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Bienvenue à Bouquinbourg
etats-unis
30 décembre 2014

Retour à Little Wing, Nikolas Butler

Retour à Little WingRetour à Little Wing est le premier roman de l'américain Nikolas Butler publié en août 2014 aux éditions Autrement. 

Lee, Ronny, Kip et Hank. Quatre amis qui ont grandi ensemble à Little Wing, petite bourgade du Wisconsin. Certains en sont partis, d'autres sont restés. L'un est fermier, l'autre chanteur, le troisième ancien courtier, tandis que le quatrième, depuis un accident de rodéo, n'est plus tout à fait lui-même.   
Pour l'heure, les retrouvailles ont sonné à l'occasion du mariage de Kip. Mais malgré leur passé commun, les quatre hommes sont aujourd'hui bien différents dans leur façon d'appréhender leur vie et le monde. Et si l'amitié et les souvenirs restent leur point d'ancrage, la vie et ses surprises rendent parfois bien difficile la compréhension et la communication.

Quelle lecture... Ce roman est une petite merveille d'une fraîcheur inouïe. Et pourtant, ceux qui me connaissent bien savent que la littérature américaine n'est pas celle vers laquelle je me tourne d'ordinaire spontanément. Mais j'ai bien fait de passer outre et de sortir de ma zone de confort pour partir à la rencontre de ce petit bijou littéraire.   
Ode à la vie et à l'amitié, Retour à Little Wing entraîne son lecteur dans le microcosme de cette petite ville américaine perdue au fin fond du Wisconsin. Le temps semble s'y être arrêté. Les habitants comme condamnés à y rester.    
La narration à plusieurs voix - chacun des quatre personnages prend à tour de rôle en charge une partie de l'histoire - offre une dimension très intime et personnelle au récit. Chacun y va de son souvenir, de son anecdote. De ses blessures, aussi. De ses rancoeurs, parfois. Au lecteur d'accompagner tout ce petit monde qui gravite autour de cette ville imaginaire. Entre ceux qui sont restés et ceux qui reviennent, après des années, le fossé est là. Sauront-ils le combler ?    
L'émotion est au rendez-vous de ces souvenirs évoqués, de ces querelles du passé, de ces erreurs de chemin. Personne n'est épargné, ni Lee, le chanteur adulé, ni Hank, le paisible fermier, ni Ronny, ancienne star du rodéo aujourd'hui diminué, ni Kip, un peu trop calculateur. L'amitié est forte, entre ces quatre personnages, et il en faut une sacré dose pour surmonter des présents aux réalités multiples.    
Nikolas Butler signe ici un excellent premier roman au rythme parfait et 
dans lequel on plonge sans hésitation. Pour ma part, je suis encore hantée par les personnages et l'ambiance singulière de cette histoire, quelques semaines après ma lecture.

D'autres avis : Clara, Estellecalim, Jérôme, Jostein KathelMimipinsonSandrine, Tiphanie, etc.

"Nous étions unis par le sentiment d'être différents de notre milieu et aussi peut-être par un sentiment de supériorité par rapport à l'endroit qui nous avait formés. En même temps, nous étions épris. Épris d'être les rois d'une petite ville, perchés sur ces tours abandonnées, dominant notre avenir, en quête de quelque chose - du bonheur peut-être, de l'amour, ou de la gloire." (p.88)

"Chez nous, c'était un foyer. Un nid. Un endroit dans lequel ont et on aime. Il est parfois utile d'espionner la vie des autres. Pour moi, en tout cas, ça m'avait fait réaliser combien j'aimais ma vie." (p.125)

"Chantez comme si vous n'aviez aucun public, chantez comme si les critiques n'existaient pas, chantez votre ville natale, chantez le grand bal du lycée, chantez les cerfs, chantez les saisons, chantez votre mère, chantez les tronçonneuses, chantez le dégel, chantez les rivières, chantez les forêts, chantez les prairies." (p.232)

"Hank m'a alors serré dans ses bras et je me suis remis à pleurer, mais il m'a serré si fort - on aurait dit qu'il avait juré de me briser les côtes - que j'ai compris qu'il ne me lâcherait pas avant que j'arrête de pleurer. J'ai aussi compris quel type de père il était, quel type de mari et d'homme il était. J'ai compris qu'il était plus fort que moi, meilleur que moi." (p.245)

J'ai lu ce roman dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire de Priceminister. Merci Oliver et toute l'équipe pour l'organisation !

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27 octobre 2014

La Saga des sorcières T.1 : Le lien maléfique, Anne Rice

Le lien maléfique, Anne RiceLa saga des sorcières de Mayfair est une chronique familiale écrite par la romancière américaine Anne Rice, connue du grand public pour sa Chronique des Vampires et l'adaptation ciné du premier tome, Entretien avec un Vampire en 1994. Le Lien maléfique est le premier tome de la trilogie des sorcières, publiée entre 1990 et 1994.

