Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bienvenue à Bouquinbourg
meurtre
1 juin 2016

Meurtre à Oxford, Tessa Harris

Meurtre à Oxford, Tessa HarrisMeurtre à Oxford est le premier tome des aventures du Dr Silkstone, imaginé par Tessa Harris. Il est paru en avril aux éditions de l'Archipel.

Londre, 1780. Thomas Silkstone est un jeune anatomiste qui vient tout juste de débarquer de Philadelphie. Promis à une belle carrière, il enseigne avec passion l'art de disséquer à des étudiants en médecine et offre ses services aux particuliers. Mais quand Lady Lydia l'appelle à l'aide pour élucider le mystère de la mort de son frère, le jeune anatomiste n'hésite pas à se rendre à Oxford pour étudier la dépouille du Comte Crick. Celle-ci est en mauvais état après plusieurs jours exposée à la chaleur et personne ne pense que le jeune médecin pourra y trouver quelque indice. Mais cela serait sans compter l'habileté de Thomas pour la dissection...

J'aime accorder mes lectures à la météo, c'est un fait. Ainsi, l'automne et l'hiver, je me délecte d'une tasse de thé avec des romans anglophones, souvent, ou des feel good pour leur côté cosy et doudou parfaits pour contrer la grisaille et le froid, tandis qu'au printemps et à l'été j'aime visiter des contrées éloignées, m'embarquer dans la touffeur d'un été africain, australien, ou japonais, ou lire des romans qui me font sortir de ma zone de confort, des auteurs que je ne connais pas, me réveiller les méninges en m'attaquant à de grands noms que je n'ai toujours pas lus. Bref, vous me voyez venir... Je ne vous parlerai pas de la météo cataclysmique de ce mois de mai (on le fait suffisamment à toute occasion vues les circonstances !), mais je vous dirai plutôt que j'ai sauté sur l'occasion du Mois anglais organisé par Lou et Cryssilda pour me dégoter une PAL, certes automnale, mais tellement adaptée à l'été parisien que nous avons en ce moment.

C'est donc tout naturellement que je me suis plongée dans ce roman qui se déroule dans un Londres bruyant et sale du 18e siècle. Le lecteur suit les aventures du jeune Thomas Silkstone et semble regarder par dessus son épaule à chaque fois que celui-ci dissèque. L'enquête se déroule entre Oxford et Londres - où le jeune anatomiste a son laboratoire - et avance à bon point. Silkstone possède une psychologie intéressante mais très rapidement esquissée dans ce premier tome et qui laisse rapidement le lecteur sur sa faim. Les autres personnages, trop rapidement décrits tant physiquement que moralement, ne sont que des fantômes secondaires qui errent autour de lui. 

Si l'aspect historique de la médecine légale est en tout point intéressant (je n'avais par exemple jamais réfléchi aux conditions d'exercice des anatomistes de l'époque, sans chambre froide), je vous avoue que je me suis rapidement ennuyée dans cette intrigue cousue de fil blanc. Les événements s'enchaînent de façon trop prévisible et n'ont pas réussi à maintenir mon intérêt éveillé. J'ai poursuivi cette lecture non pas tant pour savoir si le Comte Edward avait été assassiné (ce dont on se doute avec le titre, mais il faut plus de 150 pages au jeune médecin pour en arriver à cette conclusion) ni par qui, mais parce que j'ai aimé me plonger dans l'Angleterre du 18e, ses moeurs, son histoire. Même si Tessa Harris n'a pas mis un accent particulier sur ces aspects-là, ils sont présents et confèrent à ce roman une épaisseur dont il serait dépourvu le cas échéant. Une lecture en demi-teinte, donc, qui m'a permis d'en apprendre plus les conditions de la médecine légale à travers l'histoire et de retrouver cette Angleterre chère à mon coeur. Je remercie néanmoins Lysiane de Langage&Projets et les Editions l'Archipel pour ce roman.

Voici ma participation du jour pour l'ouverture du Mois anglais

organisé par Lou et Cryssilda !

mois anglais 2016_car.jpg

Publicité
Publicité
16 mai 2016

La fille du train, Paula Hawkins

La_Fille_du_trainLa fille du train est un thriller de la britannique Paula Hawkins publié en 2015 chez Sonatine.

