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Bienvenue à Bouquinbourg

17 avril 2015

Chut... Je suis partie rénover un château...

Château

Donner un peu de mon temps pour restaurer un bout de patrimoine, à partir de techniques médiévales.

Je reviens bientôt, avant de repartir, ensuite.

Pour mieux revenir, quand même... Et vous parler de tout ça !

A très vite !

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16 avril 2015

La vérité sur l'Affaire Harry Québert, Joël Dicker

La vérité sur l'affaire Harry QuébertLa vérité sur l'Affaire Harry Québert est le deuxième roman du Suisse Joël Dicker paru aux éditions Fallois / L'Age d'Homme en 2012 et couronné la même année par le Grand prix du roman de l'Académie française et le Goncourt des lycéens.

New Hampshire, août 1975. Nola Kellergan, quinze ans, disparaît mystérieusement à Aurora, petit village de la côte. L'affaire est classée sans suite faute d'indices probants
New York, 2008. Marcus Goldman est la gloire montante de la littérature américaine. Son premier roman l'ayant propulsé en haut des ventes, le jeune homme goûte à la gloire et à ses paillettes. Mais tenu de fournir un nouveau roman à son éditeur, Marcus panique. L'angoisse de la page blanche le guette et les semaines défilent sans qu'il ne parvienne à écrire quoi que ce soit
Bien décidé à honorer son contrat éditorial, le jeune écrivain décide d'aller rendre visite à un de ses anciens profs de fac, Harry Québert, à Aurora. Mais malgré les échanges avec son vieil ami, Marcus est en mal d'inspiration et contraint de rentrer à New York. Mais sa surprise est immense quelques jours plus tard lorsqu'un coup de téléphone l'informe de l'arrestation d'Harry. Trente-trois ans après sa disparition, le corps de Nola vient d'être retrouvé enterré dans la propriété de ce dernier. Mû par son désir de soutenir son ami, Marcus retourne à Aurora. Et au fil des jours, son désir se transforme en volonté d'innoncenter son mentor en écrivant son histoire. Le jeune écrivain se lance donc à la recherche de preuves.

Tant a déjà été dit de ce roman à sa sortie qu'il est bien difficile d'écrire une chronique qui apporte quelque chose. Mais je ne pouvais pas ne pas parler de ces 900 pages dévorées en cinq jours ! Je m'en suis longtemps tenue éloignée, allergique que je suis à ces titres dont tout le monde a parlé. Et même s'il y a eu des avis négatifs, beaucoup l'ont encensé. Alors par peur d'être déçue, encore (je me souviens de ma rencontre en demi-teinte avec Zafon), je gardais ce livre à distance. Mais une sorte d'engouement s'est produit de façon totalement indépendante autour de moi, et il ne m'en a pas fallu plus pour l'ouvrir ! (vous remarquerez à quel point je suis parfois faible et influençable ?)

Et j'ai drôlement bien fait ! Quand on parle d'addiction avec ce roman, c'est exactement ça. Si vous faites comme moi, vous allez l'ouvrir, un peu présomptueux, avec cet air d'en avoir vu/lu d'autres, en vous disant que non, décidément, cela ne passera pas par vous... Et puis... Et puis vous allez tourner les pages. Vite. Très vite même. Avide de savoir ce qui se passe. Parce que Joël Dicker excelle dans ce petit exercice de style qui consiste à accrocher son lecteur et ne plus le laisser partir. Malgré un style assez plat et qui ne restera pas dans les mémoires, le charme opère. Le suspense est distillé juste ce qu'il faut, le héros sympathique mais pas trop, les descriptions cinématographiques, la narration dynamique - l'intrigue alterne les époques - et lorsque Harry est emprisonné, le lecteur n'a qu'une envie : que Marcus retourne dans cette petite ville du New Hampshire et résolve ce mystère. Parce qu'il s'agit bien d'un mystère. Qui croire ? A qui faire confiance ?  Vaste question...

Dit comme ça, je sens que vous allez me rétorquer qu'il n'y a là rien de bien original. Et je vous le concède. Sur le papier, quand on en entend parler, il flotte comme une impression de déjà lu. On pense à Lolita avec cette petite Nola, à Millenium pour ce huis-clos et ce passé un peu glauque que l'on déterre des années après. Oui. Mais comme avec le premier tome de Millenium, cela fonctionne vraiment bien et je vous défie d'interrompre votre lecture !

