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28 janvier 2015

Moby Dick, Jouvray et Alary

Moby Dick, Jouvray et AlaryOlivier Jouvray et Pierre Alary se sont intéressés au monument de la littérature qu'est le roman de l'américain Herman Melville Moby Dick, publié en 1851. Leur adaptation en BD est parue en avril 2014 chez Soleil, dans la collection Noctambule.

Le capitaine Achab a juré la perte de la baleine blanche qui lui a volé sa jambe. Moby Dick, c'est son nom, hante les océans et sème le chaos chez les baleiniers qui l'approchent de trop près.  
Ishmaël, jeune marin de la marine marchande, embarque sur le Pequod, le navire d'Achab, en compagnie de Queequeg, un harponneur rencontré dans une taverne. 
L'équipage s'engage dès lors dans un combat à mort au nom de la folie d'Achab.

Abreuvée comme tout le monde par ce monument littéraire et ses réécritures, j'étais assez curieuse d'en découvrir une adaptation BD
Si j'ai aimé l'intrigue librement adaptée de l'oeuvre de Melville par Jouvray, je dois avouer que j'ai été assez mal à l'aise face à cet album. La violence est là, qui suinte à chaque page, à l'image de la folie d'Achab et les dessins de Pierre Alary en rendent parfaitement compte.
Les couleurs utilisées - dans les tons ocres et verts - se transforment progressivement en teintes orangées sanguinolentes à mesure que le combat contre la fameuse baleine blanche gagne en intensité. Au fil des pages, le dessin se transforme pour embrasser la folie d'Achab et le lecteur d'assister impuissant à cette mécanique mortelle que rien n'arrêtera. 
L'adaptation de Jouvray et Alary est très réussie mais j'ai eu beaucoup de mal à l'apprécier tant j'ai été angoissée par l'intrigue et sa représentation picturale. Le signe que l'album est réussi, en somme. C'etait ma BD de la semaine, aujourd'hui chez Jacques (qui avait chroniqué cet album dans ce billet).

Je tiens à remercier Bénédicte et les éditions pour cet album.

Planche 1 Planche 2

Voici ma 58e participation au Top BD des blogueurs de Yaneck (16/20)

 Top BD

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19 janvier 2015

Mes lèvres sont mortes à minuit, Arièle Butaux

Mes lèvres sont mortes à minuit, Arièle ButauxMes lèvres sont mortes à minuit est le dernier roman de la pianiste et altiste de formation Arièle Butaux paru aux éditions Écriture en octobre 2014.

Malika est femme de ménage dans un appartement parisien dans lequel elle n'a strictement rien à faire. Chez Paul et Laura, tout est blanc, immaculé, impeccable, à l'image des monochromes que peint Paul et des vêtements de Laura.
Mal à l'aise face à tout ce blanc et cette propreté extrême, Malika s'interroge sur cette obsession. Mais le jour où une tâche de sang vient souiller la moquette du salon - et par là-même la pureté de cette vie bien rythmée - les apparences s'effritent et Malika voit l'équilibre du couple s'effondrer.

Sous le charme de ce titre très poétique et intriguée par la quatrième évoquant un huis clos des plus glaçants, je me suis plongée avec plaisir dans ce drame psychologique, pensant être happée par le suspense et tourner les pages de plus en plus vite pour en connaître le dénouement.
Mais si j'ai effectivement tourné très rapidement les pages, ce n'est pas tant grâce à la tension grandissante que pour vérifier que l'hypothèse que j'avais au quart de l'intrigue n'était pas la clé du mystère. Malheureusement si... Et pourtant je ne suis pas des plus perspicaces pour découvrir les détails retors des drames psychologiques. Quelle déception !
Porté par une plume insipide et sans saveur, Mes lèvres sont mortes à minuit est un texte qui s'oublie aussi vite qu'il se lit. C'est bien dommage. Il y avait tant à faire avec l'idée de départ...
Bref, une lecture à côté de laquelle je suis complètement passée et qui ne m'a pas donné envie de découvrir le texte qui suivait, intitulé Le choix du Roi.

Je tiens néanmoins à remercier Pauline de Langage&Projets et les éditions Écriture.

14 janvier 2015

La nuit de Bombay, Michèle Fitoussi

La nuit de BombayLa nuit de Bombay est un essai de la journaliste Michèle Fitoussi paru en septembre 2014  aux éditions Fayard.

