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31 octobre 2013

Les sorcières d'Eastwick, John Updike

Les Sorcières d'Eastwick, John UpdikeLes sorcières d'Eastwick est un roman du prolifique John Updike paru en 1984. Il fait partie de ces livres qui possèdent la particularité d'avoir éclipsé, par leur titre, le nom de leur auteur. Car si beaucoup connaissent de nom ces diaboliques femmes de la paisible Eastwick, peu nombreux sont capables d'attribuer à John Updike la paternité de cette œuvre.

70's. Eastwick, petite bourgade américaine sans histoire. Mais derrière les apparences et les masques se cachent un brin de sorcellerie et beaucoup de commérages. Trois amies, Alexandra, Sukie et Jane, dont les pouvoirs se sont développés suite à leur célibat, utilisent leurs dons au gré de leurs humeurs, et ce malgré les quand-dira-t-on. Mais lorsqu'arrive en ville Darryl Van Horne, un homme riche et mystérieux, les trois femmes sont piquées de curiosité. Sournoisement, Darryl va tour à tour les séduire et les aliéner. Orgies, drogues, séduction et jalousie vont devenir leur lot quotidien. Darryl, sous ses apparences ordinaires, ne serait-il pas une incarnation du Malin ?

Tant a déjà été dit sur ce roman et cet auteur qu'il est difficile de mettre des mots, mes mots, sur cette lecture. John Updike signe ici un roman foisonnant et multiple qui entraîne le lecteur dans un méandre où seule subsiste l'image de ces trois femmes, puissantes et fragiles à la fois.
La petite ville d'Eastwick est le théâtre de bien des drames et il s'y noue des relations complexes entre les habitants. Critique de cette micro-société, le roman n'épargne personne, et surtout pas les hommes. Ces derniers, hormis Darryl Van Horne, ne souffrent pas la comparaison avec les personnages féminins et restent en arrière-plan de l'intrigue. Faibles, lâches, menteurs, meurtriers parfois, ils semblent cristalliser le mal que la société fomente. Face à ces hommes secondaires, les personnages féminins - les héroïnes ainsi que les autres femmes de la ville - s'érigent en  figures de force et de pouvoir, allant même jusqu'à s'affronter pour éprouver leur domination.
 
La sorcellerie n'est finalement qu'un prétexte à l'auteur pour s'interroger sur la question de l'émancipation de la femme. Ses trois héroïnes, malgré leur posture dominante énoncée plus haut, n'en demeurent pas moins sensibles au charme masculin, et notamment à celui du manipulateur Darryl Van Horne. Et elles qui prônaient la liberté comme valeur essentielle, se retrouvent bien vite piégées par cet individu paradoxalement repoussant et irrésistible. Le lecteur suit avec avidité le mécanisme qui se met en place et les tourments par lesquels passent tour à tour Alexandra, Sukie et Jane. Et à son tour de s'interroger sur la place de la femme.
Porté par une plume splendide, une traduction agréable et des longues phrases au rythme parfait, Les sorcières d'Eastwick est un plaisir dont on aurait tord de se priver.

Et parce que le roman d'Updike a inspiré le petit écran et le septième art, voici deux bandes-annonce d'adaptations très différentes et plus ou moins fidèles à l'oeuvre originelle.
La première est celle du film Les Sorcières d'Eastwick réalisé par Georges Miller en 1987, avec Jack Nicholson, Susan Sarandon, Michelle Pfeiffer et Cher dans les rôles principaux.

 Les sorcières d'Eastwick

Le film Les sorcières d'Eastwick (1987)

  

La seconde est celle de la série de Maggie Friedman, Les Mystères d'Eastwick, dont les 13 épisodes produits ont été diffusés fin 2009 sur ABC.

Eastwick

La série Les Mystères d'Eastwick (2009)

 

Enfin, parce que j'ai tellement annoté ce roman qu'il m'était impossible de faire l'impasse sur cette partie dans ma chronique, voici un florilège de citations qui illustrent le talent d'écrivain de John Updike.

