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Bienvenue à Bouquinbourg
6 février 2019

Speak, Emily Carroll d'après le roman de Laurie Halse Anderson

SpeakSpeak est l'adaptation en album du roman Vous parler de ça de Laurie Halse Anderson. Il est paru le 9 janvier cette année aux éditions Rue de Sèvres.

Mélinda, quinze ans et des lèvres en sang tant elle s'empêche de parler. La lycéenne discrète et réservée, ignorée voir tourmentée par ses camarades, s'est enfermée dans le silence suite à un événement traumatique. Dans son journal, elle parle. Elle raconte, ses journées au lycée. Ses moments de solitude à la cantine. Ses cours d'arts plastiques, qui la bousculent. Ses parents, qui ne la comprennent pas. Ses anciennes amies qui lui ont tourné le dos. Mélinda se répand par écrit, alors que les mots meurent sur ses lèvres. Jusqu'au jour où le monstre de ses cauchemars refait surface. 

Album coup de poing, Speak est une claque tant par son sujet que par son traitement. Adapté du roman en partie autobiographique de Laurie Halse Anderson, il aborde la question du viol. Car c'est de viol que Mélinda a été victime, alors qu'elle avait treize ans. Violée par un élève plus âgé, lors d'une soirée. Le mot n'est posé qu'après la page 300 mais le lecteur se rend compte rapidement de quoi il retourne.     
Au fil des saisons, Mélinda se raconte en noir et blanc. La bichromie semble faire écho à sa météo intérieure, la dépression la guettant depuis l'horreur qu'elle a vécue. Parce qu'elle n'a pas réussi à parler lorsqu'elle a appelé la police ce soir-là, la jeune fille est rejetée par ses camarades, persuadés qu'elle appelait pour dénoncer la soirée. Le harcèlement passif est évoqué, alors que Mélinda voit peu à peu tous ceux qu'elle connaissait lui tourner le dos et la laisser seule, dans sa souffrance, en paria.    
Et c'est seule que Mélinda va sortir de sa souffrance. Seule qu'elle va affronter son passé, ses peurs, le rejet aussi. Seule qu'elle va s'en sortir, pour mieux raconter, ensuite, ce qu'elle a vécu.    
Un album sombre, évidemment, mais qui présente aussi le parcours de résilience de l'héroïne. Sa renaissance, après son combat intérieur. Un album qui me paraît essentiel pour aborder la question du viol et de l'adolescence brisée. Un récit rendu fort par sa part autobiographique. Bref, une lecture coup de poing à découvrir.

 

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Un grand merci aux éditions Rue de Sèvres pour la découverte de cet album. 

La BD de la semaine

Cette semaine, c'est Stephie qui accueille le rendez-vous des amoureux des bulles ! 

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23 janvier 2019

Paris 2119, Zep et Dominique Bertail

Paris 2119Paris 2119 est le dernier album dont Zep signe le scénario, avec Dominique Bertail aux dessins. Il sort aujourd'hui aux éditions Rue de Sèvres. 

En 2119, la Ville Lumière est un savant mélange de modernité et de patrimoine vieillissant. Un Paris ancien transformé en musée côtoie le nouveau Paris, où les drones, les clones et les hologrammes sont légion. Les rues sont vides, chacun préférant se téléporter grâce à la nouvelle technologie, le Transcore. Certains comme Tristan Keys ont le goût de l'ancien et la nostalgie du passé. Ce dernier utilise toujours le métro, comme un signe de résistance à ce monde ultra surveillé. Mais le jour où il voit une femme hagarde dans le métro, il commence à devenir suspicieux. Et si le Transcore n'était pas aussi beau qu'il paraît ? Kloé, sa compagne, ne le croit pas et continue à utiliser la téléportation.