26 novembre 2008. Bombay est la proie d'une série d'attentats commandités par des terroristes islamistes. 165 personnes y perdent la vie. Parmi eux, Loumia Hiridjee, créatrice de la marque de lingerie Princesse tam.tam.
A Pondichéry à ce moment-là et en route pour la rencontrer, Michèle Fitoussi est sous le choc.
Après deux ans de recherches et de rencontres avec les proches de Loumia, elle livre ici un vibrant hommage à cette femme au parcours hors du commun et au destin tragique. 

Ouvrir La nuit de Bombay, c'est tout d'abord plonger dans la vie de Loumia et la success stroy de la marque de lingerie qu'elle a créée avec Shama, sa soeur. Michèle Fitoussi rend hommage à cette créatrice de génie, cette femme d'affaire que rien ne destinait à un tel succès et en dresse un portrait haut en couleurs. Loumia est vibrante, pétillante, sous la plume de celle qui l'a rencontrée quelques fois, et le lecteur a l'impression de la voir naître et s'émanciper des mots de Michèle Fitoussi pour exister sous ses yeux. C'est beau. C'est tragique aussi, vu le postulat de départ, mais en cela Michèle Fitoussi excelle dans son hommage à celle qu'elle aurait voulu connaître davantage.
Mais ouvrir La nuit de Bombay, c'est aussi s'immerger dans un flot d'émotions. Celles de l'auteure, tout d'abord, qui tente de comprendre la vie de Loumia. En allant à la rencontre de ses proches, de ses amis, en allant sur les terres de son enfance, elle mène un réel travail d'enquête qui vise à enrichir son propos et lui offre une légitimité certaine. 
Ce sont les émotions suscitées par cette lecture, ensuite. Malgré un ton qui évite tout pathos, le sujet est grave, lourd, et l'auteure impliquée émotionnellement.  Le lecteur avance pas à pas, en sa compagnie, vers l'innomable. Vers l'indicible. Il le sait d'avance, en ouvrant ce livre, mais la gradation du récit vers ce point de rupture qu'est la série d'attentats du 26 novembre 2008, entraîne un flot d'émotions difficile à maîtriser. Et l'auteure, malgré la distance qu'elle souhaite mettre avec l'événement pour en rendre compte, semble éprouver des difficultés à avancer elle aussi dans son récit.
Michèle Fitoussi signe ici un hommage très émouvant. On sent derrière tout ce travail une volonté de partir à la rencontre d'une autre, certes, mais aussi une tentative d'expliquer l'inexpliquable pour mieux le digérer.
Pour ma part, j'ai été très émue par cette lecture. Par le parcours incroyable de cette femme - et je pèse mes mots -, par sa complicité avec sa soeur et leur complémentarité, par sa disparition, évidemment. Il y a de l'identification de ma part, c'est certain, pour la complicité entre ces deux soeurs. Et c'est peut-être ce qui m'a le plus émue finalement.
J'ai refermé ce livre bouleversée. Avec l'étrange impression d'avoir rencontré Loumia, cette femme incroyable et protéiforme, qui vit encore grâce aux souvenirs que les gens ont d'elle.

"Certains m'ont fermé la porte. Je n'ai pas insisté. Nous avons tous nos douleurs, nos mystères, nos raisons de nous taire. L'amitié, l'affection, la fidélité l'ont emporté chez les autres, qui ont bien voulu me parler. Chacun avait sa Loumia en tête. Elle ne coïncidait pas toujours. Et puis, par petites touches, son portrait s'est dessiné, complexe et dense, lumineux et parfois sombre." (p.37)

"C'est sans doute parce que cette histoire raconte celle de deux soeurs, dont l'une ne sera plus jamais là pour l'autre, qu'elle me bouleverse à ce point." (p.79)

"Ce nom est un concentré de ce qu'elles sont et de ce qu'elles aspirent à devenir. Princesse tam.tam contient tout à la fois : l'Inde, l'Afrique, le métissage, l'exotisme, l'exil, l'identité, le décalage, l'ambition, la réussite, l'humour, la musique, la danse, le cinéma, la beauté. Et la féminité juvénile, entre contre de fées et bande dessinée." (p.113)

"Encore une fois, je ralentis mon récit. Je parle des autres, pour éviter de parler d'eux. J'ai trop peur de ce qui va suivre." (p.303)

L'avis de L'Irrégulière sur ce récit. Un grand merci à Dominique et aux éditions Fayard pour ce livre.

10906451_613545512106612_7981170696396259077_nVoici ma première participation au Reading Challenge 2015, et pour plusieurs points :

9 - Un livre écrit par une femme
13 - Un livre qui se passe dans un autre pays
14 - Un livre qui n'est pas une fiction
19 - Un livre qui se fonde sur une histoire vraie

***

Une chronique une semaine après l'horreur qui a frappé Charlie Hebdo.
J'aurais aimé participer à la BD du mercredi consacrée aux grands dessinateurs disparus lors de ce mercredi noir mais tous les exemplaires de leurs oeuvres étaient empruntés à ma bibliothèque. Alors je participe avec ce billet. Pour ne pas oublier les événements tragiques de Bombay le 26 novembre 2008, comme nous ne pourrons oublier le 7 janvier 2015. Les mots me manquent pour en parler davantage.