"Si Alexandra était une sorcière du genre substantiel et instable, encline par nature à se gaspiller pour s'offrir aux influences et se fondre dans le paysage, et au tréfonds de son cœur plutôt paresseuse et d'un détachement quelque peu entropique, Jane était bouillante, trapue, concentrée comme une pointe de crayon, et Sukie Rougemont, qui à longueur de journée se dépensait en ville à recueillir cancans et nouvelles et dispenser sourires et salutations, avait une essence oscillante." (p.12-13)

"Rhode Island, bien que de notoriété publique le plus petit des cinquante États, renferme pourtant ça et là des immensités désertes typiquement américaines, des étendues mal explorées enclavées au milieu de zones industrielles tentaculaires, fermes abandonnées et grandes demeures oubliées, campagnes dépeuplées que traversent en hâte des routes droites et noires, marécages pareils à des landes et rivages désolés des deux côtés de la Baie, cet énorme coin d'eau enfoncé comme un pieu jusqu'au cœur de l’État, sa capitale, dont le nom est un acte de foi." (p.19)

"Dock Street, à cette heure où la nuit précoce rattrapait les acheteurs emmitouflés, avait un aspect dévasté, ses illuminations une pathétique manœuvre pour faire obstacle au sommeil, une tentative désespérée et hagarde pour tenir quelque vague promesse prisonnière de l'âpre ciel noir." (p.276)

"Entre-temps, la neige était tombée ; on finit par oublier cette merveille annuelle, son ampleur, l'air doté soudain d'une présence, les traits obliques des flocons ruisselants qui recouvrent tout comme les zébrures d'un graveur, le gros béret qui le lendemain matin coiffe de guingois la baignoire à oiseaux, le brun soudain plus foncé des feuilles sèches encore accrochées aux chênes, les branches vert foncé des sapins ciguë ployant sous le poids et le bleu limpide du ciel pareil à un bol vidé de sa dernière goutte, l'allégresse qui à l'intérieur de la maison ricoche sur les murs, la vie soudain comme survoltée qui sourd de la tapisserie, l'intensité mystérieuse de l'intimité que sur la fenêtre, dans son pot, l'amaryllis partage avec son ombre phallique et pâle." (p.304)

"Alexandra faisait de son mieux pour se montrer à la hauteur et s'intéresser à ces gens qu'elle n'avait jamais rencontrés, mais ses cellules cérébrales n'étaient déjà que trop encombrées de gens qu'elle avait jadis rencontrés, appris à connaître, trouvés passionnants et parfois même aimés, pour bientôt les oublier." (p.333)

"La musique illumine de sa lampe palpitante la sombre caverne de nos existences." (p.351)

"N'ont d'intérêt en fait que ce que nos esprits retiennent, ce que nos vies ont confié à l'air." (p.477)

 

Et vous vous en doutez : en ce beau jour d'Halloween, 
je ne pouvais pas ne pas participer au Challenge Halloween de
Lou et Hilde

 

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30 septembre 2013

Pompéi, Maja Lundgren

Pompéi est un récit écrit en 2001 par l'auteure suédoise Maja Lundgren. Il est paru en 2002 en France aux éditions Actes Sud.

An 79 de notre ère. La terre tremble quelques jours avant la sinistre catastrophe mais les signes échappent aux habitants de la cité de Pompéi. Chacun vaque à ses occupations. Par-delà les rues de la ville, le lecteur part à la rencontre de certains de ses habitants - gladiateurs, marchands, prostituées, mimes, esclaves, notables - et découvre cette époque fascinante. 

Offert par ma binômette lors du Swap de Printemps, Pompéi est un livre que je souhaitais lire depuis quelques temps. 
Et si l'antiquité romaine me fascine toujours autant, je dois avouer que j'ai été assez déroutée par ce récit. Maja Lundgren a pris le parti d'une fiction extrêmement bien documentée mais à la construction narrative complexe. Si l'idée d'une déambulation dans les rues de la tristement célèbre Pompéi, quelques heures avant l'éruption du Vésuve, est intéressante, l'auteure semble pourtant vouloir à tout prix noyer son lecteur sous une foule de détails historiques au détriment d'une quelconque cohérence narrative. 
Les personnages se succèdent, tout comme les chapitres aux formes variées (l'un d'eux énumère notamment les métiers exercés dans la ville), et il semble difficile d'y déceler un quelconque lien.
L'écriture de Maja Lundgren est intéressante mais il ressort de l'ensemble un sentiment de confusion qui m'a mise mal à l'aise. L'impression d'être passée à côté du projet de l'auteure, de ce qu'elle voulait transmettre à son lecteur...