Une étrange demeure, à la Nouvelle-Orléans. Celle de la famille Mayfair. Des légendes circulent sur cette famille dont on dit que les femmes possèdent des pouvoirs parapsychiques. Certains chuchotent que ce sont des sorcières... 
Rowan Mayfair, brillante chirurgienne, ignore tout de sa famille. Adoptée par des cousins éloignés et élevée en Californie, ce n'est qu'au décès de Deirdre, sa mère biologique, que la jeune femme se rend à la Nouvelle-Orléans et découvre les légendes autour des Mayfair. Celles-ci éclairent Rowan sur les étranges pouvoirs qu'elle possède et qu'elle tentait d'ignorer jusque-là. Sa rencontre avec Michael Curry, doté lui aussi d'un don parapsychique, permet à la jeune femme d'explorer son histoire familiale et d'essayer de comprendre l'étrange lien qui unit les femmes de la famille et Lasher, un esprit qui hante ces dernières depuis le 17e siècle.

992 pages. C'est dit. Je préfère vous annoncer la couleur tout de suite et éviter les ricanements de ceux qui se sont dit que je m'étais endormie sur ce roman depuis que je l'ai commencé au Marathon de lecture d'Halloween en début de mois. 
Le lien maléfique est le premier roman d'Anne Rice que j'ouvre. Et ce pour deux raisons (si vous en avez déjà marre de ma logorrhée et de mes histoires toutes pourries de pourquoi je n'avais jamais lu Anne Rice avant, sautez trois paragraphes plus bas et vous aurez mon avis sur ce roman. Les autres, c'est parti pour histoirefascinantedemavie.com !) La première, c'est que ma chère soeur avait une passion pour la Chronique des Vampires quand on était ado. Et en bonne petite soeur que j'étais, prête à tout pour me démarquer et cultiver mon individualité, j'ai longtemps juré que jamais, au grand jamais, je n'ouvrirai un roman d'Anne Rice et que je laissais cet univers à ma soeur. Donc niet, pas d'Anne Rice du tout (enfin, je me suis quand même autorisé le film avec Brad Pitt et Tom Cruise... suis pas maso quand même !) Bon, ça c'était avant. Avant que l'adolescence ne se termine, que je cesse de clamer partout ma nécessaire et primordiale unicité, et que je me foute royalement d'aimer les mêmes choses que ma soeur. Au contraire (cf. la couture, le yoga, les sushis, les virées expo à Paris, les voyages et j'en passe). Donc maintenant que je suis grande et mature (hum hum), j'accepte totalement de picorer ci et là ce que les autres aiment, et même ce que ma soeur aime. Ouah... Quelle évolution, je sais...
Deuxième raison (j'en vois qui dorment au fond...), ma super copine Poulette-Nene n'a pas arrêté de me tanner sur les qualités incroyables de cette trilogie qu'elle avait adorée. Bon, j'ai tergiversé un moment avant de me lancer (et encore, c'était avant de savoir que le premier tome frôlait les 1000 pages...) mais comme Poulette-Nene est mon acolyte de club lecture avec les élèves, en bonne prof de maths super lectrice qu'elles est, je lui devais bien ça. Voilà voilà...
Ça, c'était ma rencontre avec La Saga des Sorcières et Anne Rice... Passons aux choses sérieuses avec ma chronique à proprement parler. Et zou ! Pour fêter ça (et récupérer ceux que ma super rencontre bipartite n'intéressait pas) je saute une ligne !

Bon, après ces tartines de blabla, je ne vais pas vous faire une chronique sans fin et vous achever complètement. Surtout que parler d'un premier tome d'une trilogie, ce n'est déjà facile (parce qu'il s'agit bien souvent d'une mise en place de l'intrigue et des personnages, amorce de la suite), mais parler d'un premier tome d'une trilogie qui compte pas loin de 1000 pages et écrit par une romancière connue et reconnue et dont tout le monde a déjà tant parlé, c'est encore moins évident. Dit comme ça, on pourrait croire que je vais terminer ce billet sans vous en parler du tout. Mais non, quand même, je me lance.
Anne Rice nous offre ici un magnifique exemple de saga familiale parfaitement orchestré. La trame narrative alterne le présent, où Rowan et Michael évoluent, s'aiment, et découvrent la demeure et son histoire, et le passé, par le récit de la famille Mayfair à travers les siècles, réalisé par le Talamasca, une société vouée à l'étude des forces occultes. L'alternance entre ces époques tisse une intrigue complexe et laisse imaginer au lecteur la richesse de l'imagination de l'auteure et de son monde intérieur. La vraisemblance, si elle pourrait sembler absente à cause de l'aspect fantastique, est pourtant bien présente dans l'universalité des liens et des problématiques entre les membres de cette famille.
Les personnages se succèdent au fil des années, et à chaque génération une des femmes de la famille voit son destin lié à celui de Lasher, entité démoniaque envoûtante. Le lecteur suit ce récit fait par les différents membres du Talamasca à chaque époque et voit le risque pour Rowan croître au fil des pages. La psychologie de cette dernière est soignée et permet au lecteur de s'attacher au personnage. La tension monte, à chaque retour au présent. Et le lecteur se doute bien que la maison et Lasher vont irrémédiablement attirer Rowan, malgré sa force et sa détermination. 
L'ambiance du roman est singulière et étouffante. Dans la moiteur de la Nouvelle-Orléans, englués dans le passé, les membres de la famille Mayfair tentent de s'extirper de leur malédiction familiale. Et le lecteur de suivre, spectateur impuissant du drame qui se joue dans cette ambiance empesée et lourde de secrets, l'histoire des Mayfair.   
La lassitude que j'ai éprouvée vers la moitié du roman n'est pas due à la qualité de ce dernier mais au fait que je suis peu portée sur les chroniques familiales. Parcourir quatre siècles de personnages d'une même famille et s'intéresser aux liens de parenté entre chacun pour bien suivre l'intrigue n'est vraiment pas ce que je préfère d'ordinaire. Mais pour autant, Anne Rice a su capter mon intérêt grâce aux fréquents retours au présent, avec Michael et Rowan. Si ce premier tome consacre beaucoup de temps à planter le décor de la famille, c'est pour mieux comprendre ensuite l'histoire de ce couple. Et finalement, une fois la dernière page tournée, la magie du suspense a opéré : moi qui d'ordinaire n'apprécie pas les romans en plusieurs tomes, j'ai envie de savoir ce qui va arriver à Rowan et Michael... 

