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1 décembre 2013

Esprit d'hiver, Laura Kasischke

Esprit d'hiverEsprit d'hiver est le dernier roman de l'écrivaine et poétesse américaine Laura Kasischke paru en août 2013 chez Christian Bourgois.

25 décembre. Holly et son mari Eric n'ont pas entendu leur réveil et se sont levés tard. Tatiana, leur fille adoptive de quinze ans, leur en veut. Tandis qu'Eric part chercher ses parents à l'aéroport, Holly prépare le repas de Noël et s'apprête à recevoir ses convives. Mais l'attitude agressive de Tatiana, d'ordinaire enjouée et aimante, l'inquiète. Et la tempête de neige qui paralyse la ville laisse les deux femmes en tête à tête. La tension monte.

Esprit d'hiver est un roman singulier, c'est indéniable, et dont la lecture m'a déroutée. Laura Kasischke signe ici une oeuvre à la construction soignée et au dénouement glaçant mais dont il m'est néanmoins difficile de parler tant je suis partagée quant à mon ressenti.
L'intrigue se met en place doucement, sur fond d'un huis-clos angoissant. La neige paralyse tout et dépose sur l'intrigue un voile empesé qui semble figer le temps. 
Mais si le suspense croît graduellement au diapason de la tension due au comportement de Tatiana, le roman se perd malheureusement en cours de route et le lecteur s'égare dans les souvenirs de Holly. La narration piétine entre passé et présent, entre l'adoption de Tatiana en Sibérie il y a treize ans et le malaise de ce jour de Noël étrange. 
Au final, peu d'événements ponctuent cette journée et j'ai eu l'impression de relire plusieurs fois les mêmes souvenirs de Holly. Comme si le temps s'était réellement figé et qu'elle était perdue dans son passé. Et si l'idée de redite est intéressante, j'ai trouvé la mise en forme assez lourde et un sentiment de lassitude m'a envahie lors de ma lecture. 
La galerie de personnages est assez restreinte puisque la narration se centre sur Holly et c'est par son intermédiaire que le lecteur grapille de maigres informations sur les personnages qui gravitent autour d'elle. Holly domine le roman et les autres protagonistes sont relégués à l'arrière-plan, complètement éclipsés par cette femme perdue dans ses pensées et envahie par un malaise. Si sa psychologie est bien esquissée, il n'en demeure pas moins qu'un sentiment de frustration émerge rapidement au fil des pages. Des questions restent en suspens et le lecteur doit se contenter d'un portrait partiel et biaisé d'une femme complexe.
Un huis-clos glaçant, une fois le dénouement révélé, aux qualités littéraires indéniables, mais qui n'a pas su me séduire véritablement. C'est bien dommage.
D'autres avis : Canel, Clara, Cunéipage, Cynthia, Eimelle, Jérôme, Liliba, Lystig, Nelfe et SvCath.

 Je tiens à remercier Oliver et Priceminister pour ce livre reçu dans le cadre des Matchs de la Rentrée littéraire 2013.

                                                                           479x324_logo2_rentree-literaire2013

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26 novembre 2013

Un roman argentin, Gilles D. Perez

Un roman argentin, Gilles D

Un roman argentin est le troisième ouvrage de Gilles D. Perez, paru en août 2013 chez Naïve. Agrégé de philosophie, partageant sa vie entre Paris et Barcelone, Gilles D. Perez a très tôt été fasciné par la culture hispanophone et nous livre, avec ce roman, un bel hommage à cette dernière.

Un ciel orageux. Un Boeing 747 à destination de Buenos Aires pris dans la tourmente. Le vol A 456 de la compagnie Aerolineas Argentinas n'arrivera pas à destination. Les passagers le savent. Ils paniquent. 
Parmi eux, un homme, la quarantaine, une vie paisible. Une vie qui ne lui a pas laissé le temps de passer à l'écriture. Tandis que le pilote lutte contre les éléments et que les autres passagers hurlent de voir leur vie leur échapper, cet homme pense. Il pense à tous ces livres qu'il aurait aimé écrire. Aux textes qui sommeillent en lui et qu'il n'aura pas le temps de coucher sur le papier. Au premier roman qu'il aurait écrit si la vie le lui avait permis.

