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Bienvenue à Bouquinbourg
20e
15 janvier 2017

La cuisinière d'Himmler, Franz-Olivier Giesbert

La cuisinière d'Himmler, Franz-Olivier GiesbertLa cuisinière d'Himmler est un roman du journaliste et écrivain franco-américain Franz-Olivier Giesbert paru en 2013 chez Gallimard.

Rose est née en juillet 1907, au bord de la mer Noire. Parce que sa famille est arménienne, elle est massacrée par les Jeunes-Turcs au nom de la turquification de l'Anatolie. Rose s'enfuit et commence pour elle un drôle de périple, une vie de fuite dans ce siècle meurtrier. Après le génocide arménien, la petite fille est vendue comme esclave sexuelle avant de s'enfuir en France. Mais la Seconde Guerre mondiale sourd. Entre amours désabusées et vengeance qui la ronge, Rose vit avec une détermination farouche et se lance dans la seule chose qui anime sa vie : la cuisine.

Roman étonnant et détonnant s'il en est, La cuisinière d'Himmler vous déroute et vous malmène dès les premières pages. L'intrigue débute alors que Rose a cent-quatre ans, une vie des plus remplies, et des souvenirs en pagaille. Quand une lettre lui parvient d'Allemagne, elle se décide à écrire ses mémoires, le récit de sa vie de bohème, "un livre pour célébrer l'amour et pour prévenir l'humanité des dangers qu'elle court. Pour qu'elle ne revive jamais ce que j'ai vécu." Dès lors, les chapitres alternent entre Marseille, en 2012 - où Rose tient son restaurant La petite Provence - et sa jeunesse sur les routes.

Car Rose a traversé le XXe siècle et toutes ses horreurs : du génocide arménien aux atrocités nazies et à l'horreur maoïste. De la France à l'Allemagne en passant par la Chine et les États-Unis, Rose fuit la violence et tente à chaque fois de se construire une vie stable et heureuse, aimant hommes et femme, célébrant la vie par le sexe.

Au crépuscule de sa vie, avec une détermination et un humour féroces, la vieille dame raconte sa vie. Et c'est drôlement prenant. Franz-Olivier Giesbert dresse le portrait d'une Tatie Danielle impertinente, vulgaire et un brin teigne, qui par ses blessures s'est construit une force de caractère et une vie des plus remplies. Extrêmement documenté sur le siècle, son récit est poignant et ne s'embarasse ni de jolies tournures ni de descriptions longues. Rose - la narratrice - est directe, parfois crue. Mais c'est son journal, sa vie, ses morts et ses amours, et personne ne peut l'empêcher de se raconter comme elle le souhaite, avec l'impertinence que son âge excuse. Un roman solidement construit à l'humour grinçant et ô combien intéressant. Une bien belle lecture qui rafraîchit la mémoire sur le siècle dernier et ses sombres heures.

En bonus de fin : les recettes de Rose (la Parmesane de Mamie Joe, le Plaki de la grand-mère de Rose ou encore le flan au caramel d'Emma Lempereur)

"Si l'Enfer c'est l'Histoire, le Paradis, c'est la vie." (p.382)

"Le bonheur ne nous est pas donné : il se fabrique, il s'invente." (p.382)

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20 décembre 2016

Amours, Léonor de Récondo

Amours, Léonor de RecondoAmours est le quatrième roman de la violoniste et romancière française Léonor de Récondo paru aux éditions Sabine Wespieser en 2015. 

Au début du XXème siècle, dans le Cher, Anselme de Boisvaillant, notable respecté, profite du sommeil de sa femme pour violer Céleste, la jeune bonne de la maisonnée.  Lorsque celle-ci tombe enceinte, Victoire, la femme d'Anselme, décide d'adopter l'enfant et de se faire passer pour sa mère afin de sauver l'honneur du couple et d'offrir à son époux l'héritier tant désiré. Passant outre l'affront et la honte liés à l'adultère, Victoire s'improvise mère mais peine à s'occuper de l'enfant. Elle oscille entre ennui et désarroi. Heureusement, Céleste veille sur le petit et prend soin de lui. Victoire s'en aperçoit rapidement et bien vite, les deux femmes se lient à l'insu d'Anselme.