Le roman est structuré par des conseils d'écriture prodigués par Harry à Marcus. Et c'est là que c'est drôlement intéressant. Joël Dicker emberlificote son lecteur et sème le doute. Car le héros ressemble quand même beaucoup au romancier. Mise en abyme ? Joker sorti de la manche de l'auteur ? Je ne vous dirai rien et vous laisse vous interroger. L'écriture et le métier d'écrivain ont une large place dans cette intrigue, et ce n'est pas pour me déplaire, bien au contraire.

En tout cas, je ne peux que vous encourager à vous glisser aux côtés de Marcus pour élucider ce mystère et aider le jeune romancier à écrire son roman-plaidoyer. Ouvrez La vérité sur l'Affaire Harry Québert, et parlons-en ensemble. Parce que des quatre personnes autour de moi qui l'ont lu en même temps que moi, les avis ont été unanimes... Alors, tentés ?

D'autres lecteurs : A propos de livres, Cristie, Enna, Laure, Marion, Natiora, etc.

8 avril 2015

Chroniques Birmanes, Guy Delisle

Chroniques Birmanes, Guy Delisle

Chroniques Birmanes est un album documentaire de Guy Delisle paru en 2007 chez Delcourt, dans la collection Shampooing.

Guy Delisle suit sa femme, médecin à MSF, en mission au Myanmar durant un an. Une année entière dans ce pays sous dictature, une année de découvertes, de rencontres, d'un quotidien censuré, une année aussi dans l'éducation de leur fils, Louis. Une année particulière pour le dessinateur dont cet album est le récit. 

Impossible d'ignorer Guy Delisle et ses albums autobiographiques. Cela faisait bien longtemps qu'ils me faisaient de l'oeil, mais le déclic s'est produit quand un de mes élèves m'a prêté celui-ci.
Ouvrir Chroniques Birmanes c'est plonger dans le quotidien de Guy Delisle durant un an et découvrir à ses côtés un pays refermé sur lui, victime de son régime.
Guy Delisle se présente sans fard, sans artifice, en conjoint un peu désoeuvré qui découvre seul ce pays tandis que sa femme va de dispensaires en dispensaires pour aider les malades du pays. Il aborde avec humour cette année un peu particulière, sans volonté de parler de ce pays autrement que par son prisme, sa subjectivité, ses expériences. 
C'est donc une expérience de l'intime qui vous attend quand vous ouvrez ces pages, servie par un dessin en noir et blanc aux traits anguleux. Et une fois la dernière page tournée, non seulement vous aurez l'impression de connaître Guy Delisle, mais vous aurez également certainement envie d'en savoir un peu plus sur ce que l'occident appelle la Birmanie. 
Je retiendrai de cet album une foule d'anecdotes drôles - on ne reconnaît jamais l'auteur  s'il n'est pas avec son fils, Louis, mascotte du quartier où ils habitent à Rangoon - ou moins drôles - certains des amis de l'auteur ont eu peur des représailles en étant assimilés à lui et son projet -. Ce qui est sûr, c'est que je ressors transformée par cette lecture qui ne fait que confirmer ce que j'éprouve : rien de tel que de vivre dans un pays pour le découvrir de l'intérieur. Et mon projet de cet été n'est qu'une petite goutte d'eau mais elle s'en rapproche un tantinet... 

D'autres lecteurs de cet album : Canel, EnnaEstellecalim, Mo’ Noukette, Saxaoul, Théoma, Yaneck, Yvan, etc.  

