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Bienvenue à Bouquinbourg
15 mai 2011

Les amants d'Avignon, Elsa Triolet

9782070344628FSLes Amants d'Avignon est une nouvelle tirée du recueil Le premier accroc coûte deux cents francs, récompensé par le Goncourt en 1945 et écrit par Elsa Triolet. D'origine Russe, celle qui inspira une partie de l'oeuvre romanesque et poétique de Louis Aragon livre dans cette nouvelle de nombreux détails sur son engagement dans la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale.

L'héroïne de cette nouvelle, Juliette Noël, participe activement à la Résistance française. Sur les routes et dans le froid, elle brave vaillemment la dureté de la vie au nom d'une cause qu'elle défend corps et âme. Faisant fi de sa vie personnelle et sentimentale, la belle se bat aux côtés de ceux qui militent pour un avenir meilleur.

Difficile de ne pas trop révéler de cette courte nouvelle ! J'ai découvert la plume d'Elsa Triolet grâce à ce texte et j'ai apprécié son style concis et incisif. Sans flonflon ni poésie, elle donne à voir des illustrations de cette période de notre Histoire.
Grâce au personnage de Juliette, qui lui ressemble en bien des points, l'auteure nous intronise au sein de la Résistance et au coeur de ces heures sombres pour la France.
L'abnégation dont fait preuve Juliette, qui n'est pas loin de celle dont a fait preuve Elsa Triolet à cette époque, et le courage qui l'habite forcent le respect et suscitent l'admiration.
Un très beau texte. Pour ne pas oublier. Pour ne pas nier le courage de certains. Pour ne pas baisser48925717_p les bras.

Une nouvelle lecture que j'inscris dans le Challenge 2 euros de Cynthia.

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11 avril 2011

La vie mode d'emploi, Georges Perec

9782253023906_GLa vie mode d'emploi est un roman de l'écrivain français Georges Perec publié en 1978 et récompensé par le Médicis cette même année. Partie à Copenhague en février et tombée à cours de lecture au milieu du voyage, j'ai acheté un exemplaire de ce roman dans une librairie française de la capitale danoise et me suis laissée porter au fil des pages...

Pour vous le présenter, rien de mieux que les mots de Perec lui-même, cités en préface : "J'imagine un immeuble parisien dont la façade a été enlevée [...] de telle sorte que, du rez-de-chaussée aux mansardes, toutes les pièces qui se trouvent en façade soient instantanément et simultanément visibles. Le roman [...] se borne à décrire les pièces ainsi dévoilées et les activités qui s'y déroulent..."

Perec a donc choisi, encore une fois, de se lancer dans un projet littéraire aussi audacieux que réussi (rappelez-vous mon avis très enthousiaste pour son roman sans la lettre [e], La disparition)
Ce roman, sous titré "romans" tant  il est riche, s'apparente à une curiosité littéraire qui ne peut laisser indemne un lecteur alerte. Son projet d'observer ce qui se passe dans un immeuble est une sorte de fantasme universel : que font donc nos voisins, derrière leur cloison ? Perec nous donne la possibilité de ce voyeurisme littéraire en se promenant d'étages en étages, de locataires en locataires et en nous abreuvant des histoires personnelles de sa ribambelle de personnages.
Ce 11, rue Simon-Crubellier, à Paris, ne semble plus avoir aucun secret pour nous et si Perec s'attarde souvent sur des détails physiques ou historiques concernant ses personnages ou ses murs, ce n'est que pour mieux donner à voir son projet littéraire.
Majestueux, incroyablement original, d'une lecture riche en anecdotes qui s'apparentent parfois à des nouvelles, La vie mode d'emploi est encore une fois un livre qui me permettra de regarder le monde par un prisme différent...