J'aime cette époque, beaucoup même. Donc j'ai réussi à me glisser dans ce livre et découvrir certains aspects de la vie quotidienne ou des moeurs des Pompéiens que j'ignorais. Mais si j'ai été charmée, c'est par cet aspect documentaire. Ce qui est le comble pour une fiction.
Une lecture en demi-teinte, donc, que j'ai partagé avec CottageMyrtille, mon acolyte de lectures communes (quand on aime, on ne compte pas !)
Merci, chère Mrs Pepys, pour ce livre. J'avais très envie de le lire. Je suis ravie de l'avoir découvert grâce à toi ! L'avis de Cess, enchantée.

Voici une nouvelle participation à mon Défi Au Coeur de la Rome antique.

27 janvier 2013

Rien n'est trop beau, Rona Jaffe

Rien n'est trop beau

Rien n'est trop beau est un roman paru en 1958 aux Etats-Unis et adapté au cinéma par Jean Negulesco en 1959. Son auteure, Rona Jaffe, ayant travaillé quatre ans dans une maison d'édition new-yorkaise, décida de raconter le quotidien des jeunes femmes qui, comme elles, concilient vie active et vie sentimentale, dans le New York des années 1950. Mi-étude sociologique, mi-roman, ce livre rencontra dès sa parution un vif succès.

New York, 1952. Caroline, Mary Agnes, April, Gregg et Barbara travaillent toutes les cinq aux éditions Fabian. Fraîchement diplômées, les cinq jeunes filles occupent des postes subalternes dans cette vaste entreprise dirigée par des hommes. Armées de leurs rêves et de leurs désirs, chacune cherche avidement à faire un beau mariage. Mais en attendant de rencontrer leur futur mari, elles profitent de New York et de ses distractions et subissent la dure loi du monde du travail.

J'aime beaucoup la question de l'émancipation de la femme et de la condition féminine traitée en littérature. Les années 1950 sont une époque charnière où, aux États-Unis, l'indépendance financière des femmes pointait son nez... avant de disparaître majoritairement au profit d'un mariage confortable. J'ai donc dévoré les 670 pages de ce roman avec grand plaisir.
Le lecteur goûte, à travers le parcours de ces cinq personnages, au quotidien des jeunes provinciales tout juste débarquées à New York. Si les paillettes et les plaisirs sont au rendez-vous, leur nouvelle vie de citadine leur réserve malheureusement bien des déconvenues : harcèlement sexuel au travail, tromperie, mensonges, etc. Tout n'est pas doré sous les lumières new-yorkaises, et c'est avec un sérieux courage que Caroline et ses amies vont affronter leurs déceptions.
Ode à l'indépendance et conseil aux nouvelles arrivées, Rien n'est trop beau est un roman protéiforme, à la fois analyse sociologique et initiation à la vie de femme indépendante, professionnellement et sexuellement. Le lecteur d'aujourd'hui regardera avec bienveillance les personnages errer et se chercher, car ces errances ne sont finalement pas loin de ce que l'on peut vivre aujourd'hui. Les aventures sentimentales des cinq jeunes femmes et leur naïveté attachante résonnent de façon universelle, même si la note de fraîcheur et de nouveauté liée à leur époque a disparu. 
Rona Jaffe nous permet de nous immerger dans le New-York des années 1950 et décrit la ville et son ambiance avec soin. On parcourt les lignes du roman et on se retrouve plongé dans cette folle ambiance de la ville qui ne dort jamais.
J'ai été émue par cette lecture, happée par ces histoires singulières pour lesquelles Rona Jaffe a interrogé cinquante new-yorkaises. On frôle le document d'époque, on oscille entre le roman et le documentaire tant l'auteure maîtrise son sujet et relate ce qu'elle a connu. On pense à Mad Men et Sept ans de réflexion. On savoure cette lecture, sans hésiter.