***

30 décembre 2014

Retour à Little Wing, Nikolas Butler

Retour à Little WingRetour à Little Wing est le premier roman de l'américain Nikolas Butler publié en août 2014 aux éditions Autrement. 

Lee, Ronny, Kip et Hank. Quatre amis qui ont grandi ensemble à Little Wing, petite bourgade du Wisconsin. Certains en sont partis, d'autres sont restés. L'un est fermier, l'autre chanteur, le troisième ancien courtier, tandis que le quatrième, depuis un accident de rodéo, n'est plus tout à fait lui-même.   
Pour l'heure, les retrouvailles ont sonné à l'occasion du mariage de Kip. Mais malgré leur passé commun, les quatre hommes sont aujourd'hui bien différents dans leur façon d'appréhender leur vie et le monde. Et si l'amitié et les souvenirs restent leur point d'ancrage, la vie et ses surprises rendent parfois bien difficile la compréhension et la communication.

Quelle lecture... Ce roman est une petite merveille d'une fraîcheur inouïe. Et pourtant, ceux qui me connaissent bien savent que la littérature américaine n'est pas celle vers laquelle je me tourne d'ordinaire spontanément. Mais j'ai bien fait de passer outre et de sortir de ma zone de confort pour partir à la rencontre de ce petit bijou littéraire.   
Ode à la vie et à l'amitié, Retour à Little Wing entraîne son lecteur dans le microcosme de cette petite ville américaine perdue au fin fond du Wisconsin. Le temps semble s'y être arrêté. Les habitants comme condamnés à y rester.    
La narration à plusieurs voix - chacun des quatre personnages prend à tour de rôle en charge une partie de l'histoire - offre une dimension très intime et personnelle au récit. Chacun y va de son souvenir, de son anecdote. De ses blessures, aussi. De ses rancoeurs, parfois. Au lecteur d'accompagner tout ce petit monde qui gravite autour de cette ville imaginaire. Entre ceux qui sont restés et ceux qui reviennent, après des années, le fossé est là. Sauront-ils le combler ?    
L'émotion est au rendez-vous de ces souvenirs évoqués, de ces querelles du passé, de ces erreurs de chemin. Personne n'est épargné, ni Lee, le chanteur adulé, ni Hank, le paisible fermier, ni Ronny, ancienne star du rodéo aujourd'hui diminué, ni Kip, un peu trop calculateur. L'amitié est forte, entre ces quatre personnages, et il en faut une sacré dose pour surmonter des présents aux réalités multiples.    
Nikolas Butler signe ici un excellent premier roman au rythme parfait et 
dans lequel on plonge sans hésitation. Pour ma part, je suis encore hantée par les personnages et l'ambiance singulière de cette histoire, quelques semaines après ma lecture.

D'autres avis : Clara, Estellecalim, Jérôme, Jostein KathelMimipinsonSandrine, Tiphanie, etc.

"Nous étions unis par le sentiment d'être différents de notre milieu et aussi peut-être par un sentiment de supériorité par rapport à l'endroit qui nous avait formés. En même temps, nous étions épris. Épris d'être les rois d'une petite ville, perchés sur ces tours abandonnées, dominant notre avenir, en quête de quelque chose - du bonheur peut-être, de l'amour, ou de la gloire." (p.88)

"Chez nous, c'était un foyer. Un nid. Un endroit dans lequel ont et on aime. Il est parfois utile d'espionner la vie des autres. Pour moi, en tout cas, ça m'avait fait réaliser combien j'aimais ma vie." (p.125)

"Chantez comme si vous n'aviez aucun public, chantez comme si les critiques n'existaient pas, chantez votre ville natale, chantez le grand bal du lycée, chantez les cerfs, chantez les saisons, chantez votre mère, chantez les tronçonneuses, chantez le dégel, chantez les rivières, chantez les forêts, chantez les prairies." (p.232)

"Hank m'a alors serré dans ses bras et je me suis remis à pleurer, mais il m'a serré si fort - on aurait dit qu'il avait juré de me briser les côtes - que j'ai compris qu'il ne me lâcherait pas avant que j'arrête de pleurer. J'ai aussi compris quel type de père il était, quel type de mari et d'homme il était. J'ai compris qu'il était plus fort que moi, meilleur que moi." (p.245)

J'ai lu ce roman dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire de Priceminister. Merci Oliver et toute l'équipe pour l'organisation !