Rachel prend tous les jours le même train, pour rejoindre Londres depuis la banlieue qu'elle habite avec Cathy, sa colocataire. Tous les jours le même trajet, pour mentir à son amie et faire semblant d'aller travailler, alors que Rachel a perdu son emploi il y a quelques mois, à cause de ses problèmes d'alcool. Alors dans le train, en sirotant la plupart du temps du gin tonic, Rachel regarde le paysage défiler. Et tous les matins, alors que le train s'arrête sur la voie, elle regarde une maison en particulier, observe le couple qui y habite et se prête à imaginer leur vie. Jess et Jason, comme elle les nomme, sont heureux et amoureux. Ca, c'est ce qu'elle imagine jusqu'au jour où elle surprend celle qu'elle prénome Jess avec un autre homme chez elle. Rachel se sent investie d'une mission : prévenir Jason que sa femme le trompe. Mais alors qu'elle se persuade que c'est la meilleure des choses à faire, Jess disparaît et tous les soupçons pèsent sur Jason. Rachel voit une occasion de se rendre utile en l'aidant. Mais entre ses souvenirs hésitants et ses matins hagards d'alcoolique, Rachel n'est pas la plus à même pour l'aider...

C'est Mona Lisa Overdrive qui a réussi à me convaincre de succomber à ce thriller qui avait enflammé la blogosphère l'an dernier. Et pourtant, j'avais dit que les thrillers et moi, c'était fini fini... Mais comme elle a su me persuader que je ne finirais pas terrorisée au fond de mon lit, je me suis lancée dans ce roman, lors d'un trajet en train qui plus est (oui, je pousse le vice jusqu'au bout pour m'identifier à l'héroïne... Non, je n'ai pas bu de gin tonic pour parfaire l'illusion !^^)

Et bien m'en a pris ! Je me suis vraiment régalée avec ce thriller psychologique très intense, qu'il est difficile de lâcher. Paula Hawkins prend en otage son lecteur de façon efficace, en alternant les narrateurs. Le personnage de Rachel prend majoritairement en charge la narration, et tout est fait, dès les premières lignes, pour que le lecteur ne lui fasse pas confiance. Son alcoolisme et le fait qu'elle doute de ses souvenirs n'aident pas à lui donner une quelconque crédibilité. Et sa mémoire vacille, à cause de l'aclool. Rachel doute de tout, de tous. Et le lecteur de douter avec elle. Ou d'elle ? Ses mensonges répétés à tous les autres personnages l'empêtrent dans des situations délicates et n'inspirent aucune empathie. Et le lecteur de subir cette narratrice anti-héroïne par excellence qui cumule les tares et les défauts.

Megan - le vrai prénom de celle qu'elle prénomme Jess et qui disparaît au début du roman - et Anna -la femme de l'ex-mari de Rachel - se chargent également partiellement de prendre en charge la narration et possèdent elles aussi quelques secrets que le lecteur peine à percer. Les trois narratrices se succèdent, et avec elles le mystère s'épaissit...

Les époques alternent, les narrateurs aussi, et le suspense croît progressivement. Le lecteur n'accorde sa confiance à personne, doutant des dires de chacun, cherchant dans les bribes de souvenirs une once de vérité. Et comme dans tout  policier, il sait qu'un des personnages est coupable. Reste à savoir lequel ! Et je dois vous avouer que, malgré le nombre incalculable d'Agatha Christie que j'ai dévorés, je me suis fait mener par le bout du nez par l'auteure quasi jusqu'à la fin. Et quel final ! Un dénouement stressant mais ô combien bien orchestré. Bref, un régal ! Merci beaucoup Mona Lisa Overdrive de m'avoir convaincue de dévorer ce roman. J'ai très envie de découvrir dans la foulée Avant d’aller dormir de S. J. Watson que tu me conseilles aussi. Et je dois vous avouer que je lève la tête le matin dans le train maintenant. Qui sait ce que je peux apercevoir, au détour d'un jardin ?

14 septembre 2015

Le crime du Comte Neville, Amélie Nothomb

imageLe crime du comte Neville est le dernier roman d'Amélie Nothomb paru en août chez Albin Michel.

