03 octobre 2016
La petite couturière du Titanic, Kate Alcott
La petite couturière du Titanic est un roman de la journaliste américaine Patricia O’Brien, qui écrit sous le pseudonyme de Kate Alcott, paru en 2012 aux États-Unis avant d'être traduit en français et de paraître aux Éditions de l'Archipel en avril 2016.
10 avril 1912, le Titanic quitte le port de Southampton en direction de New York. A son bord, Tess Collins, une jeune gouvernante qui rêve de vivre de ses talents de couturière. La jeune fille vient d'être miraculeusement embauchée par Lucy Duff Gordon, la célèbre et non moins impressionnante créatrice de mode. Durant la traversée, Tess fait la connaissance de deux hommes - un marin et un riche homme d'affaires - avant que le naufrage ne les sépare. Sauvée de justesse, la jeune femme survit à la tragédie sans connaître le sort de ceux qui avaient fait chavirer son coeur. A New York, entre l'enquête sur le naufrage et ses débuts dans la mode, la jeune anglaise découvre une nouvelle vie.
Publié sous le titre The Dressmaker, La petite couturière du Titanic est une jolie romance qui mêle Histoire et fiction. Si le titre français peut faire penser que l'intrigue va se dérouler durant la traversée du Titanic, il n'en est rien car celle-ci, ainsi que le naufrage, sont évacués en début de roman et l'intrigue se concentre davantage sur la nouvelle vie de Tess à New York et les suites juridiques du drame du Titanic que sur la vie à bord. J'ai donc été quelque peu déçue de ce titre alléchant et en ouvrant ces pages, je m'attendais davantage à trouver des détails sur la vie sur le paquebot que sur l'enquête qui a suivi son naufrage.
Néanmoins, ma déception a rapidement été balayée par l'intérêt que j'ai porté aux détails historiques de l'intrigue. Non seulement les suites du naufrage sont historiquement fondées et bien documentées, mais certains personnages ont réellement existé, comme Lucy Duff Gordon. La créatrice de mode, dont la carrière était alors à son apogée, a ainsi créé la polémique quant aux conditions de sa survie au naufrage et sa carrière, entachée de ce scandale, ne s'en est jamais remise.
Le milieu dans lequel évolue Tess m'a également conquise - celui de la mode et de la création - et j'ai aimé suivre les pas de cette jeune anglaise dans le gigantisme de la grosse pomme du début du 20ème siècle. Si la romance est conventionnelle et sans surprise, j'avoue que je n'y ai pas prêté réellement attention. J'ai aimé ce que j'étais venue chercher dans ce roman : un contexte historique documenté et précis, sur fond de création et de mode.
En bref, une romance historique bien ficelée, bien documentée, qui ravira les amateurs d'histoire et de beaux sentiments. Merci à LP Langage&Projets et aux éditions de L'Archipel pour la découverte de ce roman.
22 juillet 2014
Un Liebster Award ? Vraiment ?
Quand une copine-blogueuse-mais-copine-dans-la-vraie-vie-aussi me décerne un Liebster Award, ça me fait tout drôle... Non pas que ça ne me fasse rien quand les copines-blogueuses-mais-pas-de-la-vrai-vie m'en décernent un, mais là, j'avoue que c'est différent...
Alors merci Manuella de ce tag. Je m'y plie avec grand plaisir, même si les questions sont un peu orientées couture et DIY (normal, Manuella est une copine de couture, entre autres - je pourrais dire aussi une copine de mojitos, de shopping, de Marrakech, de soirées, de ciné, de papotages, de... enfin, une super copine quoi ! - et une blogueuse douée de ses dix doigts !)
1-Pourquoi blogues-tu ?
A l'origine parce que j'avais été arrêtée 3 semaines pour cause de deux pieds cassés (quand on connaît mon potentiel de maladresse, on n'est pas surpris de cette incongruité) et que j'avais peur de m'ennuyer.
Cinq ans plus tard, parce que ce blog m'apporte énormément d'échanges, de partages, de stimulation intellectuelle, parce qu'il me permet de consigner mes lectures, de rencontrer des gens, de découvrir des auteurs, des livres, de me tenir au courant pour mon boulot (petite profiteuse !). Je ne me vois pas l'arrêter tant il m'apporte une richesse et me conforte dans l'idée que la lecture ouvre l'esprit et permet de très belles choses.

