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Bienvenue à Bouquinbourg
7 août 2011

Chocolat, Joanne Harris

A peine installée dans mon nouvel appartement
- enfin, disons que les cartons et les meubles y sont posés
mais pas encore rangés -

me voilà partie en vadrouille dans mon sud ouest natal !

Pour les photos d'Irlande, je vous demande
un peu de patience... et le temps de retrouver
mon câble d'appareil photo !
Mais il est temps que mon blog se réveille

de sa très (trop) longue torpeur estivale.
Et je tenais à le faire avec un roman qui m'a conquise au début de l'été...

ChocolatChocolat est le roman le plus connu de la romancière britannique Joanne Harris. Née en 1964 d'un père anglais et d'une mère française, Joanne Harris est également l'auteure, entre autres, de Dors, petite sœur, Les cinq quartiers de l'orange, Vin de bohèmeet Le rocher de Montmartre (la suite de Chocolat).

Lansquenet, petite bourgade du Sud de la France, entre Toulouse et Bordeaux. Un village où il ne se passe rien. Un village où les comérages vont bon train. Un village où la parole de l'Eglise prime.
Le jour où Vianne Rocher, jeune mère célibataire, décide de reprendre l'ancienne boulangerie et de la transformer en confiserie, aidée de sa fille Anouk, le village se divise. Entre les partisans des douceurs de Vianne et ceux qui voient en elle la tentation suprême la veille du Carême, des clans se forment...

Quelle lecture ! Tout comme dans Le coeur cousu de Carole Martinez, Joanne Harris nous entraîne ici dans une intrigue riche, très poétique, portée par des personnages féminins forts.
Alliant subtilement le plaisir charnel au plaisir de la bonne chère, distillant ses sucreries comme des remèdes, le personnage de Vianne fait partie de ceux que l'on n'oublie pas facilement, d'autant plus que le roman adopte son point de vue (en alternance avec celui de son grand ennemi, Reynaud, le curé).

Tout est fait pour que le lecteur plonge avec délice dans cette histoire. Le huis-clos, tout d'abord, dans le petit village de Lansquenet ; l'atmosphère lourde, pesante, ensuite, autour de cette jeune mère et sa fille. Les regards peu amènes des villageois, enfin, et la désapprobation de l'Eglise par l'intermédiaire du personnage du curé.
Il fait chaud, cela sent bon, c'est douillet chez Vianne Rocher et Joanne Harris réussit à merveille à créer un huis-clos dans lequel la confiserie de son héroïne tient lieu de refuge maternel aux relents sucrés très utérins. Le chocolat, ainsi que toutes les douceurs confectionnées dans la confiserie, est érigé au rang de plaisir divin par les villageois, certains se cachant pour pêcher, d'autres bravant l'interdit religieux du Carême et les imprécations du curé pour mieux se régaler.

Petit détail, enfin, qui n'est pas anodin dans ce roman et qui participe de cette ambiance désuète : l'absence de temporalité nous fait, à tord, croire que l'intrigue se déroule au début du 20e siècle, avant que des détails technologiques égrainés ça et là ne nous indiquent une époque. Longtemps, je me suis imaginée un petit village français au début du siècle dernier...

coup_de_coeur_2011

Une lecture qui m'a complètement charmée par son côté chaleureux frôlant le fantastique, son humanité et son aspect culinaire. Un nouveau coup de coeur, c'est certain ! Le huitième de cette année...

"Je vends des rêves, de menues consolations, d'exquises tentations inoffensives pour qu'une multitude de saints dégringolent de leur piédestal et viennent se fracasser au milieu des noisettes et des nougatines." (p.61)

"Je me suis efforcé de ne pas regarder les étagères de friandises : des boîtes, des rubans, des noeuds dans des teintes pastel, des monticules de dragées couleur or et argent, des violettes en sucre et des feuilles de rosier en chocolat. Cette boutique tient nettement du boudoir, avec son atmosphère intime, son parfum de rose et de vanille." (p.73)

"Les enfants, lumineux canards de plastique dans leurs imperméables et leurs bottes, braillent et pataugent en traversant la place, et leurs cris ricochent sur les nuages bas." (p.128)

 

Challenge La littérature fait son cinéma 3e catégorie

Et comme ce roman a donné lieu à une adaptation cinématographique par Lasse Hallström en 2000 avec Juliette Binoche et Johnny Depp, voici ma sixième participation au Challenge La littérature fait son cinéma de Will.

 

 

 

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Commentaires
S
Tout à fait, c'est nécessaire de se mettre dans l'ambiance ! ;)
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P
j'avais adoré le film et je rêve de lire le livre... je l'ai dans ma Wish, il va peut-être me falloir aller l'acheter (avec une énorme plaque de chocolat, histoire de bien rester dans l'ambiance).
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S
@Tinusia : Je suis d'accord avec toi : "Le coeur cousu" possède une dimension autre et qui en fait une lecture à part. Comme toi, j'ai accompagné ses personnages comme on accompagne un proche dans un moment douloureux. La force même de ce roman réside dans l'empathie qu'il fait éprouver au lecteur. On ne reste pas insensible, c'est certain ! Mais "Chocolat" m'a permis de passer un beau moment, comme la lecture d'un joli conte...Et je remets ça avec "Le rocher de Montmartre" en novembre ! :)
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T
Je comprends l'analogie que tu fais avec "Le coeur cousu" ; cependant, même si j'ai apprécié ce roman, je n'ai pas ressenti la même dimension, la même épaisseur, la même puissance dans ce dernier. Je n'ai pas suivi Viane comme j'ai escorté Frasquita tout au long de son errance farouche et désespérée.<br /> Mais cette réticence ne retire rien à l'émotion que j'ai ressentie en déroulant l'écheveau de cette énigmatique chocolatière !
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S
@Tiphanie : Moi aussi j'ai ce roman dans ma PAL !<br /> <br /> @L'or des chambres : Excellente idée ! Je t'envoie un mail pour mettre ça sur pied ! :)
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