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Bienvenue à Bouquinbourg

1 juillet 2019

Bilan de lecture Juin 2019

Bilan juin

Mes lectures de juin

(cliquez sur les couvertures pour lire mes chroniques)

 

Bilan

Juin, mon dernier mois à l'Education nationale, vient de se terminer. Un mois dense, sous le signe du bac et d'une fin d'année bien remplie. J'ai eu un peu moins le temps de lire que d'habitude - notamment des romans - mais je me suis bien rattrapée niveau BD, notamment durant les surveillances d'épreuves ! J'ai fait de très belles découvertes, notamment avec Delphine de Vigan mais aussi le dernier Posy Simmonds. Et j'ai enfin pris le temps de découvrir l'intégralité de Blacksad... Quelle pépite cette série !

Je suis désormais en vacances et à l'aube d'une nouvelle vie. Comme chaque été, et encore plus celui-ci, je ne suis pas certaine d'avoir beaucoup le temps de lire. Nous verrons ! Pour l'heure, je suis plongée dans le tome 4 des Chroniques de San Francisco et Le Jardin arc-en-ciel d'Ito Ogawa et je me régale.

Je vous souhaite un doux mois de juillet !

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26 juin 2019

Blacksad, Diaz Canales et Juanjo Guarnido

BlacksadIl y a huit ans quasi jours pour jours, je découvrais le premier tome de Blacksad. Et après... plus rien. Grand mystère de mon parcours de lectrice, je n'avais pas poursuivi la série, alors même que j'étais tombée sous le charme de Quelque part entre les ombres. Erreur réparée en dévorant d'une traite l'intégrale signée Canales et Guardino. Et autant vous le dire tout de suite : je me demande pourquoi j'ai mis tant de temps à dévorer les cinq tomes de cette série incontournable, dont on attend le sixième avec impatience.

Tout commence à New York, dans les années 50. Le privé Blacksad est appelé sur une scène de crime pour reconnaître la victime. Ce dernier s'étrangle en reconnaissant Natalia Wilford, son ancienne maîtresse, actrice de son état. Alors que la police lui intime de se taire, Blacksad décide de faire la lumière sur cette histoire.

Voilà comment s'ouvre le premier tome de cette série monumentale. Portée par des scénarios sombres à souhait qui explorent la noirceur de l'âme humaine, la série se dévore d'une traite, sans reprendre son souffle.
Je ne vais pas trop m'étendre sur le pourquoi de la qualité de Blacksad, d'autres l'ont fait, et avec bien plus de talent que moi, mais je vais plutôt vous dire pourquoi vous auriez tort de passer à côté.
Tout d'abord parce que l
'ambiance polar des années 50 est rendue à la perfection, bercée par les monologues de ce chat désabusé par ce que la vie lui montre. Les dessins sont maîtrisés à la perfection, tant les ambiances que les scènes de mouvement, qui apparaissent avec fluidité sous l'oeil du lecteur. Les personnages sont tout aussi soignés, Guarnido poussant le vice à étudier les espèces représentées et jouer sur la physiognomonie.
Ensuite parce que de New York à la Nouvelle-Orléans, du milieu du cinéma à l'apogée du jazz, du fascisme au monde de l'art et ses ripoux, le duo d'auteurs balaye les ambiances et les problématiques avec un brio certain. En une planche, le lecteur est transporté dans cette amérique qui a mal, où les paillettes n'éclipsent ni les corruptions, ni les trafics de drogues ni les meurtres. Et Blacksad de naviguer dans ces univers, blessé par une vie qui ne l'épargne pas.
Enfin parce que s'il ne devait en rester qu'une, c'est cette série que je garderais, sans hésiter une seconde. Cette lecture m'a laissée tellement sur ma faim que j'attends avec impatience Blacksad : under the skin, l'adaptation en jeu vidéo qui va sortir en septembre.

Bref, vous l'aurez compris, ne passez sous aucun prétexte devant cette série. Beaucoup l'ont déjà lue, je le sais. Pour les autres, vous savez ce qu'il vous reste à faire. De mon côté, je prends mon mal en patience en attendant le sixième tome en préparation...

