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Bienvenue à Bouquinbourg
18 avril 2013

Le canapé rouge, Michèle Lesbre

Le canapé rouge, Michèle LesbreLe canapé rouge est le dixième livre de la romancière française Michèle Lesbre paru aux Éditions Sabine Wespieser en 2007 et en poche chez Folio en 2009.

Anne file à Irkoutsk retrouver un homme qu'elle a aimé. Dans le transsibérien qui la conduit en Russie, la jeune femme ne peut empêcher ses pensées de vagabonder vers Clémence, sa voisine âgée et isolée à qui elle fait la lecture de biographies de grandes dames. Entre son voyage vers son amour perdu et cette amitié fragile avec cette femme fascinante, Anne se perd un peu pour mieux se trouver.

Voilà un roman que L'Or des Chambres avait encensé et auquel je n'ai pas su résister bien longtemps.
Michèle Lesbre nous transporte aux côtés de son personnage dans une quête à la fois personnelle et tournée vers l'autre. La nature défile derrière les vitres du train et avec elle les souvenirs de l'heroïne. Son enfance, ses amours, puis les souvenirs de son amitié avec Clémence et son attachement à la vieille dame bousculent les pensées d'Anne et semblent l'éloigner du but premier de son voyage : retrouver cet homme qu'elle a tant aimé.
La plume de Michèle Lesbre nous transporte en douceur dans ce voyage intérieur. En 138 pages seulement, la romancière parvient avec brio à insuffler à son roman une atmosphère singulière et attachante.
Un roman à lire d'une traite, d'un souffle. Pour voyager au diapason de l'héroïne. Merci L'Or de ce conseil de lecture, j'ai été conquise !

"De longues traînées de brume s'enroulaient autour des troncs d'arbres et les bois semblaient émerger d'un rêve. Par endroits, une lumière fragile ourlait l'horizon, points de suspension lumineux qui couraient avec le train et traçaient les limites au-delà desquelles plus rien n'existait." (p.55)

"Penser à elle dans mon hôtel de transit me ravissait, j'avais très envie de la revoir, vite, de lui conter mon étrange voyage, sans doute le plus étrange de tous mes voyages, parce que plus que tous les autres il m'avait sans cesse ramenée à ma vie, à la simple vérité de ma vie." (p.82)

 

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14 avril 2013

Je vais passer pour un vieux con, Philippe Delerm

Je vais passer pour un vieux con, Philippe DelermJe vais passer pour un vieux con et autres petites phrases qui en disent long est le dernier livre de l'écrivain français Philippe Delerm - à qui l'on doit notamment La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules - paru chez Seuil en septembre 2012.

Philippe Delerm s'attache ici aux petites phrases qui ponctuent notre quotidien, aux formules toutes faites qui accompagnent certaines situations, aux expressions que l'on entend partout. Cela va de la phrase de condoléances éculée "Les mots sont dérisoires"  au pompeux et souvent inutile "J'ai fait cinq ans de piano", à l'horripilant "C'est à voir" de certains voyageurs, en passant par le classique "Je vais passer pour un vieux con" de celui qui va énoncer une pensée réactionnaire. Philippe Delerm passe en revue ces expressions pour mieux les analyser, les décortiquer, les extrapoler parfois et mieux nous y faire réfléchir.

Chacune de mes lectures de Philippe Delerm se solde, à chaque page,  par de grands éclats de rire et des commentaires. J'aime la façon qu'a cet auteur de scruter le monde qui l'entoure et de le donner à voir, sous forme de courts récits drôles et émouvants. C'est à chaque fois une réussite !
Je me souviens avec délice d'Il va pleuvoir sur Roland-Garros  dans La sieste assassinée. Je crois que c'est ce récit-là qui m'a fait aimer Delerm et sa plume drôle et diablement bien tournée.
Je vais passer pour un vieux con
ne déroge pas à la règle : il nous donne à voir notre quotidien dans son universalité. C'est un livre truculent, à lire, à relire, pour rire et sourire. A chaque page. Ou à chaque fois qu'une des formules décortiquées surgit dans votre vie...
Un grand merci à pour ce livre reçu lors des Matchs de la Rentrée littéraire.

