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30 décembre 2014

Retour à Little Wing, Nikolas Butler

Retour à Little WingRetour à Little Wing est le premier roman de l'américain Nikolas Butler publié en août 2014 aux éditions Autrement. 

Lee, Ronny, Kip et Hank. Quatre amis qui ont grandi ensemble à Little Wing, petite bourgade du Wisconsin. Certains en sont partis, d'autres sont restés. L'un est fermier, l'autre chanteur, le troisième ancien courtier, tandis que le quatrième, depuis un accident de rodéo, n'est plus tout à fait lui-même.   
Pour l'heure, les retrouvailles ont sonné à l'occasion du mariage de Kip. Mais malgré leur passé commun, les quatre hommes sont aujourd'hui bien différents dans leur façon d'appréhender leur vie et le monde. Et si l'amitié et les souvenirs restent leur point d'ancrage, la vie et ses surprises rendent parfois bien difficile la compréhension et la communication.

Quelle lecture... Ce roman est une petite merveille d'une fraîcheur inouïe. Et pourtant, ceux qui me connaissent bien savent que la littérature américaine n'est pas celle vers laquelle je me tourne d'ordinaire spontanément. Mais j'ai bien fait de passer outre et de sortir de ma zone de confort pour partir à la rencontre de ce petit bijou littéraire.   
Ode à la vie et à l'amitié, Retour à Little Wing entraîne son lecteur dans le microcosme de cette petite ville américaine perdue au fin fond du Wisconsin. Le temps semble s'y être arrêté. Les habitants comme condamnés à y rester.    
La narration à plusieurs voix - chacun des quatre personnages prend à tour de rôle en charge une partie de l'histoire - offre une dimension très intime et personnelle au récit. Chacun y va de son souvenir, de son anecdote. De ses blessures, aussi. De ses rancoeurs, parfois. Au lecteur d'accompagner tout ce petit monde qui gravite autour de cette ville imaginaire. Entre ceux qui sont restés et ceux qui reviennent, après des années, le fossé est là. Sauront-ils le combler ?    
L'émotion est au rendez-vous de ces souvenirs évoqués, de ces querelles du passé, de ces erreurs de chemin. Personne n'est épargné, ni Lee, le chanteur adulé, ni Hank, le paisible fermier, ni Ronny, ancienne star du rodéo aujourd'hui diminué, ni Kip, un peu trop calculateur. L'amitié est forte, entre ces quatre personnages, et il en faut une sacré dose pour surmonter des présents aux réalités multiples.    
Nikolas Butler signe ici un excellent premier roman au rythme parfait et 
dans lequel on plonge sans hésitation. Pour ma part, je suis encore hantée par les personnages et l'ambiance singulière de cette histoire, quelques semaines après ma lecture.

D'autres avis : Clara, Estellecalim, Jérôme, Jostein KathelMimipinsonSandrine, Tiphanie, etc.

"Nous étions unis par le sentiment d'être différents de notre milieu et aussi peut-être par un sentiment de supériorité par rapport à l'endroit qui nous avait formés. En même temps, nous étions épris. Épris d'être les rois d'une petite ville, perchés sur ces tours abandonnées, dominant notre avenir, en quête de quelque chose - du bonheur peut-être, de l'amour, ou de la gloire." (p.88)

"Chez nous, c'était un foyer. Un nid. Un endroit dans lequel ont et on aime. Il est parfois utile d'espionner la vie des autres. Pour moi, en tout cas, ça m'avait fait réaliser combien j'aimais ma vie." (p.125)

"Chantez comme si vous n'aviez aucun public, chantez comme si les critiques n'existaient pas, chantez votre ville natale, chantez le grand bal du lycée, chantez les cerfs, chantez les saisons, chantez votre mère, chantez les tronçonneuses, chantez le dégel, chantez les rivières, chantez les forêts, chantez les prairies." (p.232)

"Hank m'a alors serré dans ses bras et je me suis remis à pleurer, mais il m'a serré si fort - on aurait dit qu'il avait juré de me briser les côtes - que j'ai compris qu'il ne me lâcherait pas avant que j'arrête de pleurer. J'ai aussi compris quel type de père il était, quel type de mari et d'homme il était. J'ai compris qu'il était plus fort que moi, meilleur que moi." (p.245)

J'ai lu ce roman dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire de Priceminister. Merci Oliver et toute l'équipe pour l'organisation !