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3 décembre 2014

Les Carnets de Cerise T.3 Le dernier des cinq trésors, Joris Chamblain et Aurélie Neyret

Les Carnets de Cerise T

Le dernier des cinq trésors est le titre du troisième tome de la série Les Carnets de Cerise, imaginée par Joris Chamblain et mise en images par Aurélie Neyret. Il est paru en novembre 2014 dans la Collection Métamorphose de chez Soleil.

A dix ans et demi, Cerise n'est plus une enfant et rêve toujours de devenir romancière. En cette période de Noël, elle aimerait plus que tout arrêter le temps pour continuer à profiter de l'insouciance de son enfance. Mais pas sûr que sa lettre au Père Noël exauce ce voeu...
A l'occasion d'un atelier créatif à la bibliothèque, Cerise se lie d'amitié avec Sandra, relieuse de livres, et découvre peu à peu son métier et son univers. Lorsqu'elle déniche une partition ancienne dans l'atelier de Sandra et un mystérieux petit mot, Cerise n'y tient plus et décide de mener l'enquête. Tout porte à croire qu'un jeu de piste a été laissé à Sandra par son père. Ce dernier semble vouloir faire retrouver la mémoire à sa fille...

C'est bien simple, j'ai tout aimé dans cet album. Tout. Des couleurs pastels des dessins tout en rondeurs d'Aurélie Neyret à l'histoire en elle-même en passant par l'alternance des genres et des visuels.
Les doubles pages se suivent et ne se ressemblent pas, tour à tour journal intime de Cerise, à l'écriture tremblotante et aux dessins enfantins, planches de BD plus classiques qui relatent les aventures de la jeune fille, collages de documents dans le journal de Cerise (de partitions, de recettes de cuisine, etc.) Chaque page est un plaisir visuel et poétique qui entraîne le lecteur dans une histoire au charme suranné, tout en lenteur et en douceur.
La nouvelle aventure de Cerise (après le zoo oublié dans le premier tome et le mystère de la bibliothèque dans le deuxième) est encore une fois très bien menée et laisse la part belle à l'amitié et aux relations humaines. La jeune Cerise, si elle est entrée au collège, n'a pour autant pas perdu son empathie et sa générosité. Aider les autres semble être toujours sa priorité. Comment ne pas s'attacher à cette ado très humaine, à la psychologie bien travaillée ?   
Voilà un troisième tome tout aussi bon que les deux premiers. Je ne veux pas en dire plus, sous peine de gâcher le plaisir de la découverte. En tout cas, Les Carnets de Cerise est une série que je ne peux que vous conseiller tant elle entraîne son lecteur dans un univers singulier et apaisant.
J'ai hâte de découvrir la suite...  
Les avis enthousiastes de Yaneck et Faelys.
Et voici ma participation du jour au Challenge Il était deux fois Noël organisé par Chicky Poo, Petit Spéculoos et  Samarian. Aujourd'hui, c'était le jour des enfants, avec des albums sur le thème de Noël et/ou de l'hiver.
Vous trouverez d'autres idées chez les participants du jour : Syl, Nathchoco, Marie&Anne, Natiora, Glorifine LoquaceDawn, Elie, D. Séverine, Lauraline...

Voici ma 68e participation  à la  de Mango 
et ma 56e au Top BD des blogueurs de Yaneck (18/20)

 Top BD

Planche 1

Planche 3  Planche 2

Un grand merci à Bénédicte et aux éditions   pour cet album.

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5 novembre 2014

Lecture-croisée avec Malo, petit lecteur-test de 2 ans et Alice, sa maman

Je l'avais déjà fait il y a quelques temps avec Eva, petite lectrice-test de 3 ans - et je vais sous peu le refaire avec ma presque-nièce - mais voici l'heure de vous parler de ma lecture-croisée de trois albums avec Malo, 2 ans et sa maman, Alice.
Ledit petit lecteur adorant les animaux et les transports, le choix s'est tout naturellement porté vers trois titres du catalogue de Tourbillon pour mener ma petite expérience : La petite caravane d'Edouard Manceau, Oseras-tu chatouiller le loup ? et De quelle couleur est le cochon ? d'Emiri Hayashi. Ces trois titre sont parus en février 2014.

La petite caravaneLa petite caravane est un album cartonné sans texte, dans lequel un ourson sur un scooter trimballe un poisson rouge dans un bocal. De pages en pages, les amis de l'ourson rejoignent l'aventure, chacun avec un engin différent. Mais où vont-ils ? Là est la question...