"Je vais passer pour un vieux con. Dans la liste des précautions oratoires, celle-ci occupe une place à part. Elle n'a pas l'aspect cauteleux, gourmé, en demi-teinte de ses congénères. Elle souhaite jouer la surprise par sa forme, une vulgarité appuyée qui aurait pour mission de gommer à l'avance le pire des soupçons : une pensée réactionnaire." (p.7)

"La maison, ce havre chaud, cette entité protectrice, chargée d'hérédité, au moins d'une volonté tutélaire, empreinte d'une dignité qui dépasse de loin les enjeux financiers. La maison, donc, a été outragée dans sa pérennité débonnaire.  Elle reste ouverte, continue d'assurer son sacerdoce, héroïque et brave comme une veuve, qui poursuivrait sa marche en claudiquant, écartant d'un geste magnanime tous les bras secourables." (p.14 in La maison n'accepte plus les chèques)

"Il y a une liste, un certain nombre de choses à voir et à faire. En se rendant à Nairobi, on n'a pas cédé à une impulsivité passionnée, on n'a pas réalisé un rêve. Sur le petit carnet du monde, on a simplement effacé d'un trait de crayon la ligne safari au Kenya, entre la ligne croisière sur le Nil et la ligne randonnée pédestre en Islande." (p.56 in C'est à voir)

"Mais au-delà de cet émiettement dans l'abîme liquide de la mémoire, il existe une conscience presque magique de ce qu'est l'oeuvre de Proust, un peu intimidante en raison de sa difficulté supposée, mais comme familière à l'avance, susceptible de fournir une compagnie vivante à l'infini.
Pourquoi ne pas s'y plonger alors ? Certains - les plus rares - avouent qu'ils n'ont jamais essayé. Ils se justifient en différant cette rencontre nécessaire dans un futur débarrassé de soucis prosaïques - non, vraiment, j'ai très envie mais j'attends d'être disponible mentalement. Bref, ils sont de virtuels meilleurs lecteurs que ceux qui lisent.
" (p.102 in Je vais relire Proust).

 D'autres avis : Arieste, Itzamna, Mimipinson, SvCath, Yuko, etc.

8 avril 2013

Le Secret d'Osiris, Nabil Mallat

Le Secret d'Osiris, Nabil MallatLe Secret d'Osiris est un roman de l'universitaire Nabil Mallat paru en mars 2013 aux éditions L'Archipel.

L'archéologue Maxime de Latour n'en revient pas : ses fouilles sur le plateau de Gizeh ont permis à son équipe de découvrir une chambre funéraire dédiée au dieu Osiris. Dans le sarcophage qui s'y trouve, un papyrus attise bien des convoitises.
Mais sitôt cette découverte faite, l'équipe d'archéologues en est écartée et se voit dans l'obligation de quitter l'Egypte. Et le papyrus disparaît ! Commence alors une course contre la montre pour découvrir qui l'a volé et dans quel but. Surtout que Maxime et son équipe ne sont pas seuls : ils sont talonnés par un criminel pilleur de tombeaux qui se cache sous le pseudonyme de Seth.

L'Egypte antique possède un incroyable pouvoir de fascination. C'est indéniable. En tout cas, je peine à résister à l'attrait que cette période exerce sur moi. J'ai donc plongé avec plaisir dans ce roman qui se propose d'aborder la question de Nabta Playa, un site archéologique situé à l'ouest d'Abou Simbel et considéré comme le berceau de la civilisation égyptienne.
L'auteur, par le biais d'une découverte archéologique sans précédent, nous permet de plonger dans la frénésie des recherches scientifiques et de lever le voile sur certaines découvertes archéologiques récentes.
Mais si l'intrigue est alléchante et les connaissances de l'auteur solides, le roman perd vite en consistance par sa brièveté. L'auteur est ambitieux et allèche son lecteur dès les premières pages, mais l'émulation s'essouffle au profit d'une intrigue qui avance au pas de course, au détriment d'informations solides. Le sujet mérite amplement un roman plus long, sinueux, abreuvant le lecteur avide d'informations sur Nabta Playa de descriptions et de réflexions sur le sujet.
Le Secret d'Osiris
pèche donc par ce rythme trop rapide et transforme un roman qui aurait pu être passionnant en course-poursuite trop rapide sur fond de découverte archéologique. C'est vraiment dommage car l'auteur maîtrise son sujet et le prouve à bien des égards. J'aurais aimé me plonger plus longtemps dans l'Egypte antique en compagnie de Nabil Mallat.