Magistral. Voilà, c'est dit. A tel point qu'en refermant l'album, j'étais persuadée que c'était un premier tome et que l'histoire continuerait... J'en avais terriblement envie tant l'intrigue m'a plu et le cadre semblait propice à une histoire bien plus vaste. Et bien non, il s'agit bien d'un one-shot de Zep qui interroge notre rapport à la technologie, dans un Paris rétrofuturiste magnifié par Bertail.    
Le travail sur l'architecture est magnifique et Dominique Bertail a mêlé ce Paris musée au Paris du XXIIe siècle. Entre tradition et modernité, le monde vacille, et pour voir ce vacillement, Tristan, un brin rebelle, grand nostalgique du siècle dernier, curieux invétéré.
Il y a évidemment du Moebius et du Bilal dans le trait, dans cette palette souvent bleutée parfois glaçante. Et le lecteur est transporté dès les premières planches dans ce scénario digne d'un film d'anticipation. L'écriture est cinématographique, tout comme les planches, et la lecture semble s'effacer au profit d'une immersion dans ce futur imaginé par Zep. On pense à Westworld, à Black Mirror aussi, avec toutes ces questions autour des conséquences de la technologie dans le futur.
Un gros coup de cœur de mon côté, que j'ai déjà commencé à conseiller autour de moi. Encore une fois, Zep en BD adulte me séduit complètement. J'aurais vraiment vu une suite, même si l'histoire est complète et tient la route, mais le parti pris final est plus ouvert et c'est pas plus mal aussi. A lire sans hésiter, même si, comme moi, la science-fiction n'est pas votre tasse de thé. Vous allez être conquis. On parie ? 

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Un grand merci aux éditions Rue de Sèvres pour la découverte de cet album.

  La BD de la semaine

Cette semaine, c'est Moka qui accueille le rendez-vous des amoureux des bulles !

16 janvier 2019

Literary life : scènes de la vie littéraire, Posy Simmonds

Literary lifeLiterary life est un one shot de la dessinatrice de presse et écrivaine britannique Posy Simmonds. Il est paru en 2014 aux éditions Denoël.

Parues sous forme de chroniques hebdomadaires dans The Gardian Review entre 2001 et 2005, ces 90 planches croquent avec un humour acerbe la vie littéraire anglaise du début du XXIe siècle. Posy Simmonds dévoile les coulisses de ce monde singulier, où derrière une oeuvre se cache un écrivain, un humain à l'ego parfois surdimensionné, mal placé, blessé, et en proie aux affres du commerce de son art.

Entre Posy Simmonds et moi, c'est une grande histoire d'amour, unilatérale, certes, mais non moins grande. J'avais découvert la britannique avec sa réécriture de Flaubert, Gemma Bovery, puis étais tombée sous le charme quelques temps après de Tamara Drewe et sa critique sociale acerbe autant que fine. J'étais donc très enthousiaste à l'idée de découvrir ces chroniques sur le monde littéraire.   
Et je n'ai pas été déçue par ses planches truculentes qui croquent sans filtre le monde littéraire. Posy Simmonds n'épargne personne, ni les auteurs, ni les éditeurs, pas même les attachés de presse ou les libraires, et tout ce beau monde en prend pour son grade et se voit épinglé avec un humour féroce. Les jalousies entre auteurs, les egos surdimensionnés, les sourires de façade lors des signatures, Posy Simmonds nous livre l'envers du décor de ce monde auquel elle appartient 
avec humour et sans fard.    
Le dessin est simple, souvent en noir et blanc, parfois en couleurs, et chaque planche nous livre une réflexion hebdomadaire de la britannique sur l'univers dont elle fait partie. Un peu à la manière du photographe Martin Parr et de ses séries documentaires souvent ironiques sur ses concitoyens, Posy Simmonds nous offre une belle plongée dans la vie littéraire en général, anglaise en particulier. Pas forcément l'album le plus facile d'accès de la britannique mais une bonne critique sociale à l'humour féroce. J'adore !

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La BD de la semaine

Cette semaine, c'est Stephie qui accueille le rendez-vous des amoureux des bulles !

 

Jour 16 du Challenge Feel Good 

  Retrouvez toutes les informations et l'agenda sur la page du challenge !

       

9 janvier 2019

L'anniversaire de Kim Jong-Il, Aurélien Ducoudray et Mélanie Allag

L'anniversaire de Kim-Jon IlL'anniversaire de Kim Jong-Il est un album écrit par Aurélien Coudray et mis en image par Mélanie Allag. Il est paru en août 2016 aux éditions Delcourt. 

Jun Sang a huit ans et vit en Corée du Nord. Sa fierté ? Etre né le 16 février, le même jour que Kim Jong-Il. Pour le petit garçon, le patriotisme représente toute sa vie et c'est avec fierté qu'il joue avec ses camarades à tuer l'ennemi Sud-Coréen et son allié américain. Mais le jour où la famine imposée par le régime devient trop rude, la famille décide de fuir en Chine. Arrêtés à la frontière, Jun Sang, ses parents et sa soeur sont déportés dans le camp de concentration de Yodok, réservé aux opposants au régime. Là-bas, ils connaîtront les coups, les travaux forcés, le rationnement, l'humiliation, la peur. Et Jun Sang perdra ses idéaux patriotiques.

