberté, se révèlent deux personnages féminins forts, marqués par leur statut social. Céleste, issue d'une famille humble, qui n'a d'autre destin que de servir les autres, quels que soient leurs désirs - être violé par le maître de maison était courant à l'époque et non condamné par la loi - et Victoire, étouffant dans un mariage malheureux, s'ennuyant telle une Emma Bovary engoncée dans une vie qui ne lui convient pas. Le corps féminin, uniquement dévoué à accueillir un foetus à cette époque, se libère de ses corsets et se défait de ses interdits pour mieux accéder au plaisir. C'est beau, très beau même. Les 200 et quelques pages se tournent à une vitesse folle vers un dénouement incroyablement réussi. Léonor de Récondo signe ici un roman magnifique qui donne sans hésiter l'envie de découvrir le reste de son oeuvre. Merci Flo et Lise pour ce chouette cadeau !

« De la vie, on ne garde que quelques étreintes fugaces et la lumière d'un paysage. »

 

19 janvier 2016

Tueuses mais pas trop, Stéphanie Mesnier

Tueuses mais pas trop, Stéphanie MesnierTueuses mais pas trop est un roman de l'écrivain et journaliste Stéphanie Mesnier paru en février 2015 chez Fayard.

Elles sont influentes, souvent riches, dotées d'un certain pouvoir mais ont dans l'intimité une ombre qui rôde autour d'elles. Mari, amant, belle-mère, chacune a une personne nocive dans son entourage proche. Et s'il était possible de faire disparaître ces malveillants sans que jamais le lien ne soit fait entre la victime et son meurtrier ? Et si ces femmes s'alliaient et se rendaient service ? C'est ce que propose un étrange club qui met en relation ces femmes, pour le meilleure et pour le pire !

Certes, je m'attendais à une comédie légère, comme l'annonçait la couverture girlie et la quatrième et j'étais ouverte à cette idée de détente. Mais je m'attendais quand même à une intrigue originale et bien traitée, de l'humour ou encore des personnages léchés. Malheureusement, il n'en est rien. Tueuses mais pas trop semble être un condensé de clichés et de caricatures. Il n'est pas un personnage qui rattrape l'autre, ni une situation qui apporte un semblant de piment à cette intrigue cousue de fil blanc, qui semble tout droit copiée sur un roman d'Agatha Christie. L'idée de départ était pourtant bonne malgré son côté sordide - un club de femmes qui s'entraident pour supprimer à chacune l'individu qui la gêne dans sa vie - mais l'intrigue tombe vite à plat. 
La plume de Stéphanie Mesnier est très contemporaine et porte les relents d'une écriture journalistique qui oublie de soigner son style et laisse la part belle à des dialogues parfois inutiles. 
La construction narrative inversée - le roman commence par une scène finale et redéroule le fil des événements ensuite - apporte certes une touche d'originalité mais ne permet pas au suspense d'éclore. J'ai lu d'une traite ce roman mais sans éprouver de réel plaisir. C'est vraiment dommage car l'idée originale est intéressante mais ne semble pas avoir été suffisamment exploitée.
Je tiens à remercier les éditions Fayard pour la découverte de ce roman, et s'il n'a pas réussi à  me séduire, j'espère qu'il trouvera néanmoins son public.

grand merci à Dominique et aux éditions Fayard pour ce livre. - See more at: http://bouquinbourg.canalblog.com/tag/Service%20de%20presse#sthash.TpJqAcRJ.dpuf
19 septembre 2015

La dernière réunion des filles de la station-service, Fannie Flagg

imageLa dernière réunion des filles de la station-service est le dernier roman de l'actrice et auteure américaine Fannie Flagg paru en avril 2015 aux éditions du Cherche Midi.

Sookie Poole a bientôt soixante ans et n'aspire qu'à une seule chose : se reposer, après avoir marié ses trois filles. Alors que sa vie est plutôt paisible à Point Clear, en Alabama - entre visites à Lenore, son excentrique et inépuisable mère, et nourrissage des oiseaux de son jardin - un courrier lui annonce un jour qu'elle a été adoptée. Son monde vole alors en éclat et son équilibre vacille. Sa mère biologique est en réalité une américaine du Wisconsin d'origine polonaise issue d'une famille de pompistes. Sookie ne peut s'empêcher de partir à la recherche de ses origines pour mieux comprendre qui elle est.

Chacune de mes lectures d'un roman de Fannie Flagg est un moment délicieux. J'avais adoré Beignets de tomates vertes, vous le savez, et plus récemment Miss Alabama et ses petits secrets. Et ce roman ne déroge pas à la règle !