 

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La BD de la semaine

Cette semaine, c'est Noukette qui accueille le rendez-vous des amoureux des bulles !

 

20 juin 2019

Histoires du soir pour filles rebelles, Collectif

Histoires-du-soir-pour-filles-rebelles (1)Histoires du soir pour filles rebelles est un recueil imaginé par Elena Favilli et Fancesca Cavallo et dessiné par un collectif de soixante illustratrices internationales. Il est paru en octobre 2017 aux éditions des Arènes. 

Ada Lovelace, Michelle Obama, Grace Hopper, Amelia Earhart, Brenda Chapman, Yoko Ono, les soeurs Williams, Nina Simone, Maria Montessori, Margaret Hamilton, ce sont cent femmes au destin hors du commun qui se retrouvent dans les pages de ce bel album jeunesse. Cent pionnières pour la condition féminine, qui ont lutté malgré les préjugés et les limites liées à leur genre, et qui sont entrées dans l'histoire. Chaque double page présente un portrait, accompagné d'une illustration et d'une citation. 

Magnifique album très didactique, Histoires du soir pour filles rebelles est un incontournable ! A l'image de la série Culottées de Pénélope Bagieu - qui se présentait sous forme de BD - l'album fait la part belle aux figures féminines qui ont marqué l'Histoire ou la marquent encore à travers de courtes biographies qui sont autant de point d'entrée pour creuser ensuite, selon son envie.
Sa particularité réside dans cette écriture à quatre mains et ces dessins à cent vingt ! Ce sont en effet soixante illustratrices qui se sont emparées des destins de ces femmes d'exception pour les faire renaître sous leurs crayons et pinceaux. Le résultat est tout simplement magnifique ! Ajoutez à ça une mise en page soignée, claire, indiquant clairement ce qui distingue la femme présentée (son métier, son titre, etc.), ses dates, sa nationalité, un sommaire alphabétique, une table des illustratrices avec leurs nationalités, un joli marque-page en tissu, et vous aurez un gros et bel album à glisser entre toutes les mains. 

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19 juin 2019

Cassandra Darke, Posy Simmonds

B26888 Cassandra Darke est le dernier album de la dessinatrice de presse et écrivaine britannique Posy Simmonds. Il est paru en avril dernier chez Denoël.

Cassandra Darke est une riche septuagénaire londonienne égoïste, misanthrope et bougonne. La vieille dame n'a que faire des autres et n'a d'intérêt que son propre confort dans sa maison hors de prix de Chelsea. Le jour où la justice la rattrape pour fraude à la galerie d'arts de son défunt mari dont elle s'occupe, Cassandra se pardonne rapidement, même si elle y laisse beaucoup de plumes. Mais ça serait sans compter la trouvaille qu'elle fait dans son sous-sol, où elle a hebergé un temps Nicki, la fille de son ex-mari.