Comment Malo a réagi

Premier des trois albums à être choisi par Malo, La petite caravane a su séduire cet apprenti lecteur qui a aimé chercher le poisson dans chaque double page et nommer les moyens de transport représentés. Il s'est beaucoup amusé tout au long de sa lecture et a appréhendé l'album comme un jeu de recherche du fameux poisson dans son bocal.

L'avis d'Alice, sa maman

Alice a trouvé cet album à la fois poétique et sombre, car l'intrigue se déroule de nuit. Les couleurs utilisées, assez foncées, offrent un contraste visuellement intéressant et adapté aux tout-petits. L'absence de texte, si elle laisse libre cours à l'imagination, ôte une certaine linéarité à l'ensemble et Alice a eu l'impression que Malo appréhendait chaque double page davantage de façon indépendante des autres que dans la continuité. Mais finalement, qu'importe ?

Mon avis

Cet album aux épaisses pages cartonnées est tout à fait adapté aux enfants dès deux ans en terme de forme, mais l'expérience de lecture de Malo semble montrer que l'enfant ne perçoit pas nécessairement la linéarité de l'intrigue. Mais cela ne nuit pas à la lecture et confère à l'album un aspect évolutif. Un petit lecteur pourra s'amuser à chercher le poisson, nommer les engins de transports ou reconnaître les animaux représentés, tandis qu'un lecteur un petit peu plus âgé sera peut-être plus à même de s'inventer une histoire et de palier l'absence de texte grâce à son imagination. 

Planche 1 La petite caravane 

 

Oseras-tu chatouiller le loupOseras-tu chatouiller le loup ? et De quelle couleur est le cochon ? sont deux albums premier âge (dès 12 mois) de la collection Coucou caché de Tourbillon, qui fonctionnent sur un principe de volets à soulever.

Dans le premier, il s'agit aussi bien d'une plante à arroser que d'une plume sur laquelle souffler, une lettre à glisser dans une boîte aux lettres ou encore un chaton mouillé à sécher.

Comment Malo a réagi

Malo a eu beaucoup de mal avec cet album, pourtant destiné aux enfants dès 1 an. Il a éprouvé des difficultés à saisir le rapport entre la relation de cause à effet, l'action à réaliser et le résultat représenté en images. Il est souvent resté devant une page sans comprendre que faire.

 

L'avis d'Alice, sa maman

 Alice n'a pas trouvé cet album adapté à son fils, pourtant gros lecteur car celui-ci n'a pas réussi à saisir ce qu'il devait faire en tant que lecteur.
De plus, certaines actions à faire par l'enfant ne sont pas concrètes (comme glisser l'enveloppe dans la boîte aux lettres par exemple, alors qu'il n'y a pas de fente ni de lettre à proprement parler).

 

Mon avis

Malgré des dessins tout en rondeurs et des couleurs douces, cet album me semble d'un abord assez compliqué pour le lectorat visé.
Pourtant friand des albums à volets et des personnages à retrouver dans des dessins (cf. le petit poisson rouge dans l'album précédent), Malo n'a pas du tout été sensible à cet album et a été dérouté par sa lecture. De là à en conclure qu'aucun enfant n'en percevra le sens, non, mais l'expérience n'a pas été concluante pour mon petit lecteur-test !

Planche 1 Oseras-tu chatouiller le loup 

 

De quelle couleur est le cochon De quelle couleur est le cochon ?, enfin, est un album qui propose à l'enfant d'identifier les couleurs à travers des exemples animaliers.

Comment Malo a réagi

Si Malo sait, à deux ans, nommer les couleurs, il ne sait pas encore les reconnaître. Ce qui a posé d'évidentes difficultés lors de la lecture et l'a dérouté...

L'avis d'Alice, sa maman

Cet album n'a pas séduit Alice car, comme avec le précédent, Malo n'en a pas saisi le sens. Alors que le principe même de l'album repose sur un système de contradictions, notre petit lecteur ne l'a pas compris. Quand sa maman lui a demandé la couleur du crocodile, Malo, qui l'a vu rose sur la première planche, a répondu rose...
A première vue, l'album qui semblait être le plus facile d'accès pour Alice, s'est avéré compliqué à expliquer à son fils.

Mon avis

Là encore, malgré un abord qui semble évident aux adultes - et m'a largement induite en erreur -cet album recèle des subtilités imperceptibles de prime abord.
La découverte de cet album avec Malo a fait émerger des problématiques que nous n'avions pas perçues, Alice et moi. Préconisés pour les petits dès 12 mois, il nous est clairement apparu que ces deux albums, malgré leurs fonctionnements pourtant simples, étaient adaptés à un public plus grand, à même de saisir les relations de cause à effet et le décalage texte-image.
Si ces deux rencontres sont davantages en demi-teinte que la lecture de La petite caravane, elles n'en demeurent pas moins intéressantes. Et Alice, si elle a laissé ces livres à disposition de Malo dans sa petite bibliothèque personnelle, y reviendra un peu plus tard avec lui.