La dernière réunion des filles de la station-service s'inscrit dans la droite lignée des précédentes oeuvres de l'auteure. L'intrigue se déroule en Alabama et met en scène, encore une fois, des personnages féminins forts et qui suscitent une vive empathie. Cette fois-ci, c'est d'une quête identitaire qu'il s'agit, puisque Sookie part sur les traces de sa mère biologique. Mais Fannie Flagg ne se contente pas de cet aspect-là et injecte à son roman une dimension historique en s'attardant sur l'épisode des WASP (Woman Airforce Service Pilots) d'août 1943 à décembre 1944, lors du second conflit mondial. Défendant comme à son habitude la condition féminine, l'auteure offre un rôle de choix à ces femmes pilotes dans les forces armées aériennes américaines et leur rend hommage en imaginant trois soeurs  qui intègrent les WASP pour soutenir, à leur manière, l'effort de guerre. J'ignorai tout des WASP et j'ai découvert avec grand plaisir ce rôle des femmes américaines dans le conflit. Si Fannie Flagg souhaite les mettre en lumière et leur rendre hommage, elle ne peut pour autant pas faire l'économie du fossé qui les sépare des hommes qui participèrent à la guerre et des hommages et indemnités qu'ils reçurent, contrairement à elles. C'est criant d'injustice, sans être pour autant une surprise, mais c'est important de ne pas l'oublier.

Fannie Flagg nous offre encore une fois un roman d'une humanité rare et des plus agréables à lire, dans lequel les personnages féminins occupent la première place. Sa plume légère et son humour légendaire en font une douceur dont on aurait tort de se priver, et que l'on referme le sourire aux lèvres.

Un grand merci à Solène et aux éditions du Cherche Midi pour ce roman reçu en service de presse.

Et zou ! Une nouvelle participation au Reading Challenge 2015 ! 

16. Un titre d'un auteur que j'aime et que je n'ai pas lu

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16 septembre 2015

Eloge de la névrose en 10 syndromes, Leslie Plée

Eloge de la névroseEloge de la névrose en 10 syndromes est le dernier album de l'illustratrice parisienne Leslie Plée paru en août dans la collection Tapas chez Delcourt.

Du syndrome de l'adultisme à celui de l'imposteur procrastinateur en passant par celui du fardeau, Leslie Plée croque avec humour les petites névroses du quotidien.

J'ai découvert Leslie Plée il y a cinq ans à l'occasion de la lecture de Moi vivant, vous n'aurez jamais de pauses, le petit album dans lequel elle racontait avec un humour féroce son expérience de "libraire" dans une grande surface de produits culturels. A cette occasion, même, je lui avais posé quelques questions pour en savoir un peu plus sur elle et son métier d'illustratice (mon interview ici). Je n'avais jusque là pas eu l'occasion de rouvrir un de ses albums. J'étais donc enthousiaste à l'idée de découvrir cet éloge de la névrose. 

Leslie Plée nous offre encore une fois une analyse des plus fines de notre société et de ses petits travers psychologiques, le tout dans un condensé d'humour qui laisse difficilement indifférent. La jeune illustratrice n'hésite pas à se mettre une nouvelle fois en scène pour illustrer ses propos sur les névroses diverses et variées qui hantent nos quotidiens, inventées par ses soins ou bien réelles. De l'auto-dérision, donc, et pas qu'un peu, de la psychologie, aussi, Michel, son chat obèse et mascotte de ses albums, et un dessin minimaliste pour illustrer le tout. J'ai été conquise !

L'humour est toujours aussi décapant, parfois engagé (notamment pour la condition féminine avec le syndrome des règles bleues), jamais méchant. Leslie Plée est avant tout la cible de son humour et c'est très agréable de retrouver son personnage un peu gauche et complexée mais qui assume désormais ses névroses. L'ensemble est un peu fantasque, entre syndromes réels, syndromes réels mais adaptés par Leslie Plée et pure imagination de cette dernière. Une petite bouffée d'air frais que cet album sans langue de bois dont la lecture va sûrement occasionner chez vous une identification. Alors, êtes-vous atteint par le syndrome du nicodépendant anxieux ou par le syndrome de l'adultisme ? Ouvrez cet album pour le savoir !

Merci beaucoup à Mélanie et aux éditions Delcourt pour cet album.