J'ai découvert Posy Simmonds il y a neuf ans, alors que j'étais prof doc stagiaire dans le Tarn. Et avec Gemma Bovery débutait une passion qui n'allait plus me quitter pour cette auteure britannique ! J'avais poursuivi mes lectures par Tamara Drewe puis, plus récemment, Literary Life. Autant vous dire que j'attendais ce nouvel album avec impatience !
Posy Simmonds poursuit son étude de l'Angleterre moderne à travers cette fois un personnage antipathique à l'humour noir qui n'est pas sans rappeler le Scrooge de Dickens, avare et teigne à ses heures. L'intrigue débute sur les ennuis de justice de la vieille galeriste
avant de remonter le temps, un an plus tôt, alors qu'elle héberge Niki qui veut elle aussi percer dans le monde de l'art. Cassandra se refait le film de cette cohabitation et de ce qui a pu conduire à cette étrange découverte dans son sous-sol.
Posy Simmonds possède le don de bâtir une intrigue dense et fouillée, qui n'épargne ni Londres ni ses contemporains. Tout n'est pas joli, même dans les beaux quartiers, et la vie privilégiée de Cassandra ne fait pas oublier la misère des sans-abris qui logent pas loin. C'est brutal, parfois sans fard, mais toujours avec délicatesse et finesse. L'alternance d'époque scinde presque l'album en deux intrigues tant les personnages prennent vie sous la plume de l'auteure.
L'album est toujours à mi-chemin entre le roman et la BD, les larges paragraphes écrits cohabitant avec les dessins et les planches de BD plus classiques. Posy Simmonds a l'art de réinventer la planche pour en faire un collage d'articles de presse, une vignette unique, un mélange de textes et de vignettes, etc. le tout sans perdre en cohérence ni noyer son intrigue.
C'est bien simple : j'ai ouvert l'album, n'en connaissant que le minimum, et je n'ai pas pu décrocher mes yeux des pages avant de l'avoir terminé, éprouvant un mélange d'excitation à connaître le dénouement et une envie irrépressible de ralentir pour en garder un peu pour plus tard.
Ouvrir un album de Posy Simmonds, c'est toujours un ravissement. Si vous n'avez pas encore eu l'occasion de découvrir cette auteure, je ne peux que vous encourager à le faire. Commencez par celui-ci, Gemma Bovery ou Tamara Drewe. Et on en reparle. Coup de coeur garanti.

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En bonus la vidéo "Comment j'ai dessiné Cassandra Darke" par Posy Simmonds

La BD de la semaine

Cette semaine, c'est Moka qui accueille le rendez-vous des amoureux des bulles !

13 juin 2019

La fille sans nom, Maëlle Fierpied

La fille sans nomLa fille sans nom est le dernier roman de la normande Maëlle Fierpied. Il est paru en mars chez L'Ecole des Loisirs.

Camille, quinze ans, fugue un soir de chez ses parents. Parce que communiquer avec eux est devenu impossible, l'adolescente s'enfuit, sur un coup de tête. Lorsqu'elle tombe sur une péniche dotée d'un écriteau recherchant un garçon à tout faire, la jeune fille n'hésite pas. Mais elle n'a pas idée de l'erreur qu'elle vient de faire.
Elle tombe entre les mains
de son propriétaire, Hélix, un mage sans scrupule qui lui vole sa mémoire en enfermant son prénom dans un bocal. La jeune fille devient son esclave, propulsée dans un univers où la magie règne. La vie sur la péniche est dure, mais bien vite elle gagne l'amitié de Safre et Margoule, deux frères mi-ogres mi-dragons. Tandis que la péniche avance vers le Tunnel runique, la jeune fille élabore un plan pour s'enfuir.

Quelle belle découverte que ce roman, et je pèse mes mots  ! Que c'est bon de lire une histoire qui fait autant la part belle à l'imagination. Maëlle Fierpied signe ici ce qui aurait pu être un premier tome très prometteur, mais a fait le choix d'en faire une histoire complète et non une série. Et pourtant, tous les ingrédients sont là, et j'aurais été la première à attendre avec impatience un second tome.
L'intrigue, tout d'abord, se met en place progressivement et suit le schéma assez classique du conte initiatique. L'héroïne tourne le dos à son quotidien pour entrer dans un monde parallèle aussi onirique qu'effrayant, où les runes, les mages, la sorcelleries et les créatures en tous genres règnent. Les péripéties se succèdent pour la jeune Camille qui va d'aventures en aventures.
La psychologie des personnages est bien étudiée et si l'héroïne est aussi hésitante et inconstante que peuvent l'être les adolescents d'aujourd'hui, elle n'en demeure pas moins attachante dans sa vulnérabilité. Les personnages secondaires qu'elles croisent sont dotés de ce qu'il faut de psychologie pour être intéressants et intriguants. L'écueil du manichéisme n'est pas évité, cependant, pour les méchants de ce monde, mais cela ne gâche en rien le plaisir de la lecture.
Le gros point fort de ce roman réside, selon moi,
dans toutes les trouvailles que l'auteure a imaginée pour son monde magique. Celui-ci est très bien construit, cohérent, et prend vie sous la plume imagée et presque cinématographique de Maëlle Fierpied. A l'image de la très belle couverture de ce roman, je me suis prise à m'imaginer les différents univers dépeints avec force détails. Et c'était très agréable.
Vous l'aurez compris, un sans-faute selon moi qui mérite bien des louanges. Merci  à L'Ecole des Loisirs de m'avoir permis de découvrir ce roman que j'aurais adoré découvrir plus jeune, tant l'univers m'a fascinée. A lire et à offrir aux lecteurs adolescents autour de vous, sans hésiter une seule seconde.