Quel roman ! Reçu en cadeau pour mes trente ans et reçu à nouveau en réussite à mon mémoire (mes amies ont les mêmes idées sans même se connaître, c'est pas fabuleux ça ?), Amours est un petit bijou à côté duquel j'aurais pu passer si ces deux présences bienveillantes ne me l'avaient pas glissé entre les mains.

Léonor de Récondo signe ici une intrigue très riche dans laquelle les héroïnes sont magnifiées, leurs corps encensés et le plaisir charnel révélé. Derrière un rideau de conventions sociales lourdes, à une époque où les femmes n'avaient que peu de liberté, se révèlent deux personnages féminins forts, marqués par leur statut social. Céleste, issue d'une famille humble, qui n'a d'autre destin que de servir les autres, quels que soient leurs désirs - être violé par le maître de maison était courant à l'époque et non condamné par la loi - et Victoire, étouffant dans un mariage malheureux, s'ennuyant telle une Emma Bovary engoncée dans une vie qui ne lui convient pas. Le corps féminin, uniquement dévoué à accueillir un foetus à cette époque, se libère de ses corsets et se défait de ses interdits pour mieux accéder au plaisir. C'est beau, très beau même. Les 200 et quelques pages se tournent à une vitesse folle vers un dénouement incroyablement réussi. Léonor de Récondo signe ici un roman magnifique qui donne sans hésiter l'envie de découvrir le reste de son oeuvre. Merci Flo et Lise pour ce chouette cadeau !

« De la vie, on ne garde que quelques étreintes fugaces et la lumière d'un paysage. »

 

2 novembre 2016

La justice de l'inconscient, Frank Tallis

La justice de l'inconscient, Frank TallisLa justice de l'inconscient est le premier tome de la série Les Carnets de Max Liebermann imaginée par le psychologue clinicien et romancier britannique Frank Tallis, paru en 2007 dans la collection Grands détectives des éditions 10/18.

Vienne, 1902. Le corps sans vie d'une voyante est découvert dans une pièce fermée de l'intérieur. Si tout porte à croire que la jeune femme s'est donné la mort, l'inspecteur Rheinhardt en doute et appelle à sa rescousse son comparse musicien, le psychiatre Max Liebermann. Et les deux hommes vont avoir fort à faire pour démêler les noeuds de ce crime que beaucoup pensent être l'oeuvre de forces occultes.

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas succombé à l'appel du polar historique et pourtant c'est un genre que j'affectionne tout particulièrement car il permet de s'immerger dans une époque donnée par le biais d'une intrigue policière. Mon dévolu s'est jeté sur ce roman, au résumé prometteur et au contexte historique très tentant, que j'ai déniché aux Carrières de Lumière (ne me demandez pas pourquoi il était en vente à la boutique alors que je sortais d'une expo sur Klimt !)

C'est bien simple : j'ai dévoré les 440 pages de cette intrigue avec un plaisir évident. Frank Tallis nous offre ici un premier tome de qualité qui allie intrigue diablement bien ficelée (qui rappelle brièvement le mystère du Meurtre de Roger Ackroyd d'Agatha Christie) et cadre historique riche et bien documenté. La Vienne impériale du début du XXe siècle est extrêmement bien rendue, la géographie de la ville maîtrisée par l'auteur (un plan en préambule permet d'en avoir un rapide aperçu) et les moeurs dépeintes avec soin. Pas d'anachronisme ici ni de personnage féminin qui s'extraie de sa condition et défie les lois de la bienséance mais un roman qui respecte les codes en vigueur à l'époque. Même les dialogues rendent compte de cette courtoisie propre au niveau social des personnages et sont empreints d'une politesse sans égale. La plume de Frank Tallis, soignée et précise, porte le roman de façon efficace.