Planche 2 planche 3

Le blog de Leslie Plée

Leslie Plée

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 C'est ma BD de la semaine, aujourd'hui chez Noukette.

 

23 août 2015

Miss Alabama et ses petits secrets, Fannie Flagg

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Miss Alabama et ses petits secrets est un roman de l'écrivaine, scénariste et actrice américaine Fannie Flagg - mondialement connue pour son roman Beignets de tomates vertes et son adaptation cinématographique - paru en 2014 aux Editions du Cherche Midi.

Maggie a soixante ans et éprouve une lassitude face à la vie. Ancienne Miss Alabama, celle qui travaille désormais dans une agence immobilière de Birmingham est fatiguée de vivre et décide de mettre fin à ses jours. Maggie veut partir sans bruit, sans déranger, doucement. Alors qu'elle planifie soigneusement son départ, sa collègue Brenda l'appelle pour l'inviter à un spectacle de derviches tourneurs, un des rêves de Maggie. Cette dernière ne peut refuser cette invitation et décide de différer son plan. Mais cette décision en apparence anodine va entraîner une foule d'événements qui vont faire chanceler sa volonté d'en finir...

J'avais littéralement dévoré Beignets de tomates vertes il y a trois ans (souvenez-vous, j'en avais même eu une nuit blanche tellement je n'arrivais pas à quitter ces personnages !) et je me suis plongée avec délice dans les pages de ce nouveau roman de Fannie Flagg, certaine d'y retrouver l'âme de  l'Alabama et de son précédent roman.

Et le plaisir a été au rendez-vous ! Si je n'ai pas succombé à l'appel d'une nouvelle nuit blanche pour dévorer la vie de Maggie, je n'en ai pas moins éprouvé énormément de plaisir avec cette lecture et l'ai terminée en quelques jours. Fannie Flagg possède la faculté d'entraîner son lecteur dans un univers chaleureux et humain, porteur de valeurs fortes et d'espoir. Pas de gnangnan ni de bons sentiments en revanche, mais une galerie de personnages bien léchée et une intrigue tricotée avec soin, qui se déroule avec soin et donne à voir de très beaux moments.

Le rythme de l'intrigue est soutenu et très régulier, happant son lecteur dès les premières pages et l'entraînant lentement mais sûrement dans le quotidien de cette héroïne des plus tragiques. Maggie est un personnage qui sait se faire oublier et n'accapare pas l'essentiel de l'intrigue, laissant la part belle à des personnages secondaires attachants et vraisemblables. Comment ne pas s'émouvoir de la fragile Brenda, boulimique en voie de guérison qui brigue un mandat politique en parallèle de sa carrière d'agent immobilier ? Comment ne pas se sentir porté par l'énergie dégagée par le personnage de Hazel, petite femme énergique et ambitieuse qui s'est servi de sa différence - mesurer un mètre deux - comme force ? Encore une fois, Fannie Flagg imagine un univers vraisemblable qu'il est difficile de quitter. Et l'impression d'avoir croisé Hazel, Brenda ou Maggie au coin d'une rue flotte, une fois les dernières pages tournées.

Bref, un bon conseil : si vous n'avez pas encore lu Beignets de tomates vertes, réparez très vite cet impair ! Pour les autres, ouvrez Miss Alabama et ses petits secrets au plus vite, ne soyez pas rebuté par le projet initial de Maggie - un peu morose, je vous l'accorde - et laissez-vous entraîner dans ce tourbillon positif que va devenir sa vie. Ce n'est pas parce que les événements sont formidables que Maggie reprend goût à la vie mais parce que celle-ci change de regard sur cette dernière...

12 mars 2015

La condition pavillonnaire, Sophie Divry

La condition pavillonnaire, Sophie DivryLa condition pavillonnaire est le dernier roman de Sophie Divry paru en août 2014 aux éditions Noir sur Blanc.

 M.-A. a une vie très conventionnelle. Mariée, mère de deux enfants, propriétaire de sa maison, elle a tout ce qu'elle souhaitait. Et pourtant... Et pourtant elle est malheureuse. Vide. Insatisfaite de cette existence sans vague dans laquelle elle semble se noyer. Alors M.-A. s'essaye dans différentes directions : humanitaire, adultère, yoga, mais aucun de ces loisirs ne remplit le vide de son existence.