Le comte Neville est certes propriétaire du Pluvier, un château reçu en héritage, il n'en demeure pas moins qu'il est ruiné et incapable de continuer à l'entretenir. Mais dans le milieu qui est le sien - la noblesse - le paraître l'emporte sur le reste, et  la famille s'est longtemps privée, en vain, pour continuer à donner le change. Contraint de vendre son château, le comte décide de donner une dernière garden-party, fastueuse et inoubliable, pour le prestige de sa famille, et ce, même si la soirée implique bon nombre de sacrifices. Mais lorsqu'une voyante lui annonce qu'il tuera un invité lors de cette fête, le comte s'effondre. Un meurtre ? La pire infamie dans son milieu qui vaudra aux siens une exclusion irrévocable ? Le comte ne peut le supporter. Sa cadette Sérieuse lui propose alors un étrange marché...

Dix ans que je n'avais pas ouvert un Amélie Nothomb (je me suis arrêtée  à Acide Sulfurique), c'est dire. Mais en cette rentrée littéraire, attirée par le résumé, j'ai plongé dans les 144 pages de ce roman avec curiosité. 

L'impression qui en ressort est que la romancière belge semble décliner ses thèmes de prédilection au fil de ses romans, offrant à l'ensemble un air de déjà-vu, ou tout du moins de partie composant un tout. L'adolescence et ses problèmes, le mal-être, la laideur, le vice, sont autant de thèmes qui ressortaient déjà de ses romans il y a dix ans. Dire que je n'ai pas aimé cette lecture est un peu fort, mais disons que je l'ai prise comme un conte en hommage au Crime de lord Arthur Savile d'Oscar Wilde - auquel le comte Neville fait référence. Le roman se lit à une vitesse vertigineuse, l'intrigue se met en place en quelques lignes, et le lecteur d'attendre cette fameuse garden-party pour connaître le dénouement. Une lecture divertissante  avec un petit quelque chose de suranné propre au milieu social des personnages. Un roman d'Amélie Nothomb tous les dix ans, c'est peut-être ce rythme qui me permet de les apprécier.

2/6 pour le Challenge 1% de la rentrée littéraire organisé par Herisson

image

16 avril 2015

La vérité sur l'Affaire Harry Québert, Joël Dicker

La vérité sur l'affaire Harry QuébertLa vérité sur l'Affaire Harry Québert est le deuxième roman du Suisse Joël Dicker paru aux éditions Fallois / L'Age d'Homme en 2012 et couronné la même année par le Grand prix du roman de l'Académie française et le Goncourt des lycéens.

New Hampshire, août 1975. Nola Kellergan, quinze ans, disparaît mystérieusement à Aurora, petit village de la côte. L'affaire est classée sans suite faute d'indices probants
New York, 2008. Marcus Goldman est la gloire montante de la littérature américaine. Son premier roman l'ayant propulsé en haut des ventes, le jeune homme goûte à la gloire et à ses paillettes. Mais tenu de fournir un nouveau roman à son éditeur, Marcus panique. L'angoisse de la page blanche le guette et les semaines défilent sans qu'il ne parvienne à écrire quoi que ce soit
Bien décidé à honorer son contrat éditorial, le jeune écrivain décide d'aller rendre visite à un de ses anciens profs de fac, Harry Québert, à Aurora. Mais malgré les échanges avec son vieil ami, Marcus est en mal d'inspiration et contraint de rentrer à New York. Mais sa surprise est immense quelques jours plus tard lorsqu'un coup de téléphone l'informe de l'arrestation d'Harry. Trente-trois ans après sa disparition, le corps de Nola vient d'être retrouvé enterré dans la propriété de ce dernier. Mû par son désir de soutenir son ami, Marcus retourne à Aurora. Et au fil des jours, son désir se transforme en volonté d'innoncenter son mentor en écrivant son histoire. Le jeune écrivain se lance donc à la recherche de preuves.

