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Bienvenue à Bouquinbourg
29 août 2019

Journal intime d'un touriste du bonheur, Jonathan Lehmann

Journal intime d'un touriste du bonheurJournal intime d'un touriste du bonheur est le récit que l'ancien avocat d'affaire franco-américain Jonathan Lehmann a écrit durant son voyage de trois mois en Inde fin 2016. Il est paru en mai 2018 aux éditions de La Martinière. L'auteur est aussi l'auteur du programme Les antisèches du bonheur.

J'ai reçu ce livre en cadeau à mon abonnement au magazine Respire, et autant vous dire que j'étais très sceptique avant de l'ouvrir. Je connaissais rapidement le parcours du créateur des antisèches du bonheur et je craignais de découvrir la success story de cet ancien avocat d'affaires reconverti en chantre de la méditation,  annoncée par le bandeau de l'éditeur.
Et je dois vous avouer que j'ai été agréablement surprise. Vraiment. Jonathan Lehmann est agaçant dans sa posture d'occidental qui a brûlé la vie par les deux bouts et croit tout connaître lorsqu'il découvre l'Orient et sa sagesse millénaire, mais son auto-dérision permet, dès les premières pages,
de rire avec lui de ses pensées et de ses incompréhensions culturelles, linguistiques et spirituelles.
A l'image d'un journal intime, le lecteur suit au jour le jour le récit de ces trois mois en Inde, de Jodhpur à Mumbai en passant par Pune, Arambol, Rishikesh, Goa, Varkala, Amritapuri et Udaipur. Trois mois d'ashrams, de méditations, de rencontres, de gourous, d'enseignements, de tantrisme, de constellations familiales, aussi. Et au fur et à mesure de son voyage, Jonathan grandit, guérit de ses blessures, et fait ses deuils. C'est beau, et ça résonne, évidemment. Car quelle que soit la forme de la blessure, elle est là, en chacun de nous. Et c'est libérateur de lire le parcours d'un homme en quête de guérison, un homme auquel il est étonnament si facile de s'identifier. L'humour est omniprésent et offre à l'ensemble une fraîcheur salvatrice, au milieu de ces réflexions et décryptages de pratiques méditatives et spirituelles.

L
e titre même du livre vient d'une remarque condescendante reçue dans un des derniers ashrams qu'il fréquente, de la part d'une disciple d'un des maîtres, qui taxe son voyage de shopping spirituel. Loin de rester piqué par cette remarque, Jonathan Lehmann l'analyse et prend conscience avec humilité de sa démarche, de son voyage, de celui qu'il était quand il est arrivé au début de ces trois mois en Inde, et de celui qu'il est à présent. Et c'est en ça que le livre fonctionne. Par son passé d'occidental matérialiste, Jonathan Lehmann était bien loin de l'écoute de soi, de la bienveillance et de la gratitude, et c'est aux côtés d'Amma et d'autres gourous qu'il ouvre finalement son coeur à ces pratiques ancestrales pour une vie plus douce.
L
'humilité est finalement ce qui m'a le plus touchée dans ce récit. L'humilité de cet ancien avocat new yorkais abonné aux gros contrats, aux fêtes, aux drogues et à la séduction, et son parcours, une fois son père décédé et sa petite amie partie, pour soigner ses blessures.
Moi qui lis beaucoup de textes de développement personnel, qui pratique la méditation et le yoga depuis plusieurs années,
qui essaie toujours d'être dans la gratitude et le non jugement, j'ai fait aussi, en toute humilité, pas mal de belles découvertes dans ce livre (notamment le truc tout bête, lorsqu'on critique quelqu'un, de rajouter à la fin de sa phrase : "comme moi". Parce que lorsqu'on critique quelque chose chez quelqu'un, c'est qu'il résonne en nous parce qu'on le possède. Le mieux étant d'arrêter de critiquer tout court, on est d'accord, hein ?).
Une bien belle lecture donc et qui n'est pas sans me rappeler celles de Touriste de Julien Blanc-Gras et Mange, Prie, Aime d'Elizabeth Gilbert. Elle va de ce pas rejoindre ma bibliothèque de livres inspirants et je ne peux que vous conseiller de vous plonger dedans vous aussi. 