Les avis de Cynthia, Enigma, Iluze,  MangoManu et Fleurfleur.

 

Voici ma cinquième participation

au Challenge La littérature fait son cinéma 2 organisé par Will

17 janvier 2013

Autres Chroniques de San Francisco saison 3, Armistead Maupin

Autres chroniques de San FranciscoAutres Chroniques de San Francisco est le troisième tome des célèbres aventures des locataires du 28 Barbary Lane. Parues initialement dans le San Francisco Chronicle en 1976, ces chroniques ont été réunies en roman en 1980.

Les années 70 ne sont plus, vivent les eighties ! Au 28 Barbary Lane, bien du changement a eu lieu. Mona est partie vivre à Seattle, Mary Ann présente une émission de télé et entretient une relation avec Brian tandis que Michael gère une jardinerie avec son meilleur ami, désespérant de trouver l'homme idéal. Tout semble calme. Mais ce serait sans compter le retour de Dede avec ses jumeaux.

Rares sont les séries qui me tiennent jusqu'au bout. Cela sera-t-il le cas avec les Chroniques de San Francisco ? Nous verrons... 
Cela fait quelques mois maintenant que je me délecte de la découverte de cette série mythique. Et ce troisième tome amorce un virage indéniable. Les années soixante-dix et leurs idées loufoques sont derrière et l'intrigue baigne dans les années quatre-vingts. Les personnages sont désormais trentenaires et ils semblent regarder leur vie différemment. La quête d'un partenaire idéal semble être leur leitmotiv. Finies les virées barrées, les histoires d'un soir, les soirées sans lendemain. Même Michael se désespère de son célibat. Les personnages semblent avoir mûri donc, sans pour autant que l'intrigue n'en souffre. 
Mais le plus notable dans ce roman, c'est qu'Armistead Maupin décide d'aller plus loin encore dans l'humour et l'invraisemblable. Certes, ces deux traits sont présents dès le premier tome, mais ce troisième tome introduit l'idée de rocambolesque et le lecteur est vite entraîné dans un incroyable tourbillon de péripéties. 
J'ai dévoré ce roman, encore une fois. Mais je l'ai trouvé un peu en dessous des deux premiers. Les invraisemblances et coïncidences qui ponctuent l'intrigue, si elles sont imprévisibles, n'en demeurent pas moins lourdes, très souvent. Et semblent éloigner ce tome de la fraîcheur des deux précédents. Le San Francisco moite et extravagant semble un peu loin... C'est dommage, mais je pense néanmoins continuer ma découverte de cette série.

6 janvier 2013

Six Feet Under : nos vies sans destin, Tristan Garcia

Six Feet under nos vies sans destin, Tristan GarciaSix Feet under : nos vies sans destin est un essai paru en septembre 2012 chez PUF. Tristan Garcia, son auteur, est né à Toulouse en 1981 et a enseigné la philosophie avant de se tourner vers l'écriture de séries télé.

Six Feet Under [Six Pieds sous terre] est une série américaine en cinq saisons créée par Alan Ball et diffusée par HBO de 2001 à 2005.
Elle met en scène, tout en pudeur et en réalisme, le quotidien de la famille Fisher, qui gère une entreprise de pompes funèbres : Ruth, la mère adultère à la recherche d'elle-même, Nath, le fils aîné qui n'avait pas prévu de rester à Los Angeles, David, qui refoule son homosexualité pour mieux se consacrer à l'entreprise familiale et Claire, la petite dernière, qui termine ses études. Et puis Nathaniel, le père, mort dès les premières minutes du pilote, et qui, par son testament, oblige toute la famille à vivre ensemble autour de la société qu'il a créée.