Attention, petit bijou littéraire en vue ! Un roman argentin est un livre ébouriffant qui vous happe dès les premières lignes et ne vous libère qu'une fois la dernière page tournée.
Gilles D. Perez offre à son lecteur un roman à part, véritablement à part, à l'intrigue en apparence simple. Un avion en perdition, un homme qui se voit mourir et réfléchit. Mais le tour de force de ce roman réside dans la façon dont l'auteur traite cette situation. Son personnage se noie dans ses pensées, dans sa vie, repense à ses proches, à son quotidien. Puis il imagine ce qu'il aurait écrit s'il en avait eu le temps. Ce qu'il aurait fait à Buenos Aires si l'avion avait atterri. Ce qu'il aurait voulu vivre si sa vie ne tenait pas à un fil. Entre la mort qui le frôle et cet élan de vie qui le saisit, le narrateur entraîne le lecteur dans le sillon de ses réflexions. L'intrigue se déplace dans un Buenos Aires fantasmé, un Paris du présent, un roman jamais écrit, pour revenir à la carlingue de l'avion qui lutte contre les éléments. Brillant !
L'intrigue débute en hommage vibrant à Queneau et à son célèbre Exercice de style. Jouant avec les mots et avec les styles narratifs, Gilles D. Perez plante son décor et installe son lecteur dans une situation cinématographique au possible. Version communiqué de presse, british, épique ou parisienne, à chacun de choisir la tonalité qu'il préfère pour s'approprier cette situation catastrophique. Cette facilité de l'auteur de jouer avec les mots annonce dès les premières pages la couleur de son roman et semble faire écho aux velléités d'écriture de son narrateur. Métadiscours ou glissement autobiographique, le doute demeure.
Hommage à la littérature et aux grands auteurs d'Amérique du Sud, Un roman argentin demeure inclassable, une fois la dernière page tournée. Brillant, c'est certain, singulier et mémorable, sans aucun doute. Je me suis régalée, cela va sans dire.

"J'aurai été, jusqu'à la fin, fidèle à moi-même : adepte de la métaphore à tout va, comme si la vie était toujours un récit en attente." (p. 17)

"La peur siphonne la vie mentale et impose à l'esprit la contemplation d'une image fixe. Mais, quand elle laisse place à l'épouvante, l'image disparaît et il n'y a plus qu'une béance informe et incolore." (p. 53)

"J'aurais insisté, le cognac aidant, sur la ville inversée que l'on voit dans les trottoirs baignés de pluie. J'aurais parlé des fragments d'architecture offerts par les flaques d'eau, non pas de la ville éternelle, mais de la ville transitoire. Pas de la ville monumentale à la gloire des illusions mais de la ville fugitive et modeste, où chacun peut reconnaître quelque chose de sa vie, où un coin de rue porte pour toujours la trace d'une histoire, et où la lumière d'un matin est le linceul d'un amour." (p. 72)

"Cette ville est un roman que je n'ai jamais fini de lire." (p. 120)

Je tiens à remercier Sybille de LP Langages et Conseils et les éditions  pour ce roman.

 

25 octobre 2013

Coco Chanel, Elisabeth Weissman

Coco Chanel, Elisabeth Weissman

Coco Chanel est une biographie consacrée à la créatrice éponyme, écrite par la journaliste et essayiste française Elisabeth Weissman.