L'intrigue permet en outre de croiser des personnalités historiques - Freud ou encore le compositeur Gustav Mahler - et d'interroger les avancées scientifiques de ce début du XXe siècle. C'est brillant !

Quant aux personnages, le duo formé par les deux enquêteurs - l'un inspecteur de police et l'autre médecin - fonctionne à merveille, chacun contribuant à l'enquête par sa forme d'intelligence et ses affinités. La galerie de personnages secondaires est intéressante et laisse présager une suite des plus délicieuses. Le versant psychologique et psychiatrique est dépeint avec soin et offre au roman une dimension peu commune.

Bref, un excellent roman bien loin de certains polars qui optent pour un contexte historique dans le but de se donner une certaine légitimité mais qui n'offrent de ce cadre qu'un décor en carton pâte décevant et bien souvent bourré d'anachronismes. La justice de l'inconscient est sans conteste le meilleur polar historique que j'ai pu découvrir ces dernières années et encore un beau coup de coeur à noter sans tarder !

3 octobre 2016

La petite couturière du Titanic, Kate Alcott

La petite couturière du Titanic Kate AlcottLa petite couturière du Titanic est un roman de la journaliste américaine Patricia O’Brien, qui écrit sous le pseudonyme de Kate Alcott, paru en 2012 aux États-Unis avant d'être traduit en français et de paraître aux Éditions de l'Archipel en avril 2016.

10 avril 1912, le Titanic quitte le port de Southampton en direction de New York. A son bord, Tess Collins, une jeune gouvernante qui rêve de vivre de ses talents de couturière. La jeune fille vient d'être miraculeusement embauchée par Lucy Duff Gordon, la célèbre et non moins impressionnante créatrice de mode. Durant la traversée, Tess fait la connaissance de deux hommes - un marin et un riche homme d'affaires - avant que le naufrage ne les sépare. Sauvée de justesse, la jeune femme survit à la tragédie sans connaître le sort de ceux qui avaient fait chavirer son coeur. A New York, entre l'enquête sur le naufrage et ses débuts dans la mode, la jeune anglaise découvre une nouvelle vie.

Publié sous le titre The Dressmaker, La petite couturière du Titanic est une jolie romance qui mêle Histoire et fiction. Si le titre français peut faire penser que l'intrigue va se dérouler durant la traversée du Titanic, il n'en est rien car celle-ci, ainsi que le naufrage, sont évacués en début de roman et l'intrigue se concentre davantage sur la nouvelle vie de Tess à New York et les suites juridiques du drame du Titanic que sur la vie à bord. J'ai donc été quelque peu déçue de ce titre alléchant et en ouvrant ces pages, je m'attendais davantage à trouver des détails sur la vie sur le paquebot que sur l'enquête qui a suivi son naufrage.

Néanmoins, ma déception a rapidement été balayée par l'intérêt que j'ai porté aux détails historiques de l'intrigue. Non seulement les suites du naufrage sont historiquement fondées et bien documentées, mais certains personnages ont réellement existé, comme Lucy Duff Gordon. La créatrice de mode, dont la carrière était alors à son apogée, a ainsi créé la polémique quant aux conditions de sa survie au naufrage et sa carrière, entachée de ce scandale, ne s'en est jamais remise.

Le milieu dans lequel évolue Tess m'a également conquise - celui de la mode et de la création - et j'ai aimé suivre les pas de cette jeune anglaise dans le gigantisme de la grosse pomme du début du 20ème siècle. Si la romance est conventionnelle et sans surprise, j'avoue que je n'y ai pas prêté réellement attention. J'ai aimé ce que j'étais venue chercher dans ce roman : un contexte historique documenté et précis, sur fond de création et de mode.

En bref, une romance historique bien ficelée, bien documentée, qui ravira les amateurs d'histoire et de beaux sentiments. Merci à LP Langage&Projets et aux éditions de L'Archipel pour la découverte de ce roman.