Et voilà ma deuxième participation (et sûrement la dernière pour cette année) au Challenge Halloween d'Hilde et Lou.

Challenge Halloween

17 septembre 2014

Sin City T.2 J'ai tué pour elle, Frank Miller

Sin City 2

Sin City est une série en noir et blanc de sept comics écrite et dessinée par Frank Miller et publiée de 1991 à 2000 chez Dark Horse. Elle est publiée en France d'abord aux éditions Vertige Graphic puis chez Rackham. Le deuxième tome de la série, J'ai tué pour elle, est paru en 1994 aux États-Unis et en 2002 en France. 

Sin City, la ville du pêché. Dwight McCarthy est spécialisé dans la prise de photos compromettantes pour alimenter les procédures de divorce. Solitaire et marginal, il exècre ce métier et espère le quitter sous peu. 
Un soir, la femme qu'il a tant aimée et qui l'a quitté pour un autre, le rappelle. Ava, c'est son nom, lui demande de l'aide. Mariée à un homme qu'elle décrit comme violent, elle se sent menacée et demande à son ancien amant de l'aider. Dwight refuse, dans un premier temps, puis retombe dans les filets d'Ava...

J'avais lu le premier tome il y a quelques années, après être tombée sous le charme de l'adptation ciné de Robert Rodriguez et Frank Miller. Et puis, comme pour beaucoup de séries, n'ayant pas le deuxième tome sous la main, j'ai laissé passer du temps avant de poursuivre ma lecture. 
Impossible de passer à côté de l'adaptation ciné de ce deuxième volet de la série, qui sort aujourd'hui... Et le hasard a fait qu'en allant faire une virée dans ma nouvelle médiathèque, je suis tombée sur cet album. Je l'ai donc dévoré, avant de succomber pour le film cette fin de semaine. Bon ça, c'était pour contextualiser ma rencontre avec cette lecture. Maintenant amorçons ma critique à proprement parler. 
Difficile de ne pas débuter celle-ci par le magistral travail graphique réalisé ici par Frank Miller. Le noir et blanc est travaillé ici à l'extrême et offre une atmosphère sombre absolument envoûtante qui hape le lecteur dès les premières planches. Les détails sont soignés, le travail sur la lumière fabuleux, le jeu des contrastes des plus intéressants. On en vient à s'interroger sur ce qu'il faut regarder à chaque vignette : le noir est-il le dessin ou est-ce le blanc ?  
Les personnages se découpent, entre ombres et lumière. Leurs traits sont anguleux, acérés. Même les corps féminins, pourtant pulpeux, semblent affûtés, comme s'ils étaient prêts au combat qui sourd au fil des pages.   
Ville tentaculaire et protéiforme, Sin City palpite au fil des pages, non sans rappeler l'ambiance des grands polars américains. Elle semble rongée par le mal. Truands et corrompus l'habitent, et rares sont ceux qui en sortent indemnes. Le lecteur suit avec avidité le parcours de Dwight, mais aussi de Marv, héros du premier tome, ou encore de Nancy, l'inoubliable strip-teaseuse.    
Je ne vous apprendrai rien en vous disant que c'est à la fois violent, sombre, trash et sexe. Si vous connaissez la série, vous ne serez pas surpris. Pour ceux qui n'ont vu que le premier film, l'album en est l'origine. Entre érotisation de la ville et violence. On s'immerge dans cette ingtrigue tortureuse, aux côtés de personnages torturés, pour n'en sortir qu'une fois la dernière page tournée (ce qui n'est pas sans me rappeler ma rencontre avec Walking Dead)Sublime, c'est le mot. 