"C'est un de ces clivages à partir desquels s'organise la vie d'un immeuble, une source de toutes petites tensions, de micro-conflits, d'allusions, de sous-entendus, d'accrochages ; cela fait partie de ces controverses parois âpres qui secouent les réunions de copropriétaires." (p.268)

"Tout cela fait une histoire bien tranquille, avec ses drames de crottes de chien et ses tragédies de boîtes à ordures, la radio trop matinale des Berger et leur moulin à café qui réveille Mme Réol." (p.269)


10 avril 2011

Il ne vous reste qu'une photo à prendre, Laurent Graff

9782290008942Je ne pouvais pas partir en vacances sans vous présenter ce roman de l'écrivain et archiviste français Laurent Graff, lu durant le Read-A-Thon hier...

Alain Neigel a la cinquantaine. Le jour où sa compagne M. meurt, il décide de ne plus jamais prendre de photos. Mais en voyage à Rome, un homme étrange lui propose une sorte de jeu dont la règle se résume à cette phrase : "Il ne vous reste qu'une photo à prendre"...

Derrière ce résumé parcellaire se cache un roman de grande envergure. En 118 pages seulement, Laurent Graff nous transporte dans une intrigue beaucoup plus riche qu'elle n'en a l'air.
A la fois réflexion sur la photo et sur la mort, l'intrigue bascule sans crier gare dans une dimension que je me garderai bien de vous révéler ici. C'est fort ! Très fort même ! On est totalement envoûté, sous le joug de ces axiomes qui nous concernent inéluctablement... A lire, sans attendre, sans respirer, sans s'arrêter... A lire !

coup_de_coeur_2011

Ce roman rejoint le cercle élitiste des livres que je considère comme des coups de coeur. C'est le quatrième de cette douce année 2011... Encore une très belle découverte ! Merci Tosty !

Petit florilège de mes extraits préférés (ils sont nombreux...)

"Les photos n'ont plus ce caractère crucial et définitif qu'elles avaient du temps de la photographie argentique. Bonne ou mauvaise, une photo était irrévocable et était décomptée de la pellicule. Le développement du film révélait de manière implacable, dans l'ordre chronologique, images réussies et images ratées ; impossible d'échapper à la sentence et aux statistiques." (p.7-8)

"[L]a réalité, comme un animal ne se laissant pas approcher, refusait d'être photographiée par certaines personnes et se dérobait". (p.19)

"A vouloir immortaliser des instants de vie, à vouloir arrêter le temps, j'en avais oublié notre vulnérabilité." (p.21)

"Derrière chaque photo, par-delà le plaisir et la joie, il y a la peur, peur du temps qui passe, de sa fugacité, peur de voir puis de ne plus voir, vivre puis ne plus vivre, avoir vécu et n'en avoir nulle trace démonstrative, nul souvenir tangible ; derrière chaque photo, il y a la peur de mourir, et la preuve de notre mort." (p.24)

"Chaque photo était une tentative pour la retenir, mais aussi un acte éminemment mortifère, qui la précipitait vers la mort. Je la voyais déjà d'un point de vue post mortem, de l'oeil du survivant qui fait sa provision d'images souvenir pour ses soirées d'hiver." (p.36-37)

"Je me rappelai le temps où, moi aussi, je m'abritais derrière un appareil photo, préférant à la réalité immédiate, la mise en image de cette réalité, comme une mise à distance, une prise de recul. [...] Derrière chaque photographe, il y a, en fin de compte, un grand timide qui a peur d'être au monde nu et désarmé.[...] Les photos sont des actes manqués, des paroles sous silence, des baisers refoulés, des sourires figés, des yeux qui se ferment." (p.77)

18 février 2011

Le coeur cousu, Carole Martinez

9782070379491Hathaway m'a ravie en m'offrant, à l'occasion du Swap Nouvel An 2011, Le cœur cousu, premier roman de Carole Martinez, repéré sur son blog quelques temps auparavant...

Soledad porte bien son prénom : sa vie entière n'a été que solitude. A l'aube de sa mort, elle décide de raconter l'histoire des femmes de sa famille, à commencer par Frasquita, sa mère, couturière de génie. Ayant hérité, au sortir de l'enfance, d'une magnifique boîte à couture, leur mère a consacré des heures à coudre, broder, orner tout ce qu'elle trouvait, tissus comme plaies... Mais une fois mariée, son talent a jeté  l'opprobre sur elle et sa famille, certains l'accusant de sorcellerie et de mensonge pour renier son don.
Au fil des ans et des enfants qu'elle met au monde, Frasquita abandonne la couture pour éviter toute médisance. Mais le jour où son mari, qui se lance dans les combats de coqs,  joue et perd son épouse, la vie de Frasquita et de ses enfants bascule.