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3 décembre 2014

Les Carnets de Cerise T.3 Le dernier des cinq trésors, Joris Chamblain et Aurélie Neyret

Les Carnets de Cerise T

Le dernier des cinq trésors est le titre du troisième tome de la série Les Carnets de Cerise, imaginée par Joris Chamblain et mise en images par Aurélie Neyret. Il est paru en novembre 2014 dans la Collection Métamorphose de chez Soleil.

A dix ans et demi, Cerise n'est plus une enfant et rêve toujours de devenir romancière. En cette période de Noël, elle aimerait plus que tout arrêter le temps pour continuer à profiter de l'insouciance de son enfance. Mais pas sûr que sa lettre au Père Noël exauce ce voeu...
A l'occasion d'un atelier créatif à la bibliothèque, Cerise se lie d'amitié avec Sandra, relieuse de livres, et découvre peu à peu son métier et son univers. Lorsqu'elle déniche une partition ancienne dans l'atelier de Sandra et un mystérieux petit mot, Cerise n'y tient plus et décide de mener l'enquête. Tout porte à croire qu'un jeu de piste a été laissé à Sandra par son père. Ce dernier semble vouloir faire retrouver la mémoire à sa fille...

C'est bien simple, j'ai tout aimé dans cet album. Tout. Des couleurs pastels des dessins tout en rondeurs d'Aurélie Neyret à l'histoire en elle-même en passant par l'alternance des genres et des visuels.
Les doubles pages se suivent et ne se ressemblent pas, tour à tour journal intime de Cerise, à l'écriture tremblotante et aux dessins enfantins, planches de BD plus classiques qui relatent les aventures de la jeune fille, collages de documents dans le journal de Cerise (de partitions, de recettes de cuisine, etc.) Chaque page est un plaisir visuel et poétique qui entraîne le lecteur dans une histoire au charme suranné, tout en lenteur et en douceur.
La nouvelle aventure de Cerise (après le zoo oublié dans le premier tome et le mystère de la bibliothèque dans le deuxième) est encore une fois très bien menée et laisse la part belle à l'amitié et aux relations humaines. La jeune Cerise, si elle est entrée au collège, n'a pour autant pas perdu son empathie et sa générosité. Aider les autres semble être toujours sa priorité. Comment ne pas s'attacher à cette ado très humaine, à la psychologie bien travaillée ?   
Voilà un troisième tome tout aussi bon que les deux premiers. Je ne veux pas en dire plus, sous peine de gâcher le plaisir de la découverte. En tout cas, Les Carnets de Cerise est une série que je ne peux que vous conseiller tant elle entraîne son lecteur dans un univers singulier et apaisant.
J'ai hâte de découvrir la suite...  
Les avis enthousiastes de Yaneck et Faelys.
Et voici ma participation du jour au Challenge Il était deux fois Noël organisé par Chicky Poo, Petit Spéculoos et  Samarian. Aujourd'hui, c'était le jour des enfants, avec des albums sur le thème de Noël et/ou de l'hiver.
Vous trouverez d'autres idées chez les participants du jour : Syl, Nathchoco, Marie&Anne, Natiora, Glorifine LoquaceDawn, Elie, D. Séverine, Lauraline...

Voici ma 68e participation  à la  de Mango 
et ma 56e au Top BD des blogueurs de Yaneck (18/20)

 Top BD

Planche 1

Planche 3  Planche 2

Un grand merci à Bénédicte et aux éditions   pour cet album.

13 octobre 2014

Carmilla, Sheridan le Fanu et Isabella Mazzanti

CarmillaCarmilla est une des oeuvres les plus connues de l'écrivain irlandais Sheridan Le Fanu, auteur majeur du récit fantastique.
Publiée en 1872 et à l'occasion des deux cents ans de la naissance de l'écrivain, elle paraît aujourd'hui en album illustré par l'italienne Isabella Mazzanti, dans la collection Métamorphose chez Soleil.