Beaucoup ont essayé de dresser le portrait de la grande dame qui aimait se faire appeler Mademoiselle. Mais si les biographies sont nombreuses, nombreuses sont également les zones d'ombre qui subsistent autour de la vie de Gabrielle Chanel. 
Elisabeth Weissman prend le parti de se distancier par rapport à ce qui a déjà été écrit sur Gabrielle Chanel et propose une lecture placée sous le signe de l'analyse sociale et féministe. Son propos ? Essayer de comprendre et donner à voir à son lecteur comment cette enfant abandonnée et d'une pauvreté extrême, a réussi à devenir une créatrice de génie et une femme à la fortune colossale, à l'heure où les femmes n'avaient aucune existence sociale et vivaient sous la coupe de leur mari.

Le pari d'Elisabeth Weissman était risqué. 94 pages seulement pour parcourir la vie de Gabrielle Chanel, là où Edmonde Charles-Roux, entre autres, lui consacre 662 pages avec son Irrégulière.
Mais Elisabeth Weissman réussit avec brio ce projet de courte biographie placée sous l'angle féministe et celui de la condition sociale de son objet d'étude. De l'enfance pauvre, ballotée entre orphelinat et institutions religieuses de Gabrielle, à ses débuts de chanteuse de cabaret qui lui valent le surnom de Coco, à ses balbutiements dans la mode lorsqu'elle commence en tant que commise dans un commerce de Moulins avec sa jeune tante, Elisabeth Weissman revient sur ces éléments marquants de la vie de la créatrice et éclaire son parcours à la lumière des humiliations vécues et des frustrations refoulées. Ce sont justement ces blessures qui ont permis à Gabrielle, par un perfectionnisme rare et un goût acharné pour le travail, d'ériger l'empire économique que l'on connaît et de prendre une revanche face à une vie difficile.
De ses amours malheureuses, Gabrielle Chanel retire une indépendance rare et un goût extrême pour le travail, son ultime raison de vivre. Amoureuse à plusieurs reprises, elle essuie des échecs successifs et perd brutalement deux de ses amours, décès qui seront dévastateurs pour son équilibre émotionnel. Là encore, Elisabeth Weissman éclaire la vie de Chanel à la lumière de ces expériences et analyse leurs conséquences. Alors qu'elle rêvait d'une vie maritale aisée, Gabrielle finit sa vie seule, délaissée, ne trouvant que dans le travail une raison de vivre et s'y plongeant à corps perdu, jusqu'à ses derniers jours.
Je ressors enchantée de cette lecture. La pertinence de l'analyse d'Elisabeth Weissman m'a permis de découvrir la vie de fashionChanel sous un angle inhabituel et diablement intéressant. Première incursion dans la liste des biographies consacrée à Mademoiselle, Coco Chanel ne sera pas la dernière, c'est certain.

Voici une nouvelle participation
au défi Read me, I'm Fashion de L'Irrégulière.

Un grand merci à Babelio et aux éditions  pour l'envoi de cette biographie dans le cadre de l'Opération Masse Critique.

Et parce qu’Élisabeth Weissman l'indique en bibliographie et que le document est disponible grâce à l'INA, je vous propose de découvrir un numéro spécial de l'émission Cinq colonnes à la une, datant de 1959, dans lequel Pierre Dumayet interviewe la grande dame.

 

16 octobre 2013

Chapeau Melon & Bottes de cuir, Grant Morrison, Ian Gibson et Anne Caulfield

Chapeau Melon & Bottes de cuirChapeau Melon et Bottes de cuir trouve son origine dans deux séries TV britanniques : The Avengers, diffusée en France en 1961  et The New Avengers, diffusée en 1976. Adaptée en BD dès les années 1960, la série est à nouveau remise au goût du jour en 1991 grâce à une adptation en BD par Grant Morrison. C'est cette adaptation que les éditions Soleil réedite aujourd'hui, regroupant deux aventures de John Steed et Emma Peel : Le Jeu d'or et Arc-en-ciel mortel.

Le Jeu d'or : Tara King, la partenaire de John Steed, disparaît mystérieusement. Ce dernier, accompagné d'Emma Peel, se lance à sa recherche. Leurs soupçons se portent rapidement sur un étrange club très select où le jeu est roi.