 

Voilà donc ma deuxième expérience de lecture-croisée avec un mini-lecteur. La prochaine sera avec Loulou, dix mois, à Noël ! Bon, je me fonderai sur les sourires et les gestes de cette toute-mini lectrice et j'essaierai de vous traduire ce langage non verbal en chronique des plus littéraires... Oui, je sais, un beau défi en perspective !

Un grand merci à Julie et aux éditions   pour ces trois albums.
Et bien entendu, merci à Alice de s'être prêtée au jeu de cette lecture-croisée avec Malo !

 

29 octobre 2014

Contrecoups, Nathan Filer

Contrecoups, Nathan FilerContrecoups est le premier roman du britannique Nathan Filer paru en août pour la rentrée littéraire aux Éditions Michel Lafon. Lauréat du Prix Costa qui récompense le meilleur livre de l'année en Grande-Bretagne, Contrecoups est directement inspiré de l'expérience en hôpital psychiatrique de Nathan Filer durant dix ans, en qualité d'infirmier. 

Matthew, dix-neuf ans, est hanté par la mort de son frère, Simon, survenue dix ans auparavant. N'ayant jamais pu dépasser la culpabilité qui le hante, Matthew souffre désormais de schizophrénie et se débat avec cette maladie.
Pour exorciser celle qu'il compare à un serpent, Matthew s'exprime à travers des écrits, des dessins. Pour raconter son passé, cette nuit terrible où tout a basculé, l'après. Après la mort de Simon. Après ce vide laissé derrière lui et qui a ouvert la voie au chagrin de ses parents. Ce moment où il a perdu pied, à l'adolescence. Et puis son quotidien, en centre de jour, dans un hôpital psychiatrique. Matthew nous raconte son histoire, sans faux-semblant ni hypocrisie.

Voilà un des premiers romans noté lors de mon repérage de rentrée littéraire et que j'avais hâte de découvrir. Je pressentais une grande émotion lors de cette lecture, une narration à la première personne qui allait me prendre à la gorge et m'entraîner dans un tourbillon intime dont je ne ressortirais pas indemne, un roman que je ne pourrais lâcher tant le sujet, dur, allait me hanter et me tenir en haleine jusqu'à la dernière page.
Mais non. Rien de rien. Je suis restée complètement de marbre face à cette histoire pourtant intéressante et accrocheuse et j'ai tourné les pages avec une lassitude grandissante, étonnée de ne pas être touchée par cette intrigue.
Matthew ne m'a pas émue avec son drame familial et sa lente plongée dans la maladie, ni l'histoire de son frère trisomique, et sa mort aussi bête que tragique. Malgré une narration en je, l'ensemble est froid, distancié et n'a fait naître aucune émotion en moi. Je n'ai pas été mal à l'aise à l'évocation cynique par Matthew de son quotidien en hôpital psy, ni n'ai éprouvé une quelconque tristesse lors de la description de son mal-être après le décès de son frère. Rien. 
Alors certes, allez-vous me rétorquer, ce n'est pas parce que je ne pleure pas toutes les larmes de mon corps en lisant ce roman qu'il n'est pas bon. Soit. Mais pour ma part je suis restée spectatrice passive de ce drame, pas concernée une seconde par ces personnages si peu consistants. Même Matthew, protagoniste principal, demeure un personnage flou auquel il est difficile de s'attacher. Le fait qu'il prenne en charge la narration ne permet pas d'objectivité quant à sa personnalité mais le tout semble se résumer à sa schizophrénie et à son travail de deuil. Le traitement même de la maladie est rapide - puisque pris en charge par celui qui en souffre - et n'offre pas de point de vue intéressant sur la question.

Bref. Si le roman possède une originalité dans son traitement à la première personne, la magie n'a pas opéré pour moi. Une première lecture de cette rentrée littéraire à côté de laquelle je suis complètement passée, c'est indéniable.
D'autres avis, beaucoup plus enthousiastes : Azilis, Cajou, Dup et Radicale ne sont pas sorties indemnes de cette lecture.

Je tiens néanmoins à remercier les éditions  et  pour ce roman reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.