Laura vit seule avec son père, dans un château en Styrie. L'adolescente souffre de solitude et c'est avec un plaisir immense qu'elle voit sa vie bouleversée par l'arrivée au château de Carmilla, une jeune fille de son âge. Les deux adolescentes se lient rapidement d'amitié.
Mais les jours passants, des décès étranges se produisent dans les alentours. Et Laura fait des rêves étranges, remarquant au réveil de drôles de traces sur son corps. Une langueur peu à peu l'envahit...

Publié vingt-cinq ans avant le Dracula de Stoker, Carmilla est une nouvelle fondatrice dans le mythe du vampire à laquelle Bram Stoker rendra hommage et dont il reconnaîtra l'influence sur son oeuvre. Demeurée dans l'ombre de Dracula - à laquelle tout semble se référer, à tort - elle fait pourtant partie des textes qui participent de l'image du vampire telle que nous la connaissons et mérite une visibilité plus grande. Son adaptation en album en est l'occasion.
En grand maître du récit fantastique, Le Fanu offre ici à son lecteur une petite merveille très bien orchestrée. La gradation du suspense et de la peur au fil des pages est parfaitement maîtrisée et donne au lecteur l'impression d'un étau qui peu à peu se resserre autour du personnage de Laura. Le doute n'existe pas, quant à l'identité de l'auteur de ces crimes, bien entendu, et c'est avec impuissance que le lecteur regarde le châtelain et sa fille abriter le mal en leur sein et le protéger.
Mais l'intérêt de la nouvelle ne réside pas dans ce mystère mais dans l'influence de Carmilla sur Laura, son emprise sur elle - amicale, amoureuse, le doute persiste -, et la relation étrange qui naît entre les deux femmes. Au fur et à mesure des chapitres, le lecteur assiste au vampirisme de Carmilla, et regarde peu à peu Laura perdre ses forces, s'abîmer dans cette relation, s'y perdre, en se demandant si son entourage réagira à temps pour la sauver.
Figure féminine nimbée d'une aura mystérieuse et inquiétante, le personnage de Carmilla symbolise l'énigme, le mystère. De la nature humaine peut-être ? De la monstruosité de la condition humaine, qui sait ? Personnage silencieux, elle cristallise toutes les peurs et hante les pages comme le château et l'esprit de Laura. D'elle, le lecteur sait très peu. Mais sa présence est là, insaisissable et silencieuse.
Figure féminine du vampire qui ne s'attaque qu'à ses paires, Carmilla est et reste une énigme au fil des pages. S'amourachant de ses victimes pour mieux les vider de leur sang, les séduisant pour mieux les aliéner. Dangereuse, c'est certain, mais si belle. Si attachante. Si envoûtante...

Les illustrations d'Isabella Mazzanti transportent le lecteur dans cette nouvelle gothique inquiétante et ténébreuse à souhait. Le noir domine, notamment avec la chevelure de Carmilla, et se décline en nuances de gris - jusqu'au blanc - qui contrastent avec la seule couleur utilisée au fil des pages, le rouge. Le sang, mais aussi le côté virginal des jeunes filles, sont symbolisés par cette couleur, utilisée notamment en arabesques aux allures orientales, qui témoignent du parcours hétéroclite de l'illustratrice.  Quel plaisir visuel !
Les dessins complètent le texte, le dépassent parfois, l'interprètent souvent, pour mieux l'accompagner. Les personnages ont des allures de personnages de contes, avec leurs grands yeux expressifs et l'innocence qui semble se dégager des pages n'est qu'un leurre auquel le lecteur ne croit bien évidemment pas.
Vous l'aurez compris, l'
adaptation en album de cette nouvelle est en tous points splendide et je suis tombée sous le charme de Le Fanu, certes, mais aussi d'Isabella Mazzanti. C'est un objet visuellement très intéressant, dans lequel chaque détail est soigné, des pages de garde aux têtes de chapitre. Ouvrir cet album, c'est véritablement s'immerger dans la nouvelle gothique de Le Fanu. Une petite merveille ! A lire, relire, à offrir aux amateurs du genre ou à soi...
Challenge Halloween 

Voici ma première participation au Challenge Halloween d'Hilde et Lou, lue pendant le Marathon de lecture d'Halloween.