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12 juin 2019

La Venin T.1 Déluge de feu, Laurent Astier

La venin TLa Venin est la dernière série du dessinateur et scénariste de BD français Laurent Astier. Son premier tome, Déluge de feu, est paru en janvier dernier aux éditions Rues de Sèvres.

Silver Creek, Colorado, juillet 1900. La jeune Emily, fraîchement arrivée en train dans la petite ville minière, apprend le décès de son futur époux. La jeune femme éplorée n'a plus les moyens de repartir et se accepte d'être embauchée pour ses charmes dans le saloon de la ville. Mais Emily est-elle vraiment aussi naïve qu'elle le prétend ? Son enfance dans le saloon où travaillait sa mère lui a appris les rudiments de la ruse et du mensonge, et il se pourrait que la jeune femme s'en serve pour ses propres desseins...

Le Far West, ses petites villes minières et leur saloon, une héroïne forte et déterminée, comme le laisse présager la couverture, une intrigue qui alterne les époques, cet album avait tout pour me plaire. Et pourtant, il a manqué un petit quelque chose à cette lecture pour me séduire totalement.
Et p
our une fois, c'est difficile à exprimer. L'intrigue est savamment construite - l'album s'ouvre sur la jeunesse d'Emily à la Nouvelle-Orléans, pour se poursuivre, quinze ans plus tard, par l'arrivée de la jeune femme dans le Colorado - et avance à bon rythme, les dialogues ont juste ce qu'il faut de piquant pour titiller la curiosité du lecteur, et l'ambiance est pesée avec minutie.
Côté dessins, le style reste assez classique, tant dans le découpage des planches que dans leur composition. Les personnages comme les décors ont un petit quelque chose qui n'est pas sans rappeler Morris et son célèbre cow-boy. Les couleurs utilisées font la part belle aux teintes sables et orangées, à l'image du désert qui entoure la ville.
Reste que, malgré ces points forts et le plaisir que j'ai ressenti à cette lecture, je n'ai pas éprouvé la petite étincelle qui me donne furieusement envie de poursuivre la série. D'autres que moi ont été bien plus élogieux sur ce tome. De mon côté, et c'est certain, c'est un rendez-vous manqué.

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Merci aux éditions Rue de Sèvres de m'avoir permis de découvrir cet album.

La BD de la semaine

Cette semaine, c'est Stephie qui accueille le rendez-vous des amoureux des bulles !

10 juin 2019

De la joie d'être paresseux, Jennifer McCartney Palmer

De la joie d'être paresseux, Jennifer McCartney PalmerDe la joie d'être paresseux est le dernier ouvrage de la journaliste canadienne Jennifer McCartney Palmer. Il est paru en mai chez Mazarine.

Dans une société tournée vers la réussite, le succès et la productivité, il est bon de se pencher sur les vertus de la paresse. Si celle-ci est perçue avant tout comme un défaut, elle n'en possède pas moins des avantages indéniables. Et c'est ce que Jennifer McCartney Palmer nous démontre dans ce livre. Les études prouveraient que les paresseux vivraient ainsi plus longtemps, seraient plus intelligents et plus efficaces au travail. Voilà une bonne raison de découvrir la méthode du Juste Assez (JA) pour une vie plus légère et plus heureuse !