13 octobre 2014

Carmilla, Sheridan le Fanu et Isabella Mazzanti

CarmillaCarmilla est une des oeuvres les plus connues de l'écrivain irlandais Sheridan Le Fanu, auteur majeur du récit fantastique.
Publiée en 1872 et à l'occasion des deux cents ans de la naissance de l'écrivain, elle paraît aujourd'hui en album illustré par l'italienne Isabella Mazzanti, dans la collection Métamorphose chez Soleil.

Laura vit seule avec son père, dans un château en Styrie. L'adolescente souffre de solitude et c'est avec un plaisir immense qu'elle voit sa vie bouleversée par l'arrivée au château de Carmilla, une jeune fille de son âge. Les deux adolescentes se lient rapidement d'amitié.
Mais les jours passants, des décès étranges se produisent dans les alentours. Et Laura fait des rêves étranges, remarquant au réveil de drôles de traces sur son corps. Une langueur peu à peu l'envahit...

Publié vingt-cinq ans avant le Dracula de Stoker, Carmilla est une nouvelle fondatrice dans le mythe du vampire à laquelle Bram Stoker rendra hommage et dont il reconnaîtra l'influence sur son oeuvre. Demeurée dans l'ombre de Dracula - à laquelle tout semble se référer, à tort - elle fait pourtant partie des textes qui participent de l'image du vampire telle que nous la connaissons et mérite une visibilité plus grande. Son adaptation en album en est l'occasion.
En grand maître du récit fantastique, Le Fanu offre ici à son lecteur une petite merveille très bien orchestrée. La gradation du suspense et de la peur au fil des pages est parfaitement maîtrisée et donne au lecteur l'impression d'un étau qui peu à peu se resserre autour du personnage de Laura. Le doute n'existe pas, quant à l'identité de l'auteur de ces crimes, bien entendu, et c'est avec impuissance que le lecteur regarde le châtelain et sa fille abriter le mal en leur sein et le protéger.
Mais l'intérêt de la nouvelle ne réside pas dans ce mystère mais dans l'influence de Carmilla sur Laura, son emprise sur elle - amicale, amoureuse, le doute persiste -, et la relation étrange qui naît entre les deux femmes. Au fur et à mesure des chapitres, le lecteur assiste au vampirisme de Carmilla, et regarde peu à peu Laura perdre ses forces, s'abîmer dans cette relation, s'y perdre, en se demandant si son entourage réagira à temps pour la sauver.
Figure féminine nimbée d'une aura mystérieuse et inquiétante, le personnage de Carmilla symbolise l'énigme, le mystère. De la nature humaine peut-être ? De la monstruosité de la condition humaine, qui sait ? Personnage silencieux, elle cristallise toutes les peurs et hante les pages comme le château et l'esprit de Laura. D'elle, le lecteur sait très peu. Mais sa présence est là, insaisissable et silencieuse.
Figure féminine du vampire qui ne s'attaque qu'à ses paires, Carmilla est et reste une énigme au fil des pages. S'amourachant de ses victimes pour mieux les vider de leur sang, les séduisant pour mieux les aliéner. Dangereuse, c'est certain, mais si belle. Si attachante. Si envoûtante...

Les illustrations d'Isabella Mazzanti transportent le lecteur dans cette nouvelle gothique inquiétante et ténébreuse à souhait. Le noir domine, notamment avec la chevelure de Carmilla, et se décline en nuances de gris - jusqu'au blanc - qui contrastent avec la seule couleur utilisée au fil des pages, le rouge. Le sang, mais aussi le côté virginal des jeunes filles, sont symbolisés par cette couleur, utilisée notamment en arabesques aux allures orientales, qui témoignent du parcours hétéroclite de l'illustratrice.  Quel plaisir visuel !
Les dessins complètent le texte, le dépassent parfois, l'interprètent souvent, pour mieux l'accompagner. Les personnages ont des allures de personnages de contes, avec leurs grands yeux expressifs et l'innocence qui semble se dégager des pages n'est qu'un leurre auquel le lecteur ne croit bien évidemment pas.
Vous l'aurez compris, l'
adaptation en album de cette nouvelle est en tous points splendide et je suis tombée sous le charme de Le Fanu, certes, mais aussi d'Isabella Mazzanti. C'est un objet visuellement très intéressant, dans lequel chaque détail est soigné, des pages de garde aux têtes de chapitre. Ouvrir cet album, c'est véritablement s'immerger dans la nouvelle gothique de Le Fanu. Une petite merveille ! A lire, relire, à offrir aux amateurs du genre ou à soi...
Challenge Halloween 

Voici ma première participation au Challenge Halloween d'Hilde et Lou, lue pendant le Marathon de lecture d'Halloween.