Tant a déjà été dit de ce roman à sa sortie qu'il est bien difficile d'écrire une chronique qui apporte quelque chose. Mais je ne pouvais pas ne pas parler de ces 900 pages dévorées en cinq jours ! Je m'en suis longtemps tenue éloignée, allergique que je suis à ces titres dont tout le monde a parlé. Et même s'il y a eu des avis négatifs, beaucoup l'ont encensé. Alors par peur d'être déçue, encore (je me souviens de ma rencontre en demi-teinte avec Zafon), je gardais ce livre à distance. Mais une sorte d'engouement s'est produit de façon totalement indépendante autour de moi, et il ne m'en a pas fallu plus pour l'ouvrir ! (vous remarquerez à quel point je suis parfois faible et influençable ?)

Et j'ai drôlement bien fait ! Quand on parle d'addiction avec ce roman, c'est exactement ça. Si vous faites comme moi, vous allez l'ouvrir, un peu présomptueux, avec cet air d'en avoir vu/lu d'autres, en vous disant que non, décidément, cela ne passera pas par vous... Et puis... Et puis vous allez tourner les pages. Vite. Très vite même. Avide de savoir ce qui se passe. Parce que Joël Dicker excelle dans ce petit exercice de style qui consiste à accrocher son lecteur et ne plus le laisser partir. Malgré un style assez plat et qui ne restera pas dans les mémoires, le charme opère. Le suspense est distillé juste ce qu'il faut, le héros sympathique mais pas trop, les descriptions cinématographiques, la narration dynamique - l'intrigue alterne les époques - et lorsque Harry est emprisonné, le lecteur n'a qu'une envie : que Marcus retourne dans cette petite ville du New Hampshire et résolve ce mystère. Parce qu'il s'agit bien d'un mystère. Qui croire ? A qui faire confiance ?  Vaste question...

Dit comme ça, je sens que vous allez me rétorquer qu'il n'y a là rien de bien original. Et je vous le concède. Sur le papier, quand on en entend parler, il flotte comme une impression de déjà lu. On pense à Lolita avec cette petite Nola, à Millenium pour ce huis-clos et ce passé un peu glauque que l'on déterre des années après. Oui. Mais comme avec le premier tome de Millenium, cela fonctionne vraiment bien et je vous défie d'interrompre votre lecture !

Le roman est structuré par des conseils d'écriture prodigués par Harry à Marcus. Et c'est là que c'est drôlement intéressant. Joël Dicker emberlificote son lecteur et sème le doute. Car le héros ressemble quand même beaucoup au romancier. Mise en abyme ? Joker sorti de la manche de l'auteur ? Je ne vous dirai rien et vous laisse vous interroger. L'écriture et le métier d'écrivain ont une large place dans cette intrigue, et ce n'est pas pour me déplaire, bien au contraire.

En tout cas, je ne peux que vous encourager à vous glisser aux côtés de Marcus pour élucider ce mystère et aider le jeune romancier à écrire son roman-plaidoyer. Ouvrez La vérité sur l'Affaire Harry Québert, et parlons-en ensemble. Parce que des quatre personnes autour de moi qui l'ont lu en même temps que moi, les avis ont été unanimes... Alors, tentés ?

D'autres lecteurs : A propos de livres, Cristie, Enna, Laure, Marion, Natiora, etc.

15 février 2015

Une adoration, Nancy Huston

Une adoration, Nancy HustonUne adoration est le dixième roman de la femme de lettres franco-canadienne Nancy Huston paru en 2003 chez Actes Sud.

Le comédien Cosmo est mort, un couteau planté dans le thorax. Pour comprendre ce qui s'est passé, son entourage vient témoigner. Elke, la maîtresse passionnée, Fiona, la fille de celle-ci et grande admiratrice du comédien, Frank, son frère, haineux et envieux, Josette, la mère éplorée, Jonas, l'amant de la dernière heure, le choeur de femmes qu'il a aimées mais aussi la passerelle qui l'a vu improviser ses premiers sketches, le couteau qui l'a tué, la baguette de pain ou encore le Cèdre du Liban qui interviennent à un moment de l'intrigue. Au tribunal où le lecteur est juge défile cette drôle de galerie, pour comprendre qui était Cosmo. Quelle était sa vie. Et ce, jusqu'à l'inévitable...