9 septembre 2015

Le jardin de Minuit, Edith

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Le Jardin de Minuit est un album signé Edith et paru fin mai dans la collection Noctambule de chez Soleil. Il s'inspire librement du roman de la britannique Philippa Pearce Tom et le Jardin de Minuit paru en 1958 et qui reçut la Médaille Carnegie cette même année.

Angleterre, XXe siècle. Tom est envoyé en vacances chez son oncle et sa tante. L'été s'annonce des plus ennuyeux pour le jeune garçon, seul enfant dans cette maison. Mais une nuit, Tom entend la pendule sonner treize coup et, piqué de curiosité, décide d'aller voir l'heure qu'elle affiche. Quelle n'est pas sa surprise lorsqu'il découvre derrière la porte du fond, un jardin immense et merveilleux. Intrigué, le jeune garçon le visite et y rencontre d'autres enfants, qui ne peuvent malheureusement pas le voir. Mais une fois le matin arrivé, le jardin a disparu et laisse place à une cours triste et sans végétation. Heureusement pour Tom, chaque nuit lui offre la possibilité de s'évader dans ce jardin merveilleux...

Classique de la littérature de jeunesse anglaise, Tom et le Jardin de Minuit fait partie de ces oeuvres oniriques et envoûtantes pour son lecteur. Décider de s'y frotter et de l'adapter en album est un pari audacieux dans lequel Edith s'est lancée. Beaucoup a été dit de cette adaptation en album, et si certains ont été déçus, bercés durant leur enfance par le roman originel, pour ma part il n'en est rien, pour la simple et bonne raison que je ne connaissais que de nom le roman de Philippa Paerce et ai donc découvert avec cet album cette intrigue merveilleuse. Je ne parlerai donc pas de l'intrigue - dans la mesure où je n'ai pas le recul nécessaire pour évaluer l'adaptation d'Edith par rapport à l'oeuvre dont elle s'inspire - mais me centrerai davantage sur les dessins et l'ambiance.

Edith - dont je découvre le travail avec cet album - offre à l'intrigue un rendu visuel un brin suranné qui colle parfaitement l'époque de l'intrigue. Les couleurs sont douces, tirant vers le jaune et le vert, et rendent hommage au jardin merveilleux que Tom visite chaque nuit. Les univers sont clairement identifiables par les tonalités utilisées, claires et chatoyantes la nuit, lorsque le garçonnet découvre le jardin et foncées et sombres la journée, lorsqu'il est en compagnie de son oncle et sa tante et que sa journée est rythmée par l'ennui. L'ensemble est particulièrement agréable à l'oeil et répond à l'intrigue en lui offrant une dimension des plus intéressantes.

Les personnages possèdent un petit quelque chose d'enfantin dans leur faciès, peut-être à cause de leurs nez un peu rougis et leurs visages ronds et semblent faire rappeler que l'enfance et ses rêves sont au centre de cette intrigue.

Pour ma part, Le Jardin de Minuit fut une très belle lecture. J'ai adoré me faufiler aux côtés de Tom et découvrir chaque nuit avec lui un jardin enchanteur. Et, cela n'a rien d'étonnant, j'ai très envie de découvrir le texte de Philippa Pearce maintenant !

Je tiens à remercier Mélanie et les éditions Soleil pour cette découverte.

D'autres avis sur cet album : Mo', JérômeNouketteHervéJacquesLivresse, Sandrine, Yaneck et  Faelys.

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C'est ma BD de la semaine, aujourd'hui chez Stephie.

 

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9 mars 2015

La pluie, avant qu'elle tombe, Jonathan Coe

La pluie avant qu'elle tombe, Jonathan CoeLa pluie, avant qu'elle tombe est un roman de l'écrivain britannique Jonathan Coe publié en 2007 en Angleterre et en France chez Gallimard l'année suivante.