Autant j'avais dévoré et adoré La cote 400 de cette même auteure, autant j'ai été déroutée par ce nouveau roman. J'ai eu beaucoup de mal à éprouver de l'empathie pour cette femme à qui la vie a donné tout ce qu'elle souhaitait. Cette femme que l'existence a épargnée.      
J'ai éprouvé une forme d'agacement à la lecture de son ennui chronique, de son insatisfaction métaphysique. Emma Bovary sourd derrière cette héroïne du 21e siècle, mais pour autant je n'ai pas été séduite par le récit de cette vie aux contours lisses et dans laquelle M.-A. s'enlise.     
Le lecteur suit ses différentes tentatives pour échapper à son ennui et se doute qu'aucune ne réussira à la sortir de son impasse.     
Difficile d'expliquer pourquoi je n'ai pas adhéré à ce roman pourtant bien écrit et à la construction intéressante. Peut-être parce que le sujet très actuel tend à m'agacer et que mon empathie légendaire s'est effilochée et qu'il ne m'en restait plus, lors de ma lecture ? En tout cas Sophie Divry réussit à dépeindre un personnage vraisemblable, victime de ce qui semble être le mal du siècle. Reste à savoir si vous avez assez de patience pour écouter le récit de son insatisfaction...

6 mars 2015

Hérétiques : Le mystère Isolde, Philippa Gregory

Hérétiques T.1 Le mystère IsoldeHérétiques : Le mystère Isolde est un roman jeunesse de l'auteure de fictions historiques Philippa Gregory, notamment connue pour son roman The Other Boleyn Girl adapté au cinéma sous le titre Deux soeurs pour un roi.

Italie, 1453. Le prêtre novice Luca Vero est mandaté dans un couvent non loin de Rome pour résoudre une sombre affaire. Les soeurs semblent y être frappées de folie et la jeune abbesse, Isolde, accusée d'être à l'origine de ces troubles.

De Philippa Gregory, j'avais lu et apprécié L'Héritage Boleyn. Je pensais retrouver dans ce roman les caractéristiques qui m'avaient séduite dans ce roman : éléments historiques, intrigue rudement bien ficelée, suspense et, il est vrai, un brin de romance.   
Mais ma déception a été grande puisque je n'ai quasi rien retrouvé de tout ça, hormis la romance ô combien prévisible entre les deux personnages principaux. Le mystère Isolde souffre d'une intrigue molle et prévisible et de personnages caricaturaux et anachroniques.   
Luca et Isolde, les deux héros, sont des personnages du XXIe siècle. Leur psychologie est grossière et souffre de contradictions historiques invraisemblables. La jeune fille est émancipée, féministe avant l'heure, tandis que le jeune prêtre porte un regard sur la vie bien loin de ce qu'on peut imaginer venant d'un adolescent élevé en monastère depuis son plus jeune âge.   
Rajoutez à cela la prévisibilité de l'intrigue, sa mollesse, et le fait qu'une fois le mystère résolu au couvent, l'intrigue prenne un tout autre tournant, entraînant les jeunes héros sur les routes, à la découverte de nouvelles aventures et vous comprendrez la construction bancale du roman. 
Enfin, j'ai frôlé l'indigestion des détails historiques.E t pourtant, j'adore ça. Mais avec ce roman, Philippa Gregory semble oublier toute finesse dans l'art d'intégrer subtilement des détails historiques à une intrigue, sans noyer son lecteur. C'est lourd, si lourd, que le lecteur ne peut que sortir de l'intrigue et avoir l'impression de suivre un exposé sur la vie quotidienne au XVe.   
Bref, un roman ennuyeux et prévisible qui me fait douter d'ouvrir à nouveau un ouvrage de cette auteure.

14 janvier 2015

La nuit de Bombay, Michèle Fitoussi

La nuit de BombayLa nuit de Bombay est un essai de la journaliste Michèle Fitoussi paru en septembre 2014  aux éditions Fayard.

26 novembre 2008. Bombay est la proie d'une série d'attentats commandités par des terroristes islamistes. 165 personnes y perdent la vie. Parmi eux, Loumia Hiridjee, créatrice de la marque de lingerie Princesse tam.tam.
A Pondichéry à ce moment-là et en route pour la rencontrer, Michèle Fitoussi est sous le choc.
Après deux ans de recherches et de rencontres avec les proches de Loumia, elle livre ici un vibrant hommage à cette femme au parcours hors du commun et au destin tragique. 