Je tiens néanmoins à remercier Julie et les éditions l'archipel pour ce roman.

Voici ma première participation au Challenge Voyage dans l'Egypte antique que j'organise.

 

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22 mars 2013

Jayne Mansfield 1967, Simon Liberati

Jayne Mansfield 1967, Simon LiberatiJayne Mansfield 1967 est un court roman de Simon Liberati paru chez Grasset en 2011 qui obtint le prix Femina la même année.

Dans la nuit du 29 juin 1967, sur la route US 90 qui relie Biloxi à La Nouvelle-Orléans, une Buick Electra 225 bleu métallisé percute violemment un camion. Les secours interviennent rapidement et dégagent trois enfants de la carcasse de la voiture. Leur stupeur est grande lorsqu'ils se rendent compte que leur mère n'est autre que la célèbre actrice Jayne Mansfield, et que cette dernière se trouvait à l'avant du véhicule.

Voici un billet qui sonne comme le glas. Un billet d'une rencontre qui n'eut pas lieu. Un billet d'une lecture qui laisse en bouche un goût amer de déception. Ma tête résonne de phrases commençant par comment : Comment un tel livre peut-il être publié ainsi ? Comment un tel livre peut-il être primé (bon ça encore, les magouilles et autres arrangements des prix littéraires m'ont toujours laissée de marbre) ? Comment un tel livre peut-il recevoir des critiques élogieuses ? Comment... C'est sans fin, ou presque, tant mon désarroi face à une telle oeuvre est grand.
Le genre de ce livre pose problème dès la première page. Le doute est semé par le sous-titre liminaire "Roman" et persiste tout au long du livre. Roman ? Biographie ? Mélange étrange de faits tristement réels et glauques ? Je n'ai pas su arrêter mon choix, mais le terme de roman m'a profondément gênée. Où se trouve le romanesque dans ce livre ? Je cherche encore.
En revanche, Simon Liberati nous livre ici le fruit de ses recherches sur la fin de vie de l'actrice. Avec un voyeurisme dérangeant et écoeurant, il s'attarde sur l'épave de la voiture, les restes humains retrouvés, la question du corps sans vie et ses aspects platement physiologiques. Les détails scabreux se succèdent, comme si l'auteur se délectait de nous indiquer que Jayne Mansfield a tâché la belle Buick bleue de sa cervelle. La langue est plate, le style journalistique. Aucune poésie dans ces lignes, mais des descriptions informatives souvent malsaines et sordides. Pourquoi donc ? Je serais curieuse de le savoir.
Loin de se contenter de cette épisode dramatique, Simon Liberati se propose de revenir sur l'année 1967 de Jayne Mansfield, et égraine à une vitesse fulgurante les derniers mois de la jeune femme. En guise d'hommage, un portrait décadent et vulgaire, où l'actrice apparaît dépassée et perdant pied. 
Pour ma part, je ne connaissais Jayne Mansfield que de nom. Je ne connaissais ni ses succès, ni ses frasques, ni sa triste fin. J'ai eu l'audace de croire que ce livre, encensé par la critique littéraire, me permettrait d'en savoir plus sur celle qui termina strip-teaseuse dans un cabaret glauque et isolé. Je suis bien naïve, me répondrez-vous, de penser qu'en un peu plus de 150 pages, l'auteur allait satisfaire à mon besoin. En effet, il n'a rien satisfait du tout, au contraire.
J'ai refermé ce livre sans finalement avoir compris la visée de l'auteur. Un hommage, comme indiqué en quatrième, alors que l'actrice est dépeinte sous son plus mauvais jour, en fin de carrière, droguée et alcoolique, nymphomane et désabusée ? Une tranche de vie - la fameuse année 1967 - où finalement rien n'advint de bien positif dans la carrière de celle qui fut longtemps un sex-symbol ? Un roman inspirée de faits réels ?
Un rendez-vous complètement manqué, comme annoncé en préambule. Je n'ai pas été conquise une seconde. Je n'ai été au bout que parce que ce livre ne fait que 157 pages. Pour ma part, je demeure perplexe quant aux critiques élogieuses et au prix décerné. Et cette lecture renforce ma position quant à la qualité des textes primés.