Une bande-annonce, plutôt que des planches, pour vous faire découvrir l'univers d'Isabella Mazzanti

Un grand merci à Bénédicte et aux éditions pour cette magnifique découverte.

ions pour cette lecture encore une fois très agréable. - See more at: http://bouquinbourg.canalblog.com/tag/Service%20de%20presse#sthash.qwsqmTSg.dpuf
31 octobre 2013

Les sorcières d'Eastwick, John Updike

Les Sorcières d'Eastwick, John UpdikeLes sorcières d'Eastwick est un roman du prolifique John Updike paru en 1984. Il fait partie de ces livres qui possèdent la particularité d'avoir éclipsé, par leur titre, le nom de leur auteur. Car si beaucoup connaissent de nom ces diaboliques femmes de la paisible Eastwick, peu nombreux sont capables d'attribuer à John Updike la paternité de cette œuvre.

70's. Eastwick, petite bourgade américaine sans histoire. Mais derrière les apparences et les masques se cachent un brin de sorcellerie et beaucoup de commérages. Trois amies, Alexandra, Sukie et Jane, dont les pouvoirs se sont développés suite à leur célibat, utilisent leurs dons au gré de leurs humeurs, et ce malgré les quand-dira-t-on. Mais lorsqu'arrive en ville Darryl Van Horne, un homme riche et mystérieux, les trois femmes sont piquées de curiosité. Sournoisement, Darryl va tour à tour les séduire et les aliéner. Orgies, drogues, séduction et jalousie vont devenir leur lot quotidien. Darryl, sous ses apparences ordinaires, ne serait-il pas une incarnation du Malin ?

Tant a déjà été dit sur ce roman et cet auteur qu'il est difficile de mettre des mots, mes mots, sur cette lecture. John Updike signe ici un roman foisonnant et multiple qui entraîne le lecteur dans un méandre où seule subsiste l'image de ces trois femmes, puissantes et fragiles à la fois.
La petite ville d'Eastwick est le théâtre de bien des drames et il s'y noue des relations complexes entre les habitants. Critique de cette micro-société, le roman n'épargne personne, et surtout pas les hommes. Ces derniers, hormis Darryl Van Horne, ne souffrent pas la comparaison avec les personnages féminins et restent en arrière-plan de l'intrigue. Faibles, lâches, menteurs, meurtriers parfois, ils semblent cristalliser le mal que la société fomente. Face à ces hommes secondaires, les personnages féminins - les héroïnes ainsi que les autres femmes de la ville - s'érigent en  figures de force et de pouvoir, allant même jusqu'à s'affronter pour éprouver leur domination.
 
La sorcellerie n'est finalement qu'un prétexte à l'auteur pour s'interroger sur la question de l'émancipation de la femme. Ses trois héroïnes, malgré leur posture dominante énoncée plus haut, n'en demeurent pas moins sensibles au charme masculin, et notamment à celui du manipulateur Darryl Van Horne. Et elles qui prônaient la liberté comme valeur essentielle, se retrouvent bien vite piégées par cet individu paradoxalement repoussant et irrésistible. Le lecteur suit avec avidité le mécanisme qui se met en place et les tourments par lesquels passent tour à tour Alexandra, Sukie et Jane. Et à son tour de s'interroger sur la place de la femme.
Porté par une plume splendide, une traduction agréable et des longues phrases au rythme parfait, Les sorcières d'Eastwick est un plaisir dont on aurait tord de se priver.

Et parce que le roman d'Updike a inspiré le petit écran et le septième art, voici deux bandes-annonce d'adaptations très différentes et plus ou moins fidèles à l'oeuvre originelle.
La première est celle du film Les Sorcières d'Eastwick réalisé par Georges Miller en 1987, avec Jack Nicholson, Susan Sarandon, Michelle Pfeiffer et Cher dans les rôles principaux.

 Les sorcières d'Eastwick

Le film Les sorcières d'Eastwick (1987)

  

La seconde est celle de la série de Maggie Friedman, Les Mystères d'Eastwick, dont les 13 épisodes produits ont été diffusés fin 2009 sur ABC.