Arc-en-ciel mortel : Alors qu'Emma Peel retrouve son mari après trois ans de séparation, elle est confrontée à un étrange phénomène : les habitants du paisible village de Pringle on sea semblent avoir disparu. Très vite, Emma et son mari sont attaqués par des Incas qui semblent atteints d'une malédiction. Steed se joint à eux pour résoudre ce mystère.

J'ai toujours aimé la série Chapeau Melon & Bottes de cuir. Le charme de l'Angleterre, des sixties, des séries d'espionnage, du fameux tandem Diana Rigg et Patrick Macnee... Bref, les arguments en faveur de cette série sont nombreux.
Et si je ne suis pas adepte des novélisations - adapter un film en livre, le plus souvent en roman - j'ai néanmoins été très curieuse de découvrir ce comics signé deux grands noms de la BD, Grant Morrison et Ian Gibson.
Et je n'ai pas été déçue. Les deux aventures présentées dans cet album sont très différentes mais elles permettent au duo d'enquêteurs de faire preuve de tout son talent et déjouer les pièges qu'il rencontre
Le Jeu d'or offre une galerie de personnages mégalo assez intéressante et l'intrigue, très bien ficelée, demeure assez classique. Vengeance et jalousie sont au coeur d'un gigantesque jeu démesuré, destiné à piéger Steed.
Arc-en-ciel mortel, pour sa part, plonge dès les premières pages dans le surnaturel avec la malédiction Inca qui s'abat sur le petit village où Emma Peel et son mari ont passé leur première nuit de noces.

Les dessins de Ian Gibson ont ceci d'intéressant qu'ils rendent hommage à l'univers de la série et à son époque. Les traits émaciés des personnages ainsi que le travail sur les ombres offrent un rendu superbe. Les planches sont très dynamiques et alternent les plans. Le rendu est très cinématographique et permet un clin d'oeil supplémentaire à la série originelle.
En clair, un album fidèle à la série dont il provient, très agréable à lire et servi par deux pontes de la BD, ce qui ne gâche rien, avouons-le.

Et voilà ma 58e participation à la de Mango et ma 47e au  Top BD des bloggueurs organisé par Yaneck (15/20).Top BD

Voici ma 56e participation à la BD du mercredi de Mango

Et ma 45e participation au Top BD des blogueurs

initié par Yaneck

Voici(note 18/20)Top BD

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Voici(note 18/20)Top BD

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Voici(note 18/20)Top BD

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Un grand merci à Bénédicte et aux éditions pour cet album.

Planche 1 Planche 3

Planche 2

 

12 septembre 2013

Une bonne éducation, Sylvia Tabet [Rentrée littéraire 2013]

Une bonne éducation, Sylvia TabetUne bonne éducation est un roman de l'écrivaine et artiste parisienne Sylvia Tabet qui paraît aujourd'hui aux éditions Dialogues.

La vie semble douce, lorsqu'on grandit dans les quartiers aisés de Paris. Mais pour Anne, la narratrice, son frère et sa soeur, sous l'apparente quiétude d'un milieu bourgeois sourd la violence d'une mère. Une enfance partagée entre la peur des coups et les moments de répit, grâce à leur père, leur grand-mère, ou encore la jeune fille au pair. Une enfance noyée par l'angoisse et une vie d'adulte marquée à jamais. Anne se souvient.