D'autres avis sur ce tome : Mo' (intégrale de la série), YaneckYvan, etc. 

Voici ma 67e participation  à la  de Mango
et ma 55e au Top BD des blogueurs de Yaneck (17/20)

 Top BD-

Planches Sin City 2

 

 Si vous êtes passés à côté de la bande-annonce de l'adaptation ciné qui sort aujourd'hui, la voilà.

  

11 juin 2014

Nos étoiles contraires, John Green

Nos étoiles contraires, John GreenNos étoiles contraires est le sixième roman de l'écrivain américain John Green paru en janvier 2012 aux Etats-Unis et l'année suivante en France.

Hazel Lancaster a seize ans et un cancer de la thyroïde. Augustus Waters a dix-sept ans et un cancer des os qui lui a volé une jambe.
Lorsque ces deux-là se rencontrent à un groupe de soutien, l'alchimie est immédiate et donne naissance à une grande complicité. Les deux adolescents échangent sur leurs goûts littéraires et cinématographiques et se passionnent bien vite pour un roman inachevé mettant en scène une jeune cancéreuse. Désireux de savoir à tout prix ce qu'il advient des personnages, Hazel et Augustus décident de rendre visite à son auteur, exilé à Amsterdam.

Lire aujourd'hui Nos étoiles contraires, c'est lire après tout le monde un roman destiné à l'origine à un lectorat adolescent mais finalement loué par tous pour ses qualités littéraires.
Je lis de moins en moins de romans pour la jeunesse pour le plaisir. J'en ai beaucoup lu pour mes études et désormais pour mon boulot donc maintenant j'aime me consacrer principalement à la littérature adulte. Mais passer à côté de ce roman semblait être un crime... Et une fois la dernière page tournée, je vous le confirme : j'ai bien fait de mettre à mal mes habitudes de lecture et succomber à l'appel de John Green.
Lire Nos étoiles contraires, c'est recevoir une grande claque. D'optimisme. D'humanité. De détachement face à la vie et ses imprévus. Parce que réussir à écrire un roman dont la narratrice de seize ans est condamnée par un cancer sans sombrer dans le larmoyant, c'est déjà un exploit en soi. Mais le transformer en ode à la vie, c'est brillant !
John Green parvient à insuffler une énergie à chacune de ses pages grâce à son tandem de personnages déroutants par sa façon d'appréhender son quotidien et pourvu d'un humour féroce. Un humour noir, certes, car la mort rôde autour d'Hazel et d'Augustus, mais qui permet de dédramatiser des situations dures - la bouteille d'oxygène d'Hazel, la jambe artificielle d'Augustus. Et chaque once de légèreté face à la maladie et aux aléas de la vie ne sont que des rappels au lecteur de la nécessité de vivre sa vie aussi intensément que ces deux héros.
Ces derniers sont d'une vraisemblance troublante et possèdent une psychologie bien loin des clichés du genre. Les personnages qui gravitent autour d'eux - amis, familles - bénéficient de la même attention accordée à leur psychologie. Et c'est un vrai régal. Chaque page donne l'impression de découvrir des êtres de chair et non des personnages de papier.
Ode à l'optimisme, à l'amour et à la vie, Nos étoiles contraires a l'art de donner le sourire à quiconque parcourt ses pages. Parce que la vie peut être belle même quand on a seize ans et qu'une guerre civile se déroule dans notre corps. Et cette leçon de vie est bien loin d'être la seule qu'Hazel et Augustus vous donneront si vous vous donnez la peine de découvrir leur histoire... Il serait bien dommage de s'arrêter au statut de roman jeunesse et de passer à côté de ce livre.

"Tu m'as offert une éternité dans un nombre de jours limités, et j'en suis heureuse." (p.274)

D'autres avis : Alex-Mot-à-MotsCess, CoralieFaelys, Fée BourbonnaiseHerisson, Jérôme, Lasardine Latite, Leiloona, MangoMathilde, Mlle Pointillés, MyaRosaNoukette, Stephie etc.

Une adaptation ciné est prévue le 20 août. 

Vous voulez en découvrir la bande-annonce ?

7 mai 2014

Mon ami Dahmer, Derf Backderf

Mon ami DahmerMon ami Dahmer est un album documentaire qui a occupé vingt ans son auteur, Derf Backderf, avant de voir le jour. Vainqueur ex-æquo du Fauve d'Or au Festival d'Angoulême cette année, il est paru en février 2013 aux éditions Ça et là.

Jeffrey Dahmer, enfant solitaire puis adolescent marginal, est devenu un des plus célèbres serial killer américain. Derf Backderf, l'auteur de cet album, a été son camarade au collège et au lycée, dans les années 1970. A la lumière des évènements, il tente de se souvenir de celui qu'il a cotôyé. En interrogeant d'anciens camarades et en plongeant dans ses souvenirs, il cherche à comprendre.