C'était ma BD de la semaine chez Stephie aujourd'hui et ma 65e participation auTop BD de Yaneck (16/20)

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 Planche 1   Planche 2

4 avril 2015

Moi, après mois... mars 2015

 Un rendez-vous initié par Moka.
Un peu de moi à Bouquinbourg. Beaucoup des autres, surtout.

moi après mois

Un mois crispant, un moi crispé / Un corps qui dit stop. Je l'écoute, et je fais bien / Nager pour me détendre. Dans l'eau, on oublie tout / Mais du positif, beaucoup, malgré tout / Un japonais à midi et une orgie de sushis (pour changer...) / Et une aprèm au soleil dans la foulée, dans un endroit magnifique aux arbres séculaires / Kingsman, le film qui détend bien / Un dimanche en super compagnie qui débute par un latte, se poursuit par un cheesecake, se prolonge par un en-cas libanais, et se termine par un mojito. Si je vous dis qu'au milieu il y a eu du shopping et de chouettes discussions... / Nouer de nouvelles amitiés qui font du bien / Une impro un dimanche avec un tour de galeries d'art et un goûter fabuleux avec celle qui s'est fait une frange / Un petit déj en terrasse au soleil, un lundi matin / Flo et Hélène, celles qui finissent leur marathon de 9 mois / Candy crush Soda, ou ma nouvelle addiction / Mais quand on voit des oursons et des bouteilles de soda quand on ferme les yeux, c'est le signe qu'il est temps de faire une pause... / Celui qui gère quand ça ne va pas. Qui gère très bien / Mais pas au point de me laisser gagner à Worms. Grrrr... / Me plonger dans La vérité sur l'affaire Harry Québert et dévorer ses 900 pages en cinq jours ! / Un mois vraiment en demi-teinte, hanté par ces difficultés professionnelles qui me rongent. Réussir à en parler et tout dénouer, heureusement / Un blog plus silencieux, victime de ces contrariétés. Peu de mots, moins d'envie / Mais Venise et New York, de beaux projets qui font du bien / Allez zou ! Au revoir mars, bonjour avril ! /

Les mois de Sandrine, L'Irrégulière, Un livre un thé, Martine, Mademoiselle A, Tiphanie,  et Moka.

25 mars 2015

Petites éclipses, Fane et Jim

 

Petites éclipses, Fane et JimPetites éclipses est un album à quatre mains (deux mains en réalité, comme le précise en entretien liminaire Jim !) réalisé par Fane et Jim- de leurs vrais noms Stéphane Deteindre et Thierry Terrasson - paru en 2007 chez Casterman dans la collection Écritures.

Six amis. Quatre jours dans une vieille maison dans le Sud. Réunis pour se retrouver, passer du temps ensemble. Et assister à une éclipse. Six amis dans une maison isolée. L'occasion que les langues se délient et les esprits s'échauffent.

Véritable projet en tandem, Petites éclipses est un album intéressant dans sa création. Les deux auteurs ont imaginé chacun trois personnages et écrit les planches à deux, en huit mois, lors de soirées dédiées à ce projet. Autour d'une bouteille de vin. L'art comme exutoire. A l'image un peu de leurs personnages désabusés et un brin torturés.      
L'intrigue est intéressante et n'est pas sans rappeler celle des Petits Mouchoirs de Guillaume Canet. Une bande de potes entre trente et quarante ans, des histoires d'amour qui s'entrecroisent, des vieilles rancunes, des regrets, parfois. Et dans ce huis-clos
pourtant paradisiaque, les mots sortent, les douleurs se font jour.       
C'est un album rempli de spleen et un peu amer, que Petites éclipses, teinté de la nostalgie et des regrets de ses personnages. Comme si la vie qui s'étirait n'était qu'une succession de frustrations et d'insatisfactions teintées d'erreurs. Comme si le couple n'était rien. Comme si seul l'individu comptait. C'est dur et un peu blasant, il faut l'avouer. Comme si l'espoir était mort, dans ces personnages brisés. Comme si tout était à jeter quand on regarde en arrière.        
Le 
dessin tout en rondeurs contraste avec cette gravité et leurre un temps le lecteur quant à la tonalité de l'album. On pense à du comique, du léger. Il n'en est rien... Un bon conseil, si vous êtes sujet à la nostalgie et à la confusion, passez peut-être votre chemin. Cet album risque bien de vous égarer encore davantage. Si celui qui me l'a offert passe par là - et malgré cet article en demi-teinte - alors merci pour ce cadeau imprévu !   

Planche 1 Planche 3

Planche 2 

C'était ma BD de la semaine chez Jacques aujourd'hui et ma 64e participation au Top BD des blogueurs de Yaneck (14/20)

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22 mars 2015

Le baby-sitter, Jean-Philippe Blondel

Le baby-sitter, Jean-Philippe BlondelLe baby-sitter est le dixième roman de l'écrivain et prof d'anglais Jean-Philippe Blondel paru en 2010 aux éditions Buchet / Chastel. 