Eastwick

La série Les Mystères d'Eastwick (2009)

 

Enfin, parce que j'ai tellement annoté ce roman qu'il m'était impossible de faire l'impasse sur cette partie dans ma chronique, voici un florilège de citations qui illustrent le talent d'écrivain de John Updike.

"Si Alexandra était une sorcière du genre substantiel et instable, encline par nature à se gaspiller pour s'offrir aux influences et se fondre dans le paysage, et au tréfonds de son cœur plutôt paresseuse et d'un détachement quelque peu entropique, Jane était bouillante, trapue, concentrée comme une pointe de crayon, et Sukie Rougemont, qui à longueur de journée se dépensait en ville à recueillir cancans et nouvelles et dispenser sourires et salutations, avait une essence oscillante." (p.12-13)

"Rhode Island, bien que de notoriété publique le plus petit des cinquante États, renferme pourtant ça et là des immensités désertes typiquement américaines, des étendues mal explorées enclavées au milieu de zones industrielles tentaculaires, fermes abandonnées et grandes demeures oubliées, campagnes dépeuplées que traversent en hâte des routes droites et noires, marécages pareils à des landes et rivages désolés des deux côtés de la Baie, cet énorme coin d'eau enfoncé comme un pieu jusqu'au cœur de l’État, sa capitale, dont le nom est un acte de foi." (p.19)

"Dock Street, à cette heure où la nuit précoce rattrapait les acheteurs emmitouflés, avait un aspect dévasté, ses illuminations une pathétique manœuvre pour faire obstacle au sommeil, une tentative désespérée et hagarde pour tenir quelque vague promesse prisonnière de l'âpre ciel noir." (p.276)

"Entre-temps, la neige était tombée ; on finit par oublier cette merveille annuelle, son ampleur, l'air doté soudain d'une présence, les traits obliques des flocons ruisselants qui recouvrent tout comme les zébrures d'un graveur, le gros béret qui le lendemain matin coiffe de guingois la baignoire à oiseaux, le brun soudain plus foncé des feuilles sèches encore accrochées aux chênes, les branches vert foncé des sapins ciguë ployant sous le poids et le bleu limpide du ciel pareil à un bol vidé de sa dernière goutte, l'allégresse qui à l'intérieur de la maison ricoche sur les murs, la vie soudain comme survoltée qui sourd de la tapisserie, l'intensité mystérieuse de l'intimité que sur la fenêtre, dans son pot, l'amaryllis partage avec son ombre phallique et pâle." (p.304)

"Alexandra faisait de son mieux pour se montrer à la hauteur et s'intéresser à ces gens qu'elle n'avait jamais rencontrés, mais ses cellules cérébrales n'étaient déjà que trop encombrées de gens qu'elle avait jadis rencontrés, appris à connaître, trouvés passionnants et parfois même aimés, pour bientôt les oublier." (p.333)

"La musique illumine de sa lampe palpitante la sombre caverne de nos existences." (p.351)

"N'ont d'intérêt en fait que ce que nos esprits retiennent, ce que nos vies ont confié à l'air." (p.477)

 

Et vous vous en doutez : en ce beau jour d'Halloween, 
je ne pouvais pas ne pas participer au Challenge Halloween de
Lou et Hilde

 

18 avril 2013

Le canapé rouge, Michèle Lesbre

Le canapé rouge, Michèle LesbreLe canapé rouge est le dixième livre de la romancière française Michèle Lesbre paru aux Éditions Sabine Wespieser en 2007 et en poche chez Folio en 2009.

Anne file à Irkoutsk retrouver un homme qu'elle a aimé. Dans le transsibérien qui la conduit en Russie, la jeune femme ne peut empêcher ses pensées de vagabonder vers Clémence, sa voisine âgée et isolée à qui elle fait la lecture de biographies de grandes dames. Entre son voyage vers son amour perdu et cette amitié fragile avec cette femme fascinante, Anne se perd un peu pour mieux se trouver.