L'idée de cette pochette et le tissu jean proviennent d'un Chouette Kit acheté il y a un an et que je n'avais pas ouvert. J'ai ajouté, en guise de finition, une bande de tissu oiseaux, acheté l'an dernier à Reims, lors d'une virée Salon couture entre copines.
Pour ma défense et vous prouver que j'ai quand même un peu travaillé, remarquez le fond plat pour qu'elle tienne debout et la fermeture éclair. Bon, vous ne voyez pas l'échelle mais en gros je peux y mettre trois culottes pour partir en weekend...
Par contre, c'est bien ma mère et ma soeur qui m'ont donné envie de coudre et qui m'ont même appris les bases l'été dernier. Et je ne peux que leur dire merci !
L'hiver, pour sa part, véhicule tant de choses : Noël, bien sûr, point d'orgue de la saison, mais aussi la nuit, omniprésente dans ces mois tout courts, le froid, aussi, la neige, parfois, et l'envie de rester chez soi, à prendre soin de ceux qu'on aime, à bouquiner ou voir un film tout en regardant la nuit doucement tomber.
Le printemps, avec le réveil de la nature, insuffle une énergie étonnante, comme si on sortait doucement d'une hibernation. Des envies nouvelles germent au diapason des bourgeons et l'espoir de profiter davantage des jours qui rallongent se fait jour.
L'été, enfin, est une saison à part, où une douce chaleur réconforte les corps refroidis par l'hiver. C'est une saison qui semble plus légère, durant laquelle le soleil semble offrir une douceur tant attendue. Fêtes entre amis, barbecues, piques-niques, balades et lectures au soleil, l'été permet de profiter de longues journées et de respirer une grande goulée d'air avant de recommencer le cycle éternel des saisons.
J'aime chacun de ces moments, même si je n'énonce ici que ce qui en fait leur richesse et les rend précieux à mes yeux.
Côté lecture, je citerais ceux que je consulte dès que j'allume mon Ipad ou mon PC : Fondant O Chocolat, CottageMyrtille, Estellecalim, L'Irrégulière , Martine et L'Or.
Mais sinon, j'aime faire plein de choses différentes le dimanche : courir, bloguer, bouquiner, appeler ceux qui sont loin, voir des copines, traîner à deux en regardant un film, coudre... Bref, le dimanche n'est pas un jour où je reste inactive, bien au contraire !
Voilà. Encore une fois j'ai été bien bavarde avec ce tag....
Mais j'adore les tags et la liberté qu'ils offrent de s'octroyer une parenthèse un peu barrée et décalée sur un blog.
Alors merci encore Manuella pour ce Liebster Award...
et bravo à vous si vous avez tout lu
(les autres, je ne vous blâme pas...)
08 juillet 2014
La liste de mes envies, Grégoire Delacourt
La liste de mes envies est le second roman du publicitaire et écrivain Grégoire Delacourt paru en 2012 chez JC Lattès.
18 millions d'euros. C'est ce que gagne Jocelyne Guerbette, mercière à Arras, à la loterie. Mais face à cette somme, elle panique. Mariée à son amour de jeunesse, menant une existence faite de bonheurs simples autour de sa mercerie, Jocelyne craint de faire voler en éclat son équilibre. Pour le préserver, elle décide de cacher à tous cette nouvelle et de dresser une liste d'envies simples pour améliorer sa vie. Mais malgré cette décision, sa vie va connaître un tournant inattendu.
Difficile d'être passé à côté de ce roman. Entre l'engouement dont il a été la cible lors de sa sortie et sa récente adaptation cinématographique, La liste de mes envies fait partie de ces titres dont il est facile d'être écoeuré avant même de l'avoir ouvert.
Mais surfant sur la vague du je-le-lis-après-tout-le-monde-et-je-m'en-fiche, comme pour Nos étoiles contraires, j'ai décidé de me plonger, un soir après le boulot, dans ce court roman.
Et force est de reconnaître que j'ai passé un moment agréable. Rien de révolutionnaire dans l'intrigue mais celle-ci possède un côté cathartique intéressant. Le postulat de Grégoire Delacourt - l'argent ne fait pas le bonheur, bien au contraire - permet de conforter le lecteur dans une vie faite de simplicité et de bonheurs sans prétention. Et dans le climat économique actuel, ce type de discours possède un côté rassurant indéniable.
Cet aspect-là mis à part, ce roman ne laisse pas un souvenir impérissable. Les personnages sont simples, parfois caricaturaux, et le décor de la mercerie, s'il possède un potentiel intéressant, n'est pas développé assez pour que le lecteur puisse s'y projeter.
