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Bienvenue à Bouquinbourg
17 juin 2010

Prodigieuses créatures, Tracy Chevalier

9782710331643FSJ'aime beaucoup les romans de Tracy Chevalier. Ayant perdu au concours organisé par Blog-o-Book pour recevoir l'intégralité de ses titres aux éditions de La Table Ronde, je me suis précipitée sur le partenariat proposant la lecture de son dernier roman, Prodigieuses créatures.

Au début des années 1800, les sœurs Philpot, Louise, Elizabeth et Margaret, quittent Londres pour s'installer à Lyme Regis, sur la côté du Dorset. Toutes trois vieilles filles, elles mènent chacune l'existence qui leur convient, dans le respect des codes de la société.
Ainsi, tandis que ses sœurs jardinent ou assistent à des bals, Elizabeth fait la rencontre de Marry Anning, une jeune fille frappée par la foudre dans son enfance, et qui a développé un goût passionné pour la recherche de fossiles. Parcourant à ses côtés les plages environnantes, Elizabeth sera aux côtés de la jeune fille lorsque celle-ci fera une découverte des plus incroyables pour la science...

Tracy Chevalier emmène encore une fois son lecteur dans un univers bien à elle. Dans Prodigieuses créatures, il s'agit de ces longues plages venteuses et dangereuses, où la falaise menace de s'écrouler à chaque instant tandis que la mer monte, barrant tout passage aux promeneurs distraits. Les descriptions sont précises et détaillées, et l'on est très vite immergé dans cet environnement.
La narration est à la fois lente et rapide. Lente car certains événements sont racontés avec beaucoup de détails, appelant alors le lecteur à patienter et savourer la chute, mais rapide aussi car les années défilent rapidement au gré des pages.
L'alternance de points de vue dans chaque chapitre entre Elizabeth et Mary permet au lecteur de se plonger dans deux histoires quasiment différentes. Même si les deux personnages ont la même passion des fossiles, elles proviennent  de deux classes sociales très différentes, aux préoccupations parfois antagonistes. Quand Elizabeth s'inquiète d'être vue portant des gants troués et une jupe maculée de boue, la jeune Mary se demande comment manger à sa faim et assister sa mère. Deux conditions féminines très différentes mais souffrant pourtant de codes établis par les hommes.
En somme, Tracy Chevalier donne à voir dans ce roman deux destins liés mais pourtant si éloignés tout en permettant au lecteur de réfléchir à cette époque et à ses codes.
Un régal ! Qu'il est bon de se plonger dans ce roman qui donne froid avec ses paysages venteux et violents ! Que j'aime l'atmosphère des romans de cette auteure !

Je tiens à remercier 53811911_p et les 1nava  pour ce roman reçu dans le cadre d'un partenariat.

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Commentaires
A
J'adore moi aussi ce livre. le destin de ces femmes est bouleversant.
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S
@Lapublivore : J'ai aimé tous les romans que j'ai lus d'elle... Elle a cette faculté de nous transporter à chaque fois avec brio dans une époque donnée qui m'étonne à chaque fois. A bientôt !<br /> <br /> @Mimili : Ça aurait été avec plaisir, mais je n'ai pas ce livre avec moi ! Il est stocké chez des proches dans le Sud de la France, dans un des nombreux cartons qui composent ma bibliothèque et qui attendent sagement que j'ai une mutation plus décente que la région parisienne quant aux prix des loyers pour avoir tous mes livres chez moi... Mais je pense que tu peux le trouver facilement en BM ou même en poche (il est sorti il y a un an).
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M
Bonjour!<br /> <br /> Ce livre me fait très envie! il est dans ma wish-list^^.<br /> Je voudrai savoir si tu accepterais de le troquer ou de me le prêter?<br /> Je ne sais pas si tu fais ce genre de choses, mais ça intéresserait beaucoup! tellement de livres à acheter, à découvrir, le budget ne suivrait pas...<br /> Merci d'avance pour ta réponse!
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L
Tracy Chevalier m'enchante à chaque lecture. Moi aussi, j'avais particulièrement apprécié La Dame à la Licorne (mis un peu de côté par la splendide Jeune Fille à la perle), qui mérite aussi sa place parmi mes romans historiques préférés.<br /> Quel délice !<br /> A bientôt
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R
J'aime les vieilles filles. Et lorsqu'elles sont laides, c'est encore mieux.<br /> <br /> Les vieilles filles laides, acariâtre, bigotes ont les charmes baroques et amers des bières irlandaises. Ces amantes sauvages sont des crabes difficiles à consommer : il faut savoir se frayer un chemin âpre et divin entre leurs pinces osseuses. Quand les vieilles filles sourient, elles grimacent. Quand elles prient, elles blasphèment. Quand elles aiment, elles maudissent. Leurs plaisirs sont une soupe vengeresse qui les maintient en vie. Elles raffolent de leur potage de fiel et d'épines. Tantôt glacé, tantôt brûlant, elles avalent d'un trait leur bol de passions fermentées. Les vieilles filles sont perverses. C'est leur jardin secret à elles, bien que nul n'ignore leurs vices.<br /> <br /> Les vieilles filles sont des amantes recherchées : les esthètes savent apprécier ces sorcières d'alcôve. Comme des champignons vénéneux, elles anesthésient les coeurs, enchantent les pensées, remuent les âmes, troublent les sangs. Leur poison est un régal pour le sybarite.<br /> <br /> L'hypocrisie, c'est leur vertu. La médisance leur tient lieu de bénédiction. La méchanceté est leur coquetterie. Le mensonge, c'est leur parole donnée. Elles ne rateraient pour rien au monde une messe, leur cher curé étant leur pire ennemi. Le Diable n'est jamais loin d'elles, qui prend les traits de leur jolie voisine de palier, du simple passant ou de l'authentique Vertu (celle qui les effraie tant). Elles épient le monde derrière leurs petits carreaux impeccablement lustrés. Elles adorent les enfants, se délectant à l'idée d'étouffer leurs rires. Mais surtout, elles ne résistent pas à leur péché mignon : faire la conversation avec les belles femmes. Vengeance subtile que de s'afficher en flatteuses compagnies tout en se sachant fielleuses, sèches, austères... C'est qu'elles portent le chignon comme une couronne : là éclate leur orgueil de frustrées.<br /> <br /> Oui, j'aime les vieilles filles laides et méchantes. A l'opposé des belles femmes heureuses et épanouies, les vieilles filles laides et méchantes portent en elles des rêves désespérés, et leurs cauchemars ressemblent à des cris de chouette dans la nuit. Trésors dérisoires et magnifiques, à la mesure de leur infinie détresse. Contrairement aux femmes belles et heureuses, elles ont bien plus de raisons de m'aimer et de me haïr, de m'adorer et de me maudire, de lire et de relire ces mots en forme d'hommage, inlassablement, désespérément, infiniment. <br /> <br /> Raphaël Zacharie de IZARRA
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