Glaçant au possible, Mon ami Dahmer est un album dont on ne sort pas indemne. Jamais violent ni sanglant malgré son sujet, il fouille  l'enfance et l'adolescence de Jeffrey Dahmer et amène le lecteur aux portes du moment où tout a basculé. Le jour où Dahmer a succombé à ses pulsions. De ces dernières, nous ne saurons rien, tout du moins en images. La postface explique tout en pudeur les troubles de Dahmer - nécrophilie, cannibalisme, démembrement de ses victimes - et tente d'éclairer, grâce à ses propos et son histoire personnelle, ses agissements.
Derf Backderf tente de retranscrire ses souvenirs et c'est un étrange récit que cet album. Les dessins tout en rondeurs et en plis offrent une esthétique particulière au récit. On se croirait dans un comics américain un peu léger. Il n'en est rien. Dès la première page, on est happé. Hypnotisé par le personnage de Dahmer, tel que se le rappellent ceux qui l'ont côtoyé avant. Avant l'horreur. Et cet adolescent un peu à part, extrême, qui adorait jouer au fou, est tour à tour pathétique et glaçant. On essaie de comprendre avec l'auteur. On frémit de voir le nombre de gens qui l'ont connu sans jamais déceler ses troubles. On referme l'album avec un sentiment étrange. Mal à l'aise, apeuré peut-être. En tout cas profondément marqué, c'est sûr. Comme si on avait nous aussi côtoyé Dahmer... Merci C. pour cette lecture que je ne suis pas prêt d'oublier.

D'autres avis : CanelChoco, Jérôme,  Joëlle, Mo', Oliv, Theoma, Yaneck, Yvan, etc.

Voici ma 64e participation à la   organisée par Mango et ma 53e au Top BD des blogueurs de Yaneck.

Top BD

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11 avril 2014

La famille Fang, Kevin Wilson

FangLa famille Fang est le second roman de l'universitaire américain Kevin Wilson paru en 2011 aux États-Unis avant d'être traduit en français et de paraître aux Presses de la Cité en 2013. 

Les Fang. Leur vie ? L'art. Leurs oeuvres ? Des happenings dans lesquels ils se mettent en scène tous les quatre et sèment le chaos au milieu de badauds ahuris. Pour Caleb et Camille, les parents, la vie n'a d'intérêt qu'à travers la création artistique. Pour Annie et Buster - surnommés enfants A et B - ces mises en scène loufoques ponctuent leur enfance et fédèrent leur famille.  
Une fois parvenus à l'âge adulte, Annie et Buster tentent de se construire une vie qui leur est propre et de s'émanciper de leurs parents. Mais ça serait sans compter ces derniers qui disparaissent mystérieusement. Ultime mise en scène ou réelle disparition, Annie et Buster doutent.

Voilà. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas été transportée par une lecture. Happée. Contrainte et forcée de tourner les pages pour en savoir plus. C'est chose faite avec ce roman absolument incroyable. 
La famille Fang est un ovni littéraire, c'est indéniable. A l'image de sa couverture. Un roman à part, qui met en scène des personnages complètement barrés pour qui l'art prévaut. C
aleb et Camille, artistes géniaux, s'interrogent sans cesse sur leur pratique artistique et entraînent le lecteur dans leur réflexion.  Mais face à eux, leurs deux enfants. Contraints de suivre leurs parents dans leurs délires artistiques mais portant un regard distancié sur ces derniers, ils représentent la raison face à l'extrême du génie.  Et c'est par le biais de ces deux personnages plus raisonnables mais non moins torturés que Kevin Wilson amène le lecteur à s'interroger. Où s'arrête l'art ? Quand faut-il cesser de penser à la création pour vivre ? Et quand faut-il cesser la reproduction du schéma familial pour se construire en tant qu'individu ?  
Ce sont toutes ces questions que ce roman aborde à travers une intrigue riche, alternant les époques et les happenings familiaux. On réfléchit avec Caleb et Camille, on reste interloqué face aux situations extrêmes dans lesquelles ils se mettent au nom de l'art, on regarde la création artistique de l'intérieur. Et ça fait du bien. 
Nullement indigeste, jamais élitiste, à la fois drôle et piquant, La famille Fang est un petit bijou dont je ne saurais que vous conseiller la lecture. Il se chuchote qu'une adaptation ciné avec Nicole Kidman et Jason Bateman est prévue pour 2015...    

Coup de coeur

J'avais dit que c'était fini... Mais je reviens sur ma décision tant j'ai été chamboulée par ce roman. Sans hésitation aucune, je lui attribue ce logo printanier et lui offre le privilège d'être mon premier coup de coeur 2014.  

 

14 janvier 2014

Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka

Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie OtsukaCertaines n'avaient jamais vu la mer est un roman de l'écrivaine américaine Julie Otsuka paru en 2012 et couronné du Prix Femina étranger la même année.

Elles s'appellent Katsuno, Chiye, Kiyono, Iyo, Misuyo ou encore Hanako. Elles ont quitté leur Japon natal, ont pris un bateau qui les a conduites aux Etats-Unis. Elles s'y sont mariées. Ont rêvé d'une vie. En ont subie une autre. C'est leur histoire, leur exil, leurs souffrances et leurs frustrations qui sont racontés ici.