Enfin, Grégoire Delacourt use ici d'un style simple, qui n'a là encore rien de mémorable. De l'oralité, beaucoup, de la simplicité, surtout, pour coller au personnage de Jocelyne qui prend en charge la narration. Il manque quelque chose à la plume de Grégoire Delacourt pour offrir à ce texte un petit quelque chose d'attachant. C'est dommage.
J'aurais néanmoins passé un bon moment avec ce roman aux allures de conte... Mais son côté un peu trop lisse me fait craindre de ne pas en garder beaucoup de souvenirs.
D'autres avis : Antigone, Arieste, Cajou, Cathulu, Clara, CottageMyrtille, Jules, Liliba, Mrs Pepys, Mimipinson, Noukette, Natiora, Sophielit, etc.
16 décembre 2013
La mode sous toutes les coutures, Florence Pinaud
La mode sous toutes les coutures est un album de Florence Pinaud paru en novembre 2013 chez Actes Sud Junior.
Le jour où l'être humain a eu l'idée de recouvrir son corps pour se protéger des éléments extérieurs et des conditions climatiques est loin. Depuis, le vêtement dit beaucoup de celui qui le porte et se fait messager de bien des codes sociétaux. La mode ? Un concept auquel personne n'échappe, pas même les plus récalcitrants. Et si chaque époque est porteuse de nouvelles tendances, bien malin celui qui peut prétendre passer au travers. Entrez dans le monde merveilleux de la mode et découvrez, au fil des pages de cet album, ses évolutions et ses adaptations.
Avec un grand format rappelant celui du mythique magazine Vogue, La mode sous toutes les coutures offre une approche à la fois historique, sociologique et technique de la mode. Scindé en deux parties - Le vêtement pour maîtriser la situation et La mode s'empare des dressings - il offre un panorama intéressant sur le sujet et balaye un large spectre qui permet une première approche très séduisante.
Le lecteur suit ainsi l'évolution des tendances - de la mode garçonne durant les Années folles aux velléités environnementales des créateurs actuels - tout en découvrant les fonctions premières des matières utilisées par l'Homme pour se couvrir. Grands créateurs tels Madeleine Vionnet, périodes marquantes, pièces phares comme le corset ou le jean, marques de prêt-à-porter à l'instar de H&M, la lecture de cet album permet une plongée dans cet univers fascinant qui touche tout un chacun.
Les nombreuses photos et illustrations rendent hommage à l'évolution de la mode et font de cet album un très bel objet à consulter. J'ai adoré en parcourir les grandes pages, me laisser surprendre au détour d'une anecdote, sourire à l'évocation de certains styles vestimentaire, rêver avec certains noms. Une lecture très agréable, cela va sans dire, que je ne peux que vous conseiller, et un album qui gagne à être lu.
au défi Read me, I'm Fashion de L'Irrégulière. - See more at: http://bouquinbourg.canalblog.com/archives/2013/10/25/28287410.html#sthash.ujv9mjYs.dpuf
au défi Read me, I'm Fashion de L'Irrégulière. - See more at: http://bouquinbourg.canalblog.com/archives/2013/10/25/28287410.html#sthash.ujv9mjYs.dpuf
Un grand merci à et aux éditions
pour cet album reçu dans le cadre de l'Opération Masse Critique.
Voici une nouvelle participation au Challenge Read me, I'm fashion de L'Irrégulière.
25 octobre 2013
Coco Chanel, Elisabeth Weissman
Coco Chanel est une biographie consacrée à la créatrice éponyme, écrite par la journaliste et essayiste française Elisabeth Weissman.
Beaucoup ont essayé de dresser le portrait de la grande dame qui aimait se faire appeler Mademoiselle. Mais si les biographies sont nombreuses, nombreuses sont également les zones d'ombre qui subsistent autour de la vie de Gabrielle Chanel.
Elisabeth Weissman prend le parti de se distancier par rapport à ce qui a déjà été écrit sur Gabrielle Chanel et propose une lecture placée sous le signe de l'analyse sociale et féministe. Son propos ? Essayer de comprendre et donner à voir à son lecteur comment cette enfant abandonnée et d'une pauvreté extrême, a réussi à devenir une créatrice de génie et une femme à la fortune colossale, à l'heure où les femmes n'avaient aucune existence sociale et vivaient sous la coupe de leur mari.