"Je ne m'aime pas suffisamment, alors je réclame du monde extérieur qu'il m'aime à ma place. Mais le monde extérieur ne peut pas m'aimer vraiment, il ne me connaît pas. Le monde extérieur ne peut qu'approuver mon image. Et quand il le fait, c'est comme une drogue dure, de la cocaïne ou du sucre : ça créé une accoutumance et le besoin de revenir chercher la même chose peu de temps après." (p.108)

"Alors quand je vois [cette fichue culpabilité] débarquer et que je me mets à questionner mes choix ou mes actions passées, plutôt que de rajouter du contenu mental négatif [...] je m'efforce désormais d'agir ou d'observer. Agir s'il y a quelque chose que je peux faire, ici et maintenant, pour corriger la situation qui me tracasse. Observer s'il n'y a rien à faire, et regarder les pensées coupables sans jouer leur jeu ; sans m'identifier à elles ; sans leur donner d'énergie ; sans y ajouter volontairement d'autres pensées de même nature.
Pour m'aider dans ces moments-là, j'aime me répéter le mantra suivant : "Je ne peux pas changer le passé, mais je peux toujours faire de mon mieux, ici et maintenant." Il m'aide à revenir à l'instant présent et à ne pas trop me perdre dans des pensées inutiles et chronophages."
(p.187)

"Il existe selon [Prem Baba] deux outils majeurs pour faire évoluer les consciences : la pratique du silence, c'est-à-dire la vie méditative (semblable à l'approche préconisée par Goenka) ; et la connaissance de soi, c'est-à-dire la compréhension des blessures d'enfance et des différentes couches du Moi." (p.235)

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28 août 2019

La vie hantée d'Anya, Vera Brosgol

La vie hantée d'AnyaLa vie hantée d'Anya est la première bande dessinée de la jeune auteure américaine Vera Brosgol. Parue en 2011 aux États-Unis et lauréate du Eisner Award et parue une première fois en France chez Altercomics en 2013, elle sort aujourd'hui aux éditions Rue de Sèvres.

Fille d'émigrés russes, Anya est une ado mal dans sa peau, ballottée entre culture et traditions familiales et intégration dans son pays d'adoption, les Etats-Unis. Élevée par sa mère avec son petit frère, la jeune fille tente de passer inaperçue au lycée mais son nom à rallonge et sa pointe d'accent russe ne l'aident pas.
Après une nouvelle brouille avec sa seule amie, Anya s'nefuit dans un parc et tombe dans un puits. Apeurée, l'adolescente se rend rapidement compte qu'elle n'y est pas seule : le fantôme d'Emily,
une jeune fille décédée dans ce puits vient la visiter. Son squelette est toujours là, quatre-vingt dix ans après son assassinat. Comme Emily l'aide à sortir du puits, Anya décide de l'aider à retrouver qui l'a tuée. En attendant, Emily aide Anya au quotidien au lycée et cette dernière est ravie. Mais Emily est-elle vraiment qui elle prétend être ?

Intriguée par l'histoire de ce one shot, j'ai découvert avec plaisir le trait rond et un brin enfantin de Vera Brosgol qui n'est pas sans rappeler celui de Bryan Lee O'Malley, le papa de Scott Pilgrim. Le dessin est vivant et les tons bleu semblent déposer sur cette histoire un voile vaporeux propice à l'émergence du fantastique en la personne d'Emily.
L'intrigue se met en place doucement, l'auteure prenant soin d'installer le décor et les personnages de son histoire. Son héroïne, partagée entre son héritage russe et sa volonté de s'insérer au lycée, souffre d'un mal-être adolescent classique mais jamais anodin. Incompréhension avec sa mère, complexes physiques, problèmes relationnels, la vie d'Anya n'est pas simple et l'auteure aborde avec sensibilité ces problématiques adolescentes. La part autobiographique est là, derrière les lignes évoquant la question de l'intégration, l'auteure étant elle-même née à Moscou avant d'émigrer à cinq ans aux États-Unis avec sa famille.
Un joli one shot, qui est là où on ne l'attend pas, une lecture touchante, qui sous couvert d'histoires de fantômes, évoque subtilement la question du mal-être adolescent.

Planche 1 Planche 2

Planche 3 Planche 4

Merci aux éditions Rue de Sèvres de m'avoir permis de découvrir cet album.