Voilà un roman que L'Or des Chambres avait encensé et auquel je n'ai pas su résister bien longtemps.
Michèle Lesbre nous transporte aux côtés de son personnage dans une quête à la fois personnelle et tournée vers l'autre. La nature défile derrière les vitres du train et avec elle les souvenirs de l'heroïne. Son enfance, ses amours, puis les souvenirs de son amitié avec Clémence et son attachement à la vieille dame bousculent les pensées d'Anne et semblent l'éloigner du but premier de son voyage : retrouver cet homme qu'elle a tant aimé.
La plume de Michèle Lesbre nous transporte en douceur dans ce voyage intérieur. En 138 pages seulement, la romancière parvient avec brio à insuffler à son roman une atmosphère singulière et attachante.
Un roman à lire d'une traite, d'un souffle. Pour voyager au diapason de l'héroïne. Merci L'Or de ce conseil de lecture, j'ai été conquise !

"De longues traînées de brume s'enroulaient autour des troncs d'arbres et les bois semblaient émerger d'un rêve. Par endroits, une lumière fragile ourlait l'horizon, points de suspension lumineux qui couraient avec le train et traçaient les limites au-delà desquelles plus rien n'existait." (p.55)

"Penser à elle dans mon hôtel de transit me ravissait, j'avais très envie de la revoir, vite, de lui conter mon étrange voyage, sans doute le plus étrange de tous mes voyages, parce que plus que tous les autres il m'avait sans cesse ramenée à ma vie, à la simple vérité de ma vie." (p.82)

 

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15 mars 2012

Mon Plan d'Action pour jeunes Sorcières Très Amoureuses, Mélanie Lafrenière

Mon Plan d'ActionMon Plan d'Action pour jeunes Sorcières Très Amoureuses est le deuxième ouvrage de la romancière canadienne Mélanie Lafrenière, paru au début de l'année 2012 aux éditions du Chat-qui-bulle. 

Anségisèle Von Wienenberg, dite Gigi, est une jeune adolescente pas tout à fait comme les autres : c'est une sorcière. Et si être une sorcière semble permettre l'impossible grâce à des formules et des potions magiques, Gigi va vite se rendre compte qu'elle est impuissante face à une chose : l'amour ! Lorsqu'elle tombe amoureuse de Lucas, le nouveau du collège, la jeune sorcière va tenter par tous les moyens de se faire remarquer et aimer par lui...

Encore une histoire de sorcières, penseront certains ? Oui, mais une histoire de sorcières bourrée d'humour et qui s'attarde davantage sur la condition pré-adolescente - voire adolescente - que sur le monde de la sorcellerie.
Gigi est une ado quasiment comme les autres, excepté le fait qu'avec sa meilleure amie Méli, elle s'affaire autour d'un chaudron pour concocter des philtres d'amours et autres potions aux effets assez inattendus. Sa psychologie est finement étudiée et en fera sourire plus  d'un.
L'intrigue avance à bon rythme et la jeune fille ne se laisse pas abattre malgré les difficultés liées à sa condition d'amoureuse transie.
Voilà un roman idéal pour les lecteurs dès 9 ans. Un très bon moment de lecture en perspective avec, en sus, une bonne dose d'humour à chaque page et des illustrations très soignées !

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur Gigi
ou sa créatrice, Mélanie Lafrenière,
rendez-vous sur son site tout coloré !

Blog Mélanie Lafrénière

26 janvier 2012

Beignets de tomates vertes, Fannie Flagg

Beignets de tomates vertesBeignets de tomates vertes (Fried Green Tomatoes) est l'oeuvre la plus connue de la romancière et actrice américaine Fannie Flagg. Publiée la première fois en 1987, elle a été traduite en plusieurs langues et a fait l'objet d'une adaptation cinématographique par John Avnet en 1991.

Evelyn Couch est une quinquagénaire dépressive et malheureuse. Lors d'une visite à sa belle-mère, dans la maison de retraite de Rose Terrace, elle fait la connaissance d'une des pensionnaires, Mrs. Threadgoode. Les deux femmes sympathisent et Mrs. Threadgoode, veuve et sans famille, fait revivre son passé en Alabama, dans la petite ville de Whistle Stop, avec ses habitants, et surtout son café. En 1929, lorsque l'établissement ouvre ses portes, les Noirs n'ont pas le droit d'y entrer, le Ku Klux Klan sévit et les lois raciales ont la dent dure. Mais Ruth et Idgie, qui tiennent le café, n'en ont cure ! Et la petite communauté s'entraide malgré les différences et les forts caractères.