Le pari d'Elisabeth Weissman était risqué. 94 pages seulement pour parcourir la vie de Gabrielle Chanel, là où Edmonde Charles-Roux, entre autres, lui consacre 662 pages avec son Irrégulière.
Mais Elisabeth Weissman réussit avec brio ce projet de courte biographie placée sous l'angle féministe et celui de la condition sociale de son objet d'étude. De l'enfance pauvre, ballotée entre orphelinat et institutions religieuses de Gabrielle, à ses débuts de chanteuse de cabaret qui lui valent le surnom de Coco, à ses balbutiements dans la mode lorsqu'elle commence en tant que commise dans un commerce de Moulins avec sa jeune tante, Elisabeth Weissman revient sur ces éléments marquants de la vie de la créatrice et éclaire son parcours à la lumière des humiliations vécues et des frustrations refoulées. Ce sont justement ces blessures qui ont permis à Gabrielle, par un perfectionnisme rare et un goût acharné pour le travail, d'ériger l'empire économique que l'on connaît et de prendre une revanche face à une vie difficile.
De ses amours malheureuses, Gabrielle Chanel retire une indépendance rare et un goût extrême pour le travail, son ultime raison de vivre. Amoureuse à plusieurs reprises, elle essuie des échecs successifs et perd brutalement deux de ses amours, décès qui seront dévastateurs pour son équilibre émotionnel. Là encore, Elisabeth Weissman éclaire la vie de Chanel à la lumière de ces expériences et analyse leurs conséquences. Alors qu'elle rêvait d'une vie maritale aisée, Gabrielle finit sa vie seule, délaissée, ne trouvant que dans le travail une raison de vivre et s'y plongeant à corps perdu, jusqu'à ses derniers jours.
Je ressors enchantée de cette lecture. La pertinence de l'analyse d'Elisabeth Weissman m'a permis de découvrir la vie de Chanel sous un angle inhabituel et diablement intéressant. Première incursion dans la liste des biographies consacrée à Mademoiselle, Coco Chanel ne sera pas la dernière, c'est certain.
Voici une nouvelle participation
au défi Read me, I'm Fashion de L'Irrégulière.
Un grand merci à et aux éditions
pour l'envoi de cette biographie dans le cadre de l'Opération Masse Critique.
Et parce qu’Élisabeth Weissman l'indique en bibliographie et que le document est disponible grâce à l'INA, je vous propose de découvrir un numéro spécial de l'émission Cinq colonnes à la une, datant de 1959, dans lequel Pierre Dumayet interviewe la grande dame.
06 février 2012
Au bonheur des Dames, Emile Zola
Au bonheur des Dames est le onzième roman de la série des Rougon-Macquart, publié la première fois en 1883.
Lorsque la jeune Denise, orpheline, arrive à Paris avec ses deux jeunes frères, elle se met en quête d'un emploi pour subvenir à leurs besoins. Son oncle, chez qui elle vient frapper, ne peut lui en donner : les affaires vont mal pour les petites boutiques du quartier qui souffrent du Bonheur des Dames, un des premiers grands magasins parisiens où les tissus se vendent à des prix dérisoires.
La jeune Denise se résout à travailler dans cette fourmilière géante, régentée par Octave Mouret. Les journées sont longues, les clientes exaspérées et les vendeuses individualistes, mais Denise travaille dur pour échapper à la misère.
Première incursion dans la saga des Rougon-Macquart (et en ayant fait des études de lettres s'il vous plaît !), la lecture de ce roman m'a littéralement enchantée.
J'ai plongé avec plaisir dans la description de ce Paris en pleine mutation et dans ces transformations économiques. Les descriptions du magasin sont telles qu'elles semblent étonnamment anachroniques pour leur époque. On y croise des employés soumis à des pressions hiérarchiques, un système d'entreprise où chaque personne possède un rôle bien défini dont il ne doit pas s'éloigner, des stratégies pour vendre et tenter les clientes, etc.
L'univers des grands magasins, décrit sous toutes ses coutures, m'a évidemment fait penser aux grandes enseignes parisiennes d'aujourd'hui, et c'est avec stupéfaction que je me suis rendu compte à quel point ces systèmes économiques sont rodés depuis bien longtemps. Le basculement, décrit ici avec l'oncle de Denise et ses voisins, montre comment les petites boutiques, fonctionnant selon des anciens modèles commerciaux, se sont fait littéralement dévorer par les grandes enseignes aux profits toujours plus exacerbés. C'est dur, la misère rôde pour beaucoup, mais c'est diablement bien décrit !