Une bande-annonce, plutôt que des planches, pour vous faire découvrir l'univers d'Isabella Mazzanti

Un grand merci à Bénédicte et aux éditions pour cette magnifique découverte.

ions pour cette lecture encore une fois très agréable. - See more at: http://bouquinbourg.canalblog.com/tag/Service%20de%20presse#sthash.qwsqmTSg.dpuf
17 juillet 2014

Le génie des coïncidences, J.W. Ironmonger

Le génie des coïncidencesLe génie des coïncidences est un roman de J.W. Ironmonger paru en juin 2014 chez Stock.

Thomas Post est un universitaire spécialisé dans la thèse des coïncidences. Tout événement n'est, selon lui, que le fruit du hasard et toute notion de coïncidence n'est qu'une interprétation de l'enchaînement de faits que ses calculs mathématiques déconstruisent.
Fort du succès de sa théorie, le jeune maître de conférence voit sa thèse mise à mal lorsqu'il rencontre Azalea Lewis, une jeune femme dont la vie entière semble régie par de curieuses coïncidences. Cette dernière le met au défi de lui prouver que sa thèse des coïncidences s'applique à sa drôle de vie.

Voilà un roman diablement rafraîchissant. J.W. Ironmonger entraîne son lecteur dans une intrigue à tiroirs à la fois temporels et géographiques. De 1982 à 2012, de Londres à l'Ouganda en passant par l'Irlande, Thomas va se lancer sur les traces du passé d'Azalea pour essayer de tester sa théorie sur son histoire personnelle.
Les chapitres se succèdent, alternant les époques de narration sans jamais perdre le lecteur, et ce dernier de suivre avec minutie le cheminement intellectuel du jeune universitaire pour voir si sa théorie n'est pas bancale.
L'émotion est au rendez-vous de cette intrigue qui allie fiction et Histoire - avec notamment les enlèvements d'enfants en Ouganda - et les rebondissements, nombreux, tiennent le lecteur en haleine.

J'ai lu ce roman d'une traite, dévorée par la curiosité, m'interrogeant au passage moi aussi sur cette étrange notion de coïncidences. Et si... Et si nos vies étaient dictées par quelque chose ? Et si le hasard n'existait pas ? Et si tout convergeait vers un point précis ? Et si, finalement, nous n'avions que peu de libre arbitre dans tout ça ? Et pour une fois, ça fait un bien fou de mettre de côté toute rationalité et de se poser en observateur de sa vie en ayant ces questions en tête...
Le génie des coïncidences est une lecture absolument délicieuse, savamment construite, dont je ne peux que vous conseiller la lecture.
Les avis de Cathulu et Clara
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Un grand merci aux Éditions Stock et à Babelio pour ce roman reçu dans le cadre de l'Opération Masse Critique.

19 juin 2014

Je suis une vraie fille, Marion Malabre et Lulu Inthesky

Je suis une vraie filleJe suis une vraie fille est une BD adaptée du tumblr de Marion Malabre, illustrée par Lulu Inthesky et parue en mai 2014 aux Éditions Jungle. 

Trentenaire looseuse cherche l'amour désespérément à coup de situations cocasses et de galères amoureuses. Copines appelées en renfort, bien entendu ! 

Surfant sur la vague de Margaux Motin et Pénélope Bagieu, Marion Malabre signe ici une BD qui, si elle ne révolutionne pas le genre, est à la fois drôle et pétillante.
Auteur uniquement des textes, Marion Malabre collabore avec Lulu Inthesky pour les dessins. L'alliance de leurs deux univers offre à l'album une dynamique intéressante. Le style résolument contemporain de Lulu Inthesky illustre à merveille les textes de Marion Malabre et les deux se fondent pour mieux faire émerger l'humour.
Le principe d'un gag par planche est un exercice périlleux mais il est totalement maîtrisé ici (il suffit de jeter un oeil aux planches que je vous ai mises ci-dessous).
J'ai ri avec cet album, forcément un brin caricatural et qui a une légère odeur de déjà vu. On pense à Bridget Jones, évidement, et on se dit que la généralisation met un peu à mal la singularité de la gent féminine... Mais on se retrouve au détour d'une planche, et on éclate de rire. Alors qu'importe ?
Rien de révolutionnaire donc, dans cette BD, mais un bon moment de lecture, un album que l'on peut ouvrir à n'importe quelle page pour le plaisir d'une situation cocasse ou d'un gag rapide et efficace. Et personnellement, je ne crache jamais sur ces petits plaisirs. 

Merci aux Éditions Jungle et à Babelio pour cet album reçu dans le cadre de l'Opération Masse Critique

Planche 1 Planche 2

Planche 3 Planche 4

 

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