Je connaissais Nancy Huston de nom mais ne savais pratiquement rien de cette auteure. Après cette première lecture, je sais dorénavant deux choses : non seulement Nancy Huston est une femme de lettres talentueuse, mais aussi que je vais désormais tâcher de découvrir son oeuvre. 
Une adoration est un roman original dans son intrigue comme dans sa construction. De Cosmo, le personnage principal, nous ne saurons que ce que ses proches veulent en dire. Nous n'en aurons qu'une vue biaisée par leur prisme, par leurs regards. De l'amante éplorée à la mère vindicative en passant par les anciennes maîtresses éconduites ou l'ancien amant, chacun porte en lui sa vision du comédien, selon les rapports qu'il entretenait avec lui et ce qu'il a pu saisir de sa personne.  
Dans ce tribunal qu'est le roman, à la barre duquel chacun défile, la vie de Cosmo s'étire donc sous les yeux du lecteur ébahi, pris à parti par chacun sous le terme de "Votre Honneur". Les émotions se succèdent, selon les interventions de chacun, du rire aux larmes, de la colère à l'incompréhension. Et pas une seule fois le pauvre Cosmo ne pourra rétablir sa vérité.   C'est bien le comble : même les personnages décédés interviennent dans cette histoire. Tous, sauf lui...
L'humour est là, lorsque la baguette de pain ou la passerelle prennent la parole, lorsque les personnages, lassés d'attendre leur tour, veulent eux aussi être sous les feux des projecteurs et exigent la parole. 
De ce petit théâtre où chacun se bat pour exister et parler de son Cosmo, le lecteur est spectateur impuissant. Et si le postulat de départ est la mort du comédien, le lecteur peut néanmoins sentir l'émotion palpable, derrière les diverses interventions, et la réticence à avancer davantage dans le temps. Comme si évoquer à nouveau le décès de Cosmo était trop dur pour chacun des personnages. Mais la vérité doit éclater : qui a réellement tué Cosmo ? 
Je ressors absolument enchantée de ce roman polyphonique. Les voix des différents personnages résonnent encore une fois la dernière page tournée et c'est avec regret que j'ai refermé ce drôle de roman vibrant d'énergie et tourbillonnant.
Mais je ne quitte pas Nancy Huston pour autant et me replonge dans un autre de ses livres, un essai cette fois : Reflets dans un oeil d'homme. Merci Flo pour cette chouette continuité !

"On fait ce qu'on veut, ce qu'on peut, n'est-ce pas, avec les souvenirs qui nous constituent..." (p.49)

"Souvent, quand je flâne à Montparnasse, je vois tous ces gens en train de boire, de rire et de bavarder à la terrasse des cafés et je me dis que chacun d'eux, bricolant au petit bonheur la chance, construit dans sa tête le récit de sa vie, l'enchaînement particulier de choses, de jours, de lieux et d'êtres grâce auquel il se reconnaît en se réveillant le matin, oui, tous ces milliers de gens intégreront à l'histoire de leur vie cette soirée passée à la terrasse de tel ou tel café." (p.292)

Publicité
Publicité
13 février 2015

La vie sexuelle des super-héros, Marco Mancassola

La vie sexuelle des super-hérosLa vie sexuelle des super-héros est un roman de l'écrivain italien Marco Mancassola paru chez Gallimard en 2011.

New York, mai 2005. Les super-héros qui ont sauvé l'Amérique au début du siècle dernier ont cessé leurs actions bienfaitrices et se sont recyclés dans diverses activités professionnelles. 
Mais une menace plane au-dessus d'eux, sous la forme de lettres anonymes révélant des détails de leur sexualité. Quand Robin est assassiné, la menace devient réelle et les super-héros commencent à craindre pour leur vie...