Une bonne éducation est un roman dont on ne ressort pas indemne. Le sujet traité est lourd mais abordé par la narratrice avec un détachement qui évite de sombrer dans un pathos éculé. Comme si Anne portait en elle la douleur de cette enfance volée mais avait mis à distance sa peur pour mieux la donner à voir. On évite ainsi les descriptions des coups et autres brimades pour se centrer plutôt sur les souvenirs qu'elle garde de cette période. 
Sylvia Tabet possède une plume d'une finesse étonnante, dotée d'un rythme changeant, à la fois rapide et lent, semblant suivre le cours des pensées de la narratrice. Les mots coulent, avec musicalité, et offrent au regard l'histoire de ces enfants silencieux. 
J'ai été émue par cette histoire, je me suis glissée dans les mots d'Anne, comme pour l'aider à supporter sa douleur, comme pour l'aider à panser son enfance blessée.  
J'ai parfois été déroutée par la chronologie non linéaire, par ces ellipses temporelles et ces souvenirs sans date. Mais finalement j'ai eu l'impression d'écouter parler la narratrice. Et ce qui pourrait être assimilé à une confusion ressemble en réalité au cheminement de sa pensée. Son enfance enterrée, Anne relate ses souvenirs. C'est dur. Mais c'est diablement émouvant.

"Le beau fait du bien. Comme s'il renvoyait à la paix. A la douceur. Le beau fait oublier ce poids constant d'une vie décalée du bien-être et de la sécurité, c'est une forme de consolation ; une liberté, un pansement." (p.118)

"J'ai douze ans, ensemble nous pleurons sur les choses vraiment graves de la vie, ces réalités qui ont fait boule de neige sur notre histoire, sur nos jours empilés ; celles qui ne pourront jamais s'arranger et qui font que l'existence, tout à coup, devient essentiellement le passé, rendant le présent infranchissable." (p.157)

Merci à Julia et aux  Editions dialogie   pour la découverte de ce roman.

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5 septembre 2013

L'air d'été est rempli de promesses, Alexander McCall Smith

L'air d'été est rempli de promesses, Alexander McCall SmithL'air d'été est rempli de promesses est le neuvième tome de la série de l'écossais Alexander McCall Smith mettant en scène Isabel Dalhousie, directrice d'une publication philosophique et enquêtrice à ses heures perdues. Il paraîtra le 25 septembre en librairie aux Éditions des Deux Terres.

Isabel Dalhousie a la fâcheuse manie de se mêler des affaires des autres. Non par goût des mystères en tous genres mais plutôt parce qu'elle s'interroge sur la nature humaine et sa complexité. Pour cette quadra rentière rédactrice en chef d'une publication philosophique, fraîchement mariée et mère, la vie n'est que perpétuels questionnements. 
Mais alors qu'elle décide de se consacrer à sa famille et à sa revue, Duncan Munrowe, riche propriétaire foncier, fait appel à elle. Un tableau de sa collection privée a été dérobé. Isabel ne peut lui refuser son aide et doit mener de front cette nouvelle affaire et la précocité de Charlie, son fils.

Je fais décidément les choses à l'envers en ce moment : j'aurais aimé vous parler d'abord des premiers tomes de cette série, mais qu'importe !  
Mon incursion dans les romans d'Alexander McCall Smith a débuté il y a quelques mois avec le premier tome des Chroniques d'Edimbourg. Et si j'ai été séduite par le fourmillement de l'immeuble situé au 44 Scotland Street, je l'ai été d'autant plus par le personnage d'Isabel et ses aventures. 
Alexander McCall Smith a imaginé un personnage attachant et furieusement vraisemblable. Sa finesse d'esprit et sa capacité à analyser le monde qui l'entoure en font une héroïne à part au charme singulier. Loin des clichés du genre et de la dichotomie beauté/intelligence, le personnage d'Isabel est un condensé d'intelligence et d'humanité. Une femme que l'on aimerait croiser au détour d'une rue, le temps d'un échange.  
Dans ce nouvel opus, la philosophie tient toujours une part importante et c'est avec délectation que le lecteur suit le cheminement de l'héroïne et se laisse envahir par le doute. Car l'intérêt de cette série ne réside pas dans ses enquêtes mais dans la démarche intellectuelle de celle qui les résoud. En toute humilité, Isabel Dalhousie convoque les grands penseurs et confronte les théories pour essayer de cerner la nature humaine. Le manichéisme est absent mais le vice bien là et Isabel de démêler le vrai du faux. Et cette histoire de tableau volé pourrait faire voler en éclat des certitudes et un équilibre chèrement acquis. 
Je me refuse à vous parler davantage de la vie personnelle de l'héroïne, vous évitant ainsi certaines révélations, mais je conclurai en affirmant qu'Alexander McCall Smith a su offrir à Isabel Dalhousie une vie à la hauteur de ses aspirations. A mi-chemin entre un cadre conventionnel et une vie de bohème.  
Laissez-vous entraîner dans le sillage d'Isabel, vous perdre dans les ruelles d'Edimbourg et sentir palpiter cette ville aux abords si calmes. Laissez-vous envahir par cet esprit aiguisé qui saura faire émerger le doute en vous. Laissez-vous tenter, tout simplement.