Julie Otsuka signe ici un roman magistral. Une sorte d'oeuvre chorale qui donne à entendre les multiples voix de ces femmes exilées. Comme un bruissement, comme un chuchotement, ces femmes se confondent pour mieux se raconter. Et de leurs voix qui s'élèvent naît un portrait changeant, un nous collectif tantôt heureux, tantôt mélancolique, un destin brisé parfois, un amour perdu, l'esquisse d'une femme universelle peut-être, dans sa résignation et son courage.
En moins de 140 pages, Julie Otsuka nous emmène à l'aube de ce XXe siècle naissant. Elle nous entraîne dans le sillage de ces femmes qui ont tout quitté pour partir à la découverte d'un homme, d'un pays, d'une culture. Qui ont tout quitté pour la photo d'un homme et des rêves de vie meilleure.
C'est émouvant, dur parfois, authentique toujours. A travers les étapes de la vie de ces femmes - leur rencontre avec leur mari, leur nuit de noces, la naissance de leurs enfants, la Seconde Guerre mondiale - le lecteur suit leurs vies multiples aux croisements certains et découvre un pan de l'Histoire.
Une lecture bouleversante, révoltante, dont on aurait tort de se priver.

D'autres avis : Canel, Miss Alfie, Lili Galipettes, Theoma, Jérôme...

"Sur le bateau, nous étions presque toutes vierges. Nous avions de longs cheveux noirs, de larges pieds plats et nous n'étions pas très grandes. Certaines d'entre nous n'avaient mangé toute leur vie durant que du gruau de riz et leurs jambes étaient arquées, certaines n'avaient que quatorze ans et c'étaient encore des petites filles. Certaines venaient de la ville et portaient d'élégants vêtements.[…] Certaines descendaient des montagnes et n'avaient jamais vu la mer, sauf en image, certaines étaients filles de pêcheur et elles avaient toujours vécu sur le rivage. Parfois l'océan nous avait pris un frère, un père, ou un fiancé, parfois une personne que nous aimions s'était jetée à l'eau par un triste matin pour nager vers le large, et il était temps pour nous, à présent, de partir à notre tour." (p.11)

Un bonheur supplémentaire : écouter Julie Otsuka parler de son roman

1 décembre 2013

Esprit d'hiver, Laura Kasischke

Esprit d'hiverEsprit d'hiver est le dernier roman de l'écrivaine et poétesse américaine Laura Kasischke paru en août 2013 chez Christian Bourgois.

25 décembre. Holly et son mari Eric n'ont pas entendu leur réveil et se sont levés tard. Tatiana, leur fille adoptive de quinze ans, leur en veut. Tandis qu'Eric part chercher ses parents à l'aéroport, Holly prépare le repas de Noël et s'apprête à recevoir ses convives. Mais l'attitude agressive de Tatiana, d'ordinaire enjouée et aimante, l'inquiète. Et la tempête de neige qui paralyse la ville laisse les deux femmes en tête à tête. La tension monte.

Esprit d'hiver est un roman singulier, c'est indéniable, et dont la lecture m'a déroutée. Laura Kasischke signe ici une oeuvre à la construction soignée et au dénouement glaçant mais dont il m'est néanmoins difficile de parler tant je suis partagée quant à mon ressenti.
L'intrigue se met en place doucement, sur fond d'un huis-clos angoissant. La neige paralyse tout et dépose sur l'intrigue un voile empesé qui semble figer le temps. 
Mais si le suspense croît graduellement au diapason de la tension due au comportement de Tatiana, le roman se perd malheureusement en cours de route et le lecteur s'égare dans les souvenirs de Holly. La narration piétine entre passé et présent, entre l'adoption de Tatiana en Sibérie il y a treize ans et le malaise de ce jour de Noël étrange. 
Au final, peu d'événements ponctuent cette journée et j'ai eu l'impression de relire plusieurs fois les mêmes souvenirs de Holly. Comme si le temps s'était réellement figé et qu'elle était perdue dans son passé. Et si l'idée de redite est intéressante, j'ai trouvé la mise en forme assez lourde et un sentiment de lassitude m'a envahie lors de ma lecture. 
La galerie de personnages est assez restreinte puisque la narration se centre sur Holly et c'est par son intermédiaire que le lecteur grapille de maigres informations sur les personnages qui gravitent autour d'elle. Holly domine le roman et les autres protagonistes sont relégués à l'arrière-plan, complètement éclipsés par cette femme perdue dans ses pensées et envahie par un malaise. Si sa psychologie est bien esquissée, il n'en demeure pas moins qu'un sentiment de frustration émerge rapidement au fil des pages. Des questions restent en suspens et le lecteur doit se contenter d'un portrait partiel et biaisé d'une femme complexe.
Un huis-clos glaçant, une fois le dénouement révélé, aux qualités littéraires indéniables, mais qui n'a pas su me séduire véritablement. C'est bien dommage.
D'autres avis : Canel, Clara, Cunéipage, Cynthia, Eimelle, Jérôme, Liliba, Lystig, Nelfe et SvCath.