D'autres avis sur ce livre : Argali, Arieste, Asphodèle, Sharon, etc.

 

15 mars 2013

De là, on voit la mer, Philippe Besson

De là on voit la mer, Philippe BessonDe là, on voit la mer est le dernier roman de Philippe Besson paru en janvier 2013 chez Julliard.

Louise est romancière. Pour trouver l'inspiration pour son dernier roman, elle loue une maison en Toscane, laissant son mari résigné à Paris.
Là, sous la chaleur écrasante de l'été italien, isolée de tout, elle se plonge dans l'écriture. Mais l'arrivée du jeune Luca dans sa vie bouleverse cette solitude et réveille ses sens. L'accident de voiture de son mari à Paris la ramène bien vite à la réalité et la confronte à son couple et à ses failles.

Roman sur la solitude nécessaire à l'acte d'écriture, De là, on voit la mer nous entraîne dans le sillage de Louise et de ses réflexions.
Son activité d'écrivain contraint l'héroïne à fuir son quotidien, Paris et son mari pour trouver en elle les mots. Mais si cette solitude est justifiée par l'écriture, elle n'en demeure pas moins floue et blessante pour celui qui partage sa vie, François, et qui subit au fil des ans ce caractère imprévisible et indépendant.

L'accident de ce dernier contraint la romancière à ôter son masque et cesser son jeu cruel. Les questions fusent, les réponses aussi. La vérité jaillit. Mais est-ce bien elle ? Quand des choix doivent être faits, que reste-t-il des détours et des esquives ordinaires ?
Philippe Besson nous livre ici une ode à la liberté, portée par une plume poétique à souhait. Louise, son héroïne, est un personnage singulier, à la psychologie finement dépeinte. L'heure des aveux arrive pour elle et les doutes ne sont plus permis.

Ce roman dévore son lecteur et le laisse en proie à des questions bien plus universelles que son intrigue le laisserait penser de prime abord. Il fait chaud, il fait très chaud sous le soleil toscan et l'on aimerait, un temps, embrasser le parcours de Louise et être à ses côtés, dans cette villa italienne au calme apaisant. Mais cela ne dure qu'un temps. Quand le drame se produit et que la belle Louise doit assumer, le lecteur se détache irrémédiablement d'elle.
J'ai aimé me plonger dans cette intrigue et me laisser emporter dans son tourbillon de questions, non sans une pensée pour
Le Soleil de Scorta de Laurent Gaudé. La moiteur et la touffeur de ces villages italiens se ressemblent, c'est indéniable.

"Donc elle écrit dans la chaleur épouvantable d'un été toscan qui ne veut pas mourir." (p.19)

Je tiens à remercier  Babelio et les Editions  Capture pour l'envoi de ce roman à l'occasion de l'opération Masse Critique.

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20 janvier 2013

Timeville, Tim Sliders

Timeville, Tim SlidersTimeville est un roman d'un scénariste et écrivain franco-américain écrivant sous le pseudonyme de Tim Sliders, paru en novembre 2012 chez Fleuve Noir.

David Cartier, grand ponte de la cuisine moléculaire, a tout d'un homme professionnellement accompli : une carrière grandiose, de nombreux restaurants à travers le monde, un sens des affaires inné et Victoria, une énième bimbo accrochée à son bras. Et dès ce soir, David sera officiellement divorcé d'Anna, son épouse, à qui il laisse le soin d'élever leurs deux enfants.
Mais ce serait sans compter un étrange coup du sort. Alors qu'il passe une dernière soirée dans son ancienne maison et signe les papiers de leur séparation, David se réveille le lendemain matin dans une maison à la décoration douteuse. La famille peine à s'en rendre compte, mais elle a été catapultée dans les années 80 ! Et si connaître l'avenir semble présenter bien des avantages, la famille Cartier va très vite se rendre compte qu'elle va devoir réfréner ses envies de changer le futur...