Voilà un petit livre qui a été une réelle bouffée d'air frais, parfaite pour débuter ce mois de juin ! Avec un humour féroce, Jennifer McCartner Palmer - auteure également de De la joie d'être bordélique - nous démontre l'illusion de l'injonction au succès et vante les mérites de sa méthode, le JA, grâce à des conseils et des astuces bourrés de dérision
Ainsi, arrêtez d'apporter du fait maison lors des fêtes, sinon vous aurez à vie cette étiquette qui vous contraindra d'apporter quelque chose fait de vos mains à chaque fois. Idem, cessez de vouloir déplacer des montagnes au bureau : avoir l'air occupé suffit pour créer l'illusion du travail accompli. Côté ménage, laissez tomber le grand nettoyage, un petit coup de vinaigre blanc et ça suffit (du moment que vous ne léchez pas la cuvette de vos toilettes !)
Voilà en partie ce que vous trouverez en ouvrant ce livre : des conseils plein d'humour, certes, mais pas que. Parce que sous couvert d'une ironie féroce, l'auteure met en garde contre ces injonctions sociétales culpabilisantes, ce modèle économique qui oblige tout un chacun à donner le meilleur à chaque instant, quitte à se laisser submerger par la fatigue, le stress et la frustration. Être le meilleur dans son travail, dans son couple, avec ses amis, sa famille, dans ses loisirs, sur les réseaux sociaux. Ce qui est proprement intenable mais que la société nous présente comme un idéal à atteindre. Comme le rappelle très justement  Jennifer McCartney Palmer : 99% de la population mondiale est dans la moyenne. Donc cessons de culpabiliser et de tout donner à chaque instant.
Une lecture dévorée d'une traite et qui m'a fait le plus grand bien, moi la perfectionniste de haut niveau, intraitable avec elle-même, qui culpabilise à chaque instant de ne pas être à cette hauteur inatteignable définie par une société qui s'intéresse plus au profit qu'au bien-être individuel. J'ai beaucoup ri, certes, mais j'ai pris conscience aussi que la paresse a du bon et qu'il faut lâcher aussi, ce perfectionnisme qui nous colle à la peau. A lire donc, à offrir, aussi, si ce billet vous fait penser à quelqu'un de votre entourage. De mon côté, j'ai déjà quelques idées de proches à qui offrir ce livre...

Petit florilège des conseils les plus drôles, loufoques ou piquants :

"Faites bouillir de l'eau en cuisine en début de semaine et congelez-la en portions individuelles. Ainsi, vous en aurez sous la main pour la cuisine." (p.42)

"Nous vivons dans une société qui exige que notre maison soit propre. Lorsque vous y parvenez, vos amis se mettent à considérer ce fait comme acquis. Peu à peu, la pression monte et vous stresse.[...] Inévitablement, un événement survient qui vous empêche de vous surpasser constamment niveau propreté. Et voilà que vos proches se mettent à murmurer "Ouh là, il/elle se laisse vraiment aller, ça m'inquiète pour lui/elle." Ne nettoyez plus votre chambre et vos parents penseront que vous fumez de l'herbe et que vous volez des eye-liners au supermarché du coin." (p.49-50)

"Quand quelqu'un vous demande si une pomme a été lavée, répondez toujours oui. Vous lui rendrez service." (p.57)

"Le secret pour faire la fête alors qu'on avance en âge consiste à être là. Inutile d'en faire plus. Et oubliez ces tableaux sur Pinterest exposant les meilleurs cadeaux à offrir et le ruban idéal pour des confitures maison. Apportez ce genre de machins une fois et vous deviendrez la personne qui apporte des trucs faits maison. La pression sera immense. Vous serez totalement cuit ! Contentez-vous d'être présent. C'est le minimum, mais c'est aussi l'essentiel." (p.116)

Un grand merci aux éditions Mazarine pour la découverte de ce livre et les fous rires que j'ai eus grâce à lui !