Je ne lis pas beaucoup de littérature américaine, j'avoue. Je suis peu attirée par ce pays et sa littérature. Mais il y a quelques mois, un collègue m'a parlé de ce roman dont le titre m'intriguait depuis des années. Et je ne sais plus où ni à quelle occasion je l'ai acheté, pensant le lire cet été.
Après un été pauvre en lecture, et me trouvant à court de livre un soir (c'est rare !), j'ai ouvert la première page de ce roman. Juste pour lire l'incipit. Juste pour voir si... Juste... Vous m'aurez comprise : je me suis fait avoir dès la première phrase, dès la première ligne de ce roman ! Impossible de décrocher mes yeux du texte ! Au point de quasiment sacrifier ma nuit entière (terminer à 4h quand on se lèvre à 7h, c'est rude !) Et pourtant, les Etats-Unis et moi, c'est loin d'être une grande histoire d'amour...
Tout est aboslument incroyable dans ce roman. Sa construction narrative tout d'abord, qui alterne les époques, mais aussi les genres. Le roman commence en effet en 1929, à l'ouverture du café de Whistle Stop, puis n'a de cesse de varier entre les époques : la fin des années 80 avec le présent d'Evelyn et de Mrs. Threadgoode, à la maison de retraite, l'enfance de Nini, alias Mrs. Threadgoode, etc. La narration est parfois prise en charge par Dot Weems, qui écrit la gazette de Whistle Stop, parfois par le journal de Birmingham, etc. Sans jamais perdre son lecteur, Fannie Flagg l'entraîne dans cette histoire incroyable d'une petite ville d'Alabama, aux habitants drôles et fiers malgré tout. Malgré la menace qui rôde, la pauvreté et la misère qui sévissent, les divergences d'opinion qui persistent.
Les personnages qu'elle dépeint sont furieusement vraisemblables. Evelyn et ses complexes, Mrs. Threadgoode est ses souvenirs d'enfant qui s'estompent, Idgie le garçon manqué au grand coeur, la belle et douce Ruth, etc.
J'ai plongé avec délice dans ce roman, me surprenant à tourner les pages sans me soucier de l'heure. J'ai euCoup de coeur 2012 l'impression de rencontrer une grande famille de personnages aux valeurs profondément humanistes. Fannie Flagg nous permet de lever un voile sur un pan de l'histoire des Etats-Unis et le fait avec brio ! Pas de misérabilisme ni de jugement. Juste une intrigue et des personnages attachants, sur fond de contexte historique. C'est brillant, sans aucun doute ! (et ça file des complexes au point de vue de la construction narrative...)

Un nouveau
coup de coeur, sans aucune hésitation, que je vous conseille de lire
au plus vite !

29 septembre 2011

Soeurs chocolat, Catherine Velle

couv_soeurs_chocolatSoeurs chocolat est le troisième roman de Catherine Velle, paru en 2007.

Une petite communauté religieuse en plein coeur de la France subsiste grâce aux savoureux chocolats qu'elle produit. Mais une menace pèse sur son fragile équilibre : tous les dix ans, deux soeurs doivent aller en Colombie faire valoir leur droit sur les fèves de cacao, faute de quoi, leur part sera attribuée à d'autres. L'échéance arrive, mais avec elle les problèmes. Le secret de fabrication de leurs chocolats, jalousement gardé par les soeurs, attise de nombreuses convoitises. Et lorsque les deux soeurs désignées doivent entreprendre le long voyage jusqu'en Colombie, elles ne sont pas seules. Et les péripéties commencent.

J'ai lu ce roman cet été, alors que j'étais en pause de lecture. Je n'arrivais pas, par fatigue, à fixer mon attention sur les livres que je commençais, et bon nombre me sont tombés des mains.
Soeurs chocolat
a eu le mérité de retenir mon attention grâce à une intrigue simple aux péripéties nombreuses. Si les dialogues sont parfois simplistes, les situations prévisibles et les invraisemblances nombreuses, ce roman propose néanmoins une détente non négligeable et possède une fraîcheur et un comique certains !
Rien de transcendant donc, je dois l'avouer, mais un bon moment de lecture qui a su me réconcilier avec la lecture cet été.
Les avis beaucoup plus enthousiastes de
Sharon et Latite.