Un grand merci à Loan et Carla et aux Éditions des Deux Terres pour ce roman. 
Voici ma deuxième participation au Challenge consacré à Alexander McCall Smith organisé par Emy.

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20 août 2013

Miss Marple au Club du Mardi, Agatha Christie vue par Martin Parr

Miss Marple au Club du MardiOn ne présente plus la Reine du crime, cela s'entend. Mais lorsque les Éditions du Masque demandent au photographe britannique Martin Parr d'illustrer la bibliothèque idéale de la grande dame, le résultat est pour le moins étonnant. Cinq des plus grands titres d'Agatha Christie sont ainsi sortis en mai 2013 illustrés, en couverture et en quatrième de couverture, par deux photos issues de la série Common Sense de l'artiste réputé pour son oeil critique sur la société britannique. Cinq petits bijoux grinçants qui rendent hommage aux oeuvres de la Reine du crime et cinq autres à venir en novembre.

Miss Marple au Club du mardi est un recueil de treize nouvelles mettant en scène le armachair detective éponyme imaginé par Agatha Christie. Tous les mardis soirs, Jane Marple et cinq de ses amis se penchent sur des affaires non résolues, des enquêtes insolubles et retorses qui ont laissé derrière elles un goût d'inachevé. Et les six protagonistes réunis, en alliant leurs modes de réflexion et d'analyse, vont réussir là où les plus brillants enquêteurs ont échoué.

J'adore Agatha Christie, vous le savez, et j'aime me plonger, à intervalles réguliers, dans un de ses romans. Si durant de longues années j'ai eu une nette préférence pour Hercule Poirot, l'agaçant et omniscient détective belge, j'ai découvert il y a quelques temps que le personnage de Miss Marple avait un caractère attachant et que ses enquêtes ne possédaient pas moins de piquant. 
Les treize enquêtes présentées ici mettent en scène le pire de l'être humain : mensonges, manipulations, usurpations d'identité, rien n'arrête les meurtriers dépeints ici pour parvenir à leurs desseins et c'est grâce à l'ingéniosité de Miss Marple et de ses convives que les masques tombent et que la vérité éclate. Les nouvelles se succèdent et avec elles l'envie, à chaque fois, de démasquer le coupable avant le célèbre Club du mardi.  
La Reine du crime fait mouche à chaque coup et rares sont les nouvelles dans lesquelles j'ai entraperçu une once de vérité. L'esprit retors des meurtriers l'est décidément trop pour l'intègre lectrice que je suis. Mais le plaisir est là. Et c'est l'essentiel. Et ma bibliothèque est ravie d'accueillir ce bel objet.

 

British Mysteries

Quid ? Le Challenge British Mysteries organisé par Lou et Hilde

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Voici ma troisième participation au Challenge British Mysteries organisé par Lou et Hilde.

Lou et Hilde

Un grand merci à Anne et aux  pour ce recueil de nouvelles.