Sur la Corée du Nord, j'avais adoré la BD documentaire de Guy Delisle, Pyongyang. Choquée par le récit de l'illustrateur québécois, j'ai eu envie d'en savoir plus et de découvrir cet album fictif. Et je dois dire que la claque a été grande. J'ignorais tout des camps de concentration de la Corée du Nord et de Yodok - camp qui retiendrait aujourd'hui 50 000 hommes, femmes et enfants soupçonnés d'être opposés au régime - et je ne mesurais pas l'oppression dans laquelle vivent les nord-coréens aujourd'hui. 

Sur fond d'insouciance enfantine et de légèreté, Aurélien Ducoudray nous entraîne dans une intrigue qui s'assombrit rapidement, au rythme des désillusions du jeune héros. Les illustrations de Mélanie Allag, rondes et colorées au début de l'album, s'assombrissent rapidement dans une bichromie en noir et blanc à l'image des moments vécus dans les camps. Les personnages se transforment également, des rides et des cernes apparaissant sur leur visages, leurs corps se décharnant. L'album marque donc clairement la fin de l'enfance de Jun Sang et sa confiance dans son pays et son dirigeant.

Dénonciation d'un état totalitaire et de sa propagande, L'anniversaire de Kim Jong-Il est un excellent album sur la Corée du Nord. Malgré le côté fictif, il est aisé d'imaginer le quotidien des nord-coréens aujourd'hui, entre photos du père de la patrie et de son fils accrochées partout, statues monumentales, chants patriotiques et médias bridés (les téléviseurs sont réglés sur la chaîne nationale par un technicien lors de l'achat et bloqués ensuite, chercher d'autres chaînes étant illégal et sévèrement réprimé), une vie de sacrifices au nom d'un pays qui possède l'un des plus bas niveau de droits de l'homme au monde et d'un dirigeant qui maintient son peuple dans un état de précarité avancé. Bref, un album dur mais essentiel. 

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La BD de la semaine

C'est reparti pour la BD de la semaine et aujourd'hui c'est Noukette qui accueille le rendez-vous des amoureux des bulles !

 

Jour 9 du Challenge Feel Good 

(ce n'est pas feel good en apparence, je vous l'accorde, mais aujourd'hui le thème était une BD engagée et je pense que je rentre totalement dans la catégorie avec ce album !)

 Retrouvez toutes les informations et l'agenda sur la page du challenge !

       

 

2 janvier 2019

Passe-passe, Delphine Cuveele et Dawid

Passe-passePasse-passe est un one shot signé Delphine Cuveele pour le scénario et Dawid pour les dessins, paru en avril 2014 aux éditions de la Gouttière.

Une grand-mère et une fillette partagent de doux moments de complicité. Mais petit à petit, l'aînée perd ses couleurs, disparaît progressivement, tandis que le papillon qui accompagne leurs aventures se pare de couleurs chatoyantes et semble récupérer son âme.

Album sans parole, Passe-passe plonge le lecteur dans une parenthèse poétique tout en abordant un thème lourd, celui de la disparition. La fillette voit peu à peu sa grand-mère perdre ses couleurs et se transformer en un papillon majestueux mais l'ensemble se déroule dans une ambiance joyeuse et légère.

Delphine Cuveele signe ici un scénario sous forme de conte philosophique, où la métempsychose permet d'appréhender la mort avec douceur. Le trait de Dawid est rond, enfantin, et les planches colorées donnent vie à ces souvenirs que se construit la fillette. Sa grand-mère s'efface progressivement, pour finir par n'être qu'un souvenir, mais la joie demeure. Un album très beau, tant dans sa forme que dans son fond, qui aborde avec délicatesse le thème de la mort et offre au lecteur la possibilité de garder un oeil d'enfant. 

Les chroniques de Mo', Moka, Noukette, Jérôme, Lunch, Sandrine et David.

  

 Jour 2 du Challenge Feel Good 

Retrouvez toutes les informations et l'agenda sur la page du challenge !