Avec un tel titre, je m'attendais à un roman traitant son sujet avec humour. Je m'attendais à du frivole, du léger. Un tueur qui menace ses victimes en leur parlant de leurs fantasmes les plus secrets et en révélant des détails croustillants de leur sexualité ? Voilà qui était amusant et tentant comme approche. 
Malheureusement, il n'en est rien. Non seulement ce roman n'est pas drôle du tout, mais en plus son intrigue est lente et tortueuse, les chapitres se succédant sans réel lien apparent si ce n'est les super-héros. C'est sombre, désabusé et nostalgique, comme si Marco Mancassola embrassait le point de vue de ces anciennes stars déchues. On pourrait y voir une critique de la société, certes, mais on s'interroge sur la nécessité du sexe et de la noirceur pour étayer cette idée.
Si le plaisir de retrouver des grands noms de chez Marvel et DC Comics est là - le lecteur suit tour à tour le quotidien de Mister Fantastic, Batman, Mystique et Superman - il est de courte durée. C'est malheureusement tout l'intérêt que j'ai trouvé à ce roman. Et c'est bien peu.
Les scènes de sexe sont gores et glauques, les personnages seuls et déprimés. Et puis c'est lent. Si lent. Un bien triste portrait de l'Amérique. Si triste que je n'ai même pas réussi à aller au bout de ce roman de près de six cents pages. L'intrigue traîne trop en longueur, s'étire tel le corps de Mister Fantastic. Et puis franchement, quelle idée aussi d'assassiner Batman avec un fist fucking ?  Je crois que c'est le détail qui m'a décidée à arrêter ma lecture. Oui, messieurs dames, Batman mérite une fin plus digne. Non mais.
Une erreur de casting dans mon parcours de lectrice. C'est sûr. Un roman dont je n'ai absolument pas saisi l'intérêt et qui - c'est rare - m'est littéralement tombé des mains. Maintenant, si vous avez vraiment du temps à occuper et de la patience...

10906451_613545512106612_7981170696396259077_n

Voici une nouvelle participation au Reading Challenge 2015
50 - Un livre que vous avez commencé et jamais terminé

Un livre que vous avez commencé et jamais terminé.
22 janvier 2015

Causes mortelles, Ian Rankin

Causes mortelles, Ian RankinCauses mortelles est un roman de l'auteur écossais Ian Rankin paru en 1994  avant d'être traduit en français en 2002 et de paraître chez Folio dans la collection Policier.

Le festival d'Edimbourg est l'occasion de mettre à l'honneur l'art sous toutes ses formes dans la capitale écossaise. Mais cette année, dans la ville souterraine aux rues tortueuses, un cadavre est découvert. Affreusement mutilé, le jeune homme semble avoir été torturé selon des méthodes employées par l'IRA.
L'inspecteur John Rebus mène l'enquête. Et il va très vite se rendre compte que des enjeux politiques de grande envergure se cachent derrière cette sombre histoire.

Lu pendant mon road trip en Ecosse en avril dernier, Causes mortelles est un roman policier à la construction tout à fait classique mais qui fonctionne bien.
L'intrigue entraîne le lecteur dans les bas-fonds d'Edimbourg et dans les tourmentes politiques et religieuses qui perturbent son histoire.

Le personnage de Rebus est assez semblable aux canons du genre - râleur et misanthrope, obsédé par son travail et trop porté sur la bouteille -, mais il possède un humour grinçant bien à lui, appréciable au fil des pages et qui apporte une once de légèreté au milieu des détails sordides de son enquête. 
Là où Ian Rankin excelle, c'est dans son hommage à Edimbourg, qu'il érige au rang de personnage, disséminant ça et là des anecdotes la concernant, des précisions historiques. Rien d'indigeste, bien au contraire, mais une vraie plongée dans la ville, hors des sentiers battus. Un régal quand on lit ces lignes et qu'on y est... Le tout offre une ambiance particulière au roman, qui souffre, il faut bien le dire, d'une facture bien trop classique pour être un policier dont on se souvient longtemps.
Une première découverte de l'oeuvre de Ian Rankin qui m'a plu parce que je me trouvais sur les lieux de l'intrigue mais qui ne m'a pas séduite autant que je m'y attendais. Peut-être suis-je moins sensible au genre policier ? Ou plus exigeante ?

Voici ma deuxième participation au Reading Challenge 2015 :

10 - Un thriller
41 - Un livre d'un auteur que vous n'avez jamais lu

10906451_613545512106612_7981170696396259077_n

15 mai 2014

N'oublier jamais, Michel Bussi

N_oublier_jamais_Michel_BussiN'oublier jamais est le dernier roman de l'universitaire et politologue Michel Bussi publié le 7 mai 2014 aux Presses de la Cité. 