Zola nous plonge dans cette machine infernale où chaque employé est une partie d'un engrenage fabuleux qui permet à la bête humaine de fonctionner. Un pur régal ! Un roman qui m'a donné envie de découvrir davantage l'oeuvre de Zola. Après des années loin des auteurs classiques trop étudiés au lycée et en fac, je reviens progressivement vers eux...
Pour ceux qui veulent avoir accès au texte dans son intégralité, il est disponible chez Ebooks. Voici ma quatrième lecture sur mon Kindle, et ma quatrième participation au Club des lecteurs numériques.
"Deux figures allégoriques, deux femmes riantes, la gorge nue et renversée, déroulaient l'enseigne : Au bonheur des Dames."
"Et les étoffes vivaient, dans cette passion du trottoir : les dentelles avaient un frisson, retombaient et cachaient les profondeurs du magasin, d'un air troublant de mystère ; les pièces de drap elles-mêmes, épaisses et carrées, respiraient, soufflaient une haleine tentatrice ; tandis que les paletots se cambraient davantage sur les mannequins qui prenaient une âme, et que le grand manteau de velours se gonflait, souple et tiède, comme sur des épaules de chair, avec des battements de la gorge et le frémissement des reins."
"Le soleil pâlissait, la poussière d'or rouge n'était qu'une lueur blonde, dont l'adieu se mourait dans la soie des tentures et les panneaux des meubles."
"C'était la femme que les magasins se disputaient par la concurrence, la femme qu'ils prenaient au continuel piège de leurs occasions, après l'avoir étourdie devant leurs étalages [...] Et si, chez eux, la femme était reine, adulée et flattée dans ses faiblesses, entourée de prévenances, elle y régnait en reine amoureuse, dont les sujets trafiques, et qui paye d'une goutte de son sang chacun de ses caprices."
"Ce fut le dernier coup porté à ces dames. Cette idée d'avoir de la marchandise à perte fouettait en elles l'âpreté de la femme, dont la jouissance d'acheteuse est doublée, quand elle croit voler le marchand. Il les savait incapables de résister au bon marché."
"L'heure était venue du branle formidable de l'après-midi, quand la machine surchauffée menait la danse des clientes et leur tirait l'argent de la chair."
Une lecture que j'inscris dans le défi Read me, I'm Fashion de L'Irrégulière
17 décembre 2011
Ma petite fabrique de doudous, Lisa Sanchis et Maryse Guittet
Ma petite fabrique de doudous est un coffret paru en octobre 2011 chez Tourbillon.
Composé d'un nécessaire pour réaliser un doudou pingouin (feutrine, mousse, fils, patron) et d'un livre explicatif pour créer 16 peluches différentes, ce coffret m'a immédiatement séduite !
Certes, je n'ai pas encore d'enfant autour de moi à qui offrir mes créations, mais cela ne saurait tarder... Et ce contre-temps va me permettre de me perfectionner !
J'avais ambitionné, il est vrai, de vous montrer ma création dans ce billet... Peine perdue : armée de mes petites mains et de ma bonne volonté, je me suis rendue à l'évidence : je ne suis ni douée ni rapide. J'attends donc qu'une âme charitable, aidée de sa machine à coudre (elle se reconnaîtra sans que je lui fasse mon regard larmoyant) prenne en main les choses pour que mon vulgaire coupon de feutrine actuel se transforme en un fantastique doudou !
Un coffret qui a donc tout pour plaire, selon moi. Le tutoriel pour réaliser la peluche pingouin est bien fait et les illustrations permettent à une ultra-novice en couture comme moi de tout comprendre (c'est dire !)
Les autres modèles réalisables sont également bien détaillés (patron, réalisation, degré de difficulté) illustré à chaque fois par une photo qui met tant la création en valeur, qu'en feuilletant cet album, j'ai eu envie de plaquer mon boulot et de me lancer dans l'industrie de doudous ! Bon, vue ma grande réussite, j'ai bien fait de rester là où je suis...
Bref, si vous avez davantage des doigts de couturière que moi, une machine à coudre (ça peut aider pour aller plus vite !) et l'envie de vous lancer dans des doudous originaux faits maison, ce coffret est pour vous ! Moi je repars m'entraîner à coudre un bouton...
Un grand merci à Inès et aux Éditions pour ce coffret fantastique ! Désolée de ne pas avoir encore réussi ma création...