Quelle plume ! Carole Martinez m'a émue à chacune de ses pages, m'emportant loin, dans cette Espagne à la chaleur étouffante. Pour un premier roman, Le coeur cousu est une petite réussite à côté de laquelle il ne faut pas passer ! J'ai éprouvé beaucoup de sensations que la lecture [Du] Soleil des Scorta de Laurent Gaudé avait fait naître en moi...
Carole Martinez manie la langue avec une finesse rare et allie celle-ci à une intrigue romanesque et originale s'il en est, entre histoire familiale et conte.
Son récit emboîté alterne les époques et les personnages avec une aisance que j'ai rarement vue. Un récit qui coupe le souffle, émeut aux larmes et fait sourire. En bref, une petite merveille !

coup_de_coeur_2011Sans aucune hésitation, je lui décerne le titre de deuxième coup de cœur de l'année 2011. Un immense merci Hathaway pour ce roman magistral ! (son avis est ici !)

Un avant-goût de la plume fantastique de Carole Martinez :

"Mon nom est Soledad.
Je suis née, dans ce pays où les corps sèchent, avec
des bras morts incapables d'enlacer et de grandes
mains inutiles.
Ma mère a avalé tant de sable, avant de trouver un
mur derrière lequel accoucher, qu'il m'est passé dans
le sang.
Ma peau masque un long sablier impuissant à se tarir.
Nue sous le soleil peut-être verrait-on par transparence
l'écoulement sableux qui me traverse.
LA TRAVERSÉE.
Il faudrait bien que tout ce sable retourne un jour
au désert." (p.7)

8 février 2011

La cote 400, Sophie Divry

9782923682136FSUn titre pareil, vu mon métier, ne peut que me faire sourire... Et finalement, il n'y a pas qu'avec le titre que j'ai souri...

La cote 400 est un court roman d'une soixantaine de pages très étonnant. La narratrice, une bibliothécaire d'une cinquantaine d'années, se lance un matin dans un monologue sur son métier et plus généralement sur la littérature et la vie, en passant par ses névroses et frustrations personnelles, alors qu'un visiteur s'est fait enfermer dans la bibliothèque la nuit. Ce monologue constitue l'intégralité du roman. Le malheureux visiteur à qui il est destiné ne sera, tout au long du roman, qu'un "vous" impersonnel et ectoplasmique dans la bouche de cette narratrice très loquace.

 

Premier roman de Sophie Divry, La cote 400 est une petite merveille furieusement drôle ! Je l'ai lu d'une traite, séduite tant par le sujet qui m'est proche que par le style incisif et mordant à souhait de cette jeune auteure.
L'originalité même de la forme de ce roman - un monologue sans transition ni hésitation aucune - m'a donné l'impression d'être en apnée tout au long de ma lecture, subissant moi aussi la logorrhée de ce personnage esseulé.
Ses réflexions sur la célèbre classification Dewey, la hiérarchie des sciences au sein même de la bibliothèque et plus généralement de la société, la solitude qui la pèse, perdue au sous-sol de géographie où rares sont les lecteurs qui s'y aventurent, l'absurdité de la côte 400, initialement destinée aux langues, mais délaissée dans la structure dans laquelle elle travaille, etc. m'ont fait rire autant qu'elles m'ont fait réfléchir.
Bref, une grande bouffée d'air frais avec cette profusion de réflexions, un humour féroce, un personnage unique et désabusé qui occupe tout l'espace et monopolise la conversation... Merci Sophie Divry pour ce roman qui ne cesse de m'étonner par sa richesse !

Petit florilège de certains passages qui m'ont particulièrement plu...