                         

17 août 2013

Les quatre soeurs T.1 Quatre saisons, Malika Ferdjoukh et Lucie Durbiano

Les quatre soeurs TQuatre soeurs est, à l'origine, une série de quatre romans signés Malika Ferdjoukh parus à l'Ecole des Loisirs en 2003. Celle-ci s'est associée à Lucie Durbiano pour les adaptater en roman graphique dont le premier tome est sorti en juin 2013 chez BD Kids.

Enid, Hortense, Bettina et Geneviève sont orphelines. Leurs parents, disparus dans un accident de voiture, ont laissé les quatre soeurs sous la responsabilité de Charlie, leur aînée. Mais la vie continue dans leur vieille maison branlante et les filles s'entraident dans leur quotidien d'enfants et d'adolescentes, sous le regard attentif de leur soeur aînée et de son amoureux.

J'ai entendu beaucoup de bien des quatre romans de Malika Ferdjoukh, et ce depuis quelques années, mais je n'ai pas encore eu le temps de les découvrir. L'occasion de découvrir leur adaptation en BD est peut-être - encore une fois - commencer à l'envers, mais l'idée était trop belle.Planche 1
Je suis tombée sous le charme de cette fratrie fragile et forte à la fois, de ces personnages si bien esquissés que leur vraisemblance bouleverse, de ce quotidien incertain et pourtant cocasse et apaisant. 
L'album, divisé en quatre saisons, nous entraîne dans le quotidien de ces soeurs, quotidien pris en charge tantôt par l'une tantôt par l'autre. Le découpage est intéressant et offre une réelle dynamique à ces aventures : à chaque double-page correspond un chapitre différent de la vie de l'une d'elles. 
L'ensemble résonne à la fois au singulier mais évoque un choeur antique, une sorte de propos choral. C'est très beau, très émouvant, et c'est avec regret que la dernière page est tournée. Ces quatre soeurs laissent un vide, une fois qu'on les a quittées.

Je tiens à remercier Babelio et les éditions     pour l'envoi de cet album dans le cadre de l'Opération Masse Critique.

pour l'envoi de ce roman dans le cadre de l'Opération Masse Critique. - See more at: http://bouquinbourg.canalblog.com/tag/Service%20de%20presse#sthash.MxRz0nrB.dpuf
8 juillet 2013

Dieu m'étonnera toujours, Suites pour le temps qui passe, Claire Fourier

Dieu m'étonnera toujours, Claire FourierDieu m'étonnera toujours est le dernier roman de Claire Fourier publié aux Editions Dialogues. Celle qui fut bibliothécaire et professeur de lettres se consacre désormais à l'écriture et vit entre Paris et la Bretagne.

Une femme se retire dans un monastère de la Chartreuse pendant dix jours. Pour réfléchir. Pour fuir le temps. Pour se retirer de sa vie. La-bas, dans la chaleur du mois d'août, elle enfile les bottes laissées par le Chartreux et entreprend de désherber le jardin laissé en friche. Cette activité physique lui permet de s'abandonner à ses idées et réfléchir à sa vie. Et l'ascetisme de ces dix jours au monastère, s'ils lui offrent à penser, réveillent aussi ses sens.

Dévoré d'une traite durant mon voyage vers Canterbury, je suis tombée sous le charme de l'écriture de Claire Fourier et de ces Suites pour le temps qui passe. Sa plume, tout en poésie et en légèreté, entraîne le lecteur dans cette histoire intime d'une femme dont on ne connaîtra presque rien. Et c'est là l'intérêt de ce livre : le personnage est secondaire, se fait oublier tel le Chartreux qui hante les murs du monastère ; c'est le cheminement intellectuel de cette femme qui est intéressant, ses errances, ses désirs, ses pensées labyrinthiques et ses questionnements métaphysiques.

Et la construction atypique de ce livre - les chapitres alternent souvenirs de la narratrice et courts poèmes proches du haïku japonais - complète ce parcours introspectif. Une sensibilité singulière émane de ces lignes et c'est avec délectation que le lecteur s'imisce dans les réminiscence de la narratrice et observe son bien-être à se retirer du monde, à dormir peu et travailler beaucoup, à mettre de côté tout confort et toute opulence pour mieux se réjouir d'eau fraîche et d'une miche de pain.