La BD de la semaine

Pour la rentrée des bulles, c'est Moka qui nous accueille chez elle
et rassemble les billets des participants aux mercredis BD !

22 août 2019

Agatha Raisin T.6 Vacances tous risques, M.C. Beaton

Agatha Raisin TVacances tous risques est le sixième tome des aventures de la quinquagénaire anglaise Agatha Raisin imaginée par l'écossaise Marion Chesney Gibbons et signé sous le pseudonyme de M.C. Beaton. Il est paru en mai 2017 chez Albin Michel.

Abandonnée par James Lacey alors qu'ils étaient sur le point de se marier, Agatha fulmine. Celui-ci est parti à Chypre, où les tourtereaux avaient prévu de passer leur lune de miel. Ni une ni deux, Agatha prend un vol et se lance à la recherche de l'élu de son coeur. Mais les vacances ne se passent pas tout à fait comme prévu : à peine l'a-t-elle retrouvé que Rose, une touriste britannique, est tuée devant leurs yeux. Agatha le sent : c'est l'enquête dont elle avait besoin pour briller à nouveau devant James !

Ce qui est rigolo avec ce livre, c'est que je l'ai lu une première fois l'été dernier, mais que j'avais complètement oublié de le chroniquer. Voulant continuer la série, je me suis aperçue que je n'en avais quasi aucun souvenir. Je l'ai donc relu la semaine dernière, alors que j'étais en vacances dans ma famille.    
Et voilà un tome assez réjouissant, puisqu'il déplace l'intrigue à Chypre, où Agatha a suivi James. Bye bye les Cotswolds, donc, voici venue l'heure du soleil et de la mer pour la quinquagénaire toujours aussi revêche  
L'enquête est bien ficelée et les personnages secondaires intéressants, tandis qu'en toile de fond se dessine la relation entre Agatha et James. L'humour est toujours aussi présent tandis que l'ensemble se lit avec plaisir. Petit bémol pour un rythme un peu répétitif et une intrigue qui manque de rebondissements, mais rien qui n'empêche de bouder son plaisir.   
Un tome que j'ai eu plaisir à relire (c'est fou d'avoir si peu de mémoire et de ne pas se rappeler le dénouement ! Mais quelque part, c'est agréable, je suis toujours surprise !) et qui m'a donné envie d'enchaîner directement sur le tome 7, que je pense glisser dans ma liseuse pour Bali.

Mes chroniques des précédents tomes :

 Agatha Raisin T Agatha Raisin T

8 août 2019

Broadway Limited T.2 Un shim sham avec Fred Astair, Malika Ferdjoukh

Broadway Limited 2Un shim sham avec Fred Astair est le deuxième tome de la série Broadway Limited écrite par Malika Ferdjoukh. Il est paru en novembre dernier dans la collection Medium + de L'Ecole des Loisirs.

Le froid est mordant en ce mois de janvier 1949 à New York, et à la pension des Giboulées, tenue par les soeurs Celeste et Artemisia, la vie suit son cours. Les six jeunes pensionnaires poursuivent assidûment leur rêve de gloire et de reconnaissance. Il y a la danseuse Manhattan, engagée comme habilleuse auprès de Uli Styner, star de Broadway poursuivi par la Commission des Activités Anti-Américaines, qui ignore qu'elle est la fille qu'il a abandonnée. Et puis il y a Hadley, qui, de son côté, élève comme son neveu son fils de trois ans Odgen, fruit d'une nuit d'amour avec Arlan, un beau soldat perdu de vue à cause d'une serviette en papier et d'une averse. Chic, quant à elle, adore le faste et les paillettes et poursuit sa carrière de comédienne jusqu'à ce qu'elle rencontre un certain Whitey. Et puis il y a aussi Page, Etchika et Ursula, mais aussi Dido, la jeune voisine très impliquée politiquement, dont est éperdument amoureux Jocelyn, le jeune pianiste français qui loge au sous-sol de la pension. Ça en fait du monde et des aventures !