 Je tiens à remercier Oliver et Priceminister pour ce livre reçu dans le cadre des Matchs de la Rentrée littéraire 2013.

                                                                           479x324_logo2_rentree-literaire2013

31 octobre 2013

Les sorcières d'Eastwick, John Updike

Les Sorcières d'Eastwick, John UpdikeLes sorcières d'Eastwick est un roman du prolifique John Updike paru en 1984. Il fait partie de ces livres qui possèdent la particularité d'avoir éclipsé, par leur titre, le nom de leur auteur. Car si beaucoup connaissent de nom ces diaboliques femmes de la paisible Eastwick, peu nombreux sont capables d'attribuer à John Updike la paternité de cette œuvre.

70's. Eastwick, petite bourgade américaine sans histoire. Mais derrière les apparences et les masques se cachent un brin de sorcellerie et beaucoup de commérages. Trois amies, Alexandra, Sukie et Jane, dont les pouvoirs se sont développés suite à leur célibat, utilisent leurs dons au gré de leurs humeurs, et ce malgré les quand-dira-t-on. Mais lorsqu'arrive en ville Darryl Van Horne, un homme riche et mystérieux, les trois femmes sont piquées de curiosité. Sournoisement, Darryl va tour à tour les séduire et les aliéner. Orgies, drogues, séduction et jalousie vont devenir leur lot quotidien. Darryl, sous ses apparences ordinaires, ne serait-il pas une incarnation du Malin ?

Tant a déjà été dit sur ce roman et cet auteur qu'il est difficile de mettre des mots, mes mots, sur cette lecture. John Updike signe ici un roman foisonnant et multiple qui entraîne le lecteur dans un méandre où seule subsiste l'image de ces trois femmes, puissantes et fragiles à la fois.
La petite ville d'Eastwick est le théâtre de bien des drames et il s'y noue des relations complexes entre les habitants. Critique de cette micro-société, le roman n'épargne personne, et surtout pas les hommes. Ces derniers, hormis Darryl Van Horne, ne souffrent pas la comparaison avec les personnages féminins et restent en arrière-plan de l'intrigue. Faibles, lâches, menteurs, meurtriers parfois, ils semblent cristalliser le mal que la société fomente. Face à ces hommes secondaires, les personnages féminins - les héroïnes ainsi que les autres femmes de la ville - s'érigent en  figures de force et de pouvoir, allant même jusqu'à s'affronter pour éprouver leur domination.
 
La sorcellerie n'est finalement qu'un prétexte à l'auteur pour s'interroger sur la question de l'émancipation de la femme. Ses trois héroïnes, malgré leur posture dominante énoncée plus haut, n'en demeurent pas moins sensibles au charme masculin, et notamment à celui du manipulateur Darryl Van Horne. Et elles qui prônaient la liberté comme valeur essentielle, se retrouvent bien vite piégées par cet individu paradoxalement repoussant et irrésistible. Le lecteur suit avec avidité le mécanisme qui se met en place et les tourments par lesquels passent tour à tour Alexandra, Sukie et Jane. Et à son tour de s'interroger sur la place de la femme.
Porté par une plume splendide, une traduction agréable et des longues phrases au rythme parfait, Les sorcières d'Eastwick est un plaisir dont on aurait tord de se priver.

Et parce que le roman d'Updike a inspiré le petit écran et le septième art, voici deux bandes-annonce d'adaptations très différentes et plus ou moins fidèles à l'oeuvre originelle.
La première est celle du film Les Sorcières d'Eastwick réalisé par Georges Miller en 1987, avec Jack Nicholson, Susan Sarandon, Michelle Pfeiffer et Cher dans les rôles principaux.

 Les sorcières d'Eastwick

Le film Les sorcières d'Eastwick (1987)

  

La seconde est celle de la série de Maggie Friedman, Les Mystères d'Eastwick, dont les 13 épisodes produits ont été diffusés fin 2009 sur ABC.

Eastwick

La série Les Mystères d'Eastwick (2009)

 

Enfin, parce que j'ai tellement annoté ce roman qu'il m'était impossible de faire l'impasse sur cette partie dans ma chronique, voici un florilège de citations qui illustrent le talent d'écrivain de John Updike.