Timeville est un roman qui repose sur un concept simple mais efficace : celui du voyage dans le temps. Qui n'a jamais rêvé de se réveiller un matin à une autre  époque ? Malheureusement pour les Cartier, ce rêve n'était pas le leur, ni les eighties leur époque de prédilection. Bonjour Rubik's Cube, canapé en cuir orange, Casimir et autres références des années 80.
Porté par l'écriture cinématographique de Tim Sliders, Timeville est un roman plaisant et drôle, qui nous plonge dans le quotidien d'une famille du XIXe siècle qui se retrouve, désemparée, en 1980. Comment vivait-on sans internet ? Sans portable ? Sans les avancées médicales actuelles ? Et surtout, comment s'intégrer dans cette société d'avant Tchernobyl, le Sida, la Chute du mur de Berlin, quand on connaît la suite ? Les péripéties s'enchaînent, et dès le moment que la famille décide de s'en sortir malgré ce décalage temporel, les difficultés surviennent. 
La grande problématique de ce roman, abordée il est vrai sur un ton assez léger, réside dans cette question : peut-on changer le cours des événements, à petite ou grande échelle ? David pourra-t-il sauver son frère Paul de son cancer ? Agathe, sa fille, empêchera-t-elle John Lennon de se faire assassiner le 8 décembre 1980 ? Anna et David réussiront-ils à sauver leur mariage, pourtant voué à l'échec dès le début du roman ? 
Dévoré en quelques heures, ce roman m'a permis de passer un très bon moment avec la famille Cartier. L'idée de voyage dans le temps me fascine et nourrit grandement mon imaginaire. Et si l'intrigue tourne souvent autour des sentiments et que le tout peut paraître parfois assez couru, Tim Sliders parvient à un roman à l'intrigue diablement bien rythmée et drôle. On pense à Retour vers le futur, bien sûr, et les relents nostalgiques et les références aux années 1980 souvent humoristiques et loufoques sont nombreux, mais le tout fonctionne bien. Bref, un roman divertissant à souhait !

Un grand merci aux Editions Fleuve noir pour la découverte de ce roman rafraîchissant.

11 septembre 2012

L'Apothicaire, Henri Lœvenbruck

L'Apothicaire, Henri LoevenbruckL'Apothicaire est un roman de l'écrivain français Henri Lœvenbruck paru en octobre 2011 chez Flammarion.

Paris, 1313. Andreas Saint-Loup est un apothicaire renommé. Mais le jour où il découvre dans sa boutique une pièce qu'il n'avait jamais remarquée jusqu'alors, sa raison vacille. Comment ne pas remarquer, au bout de tant d'années, un espace comme celui-ci en plein milieu de son échoppe ? A force de recherches, Andreas se rend compte que quelqu'un habitait cette pièce mais qu'il n'en a aucun souvenir. Démarre alors pour lui une quête insensée pour découvrir le mystère de cette perte de mémoire.

L'Apothicaire est un roman sur lequel j'ai du mal à avoir un avis tranché. Et ce pour plusieurs raisons. L'intrigue, tout d'abord, est à la fois bien ficelée et intriguante et m'a permis d'occuper mes nuits d'insomnies pékinoises. Elle mêle à la fois véracité historique et mystères variés sans jamais sombrer définitivement dans un genre donné. Difficile de savoir dans quelle direction Henri Lœvenbruck nous entraîne au fil des 600 pages de ce roman.
En outre, et c'est très appréciable, l'auteur donne à voir sa maîtrise de la période historique de son roman - le Moyen Age - et nous en restitue un tableau à la fois vivant loin d'être édulcoré.
Pour autant, si j'ai lu avec avidité l'histoire de cet apothicaire et me suis laissée gagner par le suspense de cette mystérieuse disparition, j'ai senti une sorte d'essouflement au fil des péripéties, trouvant le schéma narratif souvent répétitif. Andreas fuit, à la recherche de son destin, poursuivi par ses assaillants, et chaque moment de bonheur n'est qu'une acalmie dans cette course effrénée jusqu'à la vérité. J'ai malgré tout poursuivi ma lecture, curieuse d'en connaître le dénouement. Malheureusement, ce dernier m'a laissée complètement sur ma faim et m'a donné l'impression de contredire la personnalité même d'Andreas, cartésien et rationnel à l'extrême.
J'ai éteint ma liseuse sans parvenir réellement à analyser mon ressenti face à cette lecture. Malgré une conclusion que je trouve en-dessous de l'intrigue développée, je n'en ressors pas foncièrement déçue. Bref, je ne sais comment conclure si ce n'est que malgré tout, et pourtant je suis prompte à cela, je n'ai pas abandonné ma lecture. A vous donc, de voir si vous souhaitez plonger en compagnie d'Andreas Saint Loup !
Voici ma sixième lecture sur mon Kindle et ma sixième participation au Club des lecteurs numériques. Un grand merci à Madame Charlotte de m'avoir permis de découvrir ce livre !