J'avais adoré ouvrir le premier tome de Broadway Limited, en novembre dernier, et c'est avec le même plaisir que j'ai dévoré celui-ci.
Malika Ferdjoukh poursuit avec finesse l'exploration de ses personnages et des différentes intrigues qu'elle imagine. New York, et plus généralement l'Histoire américaine, prennent une place de plus en plus importante à mesure que la période d'après-guerre se durcit et qu'avec elle apparaissent les chasses aux sorcières. L'auteure mêle avec brio ses personnages aux anecdotes historiques en les faisant rencontrer des grands noms de cette époque - Fred Astair, Grace Kelly, Billie Holliday, Marlon Brando, Elia Kazan, Paul Newman, Lee Strasberg, etc. - et participer à l'effervescence du début des 50's. Les cabarets et autres théâtres ont le vent en poupe, tout comme les danseurs et les chanteurs, et la petite troupe de la pension des Giboulées tente de percer chacun dans son domaine.
C'est avec regret que j'ai refermé ce deuxième tome, diablement bien rythmé. L'intrigue générale gagne en épaisseur, tout comme les personnages en psychologie, et Malika Ferdjoukh est en train d'imaginer une sorte de Vie mode d'emploi un brin plus romancé, où l'intrigue déborde des murs de la pension pour mieux donner à voir la vie de ces jeunes adultes à New York. Destiné à un lectorat adolescent, la série est à la fois accessible notamment historiquement et politiquement à ce public, mais aussi largement délicieuse à découvrir à l'âge adulte. Les turpitudes des sentiments adolescents sont là, mais évitent l'écueil du sentimentalisme pour mieux donner à voir des vies plus matures, plus engagées. A l'image des vingtenaires de cette époque.
Une réussite, donc, que je ne peux que vous encourager vivement à découvrir au plus vite. De mon côté, j'attends le prochain tome avec impatience. Un grand merci
 à L'Ecole des Loisirs de me permettre de découvrir cette série que j'aurais adorée plus jeune, même si je ne boude pas mon plaisir à trente ans et des poussières.

Ma chronique du premier tome :

1 août 2019

Bilan de lecture Juillet 2019

Bilan juillet

 

Mes lectures de juillet

(cliquez sur les couvertures pour lire mes chroniques)

 


Bilan

Ce mois de juillet caniculaire et ensoleillé vient de se terminer et il est temps de faire le bilan de mes lectures. Je vous avais prévenus dans ce billet que j'allais adopter un rythme de parution plus lent, à l'image de mon rythme de lecture, plus lent aussi. Et c'est le cas ! Cinq petits billets pour ce mois-ci. Mais je suis contente, car je crois qu'en presque dix ans de blog, c'est la première fois que je ne mets pas Bouquinbourg en pause estivale et continue de l'alimenter régulièrement. La période est dans tous les cas propice au ralentissement, les températures nous enjoignant à profiter davantage de l'extérieur, et la fréquentation quotidienne étant en légère baisse. Donc je n'ai aucun scrupule à moins chroniquer durant ces deux mois !
Donc ce mois-ci, j'ai renoué avec Armistead Maupin et ses Chroniques de San Francisco, délaissées il y a quelques années, et je me suis régalée. Je vais aller chercher le sixième tome commandé chez ma libraire demain ou samedi.
J'ai aussi découvert Le Jardin arc-en-ciel d'Ogawa Ito et j'ai encore une fois été conquise par cette auteure et sa plume. Je ne peux que vous conseiller la découverte de ses romans qui se déroulent dans le Japon actuel et possèdent une portée universelle indéniable.
Enfin, je poursuis mes lectures plus axées psychologie, même si je n'ai pas commencé à proprement parler mes lectures pour la fac, avec le très bel Éloge du vivant, sur la médecine intégrative, et Le coeur et l'esprit, sur la pleine conscience au travail.
Encore un mois riche en lectures, donc, et un mois d'août qui s'annonce tout autant. Je viens de me replonger dans Outlander en attaquant La Croix de feu, le cinquième tome des aventures de Claire et Jamie. J'adore dévorer un tome de cette saga l'été, ça a un petit goût de vacances que j'adore et l'ambiance écossaise prépare parfaitement à l'entrée dans l'automne (même si cette année, nous allons d'abord faire une incursion indonésienne qui va différer un peu notre entrée dans l'automne et que ce tome ne se déroule pas en Ecosse !).

Je vous souhaite un très beau mois d'août et de belles lectures !

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