21 septembre 2011

Joséphine l'intégrale, Pénélope Bagieu

9782350132389_1_75Cela faisait quelques temps que je n'avais pas lu de BD de blogueuse-dessinatrice, comme Margaux Motin ou encore Diglee. J'ai donc succombé à l'appel de l'intégrale de Joséphine, regroupant les 3 tomes des aventures du personnage éponyme imaginé par Pénélope Bagieu.

Joséphine a la trentaine. Joséphine est célibataire. Joséphine se pose un milliard de questions quant à sa vie, son avenir, son chat, etc. Entre un collègue lourdingue et des copines toujours prêtes à la sortir de son célibat, Joséphine cherche l'homme de sa vie...

Dit comme ça, Joséphine semble être une BD destinée à un public féminin, à la limite de la chick-lit... Mais en réalité, et parce que je ne supporte par l'idée d'un public visé selon son sexe, malgré un personnage féminin égocentré et des préoccupations somme toutes assez superficielles, cet album aborde des thématiques plus larges que celles du célibat des femmes de trente ans et des poussières. L'humour y est omniprésent et si toutes les planches ne se valent pas, elles ont au moins le mérite de m'avoir fait sourire à plus d'un titre. josephine (1)
Le trait de Pénélope Bagieu est assez minimaliste, comme toujours, mais l'utilisation des couleurs prend tout son sens ici, créant des univers particuliers à chaque planche. Pénélope Bagieu soigne les ambiances de ses vignettes, offrant à celles-ci une atmosphère à chaque fois singulière.
Joséphine est un personnage attachant dans ses failles et ses doutes et évolue au fil de ces trois tomes (clairement distingués au sein de cet album intégral).
Si le troisième tome m'a un peu déçue - sans vous en révéler la teneur, j'évoquerais seulement le conformisme dans lequel tombe le personnage, conformisme qui ne colle pas à la psychologie développée dans les deux précédents tomes - j'ai néanmoins passé un bon moment de lecture. Rien de mémorable, certes, mais une détente appréciable parfois.

Elles ont lu aussi Joséphine : C.l!neKikine, Yoshi73, Stemilou.   

   Et voici ma 23e participation
à la BD du mercredi de
Mango !

Logo_BD_du_mercredi_de_Mango_1

 

Et ma 14e au Top BD des blogueurs de Yaneck!
(note : 14/20)

Logo_top_bd_2011

13 mai 2011

Angleterre, Geneviève Brisac

angCela faisait quelques temps que ce titre me tentait, et je n'avais pas eu le courage de résister lors de mon passage au Salon de Montreuil en décembre dernier...

Ce roman dresse le portrait d'une adolescente un peu en marge. Adélaïde, envoyée par ses parents en voyage linguistique en Angleterre, ne comprend ni les filles de son âge, ni ce que lui raconte sa famille d'accueil, ni ce que les garçons lui trouvent... Loin de sa famille, dans ce pays qui la rebute, la jeune ado va bien évoluer pendant ces trois semaines.

J'avoue tout de suite : ce roman m'a attirée non seulement parce que j'adore l'Angleterre (presque autant que l'Inde, c'est dire !) mais aussi parce que je savais que je m'identifierai à l'héroïne de Geneviève Brisac.
Envoyée moi aussi en voyage linguistique dans ce beau pays malheureusement trop pluvieux à mon goût, j'ai souri en découvrant les péripéties de cette ado mal dans sa peau.
Genevière Brisac réussit un coup de maître en choisissant son héroïne comme narratrice de son récit (un peu comme Claire Ubac dans Le fruit du dragon) et en réussissant pleinement à se faire oublier derrière la parole de son personnage. Identification garantie !
Dévoré lors du Read-a-Thon en avril dernier, ce roman m'a permis un petit retour en arrière très appréciable qui saura séduire aussi bien les nostalgiques comme moi que les ados d'aujourd'hui et leurs questions existentielles !

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