Lecteurs numériques           Lu sur mon Kindle

                

30 août 2012

Les moitiés, Claire Castillon

Les moitiésLes moitiés est un court roman inédit de Claire Castillon, publié en août 2012 en supplément du magazine Vogue.

Ils se sont connus à quinze ans. Ils sont inséparables. Leurs amis les appellent "les lacets". Leur amour fait pâlir d'envie les autres. Mais sous cette histoire aux allures de conte de fées se cache des fissures.

Découvert par hasard avec le Vogue du mois dernier (j'en entends qui ricanent au fond...), Les moitiés est un texte court qui m'a littéralement conquise.
Avec un humour acide et une plume acérée, Claire Castillon nous entraîne, en 60 pages, au coeur de ce couple fusionnel et imprévisible. Cet amour adolescent qui a grandi et muté pour devenir un amour d'adulte possède pourtant des failles. Leur origine ? Peut-être l'ennui, la lassitude, le temps qui use les personnages.
Leurs errances sont universelles, leurs doutes ont une résonance particulière et leurs erreurs sont familières. 
Un brin surréaliste, le personnage de Paola, femme enfant mélancolique, intrigue. Il intrigue d'autant plus que c'est son compagnon qui prend en charge la narration et donne à voir au lecteur son point de vue sur celle qu'il considère parfois comme une étrangère. Il nous raconte Paola, son couple, son évolution, son quotidien et ses blessures.
Un amour fragile, deux personnages lumineux dans leurs fragilités, une narration qui coule dans un souffle de voix. Un très beau texte, à lire d'une traite, et une auteure à découvrir, notamment avec son dernier texte, Les Merveilles, paru en janvier chez Grasset.

28 juin 2012

Vous prendrez bien une tasse de thé ? Claude Keller

Vous prendez bien une tasse de théVous prendrez bien une tasse de thé ? est le premier roman du psychothérapeute Claude Keller paru en mai 2012 chez Plon.

Lyon, l'hiver. Dora, quinze ans, est une lycéenne brillante. Fille d'un psychanalyste et d'une soprano, la jeune fille est destinée à un brillant avenir. Mais le jour où elle rencontre Benjamin, vingt-deux ans, enfant de la Ddass et voyou à ses heures, sa vie bascule. Dora décide de fuguer pour le rejoindre. Mais elle n'est pas au bout de ses surprises. Car la vieille dame qu'ils rencontrent dans la rue les emmène dans un immeuble bourgeois où tout va basculer. Les vies ordinaires vont voler en éclat et les masques tomber. Et Dora et Ben sont loin d'être les seuls concernés : tout l'immeuble le sera.

A la manière d'un Perec, Claude Keller nous propose, dans son roman, de se focaliser sur un immeuble et ses habitants à un instant t.
Un engrenage se met en place, et tous les personnages vont se rencontrer, alors même que rien de les y destinait. Certains avec leurs blessures, d'autres avec leurs vices ou encore leur violence, et la jeune héroïne se retrouve bien vite au milieu d'un théâtre de violence et d'excès complètement étranger à son univers confortable.
Le suspense ne cesse d'augmenter et l'étau de se resserrer autour de ce couple de jeunes un peu paumés. A la façon d'une pièce de théâtre, Claude Keller fait minutieusement converger tous ses personnages au 7 rue d'Auvergne et le compte à rebours se met en marche.
Mais si l'idée de départ est bonne, malheureusement, le tout s'essouffle rapidement. La psychologie des personnages est légère et sombre souvent dans la caricature. Le schéma jeune fille de bonne famille / jeune garçon paumé de la Ddass est trop éculé pour réellement fonctionner. L'auteur affuble ses personnages de personnalités et de caractères ô combien faciles : le gamin de la Ddass à qui rien ne sourit, la jeune bourgeoise qui a sauté une classe et aux parents CSP+, la jeune punk avec épingle à nourrice dans ses oreilles en rupture avec sa famille, la veuve riche et un peu gaga, etc. La galerie de personnages ressemble à n'importe quel saga de l'été ou feuilleton télévisé... C'est ennuyeux et ça manque de saveur.
C'est bien dommage, car l'alternance de points de vue offre à l'intrigue un dynamisme bienvenu et permet au lecteur de s'immerger complètement dans ce vaudeville contemporain qui aurait pu être drôle, émouvant, poétique même (comme le promettait la quatrième). Mais rien de tout cela pour moi. Je n'ai pas réussi à prendre en sympathie les personnages ni m'intéresser vraiment à leurs sorts. Malgré une construction narrative intéressante et un suspense indéniable, j'ai refermé ce roman un peu déçue.
Je tiens à remercier   logo2   et les éditions Plon  pour ce livre reçu dans le cadre de l'Opération Masse Critique.