     

 

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12 décembre 2018

Ar-Men, l'Enfer des enfers Emmanuel Lepage

Ar-Men

Ar-Men, l'Enfer des enfers  est un album d'Emmanuel Lepage paru en novembre 2017 chez Futuropolis. 

Au large de l'île de Sein, dans le Finistère, Ar-Men. Le phare le plus difficile d'accès de Bretagne. Germain en est le gardien, avec en alternance Pierrick et Louis, dans ce début des années 1960. Vingt jours en autarcie, seuls dans ce phare, à en garder le feu pour sécuriser les bateaux. Vingt jours dans le silence, les pensées, les souvenirs. Jusqu'à ce qu'une nuit de tempête mette au jour des inscriptions de précédents gardiens. Les naufrages, les nuits d'horreur. Germain découvre l'histoire de Moizez, le premier gardien d'Ar-Men, le premier à avoir choisi de délaisser la terre pour veiller sur la mer. Celui qui fit partie des courageux qui affrontèrent durant quinze ans les flots pour construire Ar-Men, au milieu des flots. 

Ouvrir un album d'Emmanuel Lepage, c'est accepter de prendre une claque, de perdre pied, de se faire happer par un dessin incroyable. Je l'avais déjà ressenti à la lecture d'Un printemps à Tchernobyl, il y a trois ans. Cet album confirme mon impression.

Emmanuel Lepage entraîne son lecteur dans le récit fascinant de la construction de ce phare et de son fonctionnement, lorsqu'il était encore géré par l'homme. La petite histoire et la grande se mêlent, l'aspect documentaire n'alourdissant en rien l'émotion suscitée par les personnages de papier. Le trait est net, les paysages bluffants de réalisme, et l'ensemble est visuellement grandiose. Les scènes de mer et de tempête permettent au talent de Lepage d'exploser et offrent un rendu terrifiant.

Amateur de phares ou non, de la mer ou non, ne passez pas à côté de cet album qui alterne les époques et les personnages pour mieux dresser l'histoire de ce monument classé, premier phare en mer depuis les années 1990. Je ne vais pas en dire plus, pour ne rien dévoiler de cette intrigue. A ceux qui sont passés à côté de Lepage, réparez au plus vite cet impair.  

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La BD de la semaine

Cette semaine, c'est Stephie qui accueille le rendez-vous des amoureux des bulles ! 

14 novembre 2018

Blog : L'union fait la force, Maliki

Maliki BlogBlog : L'union fait la force est un album regroupant les strips parus durant un an sur le site maliki.com. A l'origine du phénomène Maliki, Souillon, son dessinateur et scénariste et Becky, son bras droit, qui l'aide dans l'aspect virtuel et communicationnel. 

Retrouvez dans ces 304 pages Maliki, la jeune dessinatrice aux cheveux roses, et tout son univers : Becky, son amoureuse, Fang, l'adolescente chinoise qu'elle héberge, Fénimale, la fée de l'écologie qui lui donne des conseils pour la planète, ses chats, ses poules. Dans son petit village breton, Maliki a toujours une anecdote à raconter, qu'il s'agisse des aventures de ses poules, de ses séances de dédicaces incongrues, de ses chats et leurs petites habitudes, tout prend vie sous le stylo de Maliki ! 

Je crois que de moi-même, je ne serais pas allée vers Maliki. Trop girlie, trop manga, trop enfantin, je ne sais pas vraiment, mais je crois que j'aurais passé mon chemin sans me poser trop de question. Et ça aurait été une erreur. Celui qui m'a offert cet album me connaît bien, et il avait raison quand il m'a assuré que je serai séduite par la fraîcheur de ses strips, ses valeurs écologiques et son humour.      
Financé grâce à une campagne Ulule, cet album - et les goodies l'accompagnant - et tout d'abord un bel objet, un livre épais et facile à transporter pour se régaler n'importe où des histoires de Maliki.      
Tour à tour humoristiques, graves, fantastiques ou réalistes, les strips se suivent et ne se ressemblent pas, leur point commun étant la fantaisie et le côté pétillant de l'héroïne.           
En partie autobiographique, l'album intègre notamment des photos du voyage de Maliki en Thaïlande sous la forme d'un carnet de voyage hybride, entre BD et photos.     
Le dessin, numérique, est fin et soigné. Les rares expériences que j'avais eues de dessin numérique m'avaient laissé une impression en demi-teinte. J'avais trouvé une certaine froideur à l'ensemble. Ce n'est pas le cas ici, le travail sur les couleurs et les ombres étant particulièrement soigné.           
Personnages attachants, réflexions sociétales, histoires émouvantes (notamment celles liées aux chats que Maliki et Becky sauvent), humour décapant, cet album a su me séduire au-delà de ce que j'imaginais et casser mes représentations. C'est bien simple : je l'ai ouvert un soir, et happée par cet univers mignon et positif, je n'ai pas pu reposer l'album avant de l'avoir complètement dévoré. Merci à mon partner in crime pour ce joli cadeau !