Rosamond s'éteint à l'âge de soixante-treize ans, laissant derrière elle une confession enregistrée s'appuyant sur vingt photos retraçant sa vie, et destinée à une certaine Imogen. Gill, sa nièce, se charge d'écouter ces enregistrements et de retrouver Imogen. Au fil des heures d'écoute, elle découvre peu à peu l'histoire des femmes de sa famille.

J'ai ouvert La pluie, avant qu'elle tombe et me suis laissé emporter, à l'image de Gill, par la voix de Rosamond. Dans ses souvenirs, dans ses confidences, dans ses chuchotements, parfois lourds. Dans ses vingt photos qui semblent résumer sa vie. Une vie entière.    
Les révélations sont dures, parfois sans espoir, et Rosamond semble dérouler le fil de son existence sans jugement, sans amertume, comme un témoignage froid et distancié. En guise de rédemption, peut-être ? Et Gill d'écouter, avec ses filles, de se faire oublier, de se transformer en personnage prétexte de ce procédé narratif pour mieux laisser sa place au lecteur et découvrir qui est cette mystérieuse Imogen. 
J'ai aimé écouter la voix de Rosamond, semblant entendre au fil des pages les bandes usées et crachotantes et la voix de cette vieille dame aux portes de la mort. J'ai aimé découvrir le destin des femmes de cette famille, ce qui les liaient, leurs blessures, leurs souffrances. Une très belle lecture, au titre ô combien poétique, qui m'a permis de découvrir cet auteur et j'en suis ravie.

D'autres avis sur ce roman : Alex-mot-à-mots, Estellecalim, Hilde, Keisha, Lili Galipette, Metaphore, Nahe, etc.

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Voici une nouvelle participation au Reading Challenge 2015

44 - Un livre traduit

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Voici une nouvelle participation au Reading Challenge 2015
50 - Un livre que vous avez commencé et jamais terminé

- See more at: http://bouquinbourg.canalblog.com/archives/2015/02/13/31519757.html#sthash.OTWHGDrH.dpuf
14 janvier 2014

Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka

Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie OtsukaCertaines n'avaient jamais vu la mer est un roman de l'écrivaine américaine Julie Otsuka paru en 2012 et couronné du Prix Femina étranger la même année.

Elles s'appellent Katsuno, Chiye, Kiyono, Iyo, Misuyo ou encore Hanako. Elles ont quitté leur Japon natal, ont pris un bateau qui les a conduites aux Etats-Unis. Elles s'y sont mariées. Ont rêvé d'une vie. En ont subie une autre. C'est leur histoire, leur exil, leurs souffrances et leurs frustrations qui sont racontés ici.

Julie Otsuka signe ici un roman magistral. Une sorte d'oeuvre chorale qui donne à entendre les multiples voix de ces femmes exilées. Comme un bruissement, comme un chuchotement, ces femmes se confondent pour mieux se raconter. Et de leurs voix qui s'élèvent naît un portrait changeant, un nous collectif tantôt heureux, tantôt mélancolique, un destin brisé parfois, un amour perdu, l'esquisse d'une femme universelle peut-être, dans sa résignation et son courage.
En moins de 140 pages, Julie Otsuka nous emmène à l'aube de ce XXe siècle naissant. Elle nous entraîne dans le sillage de ces femmes qui ont tout quitté pour partir à la découverte d'un homme, d'un pays, d'une culture. Qui ont tout quitté pour la photo d'un homme et des rêves de vie meilleure.
C'est émouvant, dur parfois, authentique toujours. A travers les étapes de la vie de ces femmes - leur rencontre avec leur mari, leur nuit de noces, la naissance de leurs enfants, la Seconde Guerre mondiale - le lecteur suit leurs vies multiples aux croisements certains et découvre un pan de l'Histoire.
Une lecture bouleversante, révoltante, dont on aurait tort de se priver.

D'autres avis : Canel, Miss Alfie, Lili Galipettes, Theoma, Jérôme...