"Être bibliothécaire n'a rien de valorisant, je vous le dis : c'est proche de la condition d'ouvrier. Moi, je suis une taylorisée de la culture." (p.12)

"Savoir se repérer dans une bibliothèque, c'est dominer l'ensemble de la culture, donc le monde."
(p.15)


"Quand je lis, je ne suis plus seule, je discute avec le livre. Cela peut être très intime. Vous connaissez ça, peut-être. Ce sentiment d'échanger mentalement avec l'auteur, de pouvoir suivre son chemin, d'être accompagnée des semaines entières par lui."
(p.20)

"De toute façon, les livres, c'est comme les carrosses, ça sert surtout à frimer. La vraie culture, chez les riches, ça ne vient jamais qu'après, en contrebande, et c'est toujours mal vu." (p.24)

Un grand merci à   logo2 et aux Éditions Les Allusifs pour ce roman reçu dans le cadre de l'Opération Masse Critique.

La cote 400 par Sophie Divry

 

La cote 400

La cote 400

Sophie Divry

Critiques et infos sur Babelio.com

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3 février 2011

La mécanique du coeur, Mathias Malzieu

9782081208162FSLa mécanique du coeur est le second roman de l'écrivain et musicien Mathias Malzieu, chanteur du groupe de rock Dionysos, et a été à l'origine d'un projet plus vaste regroupant un CD et des films d'animation en guise de clips.
J'en avais beaucoup entendu parler à sa sortie en 2007, mais il a fallu attendre qu'une lycéenne se plante devant moi en me demandant de le lire pour que je le fasse passer en priorité dans mes lectures...

Édimbourg, 1874. Par la nuit la plus froide de l'hiver, naquit le petit Jack. Sa jeune mère disparaît dans le froid tandis que Madeleine, la sage-femme qui l'a mis au monde, répare son cœur gelé. Pour permettre au petit Jack de vivre, elle lui greffe une horloge à la place du cœur.
Le petit Jack grandit, et cette bizarrerie anatomique l'empêche de se faire adopter par des parents aimants. Le jeune garçon reste avec Madeleine. Jusqu'au jour où il rencontre une petite chanteuse qui chamboule son fragile équilibre et met en péril sa santé : la mécanique de son cœur ne lui permet aucune émotion forte. L'amour lui est interdit !
Mais le jour où la petite chanteuse disparaît sur les routes pour rejoindre son Espagne natale, Jack n'écoute plus son cœur et se lance seul dans un périple amoureux...

Quel joli conte ! J'ai lu d'une traite ce court roman, me laissant entraîner dans cette histoire merveilleuse aux allures de Tim Burton.
Mathias Malzieu écrit très bien (ça, je m'en doutais vus les textes de Dionysos...) et fait preuve d'une étonnante imagination avec ce roman.
Le récit alterne entre fiction et réalité (le petit Jack croise sur son chemin le terrifiant Jack l'Éventreur et Méliès), porté par une ambiance au charme suranné.
L'histoire d'amour entre les deux personnages, Jack et la petite chanteuse, semble être frappée par le sceau de la fatalité... Je n'en dirai pas plus, promis ! Si ce n'est que je vous encourage vivement à le lire...

Edit du 10 février 2014 : en bonus, la bande-annonce 

de Jack et la mécanique du coeur, réalisé par Stéphane Berla et Mathias Malzieu,

sorti le 5 février.

 

 

2 janvier 2011

Bal de givre à New York, Fabrice Colin

bal_de_givre___new_yorkFabrice Colin est un écrivain français de romans, romans graphiques, BD et nouvelles né en 1972. Je n'avais jamais lu une de ses œuvres, avant Bal de Givre à New York.

Anna, une jeune adolescente de seize ans, ne se souvient plus de rien depuis qu'elle a été renversée par une voiture. De rares bribes de sa vie refont surface, mais tout reste flou autour d'elle. Surtout depuis sa rencontre avec Wynter, le jeune conducteur de la voiture. Envoûtée par ce dernier, elle le laisse la soustraire à son univers pour l'introniser dans le sien, luxueux et mystérieux. Mais la pauvre Anna est perdue : que sont devenus ses parents et quelle est cette étrange voix dans sa tête qui lui intime d'être prudente ?