La famille FisherSix Feet Under est ma série fétiche, celle qui m'a captivée, m'a fait sourire, pleurer, réfléchir. Une série dont je ne me lasse pas et dont chaque visionnage m'apporte quelque chose.
La parution de cet essai chez PUF m'a interpellée et sitôt reçu à Noël, je me suis littéralement jetée dessus. Tristan Garcia aborde, avec une plume d'une justesse inouïe, Six Feet Under sous tous ses angles. En 168 pages, il s'attarde sur les prémisses de la série - qu'il appelle le prégénérique -, décortique le générique ainsi que la première scène du pilote, puis nous propose une réflexion thématique et graduelle : les individus, la famille, le travail, l'amour, la mort, la quête du sens, le tout ponctué par le portrait des personnages principaux et l'analyse d'épisodes clés de la série.
L'analyse des protagonistes et de leur vie au cours des cinq saisons permet de les mettre en résonance et de davantage les cerner. On se rend ainsi compte que Ruth a sacrifié son bien-être pour s'occuper des siens, que le couple David/Keith est le plus solide tout au long de la série, que Claire se perd dans l'art pour s'exprimer et trouve dans la photographie la possibilité d'être avec les autres tout en les observant du dehors et que Nath, cherchera tout au long de sa vie un accomplissement inespéré.
A la fois taxée d'élitisme et encensée par la critique, Six Feet Under est un condensé de réalisme à l'état pur porté par un rythme lent, comme celui de la vie. Un petit bijou d'intelligence et d'émotions dont personne ne sort indemne. Ce petit guide en est une analyse indispensable et permet de clore le chapitre ouvert en 2001.
Avis à mes lecteurs habituels, deux choix s'offrent à vous : soit vous avez vu cette série et vous l'adorez (cela s'entend !), soit vous êtes obligés de regarder au moins le pilote pour comprendre ce que je viens de développer plus haut.

« Ample et minutieuse saga sur le temps, la finitude, la morale, la société et l'art de son temps, cette série peut pourtant prétendre à un statut proche de celui de la Recherche proustienne - à ceci près que le « je  » du narrateur aurait éclaté, s'ordonnant en une concaténation de subjectivités égales et négociant entre elles les conditions de leur éducation sentimentale, de leur possibilité de "vivre enfin" ». (p.12)

« Immense oeuvre étalée sur cinq années, Six Feet Under ressemble à une vaste opération de chimie qui dissout nos pensées, nos croyances, nos désirs et nos sentiments dans l'existence ordinaire ; et quel est le précipité obtenu à la fin ?  Notre conscience de nous-mêmes, en larmes. » (p.13)

 A défaut d'un trailer digne de ce nom, je vous laisse avec le générique, envoûtant. 

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28 octobre 2012

Fifty Shades T.1 Cinquante nuances de Grey, E.L. James

9782709642521FSVéritable best-seller outre-Atlantique, la trilogie Fifty Shades, qualifiée de Mummy porn, a débarqué en France ce mois-ci, chez JC Lattès. Et le premier tome, Cinquante nuances de Grey, a déjà fait beaucoup parler de lui. Une fois n'est pas coutume, j'ai voulu savoir ce qu'il en était et j'ai succombé à l'appel de la version numérique de ce roman.

Anastasia Steele, jeune étudiante en littérature, doit interviewer au pied levé le multi-milliardaire Christian Grey pour dépanner Kate, sa colocataire et rédactrice en chef du journal de la fac. La jeune femme timide tombe immédiatement sous le charme du richissime et charismatique M. Grey. Et, pour sa plus grande surprise, la séduction est réciproque. Mais rien n'est simple avec Christian Grey. Ce dernier a en effet beaucoup d'exigences sexuelles. Des exigences sexuelles telles, qu'il demande à Anastasia de signer un contrat avec lui. Un contrat de soumission...