 

26 mars 2012

Les Étrangers du temps : Destins obscurs, Corinne Gatel-Chol

P1030735Les Étrangers du temps est le premier roman de Corinne Gatel-Chol. Après des études d'histoire, cette stéphanoise d'origine évolue tour à tour dans le milieu journalistique, économique, publicitaire et dans la création de sites internet avant de se tourner vers l'écriture, revenant ainsi à ses premières amours.

Alors que sa famille emménage dans un ancien château en Haute-Loire, le jeune Hadrien étouffe dans son adolescence.
Écrasé par une pression familiale trop forte - entre une jumelle à qui tout réussit et un frère aîné qui prend trop de place - le jeune homme se referme peu à peu sur lui-même et sombre dans l'alcool et la drogue. Dans la vaste propriété de ses parents, il découvre une évasion en le journal de Colombe, jeune domestique de seize ans qui travailla en 1896 au château
. 
Hadrien se plonge dans la lecture de ces pages d'un autre temps qui lui permettent d'oublier son quotidien. Mais sa consommation de drogue et d'alcool effacent peu à peu les frontières temporelles et Hadrien chavire, sans s'en douter...

Les Étrangers du temps fait partie de ces romans qu'il est difficile de reposer une fois commencés. J'ai été curieuse de découvrir cette intrigue, qui, sous couvert d'esotérisme, aborde des problématiques bien plus complexes. 
Hadrien est en effet un personnage adolescent mal dans sa peau, comme beaucoup. Son échec au bac, ses conflits avec ses parents, sa difficulté à trouver sa place dans sa famille face à une soeur trop brillante, sont autant de thématiques finement observées. Hadrien est un personnage, certes, mais finalement bien proche du réel... Les Etrangers du temps
L'idée brillante de Corinne Gatel-Chol est de faire basculer son héros dans l'Histoire. Mais basculer non pas au sens littéral. Hadrien perd le contrôle à cause de sa consommation de drogue et d'alcool et confond son époque et celle de la jeune Colombe, espérant ainsi sauver la jeune fille d'un danger qu'il pressent. 
L'intrigue aurait pu s'arrêter là. Mais il n'en est rien. Car finalement, l'intérêt de ce roman réside dans le mal-être de cet adolescent et la réaction des membres de sa famille. Comment aider un frère, un fils, qui sombre ? Comment, sans le brusquer ni le materner, l'aider à remonter la pente et revenir parmi les siens ? L'auteure se penche sur cette question avec justesse, et offre à son roman une dimension bien singulière.
Bref, vous l'aurez compris, j'ai passé un très bon moment de lecture avec ce premier tome. Je me suis évadée dans la vaste propriété de Haute-Loire avec Hadrien, je me suis passionnée pour l'histoire de la jeune Colombe, en cette fin de 19e
siècle, j'ai tremblé avec les proches du jeune homme, à le voir sombrer dans ses hallucinations. Merci Corinne Gatel-Chol pour ce roman, au propre comme au figuré !

D'autres lecteurs Des Étrangers du temps : CottageMyrtille, Iluze, Marylin, Emeralda, Marmotte, Belledenuit, Stephy21.  
Lu sur mon KindleVoici ma cinquième lecture sur mon Kindle, et ma cinquième participation au Club des lecteurs numériques.

                    Lecteurs numériques    

 

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