Intriguant et captivant, voilà quels pourraient être les adjectifs pour définir ce roman. Dans un New York fantasmé mi-futuriste mi-art déco, la jeune héroïne avance à pas feutrés.  Les hauts buildings côtoient les coupoles de verre qui se déploient en cas de pluie et les voitures ultra rapides et automatiques.
La neige et le froid ambiants font écho au blizzard de la mémoire d'Anna, et le lecteur poursuit pas à pas cette intrigue très bien ficelée.
Difficile d'en parler sans en dire trop. Car tout réside dans ce brouillard ambiant dans lequel Fabrice Colin maintient son lecteur tout en distillant au fil des pages quelques  maigres indices.
Ne vous fiez pas à l'intrigue qui semble simpliste et mièvre peut-être, ni à la couverture de ce texte beaucoup plus profond qu'il n'y parait.
Un roman déroutant d'une lecture très agréable porté par la plume de Fabrice Colin, fluide et cinématographique à souhait. Un univers très bien esquissé et suffisamment détaillé pour que le lecteur s'immerge et un dénouement en tout point inattendu. Bref, une très bonne lecture !

Un grand merci à   pour l'envoi de ce roman et la découverte de cet auteur. 

25 novembre 2010

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants, Mathias Enard

9782742793624Une collègue m'a prêté récemment ce court roman qui a obtenu le Goncourt des lycéens cette année. J'étais très curieuse de le découvrir (ainsi que son auteur) et l'ai lu quasiment d'une traite. 

1506. Alors que Michel-Ange vient de terminer son David et que ses projets  avec le pape Jules II  stagnent par manque de moyens, le sultan Bajazet l'invite à Constantinople pour réaliser un pont entre l'Orient et l'Occident. L'artiste découvre alors le monde musulman et ses coutumes, tout en se heurtant aux grands qui le régissent...

Très court et très fragmenté, ce roman est une lecture très agréable. Mathias Enard, d'une concision extrême, porte une précision rare à son écriture. Chaque phrase fait sens et permet d'entrevoir la vision de Michel-Ange de Constantinople, et plus largement, de l'Orient.
La narration alterne deux voix, celle d'un narrateur omniscient, qui rend compte du quotidien de Miche-Ange et de l'avancée de ses projets, et celle, mystérieuse, d'un personnage androgyne (homme ou femme, le roman ne le dit pas...), amant de l'artiste, et qui s'adresse à lui.
Un très beau roman, donc, qui nous entraîne dans cette question des frontières entre Orient et Occident et qui permet, en partant de faits avérés (Michel-Ange a réellement été sollicité par le sultan Bajazet pour construire un pont et reprendre le projet abandonné par Léonard de Vinci), d'imaginer quels ont pu être les trois mois qu'a passé l'artiste dans la belle Constantinople.
A lire pour s'évader, en guise de mise en bouche sur la vie de ce génie de la Renaissance italienne.

Petit extrait, pour goûter la plume si agréable de Mathias Enard :

"Je sais que les hommes sont des enfants qui chassent leur désespoir par la colère, leur peur dans l'amour ; au vide ils répondent en construisant des châteaux et des temples. Ils s'accrochent à des récits, ils les poussent devant eux comme des étendards ; chacun fait sienne une histoire pour se rattacher à la foule qui la partage. On les conquiert en leur parlant de batailles, de rois, d'éléphants et d'êtres merveilleux ; en leur racontant le bonheur qu'il y aura au-delà de la mort, la lumière vive qui a présidé à leur naissance, les anges qui leur tournent autour, les démons qui les menacent, et l'amour, l'amour, cette promesse d'oubli et de satiété. Parle-leur de tout cela, et ils t'aimeront ; ils feront de toi l'égal d'un dieu." (p. 66-67)

24 septembre 2010

Neige, Maxence Fermine

9782020385800FSDécouvert il y a quelques mois chez Cynthia, ce premier roman de l'écrivain français Maxence Fermine publié en 1999 faisait partie de mes priorités de lecture.