"Si Alexandra était une sorcière du genre substantiel et instable, encline par nature à se gaspiller pour s'offrir aux influences et se fondre dans le paysage, et au tréfonds de son cœur plutôt paresseuse et d'un détachement quelque peu entropique, Jane était bouillante, trapue, concentrée comme une pointe de crayon, et Sukie Rougemont, qui à longueur de journée se dépensait en ville à recueillir cancans et nouvelles et dispenser sourires et salutations, avait une essence oscillante." (p.12-13)

"Rhode Island, bien que de notoriété publique le plus petit des cinquante États, renferme pourtant ça et là des immensités désertes typiquement américaines, des étendues mal explorées enclavées au milieu de zones industrielles tentaculaires, fermes abandonnées et grandes demeures oubliées, campagnes dépeuplées que traversent en hâte des routes droites et noires, marécages pareils à des landes et rivages désolés des deux côtés de la Baie, cet énorme coin d'eau enfoncé comme un pieu jusqu'au cœur de l’État, sa capitale, dont le nom est un acte de foi." (p.19)

"Dock Street, à cette heure où la nuit précoce rattrapait les acheteurs emmitouflés, avait un aspect dévasté, ses illuminations une pathétique manœuvre pour faire obstacle au sommeil, une tentative désespérée et hagarde pour tenir quelque vague promesse prisonnière de l'âpre ciel noir." (p.276)

"Entre-temps, la neige était tombée ; on finit par oublier cette merveille annuelle, son ampleur, l'air doté soudain d'une présence, les traits obliques des flocons ruisselants qui recouvrent tout comme les zébrures d'un graveur, le gros béret qui le lendemain matin coiffe de guingois la baignoire à oiseaux, le brun soudain plus foncé des feuilles sèches encore accrochées aux chênes, les branches vert foncé des sapins ciguë ployant sous le poids et le bleu limpide du ciel pareil à un bol vidé de sa dernière goutte, l'allégresse qui à l'intérieur de la maison ricoche sur les murs, la vie soudain comme survoltée qui sourd de la tapisserie, l'intensité mystérieuse de l'intimité que sur la fenêtre, dans son pot, l'amaryllis partage avec son ombre phallique et pâle." (p.304)

"Alexandra faisait de son mieux pour se montrer à la hauteur et s'intéresser à ces gens qu'elle n'avait jamais rencontrés, mais ses cellules cérébrales n'étaient déjà que trop encombrées de gens qu'elle avait jadis rencontrés, appris à connaître, trouvés passionnants et parfois même aimés, pour bientôt les oublier." (p.333)

"La musique illumine de sa lampe palpitante la sombre caverne de nos existences." (p.351)

"N'ont d'intérêt en fait que ce que nos esprits retiennent, ce que nos vies ont confié à l'air." (p.477)

 

Et vous vous en doutez : en ce beau jour d'Halloween, 
je ne pouvais pas ne pas participer au Challenge Halloween de
Lou et Hilde

 

5 juin 2013

Abélard, Renaud Dillies et Régis Hautières

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Abélard est un dyptique de BD paru chez Dargaud en 2011, imaginé par Renaud Dillies et dessiné par Régis Hautière.

Abélard est un petit poussin rêveur. Sa vie s'écoule en douceur dans son marais, en compagnie de ses amis, jusqu'au jour où la belle Epilie surgit. Sous le charme, Abélard décide d'aller voir le monde. Quitter ses amis, ses repères, pour voir l'ailleurs et conquérir le coeur de sa belle en lui décrochant la lune. En route pour l'Amérique où, paraît-il, une machine permettant de voler vient d'être inventée !

Abélard est une série de BD régulièrement chroniquée sur la blogosphère depuis sa parution. Les très nombreux avis élogieux ne m'ont pas laissée insensible. Et j'ai bien fait ! J'ai dévoré les deux tomes de cette série en un rien de temps, émue comme jamais par cet adorable poussin.
Difficile d'en parler tant ces albums m'ont touchée. Ce drôle de poussin tout rond, toujours coiffé d'un chapeau plus gros que sa tête, découvre le monde avec une naïveté émouvante.
Le dessin de Régis Hautière, que je découvrais avec cette lecture, possède un charme surrané par ses contours flous et ses couleurs chaudes. Le lecteur est plongé, dès les premières pages, dans l'univers singulier et philosophique d'Abélard.
L'intrigue de Renaud Dillies est simple sur le papier mais possède une force redoutable. Je défie quiconque de ne pas adhérer au charme d'Abélard ! La poésie qui se dégage de l'histoire de ce poussin est inouïe et porte un elle une universalité certaine. L'anthropomorphisme permet une fois encore de faire naître des émotions bien singulières.

Détail poétique supplémentaire : chaque jour, le chapeau d'Abélard lui délivre une maxime permettant à ce dernier de se construire et de réfléchir à sa vie et au monde qui l'entoure. L'amitié, la mort, le silence, les blessures de la vie, le chapeau permet au petit poussin de se nourrir de ses aventures et réfléchir.
Vous l'aurez compris, je suis sous le charme d'Abélard et ne sors pas indemne de cette lecture toute en finesse.

 Voici ma 54e participation
 à la BD du mercredi de Mango
    Et ma 43e au Top BD des blogueurs de Yaneck
(note 19/20)

Top BD

D'autres avis sur ce diptyque : ChocoFleur, Jérôme, Joëlle, Lasardine, Lire pour le plaisir, MarionMo', NouketteOliv', Yvan, Yaneck etc.

Planche 1 Abélard Planche 2 Abélard

Abélard Carte

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