Jamal n'a qu'une jambe mais un rêve plutôt fou : participer à l'Ultra-Trail du Mont-Blanc. Pour cet éducateur de la Courneuve, aller s'entraîner à Yport, en Normandie, est une véritable chance. Mais cette semaine de congés va faire basculer sa vie. 
Alors qu'il s'entraîne sur la plus haute falaise d'Europe, Jamal tombe sur une jeune femme désespérée qui menace de sauter dans le vide. Jamal panique, essaye de la sauver. En vain. Traumatisé par ce suicide, il devient vite le suspect numéro un, le dernier à avoir vu la victime vivante. Et les enveloppes anonymes qu'il reçoit dans les jours qui suivent et qui établissent un parallèle entre cet accident et deux meurtres classés sans suite ne font rien pour le rassurer. 

Cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas plongée dans un roman policier avec autant de plaisir. Michel Bussi est un maître dans l'art de ficeler une intrigue des plus retorses et bien malin qui saura en démêler les écheveaux.
Dès le commencement, le doute s'insinue dans l'esprit du lecteur pour ne plus le quitter. Le récit est à la première personne, pris en charge par le personnage de Jamal et ce dernier affirme, au bout de quelques pages, qu'il est innocent, que les six jours qui ont suivi l'incident de la falaise ont été une véritable chasse à l'homme contre lui mais que tout se termine bien. Intriguant, ce début. Très intriguant même.
Habituée aux romans policiers et ayant en tête un célèbre titre d'Agatha Christie qui déjoue les codes du genre pour mieux endormir son lecteur, je me suis tenue sur mes gardes dès le début. J'ai douté de la parole de Jamal, douté de son honnêteté mais aussi de sa santé mentale. Et s'il était fou, comme il le craint tout au long du roman ? Et si sa parole n'avait aucune valeur parce que Jamal s'est perdu dans ses souvenirs, perdu dans ce qu'il croit avoir vu ? Comment savoir ? 
Et c'est là que c'est brillant ! Cette narration à la première personne n'offre qu'une vue particulière sur cette histoire - celle de Jamal - et pas une seule fois le lecteur ne peut réellement lui faire confiance. Les événements s'enchaînent sans que Jamal, anti-héros par excellence, n'y puisse quoi que ce soit. L'étau se resserre, les personnages secondaires gagnent en opacité et le lecteur est aussi perdu que le personnage. Et ce, jusqu'à un dénouement des plus intéressants !
Dévoré en trois jours, N'oublier jamais est un roman policier comme on aimerait en lire plus souvent. Loin des clichés habituels et s'affranchissant des codes du genre, il fait partie de ces romans qui estomaquent autant qu'ils troublent.  
D'autres avis : Enna, Kathel, Mara, Sandrine, etc.

Un grand merci aux Éditions Presses de la Cité et à Babelio pour ce roman reçu dans le cadre de l'Opération Masse Critique

13 mars 2014

La malédiction des pharaons, Elizabeth Peters

La malédiction des pharaons, Elizabeth PetersLa malédiction des pharaons est un roman de l'américaine Elizabeth Peters, paru en 1981. Second tome de la série policière consacrée aux grandes heures de l'égyptologie écrite par la romancière, il met en scène Amélia Peabody et son mari Emerson, passionnés d'égyptologie.

L'intrépide Amélia et le fougueux Emerson se sont rencontrés dans le premier tome. Ils se sont détestés... mais nous les retrouvons mariés au début de ce roman. Parents d'un petit Ramsès, le couple a décidé de s'installer en Angleterre et de laisser de côté l'Egypte et ses mystères.    
M
ais très vite, l'appel de l'aventure se fait sentir. Une sépulture inconnue découverte dans la Vallée des Rois, la mort de l'archéologue à l'origine de cette découverte et la disparition de son assistant, titillent la curiosité d'Amélia. Et lorsque la très jolie veuve de l'archéologue vient supplier Emerson de poursuivre les recherches, le couple ne tient plus et s'envole vers Louxor.

