04 avril 2012
Polina, Bastien Vivès
Polina est un album signé Bastien Vivès, sorti en 2011 chez Casterman, récompensé par Le Prix des Libraires 2011 et Le Grand Prix de la Critique BD 2012. Lauréat en 2009 du Prix Révélation au Festival d'Angoulême avec son album Le goût du chlore, Bastien Vivès, 28 ans, poursuit son chemin dans le monde de la bande dessinée.
Polina a six ans lorsqu'elle rencontre le professeur Bojinski, chorégraphe réputé. Cette rencontre se solde par cette remarque assassine : "Il faut être souple, si vous espérez un jour devenir danseuse. Si vous n'êtes pas souple à 6 ans, vous le serez encore moins à 16 ans. La souplesse et la grâce ne s'apprennent pas. C'est un don." Mais quelques années plus tard, Polina retrouve le chorégraphe très strict. Et malgré sa dureté, elle apprend avec lui la rigueur nécessaire à la danse classique.
Tant a déjà été dit sur cet album que je peine à trouver quelque chose d'original à ajouter. Et pour cause : Polina est un album déroutant, et ce à plusieurs niveaux.
Déroutant par son sujet, tout d'abord, le monde très fermé des danseurs professionnels. Si vous pensez que ce n'est pas pour vous car vous ne dansez pas ou que vous n'y connaissez rien, vous vous trompez. Je suis dans ce cas-là et j'ai pourtant été captivée par l'histoire de Polina, de son enfance à son âge adulte. Aimiez-vous tant que ça la boxe pour apprécier Million Dollar Baby de Clint Eastwood ? Bon, c'est la même chose. Cet album possède la même portée universelle.
Déroutant, ensuite, dans sa temporalité, et surtout dans ses ellipses. Tout au long de ces 206 pages, on suit le parcours de Polina. De ses débuts à 6 ans à son entrée à l'école de danse puis au théâtre. Bastien Vivès parvient avec une facilité déconcertante à faire défiler les jours et les années sans aucune indication. J'ai été bluffée, notamment, par une page qui, en six cases, fait ressentir au lecteur la succession des jours d'entraînement de l'héroïne. Six cases seulement, et des journées pourtant symbolisées. Grandiose !
Déroutant, enfin, dans son dessin. L'album est en niveaux de gris et le trait de Bastien Vivès minimaliste. Ce dernier ne s'encombre ni de personnages secondaires - aux visages parfois gribouillés -, ni de décors détaillés. Le trait est simple et s'attache au personnage de Polina. Les instants dansés sont très soignés et témoignent du talent de l'auteur. Regarder une planche de dessins montrant un personnage danser, c'est assister à un ballet.
Bref, une lecture absolument incroyable, et déroutante (mais ça, vous l'aurez compris). Ne dites pas que vous n'aimez pas les dessins, qu'un album en niveaux de gris vous laisse de marbre, etc. Ouvrez Polina et venez en parler !
Les avis de Mango, Marion, Theoma, Sophie, Lili Galipette, Alex-Mot-à-Mots, d'Antigone, sur cet album.
Et voici ma 38e participation
à la BD du mercredi de Mango
Et ma 29e au Top BD des blogueurs de Yaneck
(note 17,5/20)
Et voici les dix premiers titres du
Top BD des blogueurs du mois de mars
- Gaza 1956, Joe Sacco, Futuropolis
- Persépolis, Marjanne Satrapi, L'Association
- Habibi, Craig Thompson, Casterman
- Maus, Art Spiegelmann, Flammarion
- Le journal de mon père, Jiro Taniguchi, Casterman
- Idées Noires, Franquin, Fluide Glacial
- NonNonBâ, Shigeru Mizuki, Cornélius
- Portugal, Cyril Pedrosa, Dupuis
- Black Hole, Charle Burns, Delcourt
- Tout seul, Christophe Chabouté, Vents d'Ouest
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Pour en savoir plus sur le Top BD des blogueurs, rendez-vous chez Yaneck
Vos commentaires
- cet BD est pour moi, je le sens, mais pourquoi ne l'ai-je pas encore achetée???
- J'ai failli l'acheter pour ma fille il y a quelques jours, et puis je me suis dit que finalement, ça n'était pas vraiment pour les enfants et qu'elle n'aimerait peut-être pas trop... Et puis vu comme elle nous en fait voir en ce moment, elle ne mérite aucun cadeau, alors j'ai pris un bouquin pour moi, na ! (parce que moi, je le méritais à fond !)