Ouvrir La nuit de Bombay, c'est tout d'abord plonger dans la vie de Loumia et la success stroy de la marque de lingerie qu'elle a créée avec Shama, sa soeur. Michèle Fitoussi rend hommage à cette créatrice de génie, cette femme d'affaire que rien ne destinait à un tel succès et en dresse un portrait haut en couleurs. Loumia est vibrante, pétillante, sous la plume de celle qui l'a rencontrée quelques fois, et le lecteur a l'impression de la voir naître et s'émanciper des mots de Michèle Fitoussi pour exister sous ses yeux. C'est beau. C'est tragique aussi, vu le postulat de départ, mais en cela Michèle Fitoussi excelle dans son hommage à celle qu'elle aurait voulu connaître davantage.
Mais ouvrir La nuit de Bombay, c'est aussi s'immerger dans un flot d'émotions. Celles de l'auteure, tout d'abord, qui tente de comprendre la vie de Loumia. En allant à la rencontre de ses proches, de ses amis, en allant sur les terres de son enfance, elle mène un réel travail d'enquête qui vise à enrichir son propos et lui offre une légitimité certaine. 
Ce sont les émotions suscitées par cette lecture, ensuite. Malgré un ton qui évite tout pathos, le sujet est grave, lourd, et l'auteure impliquée émotionnellement.  Le lecteur avance pas à pas, en sa compagnie, vers l'innomable. Vers l'indicible. Il le sait d'avance, en ouvrant ce livre, mais la gradation du récit vers ce point de rupture qu'est la série d'attentats du 26 novembre 2008, entraîne un flot d'émotions difficile à maîtriser. Et l'auteure, malgré la distance qu'elle souhaite mettre avec l'événement pour en rendre compte, semble éprouver des difficultés à avancer elle aussi dans son récit.
Michèle Fitoussi signe ici un hommage très émouvant. On sent derrière tout ce travail une volonté de partir à la rencontre d'une autre, certes, mais aussi une tentative d'expliquer l'inexpliquable pour mieux le digérer.
Pour ma part, j'ai été très émue par cette lecture. Par le parcours incroyable de cette femme - et je pèse mes mots -, par sa complicité avec sa soeur et leur complémentarité, par sa disparition, évidemment. Il y a de l'identification de ma part, c'est certain, pour la complicité entre ces deux soeurs. Et c'est peut-être ce qui m'a le plus émue finalement.
J'ai refermé ce livre bouleversée. Avec l'étrange impression d'avoir rencontré Loumia, cette femme incroyable et protéiforme, qui vit encore grâce aux souvenirs que les gens ont d'elle.

"Certains m'ont fermé la porte. Je n'ai pas insisté. Nous avons tous nos douleurs, nos mystères, nos raisons de nous taire. L'amitié, l'affection, la fidélité l'ont emporté chez les autres, qui ont bien voulu me parler. Chacun avait sa Loumia en tête. Elle ne coïncidait pas toujours. Et puis, par petites touches, son portrait s'est dessiné, complexe et dense, lumineux et parfois sombre." (p.37)

"C'est sans doute parce que cette histoire raconte celle de deux soeurs, dont l'une ne sera plus jamais là pour l'autre, qu'elle me bouleverse à ce point." (p.79)

"Ce nom est un concentré de ce qu'elles sont et de ce qu'elles aspirent à devenir. Princesse tam.tam contient tout à la fois : l'Inde, l'Afrique, le métissage, l'exotisme, l'exil, l'identité, le décalage, l'ambition, la réussite, l'humour, la musique, la danse, le cinéma, la beauté. Et la féminité juvénile, entre contre de fées et bande dessinée." (p.113)

"Encore une fois, je ralentis mon récit. Je parle des autres, pour éviter de parler d'eux. J'ai trop peur de ce qui va suivre." (p.303)

L'avis de L'Irrégulière sur ce récit. Un grand merci à Dominique et aux éditions Fayard pour ce livre.

10906451_613545512106612_7981170696396259077_nVoici ma première participation au Reading Challenge 2015, et pour plusieurs points :

9 - Un livre écrit par une femme
13 - Un livre qui se passe dans un autre pays
14 - Un livre qui n'est pas une fiction
19 - Un livre qui se fonde sur une histoire vraie

***

Une chronique une semaine après l'horreur qui a frappé Charlie Hebdo.
J'aurais aimé participer à la BD du mercredi consacrée aux grands dessinateurs disparus lors de ce mercredi noir mais tous les exemplaires de leurs oeuvres étaient empruntés à ma bibliothèque. Alors je participe avec ce billet. Pour ne pas oublier les événements tragiques de Bombay le 26 novembre 2008, comme nous ne pourrons oublier le 7 janvier 2015. Les mots me manquent pour en parler davantage.


***

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