La méditation est là, entre les lignes, et suit les méandres de la mémoire de la narratrice. Qu'il est bon de suivre avec elle ces dix jours de réflexion et de retour sur soi !

"J'aurais tué la poussière d'or de l'oeuvre au noir - celle où l'on distingue la lumière filtrée du temps - et balayé moins de grains que des graines de lumière." (p.38)

"Venue pour mettre mon esprit en jachère, je trouvais une jachère à cultiver. Venue pour trouver du vide, je trouvais du rare. " (p.24)

"Kimono de soie

Bol de thé fumant

l'espace et le temps me boivent"

(p.15)

"Je cueille une rose

j'accueille un haïku

souvenir d'été"

(p.93)

un tant soit peu ou que vous me lisez occasionnellement, vous n'avez pas pu passer à côté de mes protestations diverses quant à ma vie parisienne...
Mais force est de reconnaître que lorsqu'on aime voyager, Paris offre beaucoup d'avantages : aéroports internationaux desservant toutes les destinations probables et improbables, prix défiant toute concurrence, vols directs, etc. Et surtout, la possibilité, en une journée, d'aller faire un périple de l'autre côté de la Manche. C'est ce que j'ai fait - See more at: http://bouquinbourg.canalblog.com/archives/2013/06/30/27538425.html#sthash.anGvRJiP.dpu

Un grand merci à Babelio  et aux  Editions dialogie   pour l'envoi de ce roman dans le cadre de l'Opération Masse Critique.

 En bonus, Claire Fourier vous parle de son livre :

3 juillet 2013

François sans nom T.1 Le sculpteur et la voleuse, Ricard, Runberg et Bianchini

François sans nom TFrançois sans nom est une série imaginée par Sylvain Ricard et Sylvain Runberg et dessinée par Marci Bianchini éditée chez Soleil dans la collection Quadrants. Le premier tome, Le sculpteur et la voleuse, est paru en mai 2013.

1466, quelque part en France. Alors que la jeune Félyzée est accusée de vol, elle croise la route d'un dénommé François. Un vagabond solitaire et érudit, accueilli par un sculpteur et qui aide ce dernier à réaliser les décorations du fronton de la cathédrale. Mais François poursuit d'autres desseins, gardés secret jusque là. Et Félyzée apprend bien vite qu'on le suspecte d'être le poète François Villon en exil...

Une série sur le sulfureux poète François Villon ? En voilà une bonne idée ! Ricard et Runberg nous offrent ici un scénario intéressant fondé sur l'anonymat que souhaite conserver le héros et le trouble jeté sur son passé. Qui est-il ? Pourquoi tant de hargne à l'encontre de l'Evêque d'Orléans, Thibaut d'Aussigny ? Ce premier tome nous permet d'aborder facilement la vie du poète le plus connu de la fin du Moyen Age par le biais d'une intrigue fictive au rythme bien mené.
Les dessins de Bianchini nous entraînent dans une France médiévale très bien reconstituée, à la vraisemblance historique respectée. Les tons chauds, ainsi que les dessins détaillés, permettent une immersion intéressante dans cette époque sombre.
Les planches possèdent un rendu dynamique grâce aux découpage des vignettes et leur organisation.
En bref, un premier tome prometteur !

Voici ma 55e participation
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Voici ma 56e participation à la BD du mercredi de Mango

Et ma 45e participation au Top BD des blogueurs

initié par Yaneck

Voici(note 18/20)Top BD

Top BD

Voici ma 55e participation
 à la BD du mercredi de Mango

Et ma 44e participation au Top BD des blogueurs de Yaneck
(note 18/20)Top BD

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Planche 1Planche 2

Je tiens à remercier Bénédicte et les éditions pour cet album reçu en service de presse.

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