 Strip 1  Strip 2

Strip 3   Strip 4

 

Une interview de Becky et Souillon, le tandem à l'origine de Maliki 

La BD de la semaine

Cette semaine, c'est Noukette qui accueille le rendez-vous des amoureux des bulles !

7 novembre 2018

Pome, Magali Le Huche et Marie Desplechin

Pome, Marie Desplechin, Magali Le HuchePome est un album illustré par Magali Le Huche le 10 octobre aux Editions Rue de Sèvres. Il est l'adapation du roman éponyme de Marie Desplechin paru à L'Ecole des Loisirs en 2007, second tome d'une trilogie consacrée à la petite sorcière Verte. 

Tout va pour le mieux pour Verte : la petite fille, aidée de son ami Soufi, a retrouvé Gérard, son papa, et poursuit sa formation de sorcellerie avec Anastabotte, sa grand-mère. Mais ce joyeux équilibre est rompu lorsqu'une nouvelle voisine vient s'installer à côté de chez Gérard. Pome, c'est son nom, permet à Verte de se sentir moins seule, depuis le déménagement de Soufi. Les deux fillettes se ressemblent et leurs prénoms les rapprochent, les rendant rapidement complices. Verte aurait-elle trouvé une meilleure amie capable de la comprendre ? Y compris son côté sorcière ? 

En grande fan de la trilogie de Marie Desplechin - je m'étais régalée avec les romans Pome et Mauve et j'avais adoré découvrir le travail d'adaptation de Magali Le Huche avec Verte, le premier tome de la série - j'étais impatiente de découvrir ce deuxième album.     
Magali Le Huche poursuit son travail d'adaptation avec brio. Les questionnements de Verte, secouée par une pré-adolescence qui pointe le bout de son nez, sont conservés à travers des dialogues savamment choisis et des cartouches pertinents. La psychologie des personnages est préservée et l'intrigue de Marie Desplechin ne perd pas en intensité. Les personnages masculins trouvent progressivement leur place dans cette histoire féminine. Verte a désormais un père et un grand-père - Ray - et trouve peu à peu une harmonie familiale.
Le trait de Magali Le Huche vient parfaire cette ambiance d'enfance 
douce, malgré les chamboulements de la vie. Les traits ronds confèrent aux personnages une douceur inégalable que les couleurs pastels viennent compléter à merveille. Les planches se suivent et ne se ressemblent pas, offrant parfois une succession de vignettes dynamiques avec des plans rapprochés et à d'autres moments une large double page en plan large bourrée de détails à observer. Bref, un deuxième album tout aussi réussi que le précédent. Une série véritablement délicieuse à mettre entre toutes les petites mains (et pas que !). J'attends le troisième tome avec impatience !  

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Un grand merci aux éditions Rue de Sèvres pour la découverte de cet album.

  La BD de la semaine

Cette semaine, c'est Moka qui accueille le rendez-vous des amoureux des bulles !

17 octobre 2018

Edmond, Léonard Chemineau d'après la pièce d'Alexis Michalik

EdmondEdmond est un one-shot de Léonard Chemineau d'après la pièce éponyme d'Alexis Michalik. Il paraît aujourd'hui aux éditions Rue de Sèvres. 

Paris, décembre 1897. Edmond Rostand a vingt-neuf ans et à son actif des pièces d'un autre temps qui ne ravissent plus les foules. Presque ruiné, il essuie un nouvel échec avec La Princesse lointaine, dans laquelle Sarah Bernhardt tient le rôle-titre. Alors que ses dettes l'assaillent, Edmond tente le tout pour le tout : convaincre l'acteur en vogue Constant Coquelin de jouer dans sa future pièce. Une pièce novatrice, loin de ce qu'il a écrit avant : une comédie en vers. Coquelin s'emballe, veut la monter en trois semaines. Mais Edmond ne l'a pas encore écrite. C'est une véritable course à l'inspiration qui commence alors pour Edmond, pour sauver sa réputation, sa famille mais aussi sa pièce à laquelle peu croient et qui deviendra pourtant la pièce la plus jouée du répertoire français. 