8 juin 2019

Les gratitudes, Delphine de Vigan

Les gratitudes, de ViganLes gratitudes est le dernier roman de la romancière et scénariste Delphine de Vigan. Dexuième tome d'une trilogie qui peut se lire de façon indépendante et entamée avec Les loyautés, il est paru en mars dernier aux éditions JC Lattès. 

"On croit toujours qu'on a le temps de dire les choses, et puis soudain c'est trop tard." Pour Marie, il est trop tard. Elle n'a pas réussi à dire merci, à exprimer toute sa gratitude à Michka, la voisine qui s'est occupée d'elle quand elle était petite, quand sa mère, dépassée par sa maternité, la négligeait. A cette voisine tant aimée qui était là, telle une grand-mère bienveillante, pour s'occuper d'elle, la veiller, la consoler, la nourrir, la rassurer. Michka est partie avant que Marie ait pu lui dire tout ça. Alors Marie se souvient des derniers mois de Michka, après son installation dans une EHPAD. Jérôme aussi, se souvient, lui qui a accompagné la vieille dame dans ses derniers mois, lui faisant travailler les mots qu'elle oubliait. 

C'est la première fois que j'ouvre un roman de Delphine de Vigan et autant vous dire que j'ai pris une grosse claque.
La romancière dépeint tout en pudeur le délicat sujet de la vieillesse et de la perte d'autonomie et de capacités. Michka plonge souffre progressivement d'aphasie et les mots lui échappent, au fil des jours, malgré le travail qu'elle mène avec Jérôme, son orthophoniste. La vieille dame s'enferme progressivement dans ses pensées, incapable d'exprimer ce qu'elle souhaite.
La jeune Marie, regrettant de ne pas avoir pu exprimer sa gratitude à Michka, se remémore ces derniers mois avec la vieille dame, et la narration alterne entre son point de vue et celui de Jérôme, tandis que des cauchemars de Michka émaillent l'ensemble.
La plume de Delphine de Vigan est à la fois poétique et subtile et embrasse ces deux sujets - la vieillesse et les regrets- avec une pudeur et une finesse rares. L'aphasie dont souffre Michka est abordée parfois avec humour, parfois avec amertume, quand la vieille dame confond les mots et les mélange. La romancière parvient à offrir une visée universelle à son propos. J
'ai plus d'une fois eu les larmes aux yeux durant ma lecture, l'auteure réussissant à toucher du doigt cet intime qui nous concerne tous. Ces regrets, parfois, de n'avoir pas pu, pas su, tout dire avant qu'il ne soit trop tard. Un roman aussi court que bouleversant. Une très belle lecture. 

6 juin 2019

La boîte de Pandore, Bernard Werber

La boîte de Pandore Bernard WerberLa boîte de Pandore est le dernier roman du toulousain Bernard Werber. Il paru en septembre dernier chez Albin Michel.

Imaginez un spectacle d'hypnose. Imaginez que vous êtes le plus sceptique dans la salle mais que c'est sur vous que tombe l'expérience d'aller sur scène. Imaginez que l'hypnotiseuse vous propose une expérience d'hypnose régressive et vous permet de franchir la porte de l'inconscient pour aller visiter une de vos vies antérieures. C'est ce qui arrive à René, professeur d'histoire en lycée. Et lorsqu'il découvre qu'il a été un soldat durant la Grande Guerre, René prend peur et s'enfuit du spectacle. Mais si pouvoir revenir dans ses vies antérieures était finalement une chance ? Et si sa mission de vie l'attendait derrière l'une de ses portes ? René décide de se pencher sur la question.

