Je viens de terminer Fourrure, le premier roman d'Adélaïde de Clermont-Tonnerre. Et je dois dire que je n'ai pas été déçue par cette lecture...
Zita Chalitzine est une écrivaine de renom. Lorsqu'elle est retrouvée suicidée à l'arrière de sa Mercedes, enveloppée dans son vison blanc, les journalistes accourent, flairant le scandale. Accusée d'avoir signé de son nom les romans de Romain Kiev, son ancien amant, Zita connut une fin de vie chaotique. Pour Ondine, sa fille, qui n'a plus eu de contact avec elle ces dix dernières années, cette nouvelle scelle à jamais le secret de l'identité de son père. En rangeant les affaires de Zita, Pierre, son jeune veuf, découvre son autobiographie. De son enfance d'origine modeste, au milieu de l'aristocratie parisienne, à sa passion pour les livres, en passant par ses années durant lesquelles elle vendait ses charmes, au service de Madame Claude, il découvre la vie de son épouse, sa solitude et sa soif d'être quelqu'un. Pierre se lance dans la douloureuse lecture de cet écrit, engagé par Ondine pour découvrir l'identité de son père.
Ce roman entraîne le lecteur dans un tourbillon vertigineux dont il est difficile de sortir. Alternant passé et présent, temps du récit et lecture de l'autobiographie de Zita, sa lecture est un plaisir. La vie parisienne aristocratique et ses codes sont décrits avec précision par l'auteure, le personnage de Zita permettant d'introduire toute la frustration d'en être écartée.
Les personnages ont une psychologie intéressante. Très centrée sur la vie de Zita, la narration s'attarde néanmoins sur certaines personnalités, comme Pierre, jeune galeriste que Zita a épousé la veille de son suicide, Henry, jeune aristocrate fils d'une ancienne amie de Zita, ou encore Ondine, la fille de l'écrivaine, délaissée par cette dernière, élevée par sa grand-mère et allergique aux livres. Ces personnages semblent être des prétextes à développer la vie fantasque de Zita et à l'ancrer dans le présent - sa relation fusionnelle avec son père, bouquiniste parisien, et celle, tendue, avec sa mère, une concierge boulimique qui noyait son chagrin dans sa nourriture - tout en la situant dans les années 70.
L'intrigue est bien menée, et les destins des personnages s'entrelacent entre le passé et le présent. La plume d'Adélaïde
de Clermont-Tonnerre est incisive et imagée, et nous transporte dans ce Paris protéiforme.
Un plaisir de lecture, dévoré très rapidement... Vivement la suite des romans de cette auteure prometteuse !
"Il faut toujours avoir un livre sur soi, c'est mieux que les cigarettes pour ignorer superbement le monde." (p.166)
"L'amour, cet opium des femmes. Ce narcotique bon marché avec lequel on endormait depuis des siècles nos velléités d'indépendance." (p.357)
Je remercie et les Éditions pour ce livre reçu dans le cadre d'un partenariat.