Je vous arrête tout de suite : je ne suis pas une lectrice coutumière de littérature sentimentale ou érotique. Mais par un froid après-midi de la semaine dernière, j'ai succombé au tapage médiatique autour de ce roman, et en trois clics, je l'avais sur mon Kindle. La tentation était grande de comprendre la raison de ce phénomène de société.
Et pour ma part, la déception fut grande. Vu ce que j'avais précédemment entendu, je m'attendais à du sulfureux, de l'érotisme, de la surprise à chaque page. Rien, strictement rien qui a satisfait de près ou de loin mes attentes.
L'intrigue est tellement simple qu'elle peut se résumer en une phrase : une jeune vierge effarouchée rencontre un homme qui a des pratiques sexuelles déroutantes et s'initie aux choses de l'amour en sa compagnie. Point barre. Dans ce premier tome, vous n'en saurez pas plus. En bon premier volume d'une trilogie, Cinquante nuances de Grey pose les bases de l'intrigue, intrigue qui se résume à une relation plus sexuelle que sentimentale, et tente d'appâter le lecteur avec des scènes de sexe à toutes les pages ou presque. Au début ça prête à sourire. Au fil des pages, on se dit que l'auteure aurait mieux fait de se cantonner à un documentaire sur les nouvelles pratiques sexuelles sans s'encombrer d'une intrigue archétypale et éculée.
Malheureusement pour E.L. James, je suis certaine que son roman choquera moins le lectorat français par ses descriptions détaillées et croustillantes, que le lectorat américain. N'oublions pas notre passé littéraire, avec la décadence du libertinage, fin XVIIIe, qui nous a enseigné des pratiques retorses avant l'heure, dans un langage plus châtié et imagé, avec des personnages et des situations romanesques hautement plus hauts en couleurs.
Les personnages sont d'une platitude affligeante. L'héroïne est une naïve empotée, sa meilleure amie un sex-symbol à qui tout réussit, Christian Grey un milliardaire avide de pouvoir et de domination, etc. Bref, du déjà-vu. Une once de psychologie s'immice dans le roman avec le passé trouble de Christian. E.L. James tente de nous faire apprécier ce personnage dominateur sadique en introduisant l'idée que son enfance fut malheureuse et que ses moeurs compensent ses blessures enfantines. Un peu léger, et encore une fois destiné à appâter un lecteur avide d'intrigue. Pour ma part, cela ne m'a pas suffit.
L'auteure a pris le parti de charger Anastasia de la narration. Mais cette narration à la première personne plombe le roman et lui confère une tonalité naïve et mièvre. L'inexpérience de l'héroïne suinte à chaque page et devient risible à chaque nouvel acte sexuel.
Enfin, E.L. James, si elle a voulu faire sensation avec des descriptions d'actes sexuels, a dû oublier de soigner sa plume. Elle aurait mieux fait de se concentrer sur ce détail car même les scènes de sexe, primordiales dans une intrigue sans saveur, sont d'une platitude affligeante et semblent tout droit sorties d'un scénario de film porno (si tant est qu'il y ait un scénario dans un film porno). Du descriptif, aucune image. C'est plat, affreusement plat et ennuyeux.
Bref, un mummy porn aux États-Unis peut-être, mais rien de bien affriolant ni de bien scandaleux pour nous. Un tapage médiatique immérité pour un roman aux qualités littéraires inexistantes. Des scènes de sexe qui n'ont même pas le piquant d'une littérature érotique de qualité. Une réception par le lectorat français dont j'attends des nouvelles. J'espère que l'auteure aura pris plus de plaisir à se documenter pour écrire ce roman que moi à lire son produit fini.
Si vous avec envie de vous encanailler, plongez-vous plutôt dans le scabreux Justine de Sade ou le très sensuel L'Amant de Duras ! Et dire que Bret Easton Ellis s'est emparé de cette saga pour en faire une adpatation ciné...

Et voici ma huitième lecture sur mon Kindle et ma huitième participation au Club des lecteurs numériques.

 Lecteurs numériques           Lu sur mon Kindle

18 octobre 2012

Nouvelles Chroniques de San Francisco saison 2, Armistead Maupin

Nouvelles Chroniques de San FranciscoNouvelles Chroniques de San Francisco est le deuxième tome des aventures des locataires du 28 Barbary Lane, initialement parues dans le San Francisco Chronicle en 1976 et réunies en roman dès 1980.