Jeune étudiant en première année d'anglais, Alex est obligé, devant son frigo désespérément vide, de chercher un petit boulot. Il en vient un peu par hasard à faire du baby-sitting, commençant tout d'abord par garder les enfants de Mélanie, la boulangère. Mais progressivement, le jeune homme croule sous les demandes. Car avec sa faculté à écouter les autres et son empathie naturelle, Alex bouleverse peu à peu, et sans même s'en rendre compte, la vie de ceux qu'il croise. 

Acheté il y a presque quatre ans jours pour jours au Festival Encres Vives à Provins, Le baby-sitter dormait encore paisiblement dans ma PAL avant que je ne décide de l'en sortir sur un coup de tête (vous avez vu, je tiens toujours  mes résolutions de nouvelle année !). Et j'ai rudement bien fait...      
Comme chaque fois que j'ouvre un roman de Jean-Philippe Blondel, j'ai passé un excellent moment en compagnie de ses personnages. Comme une bouffée d'air frais, un élan d'humanité et de générosité qui font du bien.     
Le personnage d'Alex est à la fois touchant et porteur d´un optimisme sans pareil. Il apporte un peu de légèreté aux  familles avec qui il travaille, sans même s'apercevoir du bien qu'il fait autour de lui grâce à sa fraicheur et son authenticité.    
Mais attention, pas de mièvrerie gratuite ni de monde des Bisounours dans ce roman (vous savez à quel point j'y suis allergique !) mais du partage et de l'espoir, de l'entraide et de la solidarité. Jean-Philippe Blondel nous offre ici un portrait d'un jeune d'aujourd'hui auquel il est aisé de s'identifier - dans ses galères financières ou amoureuses - et fait éclore une solidarité intergénérationnelle belle à voir. Tout n'est pas rose ni simple, pour Alex et les autres personnages qui gravitent autour de lui, mais l'espoir demeure. Et c'est cette ode à la vie qui fait finalement tant bien.       
Alors, encore une fois, merci Jean-Philippe Blondel pour cette parenthèse de lecture que l'on referme plus léger !

"Dans ses yeux, il y a de la douceur - et un point très précis où le désespoir semble engloutir toute la lumière." (p.43)

"Alors, c'est toi qui ne dois être présent au monde que par intermittence." (p.49)

"Trois autres soirs, il y Marion - plutôt une cascade impetueuse qu'un long fleuve tranquille, elle veut tout et son contraire, elle jure son attachement et elle le renie trois minutes  plus tard, elle est un peu perdue, et lui aussi - ils s'apprivoisent sans douceur." (p.70)

"Parce que c'est encore plus rare, le lendemain, de marcher avec la certitude qu'il y a sur terre des gens qui vous font du bien et qui ne s'en rendent pas compte." (p.91)

18 mars 2015

En silence, Audrey Spiry

En silence, Audrey Spiry

En silence est le premier album de la jeune dessinatrice Audrey Spiry paru en juin 2012 chez Casterman.

Ils sont six à partir pour une journée d'initiation au canyoning dans un paysage superbe et isolé. Un jeune couple et une famille avec deux enfants. De plongeons en glissades, ils descendent la gorge, accompagnés de leur moniteur.      
Au détour d'un embranchement, Juliette, la jeune femme du couple, perd le groupe. Et alors qu'elle part à leur recherche, elle s'égare un peu. Et de questionnements en tâtonnements, Juliette en vient à partir à la recherche d'elle-même.