Qu'il est bon de suivre le duo formé par Amélia et son mari à Louxor et tenter en leur compagnie de percer le mystère de cette sépulture inconnue ! Avec ce deuxième tome, Elizabeth Peters, elle-même égyptologue reconnue, entraîne une nouvelle fois son lecteur dans l'effervescence des découvertes archéologiques du début du siècle dernier.
Les descriptions des lieux sont soignées et permettent une immersion délectable dans cette époque. La part belle est laissée aux vestiges archéologiques et aux détails historiques, le tout porté par un duo de personnages à la fois drôle et grinçant.     
Et si l'intrigue policière souffre parfois de quelques faiblesses ou que certains personnages tendent à être parfois un brin caricaturaux, l'ensemble reste très plaisant et promet une belle détente.      
Laissez-vous séduire par Amélia et Emerson. Laissez-les vous entraîner sur les berges du Nil, dans la moiteur du soleil égyptien, et vous faire partager leur passion des découvertes archéologiques. 
 

  • 4/10 au Challenge Polar historique  organisé par Samlor et repris par Sharon.
  • 3/10 pour le Challenge Voyage dans l'Egypte antique que j'organise (toutes les infos ici)

v h

16 février 2014

Le club des philosophes amateurs, Alexander McCall Smith

Le club des philosophes amateursLe club des philosophes amateurs est le premier tome de la série consacrée au personnage d'Isabel Dalhousie. Imaginée par l'écrivain écossais Alexander Mc Call Smith, la série compte à ce jour neuf tomes, publiés en France aux Éditions des 2 Terres.

Isabel Dalhousie mène une vie confortable dans la capitale Écossaise. Rentière, cette quadragénaire occupe ses journées à lire des articles pour la revue philosophique dont elle est la rédactrice en chef.   
Mais un soir à l'opéra, Isabel est témoin de la chute mortelle d'un jeune homme. Le regard désespéré qu'il lui jette avant de mourir la pousse à s'intéresser à sa vie et aux circonstances de sa mort. Car si tout porte à croire qu'il s'agit d'un accident, Isabel, pour sa part, doute.

Première incursion dans l'univers d'Isabel Dalhousie, Le club des philosophes amateurs est un premier tome des plus dynamique. Alexander Mc Call Smith plante le décor de sa série et soigne ses descriptions. Isabel fait ainsi l'objet d'un portrait complexe et d'une psychologie léchée, tandis qu'Edimbourg se présente comme un personnage à part entière.
Contrairement au schéma classique meurtre / résolution par le héros qui s'érige en enquêteur, l'intrigue de ce roman met en scène l'atypique Isabel, quadra célibataire, paisible et cérébrale, bien éloignée des modèles du genre. Et si elle s'intéresse à ce crime et nous fait part de ses réflexions, ce n'est non pas pour faire régner l'ordre et rétablir une certaine idée de justice - comme les personnages-enquêteurs habituels - mais pour mieux s'interroger sur la nature humaine et sa complexité. Isabel convoque ainsi les grands penseurs pour essayer de comprendre ses contemporains et leurs actes, quels qu'ils soient. Elle qui vit dans un monde protégé de tout soucis matériel, elle se trouve ainsi confrontée à des problématiques pragmatiques qui la dépassent 
Excellent premier tome, ce roman nous ouvre la porte de la maison d'Isabel et de son mode de fonctionnement. Venez, entrez. Installez-vous dans son univers à part, venez flâner avec elle dans les rues d'Edimbourg. Vous serez conquis, je n'en doute pas une seconde.

Voici ma troisième participation au Challenge consacré à Alexander McCall Smith organisé par Emy.

Voici ma deuxième participation au Challenge consacré à Alexander McCall Smith organisé par Emy. - See more at: http://bouquinbourg.canalblog.com/archives/2013/09/05/27959374.html#sthash.5THU75IL.dpuf
Voici ma deuxième participation au Challenge consacré à Alexander McCall Smith organisé par Emy. - See more at: http://bouquinbourg.canalblog.com/archives/2013/09/05/27959374.html#sthash.5THU75IL.dpuf

615583379

.

615583379

Voici ma deuxième participation au Challenge consacré à Alexander McCall Smith organisé par Emy.

615583379

- See more at: http://bouquinbourg.canalblog.com/archives/2013/09/05/27959374.html#sthash.5THU75IL.dpuf
Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 5 > >>
Publicité
Publicité