"Sur le bateau, nous étions presque toutes vierges. Nous avions de longs cheveux noirs, de larges pieds plats et nous n'étions pas très grandes. Certaines d'entre nous n'avaient mangé toute leur vie durant que du gruau de riz et leurs jambes étaient arquées, certaines n'avaient que quatorze ans et c'étaient encore des petites filles. Certaines venaient de la ville et portaient d'élégants vêtements.[…] Certaines descendaient des montagnes et n'avaient jamais vu la mer, sauf en image, certaines étaients filles de pêcheur et elles avaient toujours vécu sur le rivage. Parfois l'océan nous avait pris un frère, un père, ou un fiancé, parfois une personne que nous aimions s'était jetée à l'eau par un triste matin pour nager vers le large, et il était temps pour nous, à présent, de partir à notre tour." (p.11)

Un bonheur supplémentaire : écouter Julie Otsuka parler de son roman

10 février 2013

Le Cirque des Rêves, Erin Morgenstern

Le cirque des rêves, Erin MorgensternLe Cirque des Rêves est le premier livre de la romancière et artiste américaine Erin Morgenstern. Publié en 2011, ce roman est rapidement devenu un best-seller en Angleterre et aux États-Unis. En cours de traduction dans vingt-neuf pays, il est paru en octobre 2012 en France, aux éditions Flammarion.

Célia et Marco ne se connaissent pas, mais leurs vies sont liées, liées par une étrange compétition dont leurs mentors détiennent les règles. Les deux jeunes gens, illusionnistes de leur état, vont se rencontrer et s'affronter au Cirque des Rêves. Un cirque itinérant noir et blanc qui sera le théâtre de leurs enchantements... et de leur amour.

Vous avez dû remarquer que cela fait quelques temps que j'étais plongée dans ce roman (je ne vous cache plus mes lectures en cours avec ma rubrique "Je suis plongée dans..." dans la colonne de droite). Et s'il a pu sembler à certains que je m'endormais sur ce roman, il n'en est rien. Avec l'hiver, contrairement à d'autres blogueuses, mon rythme de lecture s'est mis en hibernation. Je ne peux pas vraiment vous dire pourquoi, mais juste que je lis drôlement moins vite qu'en temps normal...
Passons. Ce roman m'a littéralement enchantée, malgré le temps que j'ai mis à le lire. Erin Morgenstern a créé un univers onirique - ce fameux cirque - dans lequel je me suis plongée avec délice. J'ai aimé m'imaginer déambulant dans ses allées sinueuses et labyrinthiques, humer le parfum du feu et des différentes confiseries, découvrir ses différents chapiteaux et me laisser entraîner au gré de mon envie, découvrant les artistes fantastiques mais aussi les mises en scènes fabuleuses de chacune des tentes noires et blanches. J'ai aimé imaginer mon propre cirque à partir des descriptions qu'en fait l'auteure, descriptions soignées et poétiques à souhait.
L'intrigue repose sur l'idée d'un combat entre enchanteurs à travers leurs élèves. Rien d'original en soi mais ce roman possède un petit quelque chose qui fait la différence. Et ce petit quelque chose, c'est ce fameux cirque. 
Et si l'intrigue amoureuse est loin d'être une surprise, elle pimente le déroulé de la compétition. Je me suis perdue, parfois, dans la chronologie non linéaire de l'intrigue, pour mieux m'y retrouver ensuite. C'est confus, parfois brumeux, mais finalement cela ressemble à ce cirque vaporeux et fantasmagorique.
Onirique et envoûtant, Le Cirque des Rêves vous emportera dans son sillage, c'est certain. En tout cas, il ne m'a pas laissée insensible et les descriptions d'Erin Morgenstern me hanteront un certain temps. A quand une adaptation ciné ?
D'autres avis : Alice, Bouchon des Bois, Caroline, Stephie...

« Le cirque arrive sans crier gare. Aucune annonce ne précède sa venue, aucune affiche sur les réverbères, aucune publicité dans les journaux. Il est simplement là, alors que hier il ne l'était pas. » (p.7)

Un grand merci à ma soeurette pour ce cadeau de Noël !

 

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