En silence est un album haut en couleurs dans lequel il est très agréable de s'immerger.      
Le scénario assez classique de récit d'une journée bascule très rapidement lorsque le personnage de Juliette s'égare, et prend une tournure intime. Dans les m
éandres de la gorge, la jeune femme s'interroge sur qui elle est vraiment et où la mène sa relation de couple. D'errance physique lors d'une journée ensoleillée de vacances, l'intrigue bascule dans une errance personnelle et introspective. Juliette part littéralement à la recherche d'elle-même, portée par l'élément aquatique.      
L'eau, personnage à part entière de cet album, bénéficie d'un traitement à part. Elle est vivante, vibrante, pleine de vie. Parfois accueillante, d'autre fois dangereuse, elle n'est pas sans rappeler le liquide amniotique.      
De cette recherche au plus profond d'elle-même à travers les courbes de cette eau vive, Juliette en ressors grandie, lavée. Transformée à jamais. On peut penser au Voyage au centre de la Terre de Jules Verne, c'est sûr, mais les dessins d'Audrey Spiry sont là pour magnifier un texte rare.        
Bref, un album poétique et introspectif à découvrir. Laissez-vous tenter. Plongez vous aussi dans le silence de cet album et laissez-vous porter par cette eau tumultueuse. Peut-être en ressortirez-vous différent, qui sait ?

C'était ma BD de la semaine chez Noukette aujourd'hui et ma 63e participation au Top BD des blogueurs de Yaneck (15/20)

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Planche 1 En silencePlanche 2 En silence

Planche 3 En silence

16 mars 2015

Nos vies désaccordées, Gaëlle Josse

Nos vies désaccordées, Gaëlle JosseNos vies désaccordées est le deuxième roman de la diplômée en droit, en journalisme et en psychologie clinique Gaëlle Josse, paru en mars 2012 chez Autrement et récompensé du Prix Alain-Fournier en 2013

François est un jeune pianiste célèbre qui parcourt le monde au gré de ses tournées. Un jour, il apprend que la femme qu'il a tant aimée et quittée subitement, Sophie, est internée depuis plusieurs années dans un hôpital psychiatrique.       
Mu par l'envie de la revoir, François met sa carrière en pause et abandonne tout pour la retrouver. Plongé dans ses souvenirs, il part à la rencontre de son ancien amour, qui passe ses journées à écouter inlassablement les enregistrements de ses concerts.

Découvert dans le colis du Swap de Printemps que m'avait offert Mrs Pepys, Nos vies désaccordées fait partie de ces romans qui vous chavire, qui vous bouleverse, qui vous hante. Cette histoire d'amour puise dans les tragédies classiques sa force et sa puissance et nul lecteur ne peut en sortir indemne.      
François se livre au fil des pages, raconte son histoire, sa carrière, ses succès, son amour pour Sophie, aussi. Son envie de la revoir, de la retrouver. Malgré son état. Malgré son mutisme. Parce que la seule chose qui la relie au reste du monde est la musique de son ancien amant, qu'elle écoute à longueur de journée.      
En 123 pages, Gaëlle Josse réussit à faire jaillir un flot d'émotions, par vagues plus ou moins intenses, à l'image de la musique de François. La narration à la première personne prise en charge par celui-ci entraîne le lecteur dans ses doutes, dans son ressenti. Et s'il était responsable de l'état de Sophie ? Et s'il avait pu agir différemment pour éviter tout cela ?      C'est beau, très beau. Mais immensément triste aussi. Un roman bouleversant porté par une très belle plume. Une excellente découverte.

"La vie légère comme une hirondelle, parfois." (p.14)

"Vit-on ailleurs qu'en exil ?" (p.22)

"J'avais choisi de partir en tournée en préférant croire que les choses allaient s'arranger et en évitant de faire face à ce qui m'était impossible d'accepter, l'effondrement de la seule femme que j'ai aimée. Trop aimée pour admettre qu'elle ne pourrait plus jamais être la même. Trop aimée pour admettre que depuis toujours, elle avançait sur un fil tendu au-dessus de ses abîmes." (p.38)

"Sophie, lente et fulgurante, volubile et silencieuse, désinvolte et grave, désarmante de sincérité. Sophie. Ma tempête."(p.64)

"Avec mes soeurs, elles constituaient une figure féminine unique, shivesque et protéiforme." (p.117)

"Je voudrais demeurer ainsi avec Sophie dans cette sensation retrouvée, sa main dans la mienne, ensemble portés par les vagues de nos existences, l'écorces de nos peurs rompue. J'ai toute la vie pour y arriver." (p.123)

 

14 mars 2015

Sauvez Hamlet ! Jasper Fforde

Sauvez Hamlet, Jasper Fforde Sauvez Hamlet ! est le quatrième tome de la série Thursday Next imaginée en 2001 par l'écrivain britannique Jasper Fforde, paru en 2007 en France chez Fleuve Noir.