Quand j'étais lycéenne, j'aimais beaucoup Werber, mais cela faisait au moins quinze ans que je n'y étais pas revenue. L'intrigue de son dernier roman, et surtout son sujet - l'hypnose - a aiguisé ma curiosité et j'ai eu envie d'en savoir plus. Mais force est de constater que la magie n'a pas opéré. 
Si l'idée de départ est intéressante - questionner l'hypnose par le truchement d'un personnage rationnel qui envisage cette dernière uniquement comme un divertissement - mais se perd rapidement dans les méandres d'un ésotérisme qui m'a laissée de marbre. Werber plonge dans la question de l'hypnose régressive et fait visiter à son personnage toutes ses vies antérieures. Et les lieux communs pleuvent. René est prof d'histoire et parcourt les âges  à travers ses diverses vies - soldat durant la Grande Guerre, riche aristocrate du début du XXe, princesse indienne, etc.- jusqu'à sa première vie, en tant qu'atlante. Parce que oui, Werber revisite ici le mythe de l'Atlantide, que René peut parcourir tel un fantasme grâce à l'hypnose régressive. Le propos s'embrouille, la science s'éloigne, le mythe et le religieux apparaissent. Il n'est plus question de plasticité cérébrale ou vraiment d'hypnose mais d'un état hypnotique qui permet de se balader au gré de ses envies le long de son couloir de l'inconscient et de choisir une porte pour converser avec l'un de ses moi antérieurs.
L'intrigue se perd rapidement dans une quête quasi mystique dans laquelle René rameute des disciples, et les personnages - souvent caricaturaux, il faut l'avouer - de le suivre aveuglément dans son délire. 
J'ai peiné pour aller au bout de ma lecture, allant d'invraisemblances en invraisemblances. Le dénouement est à l'image de l'intrigue en elle-même, aussi abracadabrantesque que grotesque. C'est dommage. Je garde en tête le romancier qui m'a fait découvrir la vie des fourmis ou a interrogé les mystères du cerveau et préfère oublier celui qui se perd dans un ésotérisme qui m'a laissée froide. 

5 juin 2019

Babybox, Jung

BabyboxBabybox est le nouvel album du belgo-coréen Jung, connu pour sa série autobiographique Couleur de peau : miel. Il est paru en septembre 2018 dans la collection Noctambule de chez Soleil. 

Claire Kim vit à Paris et travaille avec ses parents, dans le restaurant coréen familial. Alors que la jeune femme cherche à avoir un enfant avec son compagnon, sa mère meurt brutalement dans un accident de voiture qui laisse son père dans le coma. La jeune femme lutte pour rester la tête hors de l'eau en s'occupant de son petit frère de dix ans, anéanti lui aussi par le décès de leur mère. En triant ses affaires, la jeune femme tombe sur une photo de coquelicot et se souvient d'une après-midi passée avec sa mère dans un champ de coquelicot. Celle-ci voulait lui avouer un secret, quand elle serait plus grande. Mais n'aura pas eu le temps. Dans la boîte, Claire trouve un certificat d'adoption. Le sien. Elle avait onze mois lorsque ses parents l'ont adoptée après qu'elle a été déposée dans une baby box. Pour la jeune femme, il est insupportable de vivre sans en savoir plus. Elle décide de retourner en Corée pour partir sur les traces de son passé.  

Je ne connais Jung que de nom, et j'ai plongé dans les pages de cet album sans a priori. Mais force est de constater que l'album m'a percutée de plein fouet. Abordant avec beaucoup de pudeur un sujet aussi sensible que l'adoption, Jung imagine le parcours d'une jeune coréeenne à la recherche de ses racines.
Les dessins en noir et blanc sont réhaussés de rouge, la couleur préférée de Claire qui a teint ses cheveux dans cette couleur à l'adolescence. Le trait est clair, parfois minimaliste sur certains scènes, plus détaillé sur d'autres, et permet une plongée dans cette quête identitaire ô combien émouvante. 
Le texte est à la fois poétique et subtil, scindant l'histoire de Claire en plusieurs chapitres émouvants et remplis de réalisme.
Une pointe d'humour apparaît en la personne de Julien, le petit frère de Claire, passionée par l'Ecosse depuis qu'il a vu Braveheart.
Un album bouleversant sur le sujet intime de l'adoption. A lire les yeux fermés.     

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La BD de la semaine

Cette semaine, c'est Noukette qui accueille le rendez-vous des amoureux des bulles !

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