1884. Le jeune Yuko, promis à une carrière militaire ou religieuse, fait le choix de devenir poète. Son sujet ? La neige. Sa méthode ? Des haïkus, poèmes japonais en trois vers et dix-sept syllabes.
Pour se perfectionner dans son art, le jeune homme part à la rencontre d'un vieux peintre spécialisé dans les couleurs.

D'une beauté époustouflante, ce roman subjugue son lecteur dès la première page. L'écriture de Maxence Fermine est d'une poésie rare, en écho au sujet de son roman : les haïkus.
L'intrigue développée est simple : le jeune Yuko veut perfectionner son art auprès d'un vieil homme, afin de donner de la couleur à ses haïkus monochromes consacrés à la neige. 
On suit avec délice le délicat parcours de ce jeune poète, ponctué de haïkus d'une beauté rare.
Que dire de plus si ce n'est que je suis enchantée au plus haut point et charmée par l'écriture de Maxence
Sans_titre_2Fer
mine ? Vous en dire plus serait vous gâcher le plaisir de découvrir ce très court roman (96 pages) que je sacre douzième coup de cœur de mon année 2010. De quoi décider les indécis, non ?

"La neige est un poème. Un poème qui tombe des nuages en flocons blancs et légers.
Ce poème vient de la bouche du ciel, de la main de Dieu.
Il porte un nom. Un nom d'une blancheur éclatante.
Neige." (p.13)

"Un matin, le bruit du pot d'eau qui éclate dans la tête fait germer une goutte de poésie, réveille l'âme et lui confère sa beauté.  C'est le moment de dire l'indicible. C'est le moment de voyager sans bouger. C'est le moment de devenir poète." (p.16)

"Un matin, on se réveille. Il est temps de se retirer du monde pour mieux s'en étonner.
Un matin, on prend le temps de se regarder vivre." (p.16)

"Le plus difficile, pour le poète, c'est de rester  continuellement sur le fil qu'est l'écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu'un instant, de la corde de son imaginaire. En vérité, le plus difficile, c'est de devenir un funambule du verbe." (p.81)

 

20 septembre 2010

Rentrée littéraire #1 Jardin d'hiver, Thierry Dancourt

Rappelez-vous, au mois de juin je vous avais annoncé faire partie des heureux lecteurs choisis par La Fnac pour lire en avant-première certains romans de la rentrée littéraire. Je vous avais dévoilé les quatre romans reçus en exclusivité.

Pourtant, je n'ai jamais réellement suivi l'actualité éditoriale de la rentrée littéraire, préférant picorer mes lectures au gré de mes envies et de mes trouvailles. Quoiqu'il en soit, cette opportunité a été l'occasion pour moi de lire ces romans et de donner mon avis pour participer à l'élection des Talents de la rentrée littéraire selon la Fnac.
L'heure est donc aujourd'hui venue de vous livrer mes impressions sur ces quatre lectures, en commençant par Jardin d'hiver, le second roman de Thierry Dancourt.

9782710367338
Pascal Labarthe. le narrateur de Jardin d'hiver, arrive un soir d'hiver brumeux à Royan. A l'hôtel l'Océanic, où il prend une chambre, il fait la connaissance de Serge Castel, le seul autre client. En ce lieu désolé et désertique, il prétend avoir rendez-vous. Rendez-vous avec qui, avec quoi ?

D'une lecture très rapide et porté par une écriture très fluide, Jardin d'hiver est un roman à la lenteur délectable. L'intrigue avance pas à pas, alternant passé et présent, distillant au fil des pages les clés de sa compréhension.
J'ai eu l'impression de me plonger dans un roman de Giono, un de ces romans où la lenteur est au service de l'écoulement d'un récit sans heurts.
L'ambiance générale de l'intrigue est empesée, lourde parfois tant le récit de micro événements prend le pas sur le quotidien.
J'ai beaucoup apprécié m'immerger dans cette station balnéaire mélancolique en plein hiver, et accompagner le narrateur dans sa quête. Une très bonne lecture qui me laisse, déjà deux mois après, des souvenirs très nets.

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