La détective littéraire Thursday a accouché et son fils, Friday, a désormais deux ans. Mais point de Landen à l'horizon ! Le mari de Thursday a toujours disparu, éradiqué par une multinationale du nom de Goliath qui a réécrit le passé    
De retour dans le vrai monde après deux ans passés dans le roman Les Hauts de Caversham, Thursday se bat sur plusieurs fronts : empêcher Yorrick Kaine, un personnage échappé d'un livre, de prendre le pouvoir et instaurer une dictature, éviter que la multinationale Goliath s'érige en religion, et garder un oeil sur Hamlet, puisque le prince de la célèbre pièce de Shakespeare a décidé de venir faire un tour dans le vrai monde pour voir comment les lecteurs le perçoivent... C'est beaucoup pour Thursday, qui essaie en parallèle d'offrir un cadre de vie équilibré à son fils.

Chaque roman de Jasper Fforde est un condensé de loufoquerie et d'imaginaire débridé. C'est un fait. Mais ce quatrième tome des aventures de Thursday atteint des sommets et l'auteur se surpasse littéralement.      
Les
intrigues toutes aussi déjantées les unes que les autres fourmillent et se mélangent, Thursday tente de garder un oeil sur l'ensemble mais se laisse parfois déborder par les menaces multiples - qu'elles concernent le vrai monde ou celui des livres- et le tout baigne dans un humour décapant à souhait.       
Il faut une sacrée dose d'imagination et d'humour pour écrire une série telle celle-ci, et Jasper Fforde réussit le pari fou de ne pas perdre d'intensité au fil des tomes. La tension va crescendo, et chaque nouvelle aventure de Thursday semble approcher d'un point de rupture.       
La lecture de ce quatrième tome est un réel plaisir pour qui aime voir une intrigue se disperser en branches toutes aussi drôles les unes que les autres et imaginer l'interpénétration entre le monde réel et celui des livres.     
Une série que je ne peux que vous conseiller pour sa fraîcheur et son originalité. Je vous promets que vous n'en ressortirez pas indemne et que vous garderez en tête bon nombre de scènes cultes.      

Si vous les aviez ratées, réparez vite cette erreur en allant jeter un oeil sur mes chroniques des trois premiers tomes !

   

12 mars 2015

La condition pavillonnaire, Sophie Divry

La condition pavillonnaire, Sophie DivryLa condition pavillonnaire est le dernier roman de Sophie Divry paru en août 2014 aux éditions Noir sur Blanc.

 M.-A. a une vie très conventionnelle. Mariée, mère de deux enfants, propriétaire de sa maison, elle a tout ce qu'elle souhaitait. Et pourtant... Et pourtant elle est malheureuse. Vide. Insatisfaite de cette existence sans vague dans laquelle elle semble se noyer. Alors M.-A. s'essaye dans différentes directions : humanitaire, adultère, yoga, mais aucun de ces loisirs ne remplit le vide de son existence.

Autant j'avais dévoré et adoré La cote 400 de cette même auteure, autant j'ai été déroutée par ce nouveau roman. J'ai eu beaucoup de mal à éprouver de l'empathie pour cette femme à qui la vie a donné tout ce qu'elle souhaitait. Cette femme que l'existence a épargnée.      
J'ai éprouvé une forme d'agacement à la lecture de son ennui chronique, de son insatisfaction métaphysique. Emma Bovary sourd derrière cette héroïne du 21e siècle, mais pour autant je n'ai pas été séduite par le récit de cette vie aux contours lisses et dans laquelle M.-A. s'enlise.     
Le lecteur suit ses différentes tentatives pour échapper à son ennui et se doute qu'aucune ne réussira à la sortir de son impasse.     
Difficile d'expliquer pourquoi je n'ai pas adhéré à ce roman pourtant bien écrit et à la construction intéressante. Peut-être parce que le sujet très actuel tend à m'agacer et que mon empathie légendaire s'est effilochée et qu'il ne m'en restait plus, lors de ma lecture ? En tout cas Sophie Divry réussit à dépeindre un personnage vraisemblable, victime de ce qui semble être le mal du siècle. Reste à savoir si vous avez assez de patience pour écouter le récit de son insatisfaction...

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