Genèse de l'écriture de Cyrano de Bergerac, Edmond est véritablement un petit bijou ! La pièce, récompensée par cinq Molières, me tentait déjà terriblement (j'avais adoré Le Porteur d'Histoire d'Alexis Michalik) mais la découvrir adaptée par Léonard Chemineau (dont j'avais admiré le travail sur Le Travailleur de la nuit) fut une excellente surprise  
Chemineau et Michalik ont travaillé main dans la main pour cette adaptation en BD et le résultat est des plus réussis. Le scénario est fluide, la narration bien construite et la plongée dans le Paris de la fin du XIXe ébouriffante. Dur dur de vivre de sa plume quand les critiques sont assassins et que le public ne pardonne pas, que les créanciers frappent aux portes à toute heure du jour et de la nuit et que les comédiens sont capricieux, que les délais sont très courts et que l'inspiration n'est point ! Mais Edmond va surmonter ces épreuves pour écrire en un temps record - Alexis Michalik imagine ce fait là - une pièce qui marquera à jamais le paysage théâtral français.   
La galerie de personnages est diablement réussie - du meilleur ami au coeur brisé à l'épouse en proie au doute en passant par la comédienne capricieuse ou les créanciers tenanciers d'un lupanar - et drôle à souhait, le tout s'enthousiasmant dans un joyeux bordel au rythme d'Edmond et de sa pièce. Les visages sont soignées, les décors de la Belle Époque aussi et l'ensemble participe à cette immersion temporelle des plus délicieuses.  
Le rythme de l'intrigue, enfin, ne laisse pas une seconde de répit au lecteur. Un album qui se dévore d'une traite, émouvant, drôle, historiquement intéressant et à l'intrigue trépidante. Une réussite totale ! J'ai hâte de découvrir l'adaptation ciné de la pièce qui sort en janvier. 

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Un grand merci aux Éditions Rue de Sèvres pour la découverte de cet album ! 

  

Je ne résiste pas à vous mettre la bande-annonce du spectable d'Alexis Michalik 

(en espérant pouvoir le découvrir à Metz bientôt !) 

 La BD de la semaine

Cette semaine, c'est Moka qui accueille le rendez-vous des amoureux des bulles ! 

10 octobre 2018

Dracula T.1 Le Prince Valaque Vlad Tepes, Pascal Croci, Françoise-Sylvie Pauly

Dracula T

Le Prince Valaque Vlad Tepes est le premier tome du dyptique Dracula, fruit de la collaboration entre Pascal Croci et Françoise-Sylvie Pauly. Il est paru en 2005 aux éditions Emmnanuel Proust.

Londres, 1888. Bram Stoker, le père de Dracula, examine avec l'archiviste du British Museum l'histoire du Prince Valaque Vlad Tepes, à travers le testament de son épouse malheureuse, la Princesse Cneajdna. Celle qui, mariée sans inclination au cruel Prince Tepes, l'a vu lui échapper dans les bras d'une créature étrange.

S'il y a bien un album que je voulais découvrir depuis longtemps et que je gardais au chaud pour cette période de l'année, c'est bien celui-ci ! Dracula est un album hybride, qui mêle histoire et fantastique, qui fait intervenir autant Bram Stoker - le romancier de Dracula - que le Prince à l'origine de ce roman épistolaire. Les recherches des deux auteurs sont poussées, pour dépeindre le personnage de Vlad Tepes et sa cruauté légendaire (les anecdotes d'empalement sont historiquement fondées) mais teintées de fantastique. Le récit enchâssé, donne à voir une intrigue sombre et dénuée d'espoir, à l'image du destin de la malheureuse Princesse Cneajdna.   
Les dessins sont de toute beauté, les dégradés sombres offrant à l'ensemble une note angoissante qui complète cette couverture rouge sang. Les personnages émaciés, la nature quasi morte dans cette neige autant étouffante qu'étincelante, dressent un décor désolé autant que mortuaire. Un bel hommage à l'oeuvre de Stoker, au personnage aussi. Un second tome que j'aimerais découvrir rapidement ! 

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  La BD de la semaine

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