Edit du 17 novembre 2012 : Et voilà une photo du doudou réalisé par ma soeurette-aux-doigts-de-fée ! Avec une machine à coudre, c'est quand même plus simple de réaliser ce petit pingouin (surtout pour certains points, dixit ma soeurette). Pour ma part, je le trouve tout simplement parfait. D'après sa créatrice (soeurette), la patron est très bien expliqué et le doudou facilement réalisable. De mon côté, je vais attendre d'avoir une machine à coudre et des enfants sous la main pour me lancer toute seule dans une autre des créations de ce livre !
23 mars 2010
Madeleine Vionnet, ma mère et moi, Madeleine Chapsal
Sitôt reçu, sitôt lu ! J'étais assez curieuse de ce livre, dont la quatrième m'a intriguée. Plutôt que de la reformuler, une fois n'est pas coutume, je vous livre ici les mots de l'auteur :
"Madeleine Vionnet, ma marraine, et Marcelle Chaumont, ma mère, ont créé et dirigé la plus grande maison de haute couture d'avant-guerre, à Paris. Elles m'ont éduquée dans le luxe, mais aussi l'exigence. Je devais exceller en tout, à l'école, aux cours de maintien, dans mon apparence. À leur image... Dès mes trois ans, j'ai assisté aux collections et peu à peu j'ai pris conscience de la grandeur de ce travail accompli par une ruche de douze cents employées, dans une discipline quasi militaire, pour créer et reproduire plus de mille modèles par an.
Reste que je ressentais la futilité de ce monde aujourd'hui disparu. Une femme ne valait-elle que par ce qu'elle portait ? Ces chiffons sublimes pouvaient-ils consoler certaines d'avoir dû renoncer à un métier, à une vocation, à leurs rêves d'autonomie ? Derrière cette coûteuse élégance se menait en sourdine un combat. C'est cette histoire ambiguë de femmes en marche vers leur libération, d'une mode à l'autre, que j'ai voulu raconter. J'en fais partie. " Madeleine Chapsal
D'une lecture très rapide, ce livre n'est pas à proprement parler un roman mais plutôt un récit autobiographique parcellaire, un ensemble de souvenirs et de témoignages sur cette époque et les deux fabuleuses couturières parentes de l'auteur.
De sa marraine, Madeleine Vionnet, nous apprendrons finalement peu, Madeleine Chapsal avouant elle-même en savoir peu sur la vie de celle-ci, cette femme à la volonté hors du commun et au talent incontesté.
De sa maison de couture, rue de Rivoli à ses débuts, au magnifique hôtel particulier de l'avenue Montaigne, lorsque le tout Paris passait commande chez elle, nous connaîtrons des fragments : son autorité naturelle, sa bienveillance envers ses ouvrières, son talent et son avant-gardisme.
De ses anciennes couturières, nous auront quelques anecdotes, de sa filleule, l'auteur, des impressions floues, liées à l'enfance : le luxe incroyable dans lequel elle baignait, mêlé à la simplicité de sa vie, son affection pour les deux filles de son associée, Madeleine et sa sœur, la déférence avec laquelle chacun s'adressait à elle et le respect qu'elle inspirait.
La mère de Madeleine Chapsal, qui débuta comme seconde main dans la maison de couture Vionnet, s'associera avec sa fondatrice grâce à sa créativité et à sa passion pour la couture. A elles deux, la maison Vionnet connaîtra ses heures de gloire, avant la Seconde Guerre mondiale.
Un beau récit de la vie de ces deux femmes, de leur émancipation financière, rare à cette époque. Une plongée dans le monde la haute couture et de son fonctionnement. Sans suivre un ordre chronologique stricte, Madeleine Chapsal offre au lecteur un ensemble de souvenirs et de faits, recueillis plus récemment, sur la fondation d'une des plus grande maison de couture du Paris des années 30.
Un très bel hommage à Madeleine Vionnet, une femme disparue dans l'anonymat et enterrée dans le Jura. Un livre qui permet de lui redonner un nom et lui rendre ses innovations, afin que les jeunes générations ne l'oublient pas.
Le deux carnets de photos, au centre du livre, permettent d'avoir un aperçu appréciable des créations décrites dans le texte et font susciter la tendre nostalgie de cette époque et l'affection de l'auteur pour ces deux femmes.
Je remercie et les Éditions
pour ce livre reçu dans le cadre d'un partenariat.