Mary Jane et Michael partis se détendre en croisière au Mexique, Mona s'ennuie et décide de s'offrir une pause. Elle part dans le Nevada sans se douter qu'elle se lance sur les traces de son histoire familiale.
Pendant ce temps, Brian entretient une relation à distance avec une femme, par fenêtre et jumelles interposées, tandis que Dede, enceinte de son précédent adultère, cherche à dire à son mari que ses futurs enfants ne sont pas les siens.

Vous vous souvenez qu'il y  a peu, je décidais de découvrir Les Chroniques de San Francisco et que je tombais sous le charme de ces aventures un peu barrées dans l'Amérique des seventies.
Le plaisir est renouvelé avec ce nouveau tome ! Armistead Maupin poursuit dans la veine des aventures rocambolesques de ses personnages attachants avec San Francisco en toile de fond. C'est rafraîchissant, drôle et très rythmé !
Si l'identification aux personnages est plutôt ardue (quoique la quête de l'amour de Mary Ann et Michael possède un côté universel), ces derniers n'en demeurent pas moins captivants. Leurs errements et leurs questions existentielles sont divertissantes au possible et loin d'être simplistes. Armistead Maupin nous offre en effet un réel panel de personnages loufoques, dignes de l'époque libérée dans laquelle ils évoluent mais aux questionnements générationnels. Sexe, drogues et fêtes en tous genres sont au programme des festivités et  chacun en profite à sa manière.
Petit plus dans ce deuxième opus : les révélations sont nombreuses et offrent un goût pimenté aux chapitres qui se succèdent tout en apportant une tonalité parfois dramatique à la pension d'Anna Madrigal. C'est bien simple : j'ai dévoré ce tome en trois jours (et en plus, je travaillais !) Cela vous donne une idée de mon addiction à cette série...
Donc conseil à ceux qui n'ont pas encore commencé : achetez (ou empruntez) le premier tome et vous comprendrez ensuite pourquoi j'en fait un tel éloge ! Sur ce, au milieu de mes lectures Halloweenesques, je me glisse dans le troisième tome de ces chroniques !

Elles l'ont lu aussi : Argali, Stephie, Leiloona, L'Ogresse...

 

14 juin 2012

Patty Diphusa, la Vénus des lavabos, Pedro Almodóvar

Patty Diphusa - La Vénus des lavabos AlmodovarPatty Diphusa est un recueil de textes d'Almodóvar publiés dans des revues espagnoles entre 1985 et 1989. 

Ce recueil s'ouvre sur le personnage de Patty Diphusa, star du porno inventée par Almodóvar qui s'épanche sur ses déboires sexuels et sentimentaux, sur fond d'un Madrid enfiévré.

J'adore Almodóvar en tant que réalisateur. La découverte de ce livre, (présenté comme un roman, cherchez l'erreur !) a été une très bonne surprise. L'éditeur et la préface nous promettent une sorte de quintessence du réalisateur. Fabuleux...
Quelle déconvenue ! Pour ma part - et pourtant je ne fais pas ma mijaurée - je n'ai trouvé que mauvais goût et vulgarité dans ce recueil. Le personnage de Patty Diphusa sonne creux et donne à voir à ses lecteurs sa vie de débauche madrilène dans toute sa splendeur. Ça aurait pu être érotique, avoir quelque chose qui aurait pu être séduisant, mais non. C'est plat, vulgaire et parfois franchement glauque. Viols et parties fines se succèdent à un rythme endiablé, et la pauvre Patty semble confondre son métier et son amour de la chair.
La parution périodique offre un rendu décousu qui manque singulièrement d'unité. Visiblement, le recueil est scindé en trois parties (le récit de Patty Diphusa n'étant que la première), mais je ne saurais vous dire : ce petit livre de 160 pages m'est tombé des mains à peine arrivé à la page 80...
C'est bien dommage ! Je reste sur mon admiration d'Almodóvar en tant que réalisateur et tente d'oublier cette rencontre littéraire fort déplaisante...


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